La communauté réaffirme son soutien au projet de Prince Albert
Fin janvier, le ministre de l’Éducation de la Saskatchewan a rencontré les présidents d’organismes fransaskois afin de discuter du projet de création d’une nouvelle école francophone à Prince Albert. Ces derniers lui ont demandé d’approuver le déménagement de l’école Valois vers l’ancienne Académie Rivier, un projet d’envergure, mais qui peine à se concrétiser.
Depuis plus de 8 ans, les Fransaskois de Prince Albert attendent le déménagement de leur école. Selon Denis Simard, président de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), cette dernière manque d’espace pour accueillir les élèves de la ville, et plusieurs parents ont même peur pour la sécurité de leurs enfants dans les espaces actuels.
Comme beaucoup d’écoles fransaskoises, l’école Valois a connu une forte croissance au cours des dernières décennies. Le gain d’élèves a forcé la Société canadienne-française de Prince Albert (SCFPA), dont les bureaux se trouvaient dans l’école, à quitter l’établissement pour s’établir en centre-ville. De nouvelles salles de classe ont ainsi pu être créées en utilisant les espaces libérés.
Josée Bourgoin, vice-présidente de la SCFPA, est claire : l’édifice actuel de l’école Valois n’est « plus aux normes » et les failles du bâtiment « ne permettent pas de faire des rénovations ou de l’agrandir ».
Deux options sur la table
La communauté de Prince Albert et le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) travaillent en tandem pour l’obtention d’une nouvelle école. La première option est de construire une nouvelle école, une idée qui ne rassure pas complètement.
« Si cette option est choisie, on a peur que dans quelques années on se retrouve dans la même position qu’aujourd’hui. Le gouvernement veut seulement construire une école pour le nombre actuel d’élèves », s’inquiète Estelle Hjertaas, présidente de la SCFPA.
L’autre option, plébiscitée par la communauté, serait de réinvestir l’Académie Rivier, une ancienne et immense école secondaire catholique des Sœurs de la Présentation de Marie construite dans les années 1960.
« Le grand espace est en excellente condition et offre énormément d’opportunités », souligne Josée Bourgoin. Le président de l’ACF la rejoint : « L’Académie Rivier est un édifice qui nous offre un legs éducatif de substance, qui serait énorme à préserver pour non seulement la communauté fransaskoise, mais aussi la communauté anglophone de Prince Albert. »
Un concept novateur
Depuis 2018, la SCFPA tente de convaincre le ministère de l’Éducation du bien-fondé de son idée. « On essaie de faire comprendre et accepter un plan d’affaires conçu pour la communauté », résume Josée Bourgoin.
Le cœur du projet est de bâtir un « centre scolaire communautaire citoyen ». Un concept inspiré des écoles communautaires citoyennes en vogue ces dernières années, inaugurées au Nouveau-Brunswick.
Les membres de la communauté seraient invités à partager leurs savoirs avec les élèves. Des aînés pourraient par exemple lire des histoires aux enfants. « Les gens pourraient également habiter dans les résidences de l’école et accorder de leur temps bénévolement », ajoute Estelle Hjertaas.
Ce bâtiment serait administré par une nouvelle société qui serait la propriété conjointe du CÉF et de la SCFPA. Cette société vivrait des revenus tirés des loyers prélevés auprès des résidents, de la location des espaces et d’autres projets commerciaux.
Bien que les critères d’admissibilité pour les potentiels locataires ne soient pas encore établis, la SCFPA imagine qu’il s’agira de francophones et de francophiles. « À Prince Albert, il y a un grand manque de logements pour adultes autonomes, évalue Josée Bourgoin. De plus, c’est un lieu où des gens des communautés rurales avoisinantes viennent s’installer pour prendre leur retraite. »
De beaux espaces prometteurs
Académie Rivier
La communauté fransaskoise convoite l’Académie Rivier à Prince Albert pour en faire un projet scolaire et communautaire d’envergure.
Crédit : Google street view
Ouverte en 1976, l’Académie Rivier accueillait et hébergeait des élèves de la 10e à la 12e année. Avec le temps, l’établissement a perdu sa vocation d’école résidentielle et a commencé à accepter des élèves de 7e, 8e et 9e années. En 2018, l’immense école accueillait à peine une centaine d’élèves et a été contrainte de fermer ses portes.
Les espaces incluent un grand auditorium, deux gymnases, une grande cuisine, une salle de couture, des laboratoires de science spécialisés et une piscine intérieure. « Des installations qu’on n’a jamais eues en francophonie avant ! », commente Josée Bourgoin avec entrain.
La vice-présidente de la SCFPA assure que tous ces espaces sont en très bon état et que la communauté peut les gérer efficacement, notamment en offrant un accès public à la piscine avec un service bilingue.
Le projet suscite même l’intérêt d’autres groupes communautaires de Prince Albert. La SCFPA a été approchée par des groupes métis pour le partage de certains espaces, ces derniers étant surtout intéressés par l’utilisation de la salle de couture.
Les Sœurs de la Présentation de Marie ont mis l’édifice en vente pour 9 millions de dollars, un prix largement sous-évalué selon la SCFPA. La congrégation, en déclin, cherche avant tout un acheteur pour réinvestir les locaux : « Les Sœurs ont indiqué dès le début qu’elles étaient ouvertes à travailler avec la communauté fransaskoise », souligne Denis Simard.
Un partenaire à convaincre
Mais le partenaire principal dans cette opération reste le gouvernement. Le nouveau ministre de l’Éducation de la Saskatchewan, Dustin Duncan, a rencontré fin janvier l’ACF, le CÉF et la SCFPA pour discuter du projet. Bien que le ministre n’ait pas offert de réponse définitive, Josée Bourgoin le décrit comme « très à l’écoute » et affirme qu’il « voit le potentiel du projet ».
Les organismes fransaskois sont unis derrière le projet. Lors de la Table des élus du 19 décembre dernier, les membres ont consenti à faire parvenir des lettres de soutien au premier ministre et au ministre de l’Éducation afin de réaffirmer leur motivation. « Ça prend de la solidarité pour faire avancer nos projets, et j’invite toute la communauté à se faire entendre », exprime Denis Simard.
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