Skip Navigation
Pénurie de juristes bilingues : la solution du côté de l’immersion ?

Pénurie de juristes bilingues : la solution du côté de l’immersion ?

Rosalie Umuhoza

Rosalie Umuhoza

Crédit : Sébastien Németh (2015)
Le manque de juges, avocats, procureurs et greffiers bilingues en milieu minoritaire est une réalité de longue date. Mais l’immersion, de plus en plus populaire au pays, pourrait constituer une piste de solution.

La Saskatchewan compte actuellement environ 30 avocats, 7 juges et 2 greffières bilingues d’après Rosalie Umuhoza, directrice générale de l’Association des juristes d’expression française (AJEFS). « Ces chiffres nous semblent insuffisants en tenant compte de l'augmentation des francophones dans la province », diagnostique-t-elle.

Par exemple, le nombre croissant d’immigrants francophones dans la province n’est pas suivi d’une augmentation du nombre d’avocats spécialisés en droit de l'immigration. « Il y a aussi d'autres domaines dans lesquels on connaît une pénurie : le droit de la famille et le droit criminel », ajoute la directrice.

Enfin, les greffiers bilingues ne sont pas assez nombreux. « Idéalement, il faudrait un greffier bilingue dans chaque palais de justice », estime Rosalie Umuhoza qui, par ailleurs, reconnaît un effort du côté de la nomination de juges bilingues. 

L’immersion : une voie d’avenir ?

« Il faut encourager nos jeunes, qu'ils soient de l'immersion ou de la fransaskoisie, à poursuivre leurs études dans les domaines de la justice tels que le droit, la criminologie, l’interprétation ou la traduction judiciaire », estime la directrice de l’AJEFS.

« L'immersion est rendue une voie de solution incontournable », analyse la porte-parole. Le conseil d’administration de l’AJEFS a d’ailleurs déjà compté plus de juristes issus de l’immersion que des écoles fransaskoises. Un constat qui illustre le fait « qu'il y a de plus en plus de juristes qui sont passés par l'immersion, qui ont fait leurs études de droit en anglais et qui pratiquent en français ».

Dana Brûlé

Dana Brûlé

Dana Brûlé est membre de l’Association des juristes d'expression française de la Saskatchewan et procureur de la Couronne à Regina.
Crédit : Courtoisie de l’AJEFS
Dana Brûlé est l’un d’entre eux. Membre de l’AJEFS, procureur de la Couronne en Saskatchewan, il a fait ses études en immersion au primaire puis a parfait son français à l’Université de Regina. Il a aussi suivi la formation juridique du Centre canadien de français juridique (CCFJ) basé à Winnipeg.

L’une de ses motivations était de répondre au besoin de procureurs bilingues à Regina. Mais son intérêt était aussi familial : « Mon père est francophone, c’est un peu l’histoire de ma famille, c’est dans le sang », dit-il.

Des formations indispensables

Certes, se former en français n’a pas été de tout repos. « C’est difficile. Les termes spécifiques en français ne viennent pas facilement à l’esprit. Le Code criminel est déjà bilingue au Canada, mais la majorité des lois ne le sont pas encore en Saskatchewan », explique Dana Brûlé.

Sans compter que le français était absent de la majeure partie de ses études. Le programme de certificat de common law en français de la Faculté de droit de l'Université de Saskatchewan n’existait pas encore, créé seulement en 2016 grâce à un partenariat avec l’Université d’Ottawa.

« C’est vraiment bien. Quand j’étais étudiant, je n’avais pas du tout la chance de faire mes études en français. C’est tellement fréquent que les étudiants en immersion perdent leur français parce qu’ils n’ont pas la possibilité de faire leurs études en français », regrette l’ancien élève de l’immersion devenu procureur.

Rosalie Umuhoza encourage le développement et la poursuite de ce genre d’initiatives : « Ces jeunes ont la volonté, le courage et la persévérance de dévier de la route poursuivie par plusieurs. Il faut reconnaître que poursuivre des études en droit est déjà assez difficile, et le faire dans une langue qui n'est pas sa langue première l’est encore plus. »

Plus d’efforts à fournir

L’AJEFS offre des ateliers dans les écoles d'immersion, l’occasion de sensibiliser les jeunes aux carrières juridiques en français et aux avantages du bilinguisme. Mais l’organisme doit redoubler d’efforts : « L’AJEFS s'est dotée cette année d’un plan stratégique qui vise à augmenter nos actions auprès de l'immersion. Pour mettre en œuvre cet engagement, l'AJEFS recrute un employé qui sera en charge, entre autres, de faire une tournée de sensibilisation dans les écoles d'immersion de la province », indique la directrice. 

L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de pouvoir honorer la promesse d’accès à la justice dans les deux langues officielles du pays. « Toute la matière fédérale doit être traitée dans les deux langues officielles, insiste Rosalie Umuhoza. On compte plusieurs domaines qui touchent quotidiennement les Fransaskois : le droit de l'immigration, le droit au divorce, le droit criminel, la faillite, le droit de l'impôt, etc. » 

Enfin, la directrice de l’AJEFS rappelle que la Saskatchewan possède une loi garantissant un procès en français devant tous les tribunaux de la province. Pour en savoir plus sur les droits linguistiques : https://www.saskinfojustice.ca/public/droits-linguistiques


Les actions de l’AJEFS pour pallier la pénurie de juristes bilingues

Afin de séduire les futurs avocats, l’AJEFS offre une bourse aux étudiants en droit, y compris lorsque les études se font en anglais. Les récipiendaires doivent en contrepartie soumettre leur demande en français, démontrer leur intention d’œuvrer en Saskatchewan et contribuer éventuellement à la communauté fransaskoise.

En 2019, l’AJEFS a lancé un cadre de référence sur l'offre active de services juridiques en français afin d’encourager l'appareil judiciaire de la province à offrir plus de services en français. De plus, l’organisme offre chaque année des formations de terminologie juridique aux employés des cours, aux avocats et aux gens intéressés par la loi.

Article précédent Les nouvelles écoles fransaskoises absentes du budget provincial
Prochain article Les jeunes de l’école Père Mercure au fait de l’actualité sanitaire
Imprimer
26116

Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF Lucas Pilleri

Autres messages par Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

L’Association francophone pour le savoir propose à des étudiants, via son concours Ma thèse en 180 secondes, de présenter leur sujet de recherche en termes simples à un auditoire. Le défi : exposer de façon claire, concise et convaincante un projet d’envergure en trois minutes.

14 novembre 2020/Auteur: Leslie Diaz/Nombre de vues (13355)/Commentaires (0)/
Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Entretien avec Alpha Barry, été réélu au poste de conseiller scolaire pour la région scolaire n°3 incluant Regina et Moose Jaw. Celui qui est aussi président du Conseil scolaire fransaskois l’a emporté avec 70 % des voix face à son adversaire Siriki Diabagaté.

11 novembre 2020/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (13246)/Commentaires (0)/
Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Les établissements universitaires de l’Ouest du pays ont des outils en place pour assurer la liberté académique de leurs professeurs tout en assurant un traitement rigoureux des plaintes des étudiants.

7 novembre 2020/Auteur: Marie-Paule Berthiaume (Initiative de journalisme local – APF - Ouest)/Nombre de vues (14152)/Commentaires (0)/
Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Selon un nouveau sondage Léger, près de la moitié des Canadiens sont au courant de la récente controverse à l’Université d’Ottawa, et plus de la moitié ont tendance à soutenir la professeure ayant prononcé le «mot en n» dans le cadre de son cours Art and Gender plutôt que les étudiants.

7 novembre 2020/Auteur: Marie-Paule Berthiaume (Francopresse)/Nombre de vues (12467)/Commentaires (0)/
Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

La ministre Mélanie Joly invite le gouvernement de l’Alberta à annuler sa décision de couper le financement du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, dans une lettre adressée au premier ministre de la province, Jason Kenney.

1 novembre 2020/Auteur: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Nombre de vues (15102)/Commentaires (0)/
Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

C'est un premier débat radiophonique parfois houleux qui a eu lieu le 20 octobre entre Alpha Barry et Siriki Diabagaté, les deux prétendants au poste de conseiller scolaire de Regina.

23 octobre 2020/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (11679)/Commentaires (0)/
Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

LE DROIT (Ontario) – Le débat autour de la suspension d’une professeure de l’Université d’Ottawa pour avoir utilisé le mot «n**ger» continue de faire rage.

21 octobre 2020/Auteur: Daniel LeBlanc e)t Julien Paquette (Le Droit)/Nombre de vues (13581)/Commentaires (0)/
Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Les parents fransaskois de Regina et Saskatoon seront appelés aux urnes le 28 octobre pour choisir leur conseiller scolaire dans le cadre des élections générales du Conseil scolaire fransaskois.

15 octobre 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14323)/Commentaires (0)/
Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Rentrée scolaire

La rentrée scolaire fransaskoise a eu lieu du 8 au 11 septembre partout dans la province. L’eau vive s’est entretenue avec quelques parents pour faire le bilan d’une semaine riche en émotions.

17 septembre 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14111)/Commentaires (0)/
Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

La récente victoire du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSFCB) en Cour suprême laisse présager une possible expansion de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

28 août 2020/Auteur: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Nombre de vues (14423)/Commentaires (0)/
Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Le Franco (Alberta) – L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) promet une phase II de la campagne «Sauvons Saint-Jean» dès la rentrée. L’appel à des manifestations et une action en justice sont sur la table. 

24 août 2020/Auteur: Geoffrey Gaye (Le Franco)/Nombre de vues (16774)/Commentaires (0)/
Rentrée scolaire : des parents se confient

Rentrée scolaire : des parents se confient

Une rentrée sous le signe de la fébrilité et de la solidarité

À quelques semaines du jour J, beaucoup d’interrogations subsistent. Tantôt confiants, tantôt inquiets, plusieurs parents fransaskois se sont confiés à l’Eau vive.

20 août 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14108)/Commentaires (0)/
Dans ce temps-là !

Dans ce temps-là !

À l’époque où j’étais élève à la fin de l’élémentaire, quand arrivait le mois de juin, nous étions assez intenables dans les classes... La fête de la Saint-Jean-Baptiste marquait le début des vacances estivales. Les classes s’étaient terminées la veille et on avait vidé nos pupitres. Plus de devoirs. Plus de leçons. 

16 juillet 2020/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (20229)/Commentaires (0)/
Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Après plusieurs années d’attente et une entente de principe avec le gouvernement de la Saskatchewan qui tardait à se concrétiser, une nouvelle école primaire francophone verra finalement le jour dans la capitale provinciale.

13 juillet 2020/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (25186)/Commentaires (0)/
Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Le tout premier programme d’immersion en Saskatchewan est apparu à Saskatoon en 1968. Cinquante ans plus tard, ils sont plus de 16 500 à travers la province à se retrouver sur les bancs du programme qui fait de plus en plus d’adeptes.

8 juillet 2020/Auteur: Lucas Pilleri, avec les informations de Diane Lacasse/Nombre de vues (22738)/Commentaires (0)/
RSS
123468910Dernière

 - jeudi 28 mars 2024