Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere

Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Le tout premier programme d’immersion en Saskatchewan est apparu à Saskatoon en 1968. Regina a suivi un an plus tard avec l’ouverture d’une salle de classe regroupant 26 élèves à l’école St Pius X. Cinquante ans plus tard, ils sont plus de 16 500 à travers la province à se retrouver sur les bancs du programme qui fait de plus en plus d’adeptes.

Les inscriptions en immersion ont augmenté de 30 % au cours des dix dernières années en Saskatchewan. Désormais, 77 écoles offrent des programmes d’immersion française à travers la province.

Si la formule a démarré en 1965 au Québec, la Saskatchewan fait partie des premières provinces au Canada à l’avoir proposée. Les Écoles catholiques de Saskatoon mettent en place le programme en 1968, puis celles de Regina en 1969, faisant figure de pionnières dans le paysage scolaire.

Il faut dire que le contexte de l’époque est encourageant : souffle alors un vent favorable à l’enseignement du français hors Québec avec, en 1968, la modification de la Loi scolaire en Saskatchewan qui permet la création d’écoles désignées, puis, en 1969, l’adoption au niveau fédéral de la Loi sur les langues officielles.

Une formule novatrice

Sur demande de plusieurs dizaines de parents, la première classe d’immersion à Regina ouvre ses portes à la rentrée de septembre 1969. Ils ne le savent pas, mais les 26 élèves sous la supervision de Renée Chauvin, une enseignante venue de France, inaugurent un modèle qui ne cessera de grossir pour les 50 années à suivre.

Renée Chauvin est la première à enseigner dans le programme. Née en 1926 en France, elle est aujourd’hui âgée de 94 ans et coule des jours heureux dans son pays natal. Après avoir connu la Seconde Guerre mondiale et la guerre d’Algérie, l’institutrice cherche un havre de paix en immigrant au Québec au début des années 1960, puis à Gravelbourg où elle travaillera deux ans avant de rejoindre Regina. Elle y demeurera pendant 16 ans.

Au départ, le programme ne comporte pas de maternelle, rendant la tâche de l’enseignante plus difficile encore : « J’ai travaillé nuit et jour la première année parce que je ne voulais pas que ça manque », dit-elle. Les premiers temps s’apparentent à une nouvelle expérience pour Renée Chauvin comme pour les élèves. « C’est moi qui ai fabriqué le programme. J’ai inventé et ça a marché », analyse-t-elle avec le recul.

Renée Chauvin devient ensuite directrice adjointe de l’école. Mais son dur labeur se poursuit : « J’étais à l’école à 7 heures le matin et je repartais à 7 heures le soir. Je n’ai pas trouvé que c’était trop. Il fallait le faire. »

À la retraite depuis une trentaine d’années en France, l’enseignante n’oublie pas son aventure saskatchewanaise pour autant : « Ce n’est pas toujours facile en immersion, mais on est récompensé au centuple quand on voit un enfant qui nous parle français. J’ai reçu des lettres des élèves qui m’ont fait pratiquement pleurer », traduit-elle avec émotion.

Des anciens élèves ravis

Les élèves eux non plus n’ont pas oublié cette période de leur vie. Sean Malone faisait partie de la toute première classe d’immersion à l’école St Pius X de Regina. Aujourd’hui employé au gouvernement du Canada au Québec, le programme d’immersion a changé sa vie : « En plus des opportunités de carrière, d’éducation et du lieu où j’ai fini par vivre, apprendre le français m’a permis au fil des années de nouer des amitiés et d’avoir diverses expériences et perspectives liées aux voyages, à la culture et à la politique. » Ses deux filles, à leur tour, ont fréquenté l’école en français.

Lynette Nishnik est entrée dans le programme deux ans après Sean Malone. « Un de mes souvenirs les plus précieux était en 2e année avec Mme Renée Chauvin. Nous avons écrit des petites histoires pour la première fois en français. Mme Chauvin a choisi mon histoire pour publication dans une anthologie de travaux de jeunes Canadiens », se souvient celle qui est aujourd’hui la chef du département du programme d’immersion à l’école secondaire catholique Dr Martin LeBoldus à Regina.

Annette Revet, quant à elle, est une diplômée de 1985. « Pouvoir aller à l’école en français était très important pour ma famille parce qu’on a pu conserver notre langue et notre culture », explique-t-elle. Chef de la direction à Conexus Credit Union, elle garde en mémoire son voyage au Québec en 8e année, les productions théâtrales, les amitiés nouées et les « excellents enseignants comme Mme Chauvin, Mme Archambault, Mme Anstis, M. Bien, M. Sylvestre, M. Morin, M. Saint-Pierre et Mme et M. Jacques ». « Ils ont tous contribué à la personne que je suis devenue », ponctue-t-elle.

Les parents, forces vives du programme

Si l’immersion s’est développée au pays, c’est en grande partie grâce à l’engagement des parents. Canadian Parents for French (CPF), fondé en 1977 au niveau national, a d’ailleurs souligné les 50 ans de l’immersion française en Saskatchewan en février dernier, lors de la Semaine de l’éducation en français langue seconde.

Pour Jaclyn Reaves Jacobson, vice-présidente de CPF Saskatchewan, l’immersion est aujourd’hui une formule éprouvée. « Cinquante ans plus tard, la recherche continue d’appuyer cette méthode », souligne celle qui a elle-même suivi le programme d’immersion à Gravelbourg dans les années 1980 alors qu’aucun de ses parents ne parlait français. Le programme joue selon elle un rôle essentiel dans la transmission de la langue. « On voit maintenant une deuxième génération de jeunes en immersion, comme mes enfants », témoigne-t-elle.

Et le bilinguisme séduit un nombre croissant de parents et d’élèves. « De plus en plus de familles en Saskatchewan voient la valeur du bilinguisme. Les parents voient l’importance d’une langue seconde dans le contexte de la mondialisation, pour le travail, les voyages… Et c’est aussi un défi d’apprentissage », se réjouit Jaclyn Reaves Jacobson.

Si le nombre d’apprenants en immersion n’a jamais été aussi grand, certains défis perdurent. D’après le recensement de 2016 de Statistique Canada, seuls 4,7 % des habitants de la Saskatchewan sont bilingues. En outre, la pénurie de professeurs pose un gros défi pour l’avenir du programme face à une demande croissante.

Previous Article Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina
Next Article Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école
Print
26018

Lucas Pilleri, avec les informations de Diane LacasseLucas Pilleri

Other posts by Lucas Pilleri, avec les informations de Diane Lacasse
Contact author

Contact author

x
Émile Fortier: Comme une grande famille!

Émile Fortier: Comme une grande famille!

Un fransaskois au Campus St-Jean d'Edmonton

EDMONTON - Avec ses 750 étudiants, le Campus Saint-Jean est considéré comme un petit établissement au sein de l’Université de l’Alberta qui accueille chaque année près de 30 000 étudiants.

Wednesday, October 22, 2014/Author: Étienne Alary/Number of views (31800)/Comments (0)/
Capacité d’apprentissage: Six lieux, 3 groupes et un couffin

Capacité d’apprentissage: Six lieux, 3 groupes et un couffin

Des chercheurs ont suivi pendant quatre ans des jeunes enfants en milieu minoritaire pour mesurer l’impact d’un programme enrichi créé en Saskatchewan. Le résultat est « significatif » et pertinent.

Wednesday, October 22, 2014/Author: Anonym/Number of views (26793)/Comments (0)/

Des facteurs socioéconomiques et culturels influent sur la performance au chapitre de l'éducation et des compétences

Il faut mieux comprendre les défis particuliers auxquels sont confrontés les autochtones.

Selon un nouveau rapport du Conference Board du Canada sur l'éducation et les compétences dans les territoires produit dans le cadre de l'analyse Les performances du Canada, les résultats des territoires au chapitre de l'éducation et des compétences sont inférieurs à ceux des provinces en raison d'écarts notables entre les niveaux de scolarité des populations autochtones et non autochtones.

Thursday, October 16, 2014/Author: Conference Board of Canada/Number of views (22776)/Comments (0)/
Omnium de volleyball

Omnium de volleyball

Un projet de l'AJF et du CÉF

C’est sous le signe de la fraternité que s’est déroulé l’Omnium fransaskois de volleyball au centre Henk Ruys à Saskatoon les 8 et 9 octobre derniers.  Quelque 483 élèves des écoles du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) des quatre coins de la province se sont amusés en y participant.  

Thursday, October 16, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (35896)/Comments (0)/
Le Lien: Un centre de ressources francophones provincial

Le Lien: Un centre de ressources francophones provincial

Une mine de ressources à une distance de clic

Créé en 1986, le Lien est un centre de ressources culturelles et pédagogiques en français. Il dessert les francophones et francophiles de la Saskatchewan et de l’Ouest canadien. Seul centre francophone de prestation de services, le Lien met gratuitement à la disposition de ses usagers 42 000 titres soit 70 000 ressources sous forme de livres, de films (DVD, VHS), de CDs et propose l’accès à du matériel audiovisuel.

Wednesday, October 15, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27590)/Comments (0)/
Nicole Lemire:  De Nipawin à Edmonton, en passant par Prince Albert

Nicole Lemire: De Nipawin à Edmonton, en passant par Prince Albert

Chaque année, des milliers d’étudiants en 12e année sont confrontés à la même question : qu’est-ce qu’ils feront après l’obtention de leur diplôme : amorcer des études collégiales ou universitaires, aller directement sur le marché du travail ou prendre une pause d’études?

 

Thursday, October 9, 2014/Author: Étienne Alary/Number of views (29192)/Comments (0)/

Nicole Dupuis, enseignante en école d’immersion à Estevan

Ceux qui choisissent le métier d’enseignant doivent être prêts à aimer leurs élèves, être capables de collaborer avec leurs collègues et prêts à appuyer les parents.

Thursday, October 9, 2014/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (32997)/Comments (0)/
Yves St-Maurice réélu à la présidence de l’ACELF

Yves St-Maurice réélu à la présidence de l’ACELF

Lors de l’assemblée annuelle tenue à Halifax, le 27 septembre dernier, les membres de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF) ont réélu M. Yves St-Maurice à la présidence de l’association pour un quatrième mandat consécutif. 

Thursday, October 9, 2014/Author: L'Eau vive/Number of views (31422)/Comments (0)/
Français pour l’avenir:  Plus de 200 000 $ de bourses à gagner!

Français pour l’avenir: Plus de 200 000 $ de bourses à gagner!

10e édition du Concours national de rédaction

Le français pour l’avenir lance la 10e édition du Concours national de rédaction pour les élèves de la 10e à la 12e année.

12/19/2014 11:00 PM - 11:30 PM/Author: L'Eau vive/Number of views (13615)/Comments (0)/
Institut français: Des initiatives pour favoriser la réussite des étudiants

Institut français: Des initiatives pour favoriser la réussite des étudiants

Services de mentorats et tutorats

Depuis le début de l’année universitaire, l’Institut français, sous la supervision de Ariadna Sachdeva, Conseillère et coordonnatrice des programmes crédités et des services aux étudiants, a mis en place un programme de mentorat.

Thursday, October 9, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27522)/Comments (0)/
Hausse des inscriptions dans les écoles francophones de l'Ontario et de l'Ouest

Hausse des inscriptions dans les écoles francophones de l'Ontario et de l'Ouest

Les écoles fransaskoises connaissent la deuxième plus forte hausse au pays

La tendance nationale des inscriptions dans les écoles francophones est positive. Mais pas dans toutes les provinces, où se profilent d’importants défis pour l’avenir. Le 24e Congrès de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) fera le point. 

Friday, October 3, 2014/Author: Lucien Chaput (Francopresse)/Number of views (24567)/Comments (0)/
Programmation du Collège Mathieu 2014-15

Programmation du Collège Mathieu 2014-15

L'institution fransaskoise s’affirme comme l’un des acteurs majeurs du post-secondaire francophone en Saskatchewan.

Petit à petit, à force de travail et au fil du temps, le Collège Mathieu, sous la direction générale de Francis Kasongo, s’affirme de plus en plus comme l’un des acteurs majeurs, avec l’Institut français, du dossier du post-secondaire francophone en Saskatchewan.

Thursday, October 2, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27856)/Comments (0)/
Les choses bougent à l’Institut français

Les choses bougent à l’Institut français

 Deux mois et demi après sa prise de fonction à la direction de l’Institut français, Sophie Bouffard peut déjà se prévaloir d’un bilan honorable.

Thursday, October 2, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (29622)/Comments (0)/
Êtes-vous business?

Êtes-vous business?

Le sujet de cette première formation d'une série de quatre, animée par le conseiller en développement économique Ildephonse Bigirimana, était l’acquisition d’une franchise. 

Thursday, October 2, 2014/Author: Marie-Pier Boilard/Number of views (41093)/Comments (0)/
Le CÉF et l’Eau Vive font équipe pour soutenir les initiatives des conseils écoles

Le CÉF et l’Eau Vive font équipe pour soutenir les initiatives des conseils écoles

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) et la Coopérative des publications fransaskoises (CPF) lancent une campagne d’aide au financement de projets scolaires par vente d’abonnements au journal l’Eau Vive

Thursday, October 2, 2014/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (27475)/Comments (0)/
RSS
First2324252628303132Last

 - Friday 22 November 2024