Skip Navigation
Festival Cinergie 2024 150 ans

Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Le tout premier programme d’immersion en Saskatchewan est apparu à Saskatoon en 1968. Regina a suivi un an plus tard avec l’ouverture d’une salle de classe regroupant 26 élèves à l’école St Pius X. Cinquante ans plus tard, ils sont plus de 16 500 à travers la province à se retrouver sur les bancs du programme qui fait de plus en plus d’adeptes.

Les inscriptions en immersion ont augmenté de 30 % au cours des dix dernières années en Saskatchewan. Désormais, 77 écoles offrent des programmes d’immersion française à travers la province.

Si la formule a démarré en 1965 au Québec, la Saskatchewan fait partie des premières provinces au Canada à l’avoir proposée. Les Écoles catholiques de Saskatoon mettent en place le programme en 1968, puis celles de Regina en 1969, faisant figure de pionnières dans le paysage scolaire.

Il faut dire que le contexte de l’époque est encourageant : souffle alors un vent favorable à l’enseignement du français hors Québec avec, en 1968, la modification de la Loi scolaire en Saskatchewan qui permet la création d’écoles désignées, puis, en 1969, l’adoption au niveau fédéral de la Loi sur les langues officielles.

Une formule novatrice

Sur demande de plusieurs dizaines de parents, la première classe d’immersion à Regina ouvre ses portes à la rentrée de septembre 1969. Ils ne le savent pas, mais les 26 élèves sous la supervision de Renée Chauvin, une enseignante venue de France, inaugurent un modèle qui ne cessera de grossir pour les 50 années à suivre.

Renée Chauvin est la première à enseigner dans le programme. Née en 1926 en France, elle est aujourd’hui âgée de 94 ans et coule des jours heureux dans son pays natal. Après avoir connu la Seconde Guerre mondiale et la guerre d’Algérie, l’institutrice cherche un havre de paix en immigrant au Québec au début des années 1960, puis à Gravelbourg où elle travaillera deux ans avant de rejoindre Regina. Elle y demeurera pendant 16 ans.

Au départ, le programme ne comporte pas de maternelle, rendant la tâche de l’enseignante plus difficile encore : « J’ai travaillé nuit et jour la première année parce que je ne voulais pas que ça manque », dit-elle. Les premiers temps s’apparentent à une nouvelle expérience pour Renée Chauvin comme pour les élèves. « C’est moi qui ai fabriqué le programme. J’ai inventé et ça a marché », analyse-t-elle avec le recul.

Renée Chauvin devient ensuite directrice adjointe de l’école. Mais son dur labeur se poursuit : « J’étais à l’école à 7 heures le matin et je repartais à 7 heures le soir. Je n’ai pas trouvé que c’était trop. Il fallait le faire. »

À la retraite depuis une trentaine d’années en France, l’enseignante n’oublie pas son aventure saskatchewanaise pour autant : « Ce n’est pas toujours facile en immersion, mais on est récompensé au centuple quand on voit un enfant qui nous parle français. J’ai reçu des lettres des élèves qui m’ont fait pratiquement pleurer », traduit-elle avec émotion.

Des anciens élèves ravis

Les élèves eux non plus n’ont pas oublié cette période de leur vie. Sean Malone faisait partie de la toute première classe d’immersion à l’école St Pius X de Regina. Aujourd’hui employé au gouvernement du Canada au Québec, le programme d’immersion a changé sa vie : « En plus des opportunités de carrière, d’éducation et du lieu où j’ai fini par vivre, apprendre le français m’a permis au fil des années de nouer des amitiés et d’avoir diverses expériences et perspectives liées aux voyages, à la culture et à la politique. » Ses deux filles, à leur tour, ont fréquenté l’école en français.

Lynette Nishnik est entrée dans le programme deux ans après Sean Malone. « Un de mes souvenirs les plus précieux était en 2e année avec Mme Renée Chauvin. Nous avons écrit des petites histoires pour la première fois en français. Mme Chauvin a choisi mon histoire pour publication dans une anthologie de travaux de jeunes Canadiens », se souvient celle qui est aujourd’hui la chef du département du programme d’immersion à l’école secondaire catholique Dr Martin LeBoldus à Regina.

Annette Revet, quant à elle, est une diplômée de 1985. « Pouvoir aller à l’école en français était très important pour ma famille parce qu’on a pu conserver notre langue et notre culture », explique-t-elle. Chef de la direction à Conexus Credit Union, elle garde en mémoire son voyage au Québec en 8e année, les productions théâtrales, les amitiés nouées et les « excellents enseignants comme Mme Chauvin, Mme Archambault, Mme Anstis, M. Bien, M. Sylvestre, M. Morin, M. Saint-Pierre et Mme et M. Jacques ». « Ils ont tous contribué à la personne que je suis devenue », ponctue-t-elle.

Les parents, forces vives du programme

Si l’immersion s’est développée au pays, c’est en grande partie grâce à l’engagement des parents. Canadian Parents for French (CPF), fondé en 1977 au niveau national, a d’ailleurs souligné les 50 ans de l’immersion française en Saskatchewan en février dernier, lors de la Semaine de l’éducation en français langue seconde.

Pour Jaclyn Reaves Jacobson, vice-présidente de CPF Saskatchewan, l’immersion est aujourd’hui une formule éprouvée. « Cinquante ans plus tard, la recherche continue d’appuyer cette méthode », souligne celle qui a elle-même suivi le programme d’immersion à Gravelbourg dans les années 1980 alors qu’aucun de ses parents ne parlait français. Le programme joue selon elle un rôle essentiel dans la transmission de la langue. « On voit maintenant une deuxième génération de jeunes en immersion, comme mes enfants », témoigne-t-elle.

Et le bilinguisme séduit un nombre croissant de parents et d’élèves. « De plus en plus de familles en Saskatchewan voient la valeur du bilinguisme. Les parents voient l’importance d’une langue seconde dans le contexte de la mondialisation, pour le travail, les voyages… Et c’est aussi un défi d’apprentissage », se réjouit Jaclyn Reaves Jacobson.

Si le nombre d’apprenants en immersion n’a jamais été aussi grand, certains défis perdurent. D’après le recensement de 2016 de Statistique Canada, seuls 4,7 % des habitants de la Saskatchewan sont bilingues. En outre, la pénurie de professeurs pose un gros défi pour l’avenir du programme face à une demande croissante.

Previous Article Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina
Next Article Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école
Print
23339

Lucas Pilleri, avec les informations de Diane LacasseLucas Pilleri

Other posts by Lucas Pilleri, avec les informations de Diane Lacasse
Contact author

Contact author

x

CSF : Une injonction plaidée dans des conditions défavorables

Le Conseil scolaire fransaskois (CSF) a, comme prévu, plaidé par la voix de son avocat, Me Roger Lepage, devant la Cour du Banc de la Reine à Regina, lors d’une injonction, pour obtenir la somme de 5,2 millions de dollars du gouvernement provincial les 6 et 7 août derniers.

Thursday, August 14, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (23161)/Comments (0)/
Les parents déplorent la nouvelle cause juridique du CSF

Les parents déplorent la nouvelle cause juridique du CSF

Le Conseil scolaire fransaskois retourne devant les tribunaux

Mises à pied, démission du directeur, réductions de programmes et coupure du budget de 4,4 millions $. Suivant l’échec de pourparlers, le gouvernement a décrété le 12 juin un audit des finances du Conseil scolaire fransaskois. Le 26 juin, le CSF lançait une nouvelle poursuite

Thursday, July 10, 2014/Author: Anonym/Number of views (23577)/Comments (0)/
Droits ancestraux des autochtones

Droits ancestraux des autochtones

L’obligation de consulter est immédiate

La Cour suprême du Canada vient alourdir le fardeau des gouvernements et des entreprises dans l’exploitation des ressources sur les terres ancestrales. Le jugement du 26 juin pourrait impacter un grand nombre de négociations, partout au pays.

Thursday, July 10, 2014/Author: Anonym/Number of views (24287)/Comments (0)/

L’École secondaire Collège Mathieu récompense ses élèves méritants lors de son Gala 2014

L’école secondaire Collège Mathieu tenait son Gala annuel le jeudi 26 juin 2014. Parents, amis, élèves et membres du personnel se sont tous réunis pour récompenser les élèves qui se sont distingués durant la dernière année scolaire. La soirée a débuté par un barbecue, suivi du Gala aminé par Sydney Auger.

Thursday, July 10, 2014/Author: École secondaire Collège Mathieu/Number of views (23760)/Comments (0)/

Et c’est reparti

C’est, hélas, grâce aux visites périodiques dans les couloirs des tribunaux que la francophonie canadienne réussit tant bien que mal à tirer son épingle du jeu. Le dossier scolaire a tenu pas mal d’avocats occupés ces dernières années à l’échelle du pays afin de s’assurer que l’éducation en français ait droit de cité à l’échelle du pays. Et ce n’est pas fini! 

Thursday, July 3, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (25455)/Comments (0)/
La crise financière des écoles fransaskoises

La crise financière des écoles fransaskoises

Au fil des années, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) a présenté au gouvernement plusieurs projets de budget d’obligation constitutionnelle successifs. Il s’agit, chaque année, de demander des montants qui, selon le CSF, devraient lui être attribués afin de respecter les obligations posées par l’article 23 de la charte canadienne des droits et libertés, qui garantit le droit à l’instruction dans la langue de la minorité. Le fossé entre les propositions de budget du CSF et les autorisations accordées par le ministère de l’Éducation n’a cessé de se creuser au cours de ces dernières années, même si les résultats des injonctions ont parfois limité cet écart. 

Wednesday, July 2, 2014/Author: Arnaud Decroix/Number of views (23779)/Comments (0)/

Soulignons la réussite!

Jeudi le 26 juin, plusieurs élèves du Pavillon secondaire des Quatre Vents (PSQV) de l’école Monseigneur de Laval ont été reconnus lors de l’édition 2014 du Gala Méritas.

Wednesday, July 2, 2014/Author: Stéphanie Alain/Number of views (24944)/Comments (0)/
Remise des diplômes aux finissants du Collège Mathieu pour l’année 2013-2014

Remise des diplômes aux finissants du Collège Mathieu pour l’année 2013-2014

Les petits plats avaient été mis dans les grands, samedi 28 juin à 14 h au Carrefour horizons, pour célébrer les diplômés de la promotion 2014 du Collège Mathieu (CM). 

Wednesday, July 2, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27998)/Comments (0)/
Le Conseil scolaire fransaskois demande une injonction contre le gouvernement

Le Conseil scolaire fransaskois demande une injonction contre le gouvernement

Jeudi 26 juin, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) a pris la décision de retourner devant les tribunaux pour tenter d’obtenir des fonds supplémentaires de la part du gouvernement provincial. Il y a trois mois, le CSF signait pourtant une convention de suspension des instances judiciaires pour une durée d’un an renouvelable. Voici le récit des événements qui auront conduit à ce revirement.

Monday, June 30, 2014/Author: Arnaud Decroix/Number of views (30051)/Comments (0)/
Réorganisation des services spécialisés aux élèves du CÉF

Réorganisation des services spécialisés aux élèves du CÉF

Lettre aux parents du directeur de l'éducation du Conseil des écoles fransaskoises

Mise à jour du directeur de l'éducation du Conseil des écoles fransaskoises, Donald Michaud, sur la réorganisation des services spécialisés aux élèves.
Thursday, June 26, 2014/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (25383)/Comments (0)/

Soirée Méritas, l’école Providence récompense ses élèves les plus méritants

C’est ce mercredi 18 juin 2014 que l’école Providence de Vonda a choisi de récompenser ses élèves les plus méritants avec sa traditionnelle soirée Méritas.

Thursday, June 26, 2014/Author: Abdoul Sall – ACFT/Number of views (28070)/Comments (0)/

Rencontre de travail du Conseil scolaire fransaskois à Saskatoon

Des défis et des questions

Le vendredi 20 juin, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) a tenu une rencontre de travail à Saskatoon. Au cours de celle-ci, André Denis a été confirmé dans son poste de président. Le conseiller de Zenon Park, Denis Marchildon, remplace Simone Couture à la vice-présidence. 

Thursday, June 26, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (26958)/Comments (0)/

Bourses d'études de la Fondation fransaskoise: Réflexions des lauréats

Des finissants de 12e année reçoivent un appui du Fonds Bourses d'études Louis et Gabrielle Lepage

Le Fonds Bourses d’études Louis et Gabrielle Lepage a pour but de fournir une bourse d’études à chaque finissant de la 12e année des écoles francophones du sud de la Saskatchewan. La Fondation fransaskoise verse annuellement jusqu’à 100% des montants des revenus nets générés par le capital du fonds « Bourses d’études Louis et Gabrielle Lepage. »

Thursday, June 26, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (25998)/Comments (0)/

Lettre des parents mobilisés

Position des parents mobilisés à la lumière des enjeux récents concernant la gestion des écoles fransaskoises: Les Parents mobilisés appuient le Conseil scolaire fransaskois (CSF), mais reconnaissent que le Conseil des écoles fransaskoises s(CÉF) a fait des erreurs stratégiques au cours des dernières années.

Thursday, June 26, 2014/Author: Les parents mobilisés pour une saine gestion scolaire/Number of views (23428)/Comments (0)/

Si on se donne des règles, c’est pour les suivre

Je doute que les premiers feux de signalisation ou panneaux d’arrêt aient été installés dans les villes l’année même où les voitures ont fait leur apparition dans nos rues. Il aura fallu sans doute quelques collisions avant de prendre conscience de la nécessité d’offrir un certain encadrement à la circulation. 

Thursday, June 26, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (21435)/Comments (0)/
RSS
First2425262729313233Last

 - Friday 26 April 2024