Skip Navigation
Journée nationale des ainés : Que faire de nos ainés?
Lucas Pilleri (Francopresse)
/ Catégories: 2019, Société, Aînés

Journée nationale des ainés : Que faire de nos ainés?

Vieux, fragiles, malades. Voilà quelques-uns des stéréotypes auxquels sont associés les ainés. Alors que leur nombre ne cesse d’augmenter, et que le pays a célèbré la Journée nationale des ainés le 1er octobre, leur place dans la société est prépondérante.

«C’est une population en mesure d’offrir beaucoup à notre société», rétorque Jean-Luc Racine, directeur général de la Fédération des ainées et ainés francophones du Canada (FAAFC). De plus en plus de retraités retournent sur le marché du travail, souligne-t-il, faisant profiter les entreprises de leur assiduité, de leur fidélité et de leur ardeur à la tâche. D’autres deviennent mentors pour assurer un transfert de connaissances et de compétences aux nouvelles recrues. Certains démarrent même une entreprise, forts de leur expérience.

Surtout, les ainés s’impliquent socialement, comme dans le bénévolat. Suzanne Dupuis-Blanchard, chercheuse à l’Université de Moncton, a quantifié dans une étude cette contribution pour le Nouveau-Brunswick. En multipliant leurs 20 millions d’heures de bénévolat par le salaire minimum, les ainés participent ainsi pour 218 millions de dollars par an. «Les contributions sont à tous les niveaux, local et sociétal», incluant la garde d’enfants, avance la professeure.

Trouver sa pertinence sociale

En 2016, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus a dépassé le nombre d’enfants de 14 ans et moins pour la première fois de l’histoire du pays, d’après Statistique Canada. Et leur proportion devrait augmenter encore pour atteindre jusqu’à 30 % de la population en 2068 dans un scénario de vieillissement rapide.

Dans ce contexte, la directrice du Centre d’études du vieillissement de l’Université de Moncton dénonce un manque de valorisation criant. «La société parle toujours d’eux de façon négative», estime Suzanne Dupuis-Blanchard. Les ainés seraient victimes de l’âgisme, une forme de discrimination fondée sur l’âge. «Les médias parlent souvent négativement du vieillissement», renchérit-elle, à l’heure des conseils beauté pour «rester jeune». Une société de compétition, de performance et d’instantanéité viendrait aggraver la situation.

Pire, ces stéréotypes seraient intériorisés par les ainés eux-mêmes qui «voient la retraite comme la fin d’une contribution à la société», observe Alexandre Dumas, sociologue à l’Université d’Ottawa. Cette philosophie fonctionnait lorsqu’il restait moins de dix ans à vivre après la retraite, mais pas une vingtaine, souligne le chercheur. Aussi faudrait-il «repenser la question de leur utilité sociale».

L’universitaire lie cette question au concept de citoyenneté dans son ouvrage L’antivieillissement, publié en 2017 : la société réclame un équilibre entre droits et obligations. Considérant les grandes ressources sociales et médicales octroyées à ce groupe, quelles contreparties peuvent-ils offrir? «Si on les exclut du pouvoir, économique et social, il y a déséquilibre», perçoit l’auteur.

«Pour bien vieillir, il faut se renouveler et se réinventer.»

La discussion est souvent taboue. «L’accroissement considérable des couts oblige à repenser notre modèle. Il faut des limites dans l’offre de santé publique. On ne peut pas blâmer une génération pour vouloir de meilleurs soins, mais il faut expliquer que ces choix auront des conséquences sur d’autres secteurs», comme l’éducation où les frais de scolarité grimpent continuellement. «Le pouvoir d’achat des jeunes d’aujourd’hui est beaucoup plus faible qu’avant», poursuit Alexandre Dumas.

Pour le sociologue, il faut que les ainés reprennent leur place dans la société. «C’est impopulaire de dire ça, car on les a victimisés et transformés en groupes très passifs. Or, la très grande majorité d’entre eux ont les capacités physiques et cognitives de contribuer.»

Des conflits intergénérationnels

Nés avec la société de consommation, contrôlant la politique depuis des décennies et à l’origine de la plupart des institutions modernes, les baby-boomers seraient «une génération de pouvoir», considère Alexandre Dumas. La jeunesse, elle, critique certains héritages, notamment en matière d’environnement. «Greta Thunberg est symptomatique des divisions entre les générations», analyse le Franco-Ontarien. Vue tantôt comme porte-drapeau salvateur, tantôt comme marionnette naïve, la militante fait ressortir le conflit de valeurs et perceptions entre groupes d’âge.

Malgré tout, ainés et plus jeunes ne sont pas irréconciliables pour Suzanne Dupuis-Blanchard : «Une fois qu’ils commencent à travailler ensemble, on voit une grosse de différence de perception et une plus grande appréciation.» Avec la FAAFC, par exemple, les ainés se rendent dans les écoles pour que les enfants leur fassent la lecture. «C’est extraordinaire de voir les complicités qui se créent, observe Jean-Luc Racine. Ça permet de favoriser les relations intergénérationnelles et de renforcer l’identité des jeunes en milieu minoritaire.»

Les infrastructures sociales favorisant ces rapprochements sont rares au Canada, trouve Alexandre Dumas. En fait, la société serait de plus en plus formée de poches homogènes, manquant de lieux de rassemblement comme l’étaient autrefois l’église ou la place de village. «On est en retard», juge le sociologue, appelant à plus de mixité sociale.

Des modèles de retraite plus flexibles offrent peut-être une piste. En travaillant quelques heures par semaine plutôt qu’en quittant définitivement le marché du travail, le retrait des ainés serait progressif et moins brutal. «Un nouvel équilibre est à trouver», résume le chercheur.

Imprimer
31253

Lucas Pilleri (Francopresse)Lucas Pilleri

Autres messages par Lucas Pilleri (Francopresse)
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Appui des députés communautaires aux revendications scolaires fransaskoises

Appui des députés communautaires aux revendications scolaires fransaskoises

Pour le président de l’ACF, Roger Gauthier, « quand il est question de nos droits constitutionnels, on a un devoir d’appuyer ceux qui les revendiquent. »

25 juin 2018/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (32753)/Commentaires (0)/
Une belle initiative au CÉF

Une belle initiative au CÉF

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a décidé de remettre une ceinture fléchée fransaskoise à ses finissantes et finissants.

12 juin 2018/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (34247)/Commentaires (0)/
Les jeunes Fransaskois et la dimension oubliée des années 1968

Les jeunes Fransaskois et la dimension oubliée des années 1968

Les jeunes Fransaskois et la dimension oubliée des années 1968

REGINA - Les années 1968 étaient une période de beaucoup de changements, de revendications politiques, culturelles et sociales, ce qui explique pourquoi les chercheurs s’y attardent.

7 juin 2018/Auteur: Hervé Niragira/Nombre de vues (28137)/Commentaires (0)/
Cours sur les premiers soins en santé mentale

Cours sur les premiers soins en santé mentale

MOOSE JAW - Les 5 et 6 mai derniers, une douzaine de personnes ont participé à une formation sur les premiers soins en santé mentale, animée par Francine Proulx-Kenzle et Roger Gauthier à Moose Jaw.

10 mai 2018/Auteur: L'Eau vive/Nombre de vues (33049)/Commentaires (0)/
Une soirée de célébrations pour La Cité et le Bac !

Une soirée de célébrations pour La Cité et le Bac !

50 ans d'enseignement en français à l'Université de Regina

REGINA - Voilà maintenant 50 ans que les étudiants et professionnels ont la possibilité d’étudier le français et d’apprendre en français à l'Université de Regina.

10 mai 2018/Auteur: Céline Galophe/Nombre de vues (35836)/Commentaires (0)/
Un deuxième pavillon pour l'école élémentaire fransaskoise à Regina

Un deuxième pavillon pour l'école élémentaire fransaskoise à Regina

REGINA - Selon un communiqué émis par le Collectif des parents inquiets et préoccupés (CPIP), une entente conclue avec la province permettra à l’École Mgr de Laval de compter sur un deuxième pavillon pour désengorger ses locaux actuels.

24 avril 2018/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (37306)/Commentaires (0)/

C’est fait, une bataille gagnée par le CPIP !

Regina aura une deuxième école élémentaire

Communiqué du Collectif des parents inquiets et préoccupés faisant part de la décision du gouvernement de la Saskatchewan de louer les anciens locaux de l’école St Andrew pour dépeupler le pavillon primaire de l’école Monseigneur de Laval. 

24 avril 2018/Auteur: Jean de Dieu Ndayahundwa/Nombre de vues (28671)/Commentaires (0)/
Mise à jour de la cause du CPIP

Mise à jour de la cause du CPIP

Résultats prometteurs de la médiation !

En octobre 2017, le Collectif des parents inquiets et préoccupés (CPIP) a déposé un recours judiciaire contre le gouvernement de la Saskatchewan et le Conseil scolaire fransaskois (CSF) pour la construction d’une nouvelle école primaire à Regina et l’offre des programmes et services équivalents à ceux des écoles de la majorité anglophone.

12 avril 2018/Auteur: Jean de Dieu Ndayahundwa/Nombre de vues (31923)/Commentaires (0)/
Lancement de "Contre toute attente"

Lancement de "Contre toute attente"

50 de vie francophone à l’Université de Regina

REGINA - Le 15 mars 2018 , une quarantaine de personnes se sont rendues à La Cité universitaire francophone pour assister au lancement du livre Contre toute attente de l’historien Michael Poplyansky et du chercheur Abdoulaye Yoh.

29 mars 2018/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (33920)/Commentaires (0)/
Lire avec fiston

Lire avec fiston

Travail d’équipe pour donner le gout de la lecture aux garçons

Lire avec fiston est un projet qui vise à donner le gout de la lecture aux garçons de 3e et 4e années en prêchant par l’exemple.

29 mars 2018/Auteur: Julien Cayouette (Le Voyageur)/Nombre de vues (32001)/Commentaires (0)/
Un cri d’alarme dans les garderies de l’Ouest

Un cri d’alarme dans les garderies de l’Ouest

Comité des langues officielles en tournée

Un groupe de sept membres du Comité permanent des langues officielles des Communes a récemment séjourné dans l’Ouest canadien pour s’informer sur place de l’état critique des services à la petite enfance francophone.

25 mars 2018/Auteur: Anonym/Nombre de vues (32874)/Commentaires (0)/
Un livre sur 50 ans de présence francophone à l’Université de Regina

Un livre sur 50 ans de présence francophone à l’Université de Regina

En septembre 1968, le Centre d’études bilingues de Regina voyait le jour au cœur de l’Université de Regina. Cinquante ans plus tard, La Cité universitaire francophone et le programme du Bac en éducation française sont les fiers représentants de la francophonie à l'université.

1 mars 2018/Auteur: Marie Galophe/Nombre de vues (37998)/Commentaires (0)/
Ponteix obtient sa région scolaire fransaskoise

Ponteix obtient sa région scolaire fransaskoise

Le 7 février dernier, lors de sa séance régulière à Regina, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) a décidé d’accorder une région scolaire distincte à Ponteix, accompagnée d’un siège à la table des conseillers scolaires.

24 février 2018/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (34749)/Commentaires (0)/
Un soutien au
 développement de 
l’éducation postsecondaire en français

Un soutien au
 développement de 
l’éducation postsecondaire en français

Collaboration du Collège Mathieu, Saskatchewan Polytechnic et l'Université de Regina

Le Collège Mathieu, la Saskatchewan Polytechnic et l’Université de Regina ont signé une lettre d’intention visant la collaboration mutuelle au chapitre des programmes d’éducation en français dans le domaine de la santé, le 18 janvier dernier, à la Rotonde de la Cité universitaire.

1 février 2018/Auteur: Pierre-Émile Claveau/Nombre de vues (33135)/Commentaires (0)/
Journée des carrières en santé

Journée des carrières en santé

Le Consortium national de formation en santé de La Cité universitaire francophone de l’Université de Regina a organisé, pour la première fois, une journée des carrières en santé, en collaboration avec l’Université d’Ottawa, le 13 janvier dernier. 

1 février 2018/Auteur: Jeanne Dumas/Nombre de vues (27231)/Commentaires (0)/
RSS
Première678911131415Dernière

 - mardi 18 juin 2024