Skip Navigation
Pleins feux sur la recherche locale et communautaire

Pleins feux sur la recherche locale et communautaire

Pour l’avancement et la pluralité des savoirs communautaires en Saskatchewan, tel était le thème des activités organisées par la branche saskatchewanaise de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) à l’occasion des 100 ans de l’organisme. De quoi présenter les derniers travaux universitaires qui touchent la communauté fransaskoise.

Fondée en 1923 à Montréal, l’ACFAS est une organisation à but non lucratif pancanadienne qui promeut la recherche scientifique et la diffusion du savoir en français dans tout le pays.

À travers des événements et des projets, l’organisme rassemble donc des chercheurs francophones et travaille à rendre leurs recherches plus accessibles à la communauté.

C’est ainsi que les 12 et 13 février derniers, l’ACFAS-Saskatchewan a tenu un dîner réseautage et un webinaire pour mettre en valeur les projets de recherche menés dans la province aux côtés de la communauté fransaskoise.

Garder des traces

Le webinaire a réuni plusieurs panélistes saskatchewanais, ainsi que Marie-Diane Clarke, présidente de l’ACFAS-Saskatchewan, Sophie Montreuil, directrice générale de l’ACFAS nationale et Sylvain Lavoie, PDG du Centre de la francophonie des Amériques.

Tout d’abord, Patricia Choppinet, présidente du Comité des archives fransaskoises de la Société historique de la Saskatchewan (SHS), et Florence Ott, professeure en gestion de l’information à l’Université de Moncton, ont exposé l’importance du traitement des documents d’archives.

Image
Patricia Choppinet est archiviste en formation, chargée du développement du centre des Archives fransaskoises à la Société historique de la Saskatchewan (SHS) depuis 2019. Courtoisie: ACFAS

« L’archiviste collecte, répertorie et conserve les documents, puis le chercheur les valorise et les exploite », résume Florence Ott.

Au cours de leur présentation, intitulée Développement d’un centre d’archives francophones, un préalable à la recherche, les chercheuses ont dressé un bilan des premières années d’activité du centre des Archives fransaskoises, mis sur pied en novembre 2019.

Le premier fonds d’archives à y avoir été traité n’est autre que celui de la Coopérative des publications fransaskoises (CPF), qui publie notamment le journal L’Eau vive.

« Ce travail de préservation est essentiel à la reconstitution des histoires locales et à la défense de la mémoire d’une minorité comme la nôtre », affirme Patricia Choppinet.

Les chercheuses ont invité la communauté fransaskoise à conserver et classer précieusement tout ce qui pourrait faire l’objet d’archives : documents de société, archives familiales et photographies.

Se faire soigner en français

Frédérique Baudemont, directrice du Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS), et Anne Leis, professeure au département de santé communautaire et épidémiologie de l’Université de la Saskatchewan, ont par la suite parlé du Service d’accompagnement en santé destiné aux francophones de la province.

Image
Frédérique Baudemont, directrice du Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS) depuis 2017, est impliquée depuis près de 35 ans dans la communauté fransaskoise à titre de bénévole et d’employée. Courtoisie: ACFAS

Le projet pilote Accompagnateurs santé a été lancé en 2015 et permet à tout francophone qui le souhaite d’être assisté par une personne qui assure la traduction avec le personnel soignant lors de rendez-vous médicaux.

« Étant donné l’absence de disponibilité de personnel de la santé bilingue en Saskatchewan, ce programme vise à faciliter le parcours des patients francophones dans le système », explique Frédérique Baudemont.

Le service s’adresse en particulier aux nouveaux arrivants et aux aînés. En effet, sept nouveaux arrivants sur dix ne sont pas capables de communiquer en anglais en matière de santé, et un sur quatre dit ne pas voir de médecin à cause de la barrière de la langue.

Les personnes âgées, quant à elles, ont tendance à retourner à leur langue maternelle à mesure que la vieillesse diminue leurs facultés.

En outre, les données ont révélé que 80 % des usagers du service étaient des femmes et que la grande majorité étaient des immigrants arrivés en Saskatchewan depuis moins de deux ans. 

Image
La docteure Anne Leis est professeure titulaire au Département de santé communautaire et épidémiologie du Collège de médecine de l’Université de la Saskatchewan. Depuis plus de 20 ans, elle contribue à des recherches pour améliorer l’accès aux services de santé en français en Saskatchewan et ailleurs au Canada. Courtoisie: ACFAS

« Tout cela révèle que le service d’accompagnement est nécessaire, efficace et réalisable, en conclut Anne Leis. Le modèle peut être reproduit dans d’autres langues ou d’autres groupes minoritaires dans d’autres provinces. »

Vers plus d’inclusion

La troisième présentation était celle d’Abdoulaye Yoh, chargé de cours à la Cité universitaire francophone et directeur des services administratifs au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Alarmé par les frictions qui anéantissaient la cohésion de la communauté fransaskoise depuis 2018, ce dernier a lancé le projet Osons le mieux-vivre ensemble en collaboration avec l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), le Conseil culturel fransaskois (CCF), le CÉF et la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS).

« Les tensions mettaient à mal le bien-être communautaire et provoquaient la désaffection de la communauté envers les activités communautaires, relate Abdoulaye Yoh. Et il n’y avait pas de formation au niveau local sur ces questions de racisme et de discrimination. »

Image
Abdoulaye Yoh est titulaire d'un doctorat en éducation de l'Université Simon Fraser et occupe le poste de directeur administratif au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Il est également chargé de cours à la Cité universitaire francophone de l'Université de Regina. Courtoisie: ACFAS

En tant que chargé de cours sur la diversité culturelle et l’éducation interculturelle, Abdoulaye Yoh a bâti un premier atelier sur le racisme, la discrimination et l’intimidation en 2021, à la demande de la Table des élus fransaskois.

Jusqu’à présent, 152 personnes ont pris part aux ateliers. Au vu de leur popularité, les ateliers seront développés en un certificat complet de sept modules sur une diversité de sujets relatifs au multiculturalisme et à la communauté.

« C’est un très bon exemple de mise en commun des savoirs scientifiques et communautaires, de même qu’un bon exemple de mutualisation et de gestion communautaire des problèmes », s’est félicité Abdoulaye Yoh.

Retracer l’histoire

La dernière présentation était celle de Jérôme Melançon, professeur agrégé et chef de programme en études francophones et interculturelles à la Cité universitaire francophone, et Nadine Obey, qui travaillent tous deux à la récupération des archives du pensionnat autochtone de Marieval de la Première Nation de Cowessess.

Image
Jérôme Melançon, professeur agrégé et chef de programme en études francophones et interculturelles à la Cité universitaire francophone, est membre de l’équipe de recherche de Cowessess depuis décembre 2021. Courtoisie: ACFAS

« Plusieurs documents sont en français, témoigne Nadine Obey, d’origine crie-dakota de la Première Nation Piapot, et ce sont les pièces manquantes du puzzle pour retracer la vie de nos ancêtres. »

« Les pensionnats étaient gérés par l’Église catholique, poursuit Jérôme Melançon. Les Oblats parlaient français entre eux, mais interagissaient avec le gouvernement fédéral et les communautés autochtones en anglais, donc tous les documents internes sont en français. Nous avons beaucoup de documents manuscrits, des lettres, écrits dans un français ancien. »

Ces documents sont très instructifs quant au système politique qui régissait les pensionnats, un « État dans l’État », selon les mots de Jérôme Melançon. Ils permettront de retrouver les noms et parcours des enfants qui vivaient dans l’établissement.

Ces exemples de recherche ont démontré la pertinence de la collaboration entre les chercheurs et la communauté. Selon l’ACFAS, il serait crucial de cultiver ce canal de communication au niveau local afin de soutenir la transmission des savoirs.

 

Imprimer
2820

Anne-Hélène Mai – IJL-Réseau.PresseMarie-Lou Bernatchez

Autres messages par Anne-Hélène Mai – IJL-Réseau.Presse
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Le Collège Mathieu en pleine planification

Le Collège Mathieu en pleine planification

Avec un questionnaire en ligne distribué aux membres des organismes francophones, du gouvernement et de la communauté, le Collège Mathieu réalise une étude, première étape d’un vaste plan de développement. L’objectif : mieux répondre aux besoins de la communauté et du marché de l’emploi en Saskatchewan.

25 avril 2019/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (27217)/Commentaires (0)/
Transferts en éducation: Ah, si les provinces voulaient…

Transferts en éducation: Ah, si les provinces voulaient…

Le gouvernement fédéral a prévu de l’argent dans son récent budget pour les écoles françaises. Cela dit, le bât blesse quelque part. Les provinces hésitent à montrer ce qu’elles vont faire de cet argent.

22 avril 2019/Auteur: Réjean Paulin/Nombre de vues (25261)/Commentaires (0)/
L’école Valois prête à quitter le pire quartier de Prince Albert

L’école Valois prête à quitter le pire quartier de Prince Albert

L'école fransaskoise envisage un déménagement à l'Académie Rivier

PRINCE ALBERT - Le ministre de l’Éducation, Gordon Wyant, est venu visiter l’Académie Rivier, un bâtiment qui pourrait permettre un déménagement rapide de l’école Valois et du centre communautaire dans un espace et un quartier plus adéquats.

29 mars 2019/Auteur: Frédéric Dupré/Nombre de vues (28192)/Commentaires (0)/
La Cité universitaire francophone : un nouveau nom pour l'édifice

La Cité universitaire francophone : un nouveau nom pour l'édifice

REGINA - Le Language Institute Building sera renommé La Cité. Le lancement officiel devrait avoir lieu lors de la rentrée 2019.

14 février 2019/Auteur: L'Eau vive/Nombre de vues (29266)/Commentaires (0)/
Ottawa débloque 1,9 million pour l'Université de l'Ontario français

Ottawa débloque 1,9 million pour l'Université de l'Ontario français

Le gouvernement fédéral veut assurer la continuité en 2019

La ministre fédérale Mélanie Joly financera la prochaine étape du développement de l’Université de l’Ontario français afin d’assurer sa continuité pour un an. L’aide ponctuelle de 1,9 M se veut un appui communautaire

14 janvier 2019/Auteur: Anonym/Nombre de vues (23729)/Commentaires (0)/
Journalisme en français : Des journalistes formés en Saskatchewan dès 2019

Journalisme en français : Des journalistes formés en Saskatchewan dès 2019

Le Collège Mathieu, situé à Saskatoon et Regina, importera le programme de journalisme de la Cité collégiale d’Ottawa pour la rentrée d’automne 2019. Le cours viendra étoffer une relève journalistique de plus en plus rare en milieu minoritaire. La Saskatchewan deviendra ainsi la province la plus à l’ouest du pays à offrir des cours de journalisme en français.

18 décembre 2018/Auteur: Lucas Pilleri (Francopresse)/Nombre de vues (25147)/Commentaires (0)/
Le Prix Bravo Bénévole 2018 décerné au Collectif des parents inquiets et préoccupés

Le Prix Bravo Bénévole 2018 décerné au Collectif des parents inquiets et préoccupés

Cette année, le prix Bravo bénévoles reconnait de manière solennelle les efforts du collectif des parents inquiets et préoccupés (CPIP).

10 novembre 2018/Auteur: Simb Simb/Nombre de vues (33559)/Commentaires (0)/
Participation record au Symposium des parents fransaskois 2018

Participation record au Symposium des parents fransaskois 2018

Des parents et des enfants comblés

REGINA - Le samedi 20 octobre dernier avait lieu le Symposium des parents organisé annuellement par l’Association des parents fransaskois (APF) et d’après le sourire affiché par les 175 personnes présentes (un record), cette édition a été une réussite.

28 octobre 2018/Auteur: Nicolas Roussy/Nombre de vues (31718)/Commentaires (0)/
Plan d’action de l’APF et Symposium des parents 2018

Plan d’action de l’APF et Symposium des parents 2018

Diversité, visibilité et renforcement

L’Eau vive s’est entretenue avec M. Carol-Guillaume Gagné, directeur de l’organisme, à quelques jours du Symposium des parents, l’événement phare de l’Association des parents fransaskois (APF),

19 octobre 2018/Auteur: Nicolas Roussy/Nombre de vues (28976)/Commentaires (0)/
Éducation 2.0

Éducation 2.0

On attribue à l’empereur Charlemagne la création de l’école. Depuis ce temps, l’éducation a pris une importance primordiale dans nos sociétés. Évidemment, la définition de ce concept a évolué au fil des siècles.

14 septembre 2018/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (25753)/Commentaires (0)/
Un immeuble historique pour le Collège Mathieu

Un immeuble historique pour le Collège Mathieu

REGINA - Le  1er août dernier, le Campus de Regina du Collège Mathieu déménageait dans un bâtiment historique situé au 3304, Dewdney Avenue à Regina.

18 août 2018/Auteur: Nicolas Roussy/Nombre de vues (32867)/Commentaires (0)/
L’enseignement peut-il sauver le français en Louisiane ?

L’enseignement peut-il sauver le français en Louisiane ?

Le choix de Théo, documentaire coproduit par le professeur Thomas Cauvin et réalisé par Mi KL Espinasse, met en lumière le renouveau du français en Louisiane grâce au succès de l’immersion.

5 juillet 2018/Auteur: Lucas Pilleri (Francopresse)/Nombre de vues (33286)/Commentaires (0)/
Appui des députés communautaires aux revendications scolaires fransaskoises

Appui des députés communautaires aux revendications scolaires fransaskoises

Pour le président de l’ACF, Roger Gauthier, « quand il est question de nos droits constitutionnels, on a un devoir d’appuyer ceux qui les revendiquent. »

25 juin 2018/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (32454)/Commentaires (0)/
Une belle initiative au CÉF

Une belle initiative au CÉF

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a décidé de remettre une ceinture fléchée fransaskoise à ses finissantes et finissants.

12 juin 2018/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (34013)/Commentaires (0)/
Les jeunes Fransaskois et la dimension oubliée des années 1968

Les jeunes Fransaskois et la dimension oubliée des années 1968

Les jeunes Fransaskois et la dimension oubliée des années 1968

REGINA - Les années 1968 étaient une période de beaucoup de changements, de revendications politiques, culturelles et sociales, ce qui explique pourquoi les chercheurs s’y attardent.

7 juin 2018/Auteur: Hervé Niragira/Nombre de vues (27787)/Commentaires (0)/
RSS
Première567810121314Dernière

 - lundi 13 mai 2024