Skip Navigation
Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere
Anonym
/ Catégories: 2016, Éducation, Juridique

L’article 23 inclut-il le préscolaire ?

Un vide juridique relentit les gouvernements provinciaux

École Allain St-Cyr à Yellowknife
Le ministère de l’Éducation du Nouveau-Brunswick attend un examen du régime de garderies avant de décider s’il demandera l’avis de la Cour d’appel. En Ontario, où la petite enfance est également intégrée au ministère de l’Éducation, on attend une loi habilitante pour la prise en charge de services éducatifs préscolaires. 

Il s’avère que les provinces hésitent à financer ces programmes jugés essentiels par les communautés de langue officielle pour remédier à l’érosion. Avant de s’engager, elles ont besoin d’une clarification sur la portée de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. La question a-t-elle été posée ?

Il s’avère que oui. Et la réponse, autant que la question, est passée largement inaperçue. 

La Cour d’appel des Territoires du Nord-Ouest a rejeté en janvier 2015 l’argumentation présentée par l’Association des parents ayants droit de Yellowknife (APADY), la garderie Plein Soleil et la Fédération franco-ténoise. Elles ont interjeté appel.

La Cour suprême du Canada a toutefois refusé fin octobre de les entendre, ainsi que l’appel complémentaire de la Commission scolaire francophone des TNO, portant sur l’admission de non ayants droit. La contestation visait l’agrandissement de l’école Allain-St-Cyr.

La réflexion de la Cour d’appel l’a conduite à examiner trois éléments constitutionnels. Le premier est présenté ainsi : « l’article 23 protège-t-il sur le plan constitutionnel les garderies et les prématernelles ?

Dans les réactions au jugement de janvier et au refus subséquent de la Cour suprême, aucun organisme n’a mentionné cet aspect. Seul le Programme d’appui aux droits linguistiques, qui finance les contestations, l’a relevé dans son récent rapport annuel.

En refusant d’entendre l’appel, la Cour suprême a-t-elle implicitement confirmé le jugement rendu à Yellowknife ?

« Ça dépend des motifs présentés dans la demande des parents, répond le professeur de l’Université de Moncton, Michel Doucet. Si l’argument avancé se limitait à affirmer que l’enseignement primaire inclut le préscolaire, la cour avait raison de refuser. La commission scolaire ne peut pas elle-même décider ça.

«Une autre cour d’appel pourrait se prononcer d’une autre manière, précise l’avocat, si une argumentation était faite sur l’aspect réparateur de l’article 23 avec une preuve plus étoffée et mieux présentée. »

L’APADY s’est refusée à tout commentaire sur le sujet.

Pour Michel Doucet, le jugement des TNO ne fait pas jurisprudence. « Si une cour d’une autre juridiction arrivait à une conclusion similaire, ce serait problématique. Mais tant que la Cour suprême ne s’est pas prononcée, le jugement en appel n’est qu’une référence. Ça ne règle pas la question pour l’ensemble du Canada. 

Le juriste torontois Nicolas Rouleau concorde. « La décision est décevante, mais elle s’inscrit certainement dans le ton du jugement, qui est nettement restrictif. Il y a évidemment des erreurs dans ce jugement, qui ne fera pas jurisprudence.

«Si la Cour suprême a refusé d’entendre la cause, résume le conseiller des parents dans l’action de l’école Rose-des-Vents (1), c’est qu’elle avait déjà tranché dans trois causes linguistiques d’envergure en quelques mois. Elle n’a sans doute pas voulu en entendre une quatrième qui n’était pas d’importance nationale. »

Même si la question était posée pour la première fois ? « Il est certain que la question a été posée, note Nicolas Rouleau, mais la Cour suprême n’est pas une cour corrective. Si la question revenait dans une autre cause, ça suggérerait qu’elle est d’importance nationale. Le plaideur signale que l’enjeu du préscolaire fait partie du méga-procès opposant la Colombie-Britannique et son Conseil scolaire francophone, une contestation qui pourrait aboutir en Cour suprême dès 2016.

La Cour des TNO avait toutefois fourni une ouverture, en relançant la question dans l’arène politique. « La portée de l’expression ‘‘ enseignement primaire ’’ est susceptible d’évoluer avec le temps. Si le gouvernement englobait les prématernelles dans ses lois dans le cadre de l’enseignement primaire pour les établissements de la minorité, il est probable que l’enseignement de niveau similaire serait protégé en vertu de l’article 23.»

Cette ouverture constitue-t-elle une invitation à légiférer ? C’est l’opinion de Roger Paul, le directeur général de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones. 

« Dans la pratique à travers le pays, la prématernelle fait partie des services accordés aux francophones, par exemple en Ontario. Nous, on prétend que pour les enfants de 3 à 5 ans, le programme est appuyé par la Charte. Que ce soit un droit, c’est encore à débattre. On aimerait bien que la question soit posée à la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick. Mais c’est toujours un risque, il n’y a rien de gagné d’avance.

« On ne sait pas ce qui se passe dans la tête des juges quand ils refusent un appel, conclut-il. Mais je ne suis pas prêt à dire que la Cour suprême est d’accord avec le jugement aux TNO. »[1] 



La conclusion de deux des trois juges

«L’article 23 ne protège que l’instruction au niveau « primaire et secondaire ». Il ne vise pas expressément l’enseignement préscolaire ou postsecondaire. Rien ne permet d’interpréter cet article de manière à inclure l’enseignement préscolaire ou les garderies ; les rédacteurs de la Charte ont manifestement exclu ces droits. Les intimés affirment qu’il est très important de favoriser la francisation au niveau préscolaire pour freiner l’assimilation. Cela est peut-être vrai, mais du point de vue juridique, leur argument revient à soutenir que l’article 23 aurait dû avoir une portée plus large. La juge de première instance a estimé à raison que la garderie et la prématernelle ne sont pas protégées par l’article 23 et l’appel incident doit être rejeté.»



L’article 23 et le préscolaire en Saskatchewan

Les négociations avec le gouvernement ont pris fin le 29 février

En Saskatchewan, la petite enfance n’est pas intégrée au ministère de l’Éducation.  Par contre, dans les communautés où il y a un haut taux de pauvreté et un haut taux de familles monoparentales, le ministère de l’Éducation crée des régimes de garderies et de services éducatifs préscolaires.  C’est pour venir en aide aux enfants et aux familles à risque.

Dans son recours judiciaire déposé en avril 2011, le Conseil scolaire fransaskois revendique le droit, en vertu de l’art. 23 de la Charte, d’assurer un régime de garderies dans chaque école fransaskoise.  Il revendique aussi le droit de mettre sur pied un service éducatif préscolaire aux niveaux 3 ans à mi-temps, 4 ans à temps-plein et 5 ans à temps-plein.  Ceci est pour assurer la francisation des enfants avant la 1re année.  En fait, le CSF prétend que les enfants d’ayants droit sont à risque linguistique et culturel.  Donc, le CSF a revendiqué du financement accru pour offrir ces services.

En octobre 2013, ce recours judiciaire fut mis en suspens afin de tenter de négocier une nouvelle formule de financement.  Les négociations ont pris fin le 29 février 2016 avec aucun règlement relatif à une nouvelle formule de financement.  Donc, le CSF aura à décider dans un proche avenir s’il va retourner devant les tribunaux afin d’obtenir une décision au sujet du financement du niveau préscolaire. 

(1) Le jugement favorable de la Cour suprême dans cette cause a été rendu en avril 2015.



Article précédent Débats houleux entre CSF et parents
Prochain article Concours Flash ton école: prix Coup de coeur des RVF à l'École Valois
Imprimer
36096

Contacter l'auteur

x
École en pandémie : manque de ressources pour aider les élèves

École en pandémie : manque de ressources pour aider les élèves

Manque de ressources dans les écoles pour aider les élèves à gérer leurs émotions en pandémie

29 janvier 2021/Auteur: Ericka Muzzo – Francopresse /Nombre de vues (19123)/Commentaires (0)/
Louis Prince, jeune champion du français et du bilinguisme

Louis Prince, jeune champion du français et du bilinguisme

Portrait d'un jeune leader bilingue

Louis Prince, élève de 11e année à l’École canadienne-française de Saskatoon, est un des huit jeunes leaders du Français pour l’avenir.

26 janvier 2021/Auteur: Emmanuel Masson/Nombre de vues (15785)/Commentaires (0)/
Le répertoire FRÉSK se met à la page du numérique

Le répertoire FRÉSK se met à la page du numérique

Depuis le 6 janvier, FRÉSK, le répertoire de ressources éducatives en français pour la Saskatchewan, a délaisser la version papier du catalogue au profit d’un site web.

25 janvier 2021/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (15384)/Commentaires (0)/
Étudier en pandémie : les étudiants de La Cité se confient

Étudier en pandémie : les étudiants de La Cité se confient

Le début du semestre d’hiver est l’occasion de revenir sur l'expérience étudiante inédite à la Cité universitaire francophone de Regina depuis le début de la pandémie.

24 janvier 2021/Auteur: Emmanuel Masson/Nombre de vues (24416)/Commentaires (0)/
Une fenêtre s’ouvre entre les ainés et l’école Boréale à Ponteix

Une fenêtre s’ouvre entre les ainés et l’école Boréale à Ponteix

L’école Boréale a ainsi pu donner un nouveau souffle à sa collaboration communautaire avec le Foyer Saint-Joseph de Ponteix :

 

21 janvier 2021/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (18563)/Commentaires (0)/
Addison Shyluk, jeune Fransaskoise passionnée, lauréate d’un concours international

Addison Shyluk, jeune Fransaskoise passionnée, lauréate d’un concours international

Addison Shyluk, élève en 11e année à l’École canadienne-française de Saskatoon, Pavillon Gustave-Dubois, vient de remporter le concours international Ma minute francophone.

18 décembre 2020/Auteur: Emmanuel Masson/Nombre de vues (15876)/Commentaires (0)/
Infrastructures scolaires à Saskatoon : un sondage confirme les besoins

Infrastructures scolaires à Saskatoon : un sondage confirme les besoins

Alors que Regina a obtenu l’aval du gouvernement pour le financement de nouveaux espaces scolaires, Saskatoon et Prince Albert attendent toujours. Le Comité vision des espaces scolaires francophones à Saskatoon, créé en juin 2020, a consulté la communauté pour identifier les besoins dans la ville des ponts.

11 décembre 2020/Auteur: Arthur Béague/Nombre de vues (19483)/Commentaires (0)/
Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

L’Association francophone pour le savoir propose à des étudiants, via son concours Ma thèse en 180 secondes, de présenter leur sujet de recherche en termes simples à un auditoire. Le défi : exposer de façon claire, concise et convaincante un projet d’envergure en trois minutes.

14 novembre 2020/Auteur: Leslie Garrido-Diaz/Nombre de vues (15374)/Commentaires (0)/
Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Entretien avec Alpha Barry, été réélu au poste de conseiller scolaire pour la région scolaire n°3 incluant Regina et Moose Jaw. Celui qui est aussi président du Conseil scolaire fransaskois l’a emporté avec 70 % des voix face à son adversaire Siriki Diabagaté.

11 novembre 2020/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (15632)/Commentaires (0)/
Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Les établissements universitaires de l’Ouest du pays ont des outils en place pour assurer la liberté académique de leurs professeurs tout en assurant un traitement rigoureux des plaintes des étudiants.

7 novembre 2020/Auteur: Marie-Paule Berthiaume (Initiative de journalisme local – APF - Ouest)/Nombre de vues (17317)/Commentaires (0)/
Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Selon un nouveau sondage Léger, près de la moitié des Canadiens sont au courant de la récente controverse à l’Université d’Ottawa, et plus de la moitié ont tendance à soutenir la professeure ayant prononcé le «mot en n» dans le cadre de son cours Art and Gender plutôt que les étudiants.

7 novembre 2020/Auteur: Marie-Paule Berthiaume (Francopresse)/Nombre de vues (14330)/Commentaires (0)/
Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

La ministre Mélanie Joly invite le gouvernement de l’Alberta à annuler sa décision de couper le financement du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, dans une lettre adressée au premier ministre de la province, Jason Kenney.

1 novembre 2020/Auteur: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Nombre de vues (17341)/Commentaires (0)/
Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

C'est un premier débat radiophonique parfois houleux qui a eu lieu le 20 octobre entre Alpha Barry et Siriki Diabagaté, les deux prétendants au poste de conseiller scolaire de Regina.

23 octobre 2020/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (13530)/Commentaires (0)/
Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

LE DROIT (Ontario) – Le débat autour de la suspension d’une professeure de l’Université d’Ottawa pour avoir utilisé le mot «n**ger» continue de faire rage.

21 octobre 2020/Auteur: Daniel LeBlanc e)t Julien Paquette (Le Droit)/Nombre de vues (15736)/Commentaires (0)/
Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Les parents fransaskois de Regina et Saskatoon seront appelés aux urnes le 28 octobre pour choisir leur conseiller scolaire dans le cadre des élections générales du Conseil scolaire fransaskois.

15 octobre 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (16909)/Commentaires (0)/
RSS
Première2345791011Dernière

 - dimanche 22 décembre 2024