L’école française au Nunavut : des parents exigent le départ des commissaires et de la direction générale
IQALUIT - On entend rarement parler de l’École des Trois-soleils, à Iqaluit, la plus nordique des écoles françaises de la planète. Même quand ça va mal.
À la suite d’une assemblée publique en janvier, l’Association des parents francophones du Nunavut a demandé la démission des membres de la Commission scolaire francophone du Nunavut et le congédiement de la direction générale. Elle exige aussi « la fin de l’intimidation auprès des enseignants et de leur famille » et une révision de la loi pour renforcer la reddition de comptes.
Le 3 février, des parents ont déposé une pétition dans ce sens au ministère de l’Éducation, signée par 114 membres de la communauté francophone. L’établissement fondé en 2004 accueille 90 élèves de maternelle à 9e année.
Dans une entrevue au journal Nunatsiaq d’Iqaluit, le vice-président de la commission, Louis Arki, a soutenu que les requêtes des parents étaient excessives. « C’est facile de critiquer, mais traiter de nos enjeux est bien plus difficile. Les commissaires sont des bénévoles et notre travail n’est pas apprécié. Je crois que c’est une minorité qui est mécontente. »
Doug Garson
Agrandir l’école doit être la priorité, selon le parent Doug Garson, estimant qu’une poursuite judiciaire sera nécessaire pour y arriver.
Photo: D. Garson (2015)
Le parent Doug Garson n’a pas signé la pétition de l’association. « Je suis content d’envoyer mes filles à cette école. Je suis très frustré par les parents qui s’occupent des petits conflits et ne voient pas la grande priorité : agrandir l’école.
« Il y a trois choses que je veux pour mes enfants, dit-il : un gymnase, un laboratoire de science adéquat et, le plus important, un programme de 10e à la 12e année offert en français. Le gouvernement du Nunavut n’est pas intéressé. Ça ne sera pas facile à obtenir et il va falloir se mobiliser. Il faudra faire une action judiciaire. À Whitehorse (YK) et à Yellowknife (TNO), les écoles françaises ont leur secondaire en français à 100%.
« Nos élèves font leur secondaire dans un programme mixte à l’école anglaise, ajoute Doug Garson. Les autres parents n’ont peut-être pas fait leur secondaire en français et ne comprennent pas son importance. » Doug Garson est diplômé du Collège Louis-Riel, à Saint-Boniface (MB).
Les organismes nationaux œuvrant en éducation préfèrent ne pas commenter. « Nous appuyons notre membre, mais nous ne sommes pas en mesure d’intervenir, a expliqué la porte-parole de la Commission nationale des parents francophones, Ghislaine Pilon. Les parents doivent s’assurer que leurs enfants ont la meilleure éducation en français et je suis certaine qu’ils arriveront à trouver des solutions. »
Le climat se serait envenimé depuis quelques années en raison de la pratique de la commission scolaire de se réunir à huis clos. La commission aurait récemment annulé plusieurs réunions de suite, faute de quorum.
La pétition repose sur une dizaine de griefs : manque de transparence et de communication, en particulier sur les questions financières, manque de stabilité du corps enseignant, manque d’appui pour l’ajout du secondaire et pour les activités culturelles ainsi que l’absence de processus pour régler des conflits. L’association déplore le résultat de ces difficultés : le départ d’enseignants et d’élèves vers d’autres écoles.
Un nouveau directeur est entré en fonction à l’école le 5 janvier. Guy Bélanger remplace la directrice intérimaire Mihaela Diaconescu, en poste depuis juin 2014.
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