Skip Navigation

Dévoilement des gagnants du concours Contes et légendes de la Saskatchewan

L'Eau vive vous présente le texte gagnant

Image
À l’occasion du 10e anniversaire des Journées du patrimoine, la Société historique de la Saskatchewan (SHS) lançait son concours sur le thème des contes et légendes de la Saskatchewan. Le concours s’est déroulé du 3 septembre 2014 au 25 février 2015.

C’est Gloria Stringer (Gravelbourg) qui a remporté le deuxième prix: un certificat cadeau de 50$ à la Bouquinerie Gravel. Le texte qu’elle a soumis, Le massacre des vieilles femmes, faisait référence à une des légendes du Old Wives Lake. 

Nous  félicitons  Tanya  Reimer  (Bellegarde)  qui  a  remporté  le  premier  prix  avec son  texte  intitulé  L’amour  éternel. Vous pourrez le découvrir par vous-même dans l’Eau Vive qui le publiera sous peu. Mme Reimer a gagné une liseuse Kobo Aura.

La Bouquinerie Gravel a accepté de contribuer en partie, avec la Société historique de la Saskatchewan, pour offrir le certificat cadeau. Ce projet a été rendu possible grâce à l’appui de Patrimoine canadien, du Gouvernement de la Saskatchewan et du Community Initiatives Fund.


L’amour éternel

 

Tanya Reimer

Dans le champ de mon père, sous prétexte d’aller à la chasse pour maman, je cherche un cheval blanc dans les prairies. J’espère le revoir avant de grandir et d’oublier les rêves de l’innocence.

Y’avait passé hier, si vite, ombre presque invisible dans le vent, fruit de l’imagination d’un jeune homme, un souffle amusant qui passait par chez moi sous forme d’une jument transparente. Des chevaux sauvages qui courent les prairies sont rares, et une partie de moi se demande s’il était un esprit ou un tour joué par le soleil.

Désespérées, voilà ce qu’étaient des pensées d’un jeune de seize ans. Malgré tout, si c’est une apparition, la passion en moi se doute…

Pourquoi moi ?

Et c’est là que mon imagination démarre. En effet, qu’est-ce qu’un esprit sur les prairies a à faire avec moi ?

La seule histoire de cheval blanc qui court les prairies que je connais est une tragédie. Dans ce récit, pour éviter une guerre entre les tribus, le chef offre sa fille en mariage. Mais elle a déjà un amour.

Je la vois, cette princesse, si fort et si précisément, que dans mes rêves je touche ses lèvres et la protège contre moi. Une femme de la terre sans souliers, vêtue d’une robe de noces confectionnée avec des peaux d’animaux et décorée de fleurs sauvages.

Mon amour… une princesse…un cheval blanc qui me cherche sur les prairies… un rêve qui me tourmente.

C’est certain qu’elle ne peut pas marier un autre, même dans un rêve, même dans une histoire dont je connais déjà la tragédie.

Dans la fable, elle part en secret avec son vrai amour, et ils se cachent sur les prairies avec leur cheval blanc. Un désastre surgit et son fiancé les retrouve et les tue. Cette princesse ayant accroché son âme à celui du cheval pour mieux endurer le drame, s’adonne à une vie éternelle cherchant son amour perdu sur les prairies étendues.

Et si ce cheval que j’ai vu hier était en fait l’âme d’une princesse d’un temps ancien ? Et moi son amour éternel ?

Pourquoi pas moi ?

Lorsque je pense à la princesse, je m’installe dans le champ et je surveille l’horizon. À quelques pieds de la crique, un endroit où j’ai déjà nagé à plusieurs reprises, un monstre se manifeste de la terre avec un grondement violent.

Je saute sur mes pieds. Les images de paix et de légendes s’évaporent dans le vent et la réalité m’étourdit. Loin d’être une princesse, j’ai devant moi le chien sauvage des Prairies, le monstre le plus terrifiant, le loup-garou.

Je tire un coup avec mon fusil, mais la balle, qui visait pourtant dans la bonne direction, passe à travers comme dans une brume qui se déplace. Il redevient un monstre avec plus de vigueur.

Je tombe à genoux, humble, devant un dieu de la terre, désespéré par l’image frappante de ses dents. Et que dire de ses dents ? Elles sont de roche et d’argent rare. Il m’apparaît évident qu’elles avaleraient mon âme, tellement elles sont pénétrantes.

Prêt pour la mort, même à seize ans, je mets mon fusil par terre et j’attends son attaque comme le guerrier que je prétends être.

Il s’avance un pied audacieux vers moi et renifle. Je vois dans ses yeux qu’il me connaît. Que mon âme lui a déjà échappé dans une autre vie. Doucement, un sourire s’agrippe à ses lèvres, comme s’il me cherchait depuis toujours, et que cette vengeance va lui plaire. Ses yeux jaunes m’ont dans sa mire et rien ne va le distraire.

Un vent s’élève et, dans le cœur de l’été, apporte un gel directement de la profondeur de l’hiver éternel. Le monstre frissonne devant moi et de ‘tits morceaux de boue qui étranglent sa fourrure grise tombent.

Je n’ai pas le temps de crier ou de réfléchir, mais je prends le moment pour prier, espérant dans le vaste univers que Dieu ait pitié.

Du vent du Nord sort un nuage blanc prenant la forme d’un cheval. Trop vite pour mes yeux, mais trop lent pour ma fantaisie. Aussi rapidement que le cheval apparaît, le monstre est pris par le ventre. Il lance un hurlement féroce et toute la terre tremble de sa puissance.

Le cheval se sauve sur l’eau avec sa proie, laissant un écho de hennissement.

Comme par magie, les deux disparaissent à l’horizon.

Partis.

J’avance vers la crique pour attendre leur retour.

Tout est tranquille sur les prairies.

Aucune trace du monstre ou du héros. Mais dans la boue, il y a une empreinte. Sur mes genoux, je la touche avec tendresse. Mes mains glissent dans la boue, et le vent me caresse. Ce n’est pas une empreinte de loup-garou, ni de cheval ; mais, une empreinte parfaite de femme à pieds nus.

Print
24978

Société Historique de la SaskatchewanSociété Historique de la Saskatchewan

Other posts by Société Historique de la Saskatchewan
Contact author

Contact author

x
Addison Shyluk, jeune Fransaskoise passionnée, lauréate d’un concours international

Addison Shyluk, jeune Fransaskoise passionnée, lauréate d’un concours international

Addison Shyluk, élève en 11e année à l’École canadienne-française de Saskatoon, Pavillon Gustave-Dubois, vient de remporter le concours international Ma minute francophone.

Friday, December 18, 2020/Author: Emmanuel Masson/Number of views (14506)/Comments (0)/
Infrastructures scolaires à Saskatoon : un sondage confirme les besoins

Infrastructures scolaires à Saskatoon : un sondage confirme les besoins

Alors que Regina a obtenu l’aval du gouvernement pour le financement de nouveaux espaces scolaires, Saskatoon et Prince Albert attendent toujours. Le Comité vision des espaces scolaires francophones à Saskatoon, créé en juin 2020, a consulté la communauté pour identifier les besoins dans la ville des ponts.

Friday, December 11, 2020/Author: Arthur Béague/Number of views (16708)/Comments (0)/
Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

L’Association francophone pour le savoir propose à des étudiants, via son concours Ma thèse en 180 secondes, de présenter leur sujet de recherche en termes simples à un auditoire. Le défi : exposer de façon claire, concise et convaincante un projet d’envergure en trois minutes.

Saturday, November 14, 2020/Author: Leslie Diaz/Number of views (13768)/Comments (0)/
Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Entretien avec Alpha Barry, été réélu au poste de conseiller scolaire pour la région scolaire n°3 incluant Regina et Moose Jaw. Celui qui est aussi président du Conseil scolaire fransaskois l’a emporté avec 70 % des voix face à son adversaire Siriki Diabagaté.

Wednesday, November 11, 2020/Author: Marie-Lou Bernatchez/Number of views (13753)/Comments (0)/
Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Les établissements universitaires de l’Ouest du pays ont des outils en place pour assurer la liberté académique de leurs professeurs tout en assurant un traitement rigoureux des plaintes des étudiants.

Saturday, November 7, 2020/Author: Marie-Paule Berthiaume (Initiative de journalisme local – APF - Ouest)/Number of views (14790)/Comments (0)/
Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Selon un nouveau sondage Léger, près de la moitié des Canadiens sont au courant de la récente controverse à l’Université d’Ottawa, et plus de la moitié ont tendance à soutenir la professeure ayant prononcé le «mot en n» dans le cadre de son cours Art and Gender plutôt que les étudiants.

Saturday, November 7, 2020/Author: Marie-Paule Berthiaume (Francopresse)/Number of views (12943)/Comments (0)/
Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

La ministre Mélanie Joly invite le gouvernement de l’Alberta à annuler sa décision de couper le financement du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, dans une lettre adressée au premier ministre de la province, Jason Kenney.

Sunday, November 1, 2020/Author: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Number of views (15481)/Comments (0)/
Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

C'est un premier débat radiophonique parfois houleux qui a eu lieu le 20 octobre entre Alpha Barry et Siriki Diabagaté, les deux prétendants au poste de conseiller scolaire de Regina.

Friday, October 23, 2020/Author: Marie-Lou Bernatchez/Number of views (11965)/Comments (0)/
Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

LE DROIT (Ontario) – Le débat autour de la suspension d’une professeure de l’Université d’Ottawa pour avoir utilisé le mot «n**ger» continue de faire rage.

Wednesday, October 21, 2020/Author: Daniel LeBlanc e)t Julien Paquette (Le Droit)/Number of views (14123)/Comments (0)/
Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Les parents fransaskois de Regina et Saskatoon seront appelés aux urnes le 28 octobre pour choisir leur conseiller scolaire dans le cadre des élections générales du Conseil scolaire fransaskois.

Thursday, October 15, 2020/Author: Estelle Bonetto/Number of views (14822)/Comments (0)/
Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Rentrée scolaire

La rentrée scolaire fransaskoise a eu lieu du 8 au 11 septembre partout dans la province. L’eau vive s’est entretenue avec quelques parents pour faire le bilan d’une semaine riche en émotions.

Thursday, September 17, 2020/Author: Estelle Bonetto/Number of views (14681)/Comments (0)/
Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

La récente victoire du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSFCB) en Cour suprême laisse présager une possible expansion de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Friday, August 28, 2020/Author: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Number of views (14722)/Comments (0)/
Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Le Franco (Alberta) – L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) promet une phase II de la campagne «Sauvons Saint-Jean» dès la rentrée. L’appel à des manifestations et une action en justice sont sur la table. 

Monday, August 24, 2020/Author: Geoffrey Gaye (Le Franco)/Number of views (17276)/Comments (0)/
Rentrée scolaire : des parents se confient

Rentrée scolaire : des parents se confient

Une rentrée sous le signe de la fébrilité et de la solidarité

À quelques semaines du jour J, beaucoup d’interrogations subsistent. Tantôt confiants, tantôt inquiets, plusieurs parents fransaskois se sont confiés à l’Eau vive.

Thursday, August 20, 2020/Author: Estelle Bonetto/Number of views (14591)/Comments (0)/
Dans ce temps-là !

Dans ce temps-là !

À l’époque où j’étais élève à la fin de l’élémentaire, quand arrivait le mois de juin, nous étions assez intenables dans les classes... La fête de la Saint-Jean-Baptiste marquait le début des vacances estivales. Les classes s’étaient terminées la veille et on avait vidé nos pupitres. Plus de devoirs. Plus de leçons. 

Thursday, July 16, 2020/Author: Michel Vézina/Number of views (20657)/Comments (0)/
RSS
123468910Last

 - Monday 13 May 2024