Pour comprendre les « minorités dans la minorité »
Jérome Melançon
Jérôme Melançon est professeur agrégé en études francophones et interculturelles ainsi qu’en philosophie à l’Université de Regina.
Photo : Facebook
La diversité ne pose pas seulement la questionde l’inclusion, ou encore de la cohésion ou de l’unité de la communauté. Prendre au sérieux la diversité suppose de reconnaître qu’il existe des groupes ou sous-groupes privilégiés, favorisés par les rapports de pouvoir et d’influence, ainsi que des groupes et sous-groupes marginalisés.
Ces groupes sont vus comme s’éloignant de la norme, comme demandant d’agir autrement que ce qui est attendu. Ils sont peu écoutés, ne mènent pas les discussions et les débats publics, ils doivent revendiquer ou demander des changements – même lorsque leurs membres se trouvent dans des postes de direction.
Les francophones en milieu minoritaire ne devraient pas être surpris d’une telle description des minorités, qui les représente bien. Pourtant, une même situation se retrouve au sein des communautés francophones, ce qu’Amal Madibbo, professeure à l’Université de Calgary, nomme les « minorités dans la minorité ».
Afin de mieux entendre, connaître et comprendre ces situations de marginalisation, et réfléchir aux actions possibles pour y remédier, un colloque aura lieu à La Cité universitaire francophone de l’Université de Regina les 24, 25 et 26 mars 2022.
Une variété de thèmes
Répondant au mandat de La Cité mais aussi du Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest (CEFCO) sous l’égide duquel le colloque aura lieu, des chercheur·euses de partout au Canada présenteront leurs recherches sur plusieurs aspects de la francophonie au pays qui sont trop rarement discutés.
Notons entre autres des présentations de la part de chercheur·euses et gardien·nes de la connaissance autochtones ainsi que de chercheur·es non-autochtones qui se tourneront vers les relations entre les peuples et le colonialisme.
Une demi-journée le samedi 26 mars permettra aux participant·es d’en apprendre davantage ou bien à propos de la création de communautés scolaires plurielles et inclusives, ou bien à propos de la racialisation et de l’anti-racisme. La pédagogie et l’enseignement seront par ailleurs au centre de plusieurs des communications qui seront présentées.
D’autres sessions se tourneront vers des pans négligés de histoire de l’histoire de la francophonie dans l’Ouest, la culture populaire, la littérature, les relations entre les cultures, le plurilinguisme, la création d’espaces pour la diversité sexuelle et de genre, ou encore l’accès aux soins de santé. L’immigration francophone sera aussi un thème principal de ce colloque.
Des tables rondes permettront par ailleurs de mobiliser et diffuser les connaissances développées au sein des communautés et de créer des dialogues avec les chercheur·euses. Une conférence plénière sera aussi offerte par le professeur Alexandre Baril de l’Université d’Ottawa, sur le thème « Minorités de genre, minorités linguistiques : émergence et évolution des études trans dans la francophonie canadienne ».
Une occasion inégalée pour les communautés
Assister à un colloque universitaire peut être difficile. Le comité d’organisation a ainsi mis sur pied une formation professionnelle. Elle vise à préparer les membres de la communauté en général, ainsi que les bénévoles et employé·es des organismes des provinces de l’Ouest, des territoires, et au-delà, à participer au colloque, puis à en tirer un maximum d’avantages pour soi et pour leur organisme.
Les thèmes seront d’ailleurs tout à fait pertinents pour les enseignant·es et directions d’écoles – francophones comme d’immersion – et pour les organismes commu- nautaires.
Avec un atelier préparatoire au début mars, un atelier de synthèse au début avril et un suivi pendant le colloque, les participant·es auront la chance de savoir à quoi s’attendre, de s’orienter, de trouver réponse à leurs questions… et de préparer un résumé pour leurs collègues et groupes communautaires! Les participant·es qui termineront les activités autour du colloque recevront un certificat pour souligner leur travail.
Un atelier supplémentaire sera aussi offert pour tou·tes en février sur Les questions de privilège et marginalisation au Canada. Cet atelier inclura les thèmes et concepts principaux liés au colloque afin de donner les bases nécessaires pour participer aux échanges. Il servira aussi de tremplin pour celles et ceux qui ont suivi certains ateliers « Osons le mieux-vivre communautaire».
Nous espérons de la sorte démystifier les colloques universitaires, tout en permettant une diffusion et un rayonnement des recherches au-delà des milieux universitaires et en complément aux efforts déjà en cours dans la communauté. Le colloque sera aussi l’occasion d’un évènement culturel en soirée à La Cité puis à l’Artesian, grâce à une collaboration avec le Conseil culturel fransaskois.
Un désir d’agir
Dans un tel contexte, il doit être possible non seulement de réfléchir au monde auquel nous participons, mais aussi aux manières d’y répondre. C’est pourquoi un rapport à la communauté sera préparé, sous la forme d’un guide pour l’action. Divers participant·es au colloque, ainsi que les étudiant·es qui travailleront avec le comité d’organisation, auront la chance d’y participer et d’amener leurs voix dans un dialogue qui sera – nous en sommes convaincu·es – fructueux.
Ce colloque lui-même marque une collaboration avec plusieurs organismes fransaskois et est lié à l’engagement des membres de La Cité universitaire francophone envers la vitalité des communautés fransaskoises ainsi que de la francophonie canadienne, et des études en langue française.
Pour tous les détails sur les dates et l’inscription, veuillez visiter notre site web :
La Cité - Colloque du Centre d'études franco-canadiennes de l'Ouest (CEFCO) (uregina.ca)
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