Skip Navigation

Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Image
Trois semaines après que l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) a lancé une campagne de mobilisation pour sauver le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, l’incertitude règne toujours quant à l’avenir de l’établissement. Le Campus fait face à des compressions budgétaires du gouvernement albertain et à un gel de financement du Programme des langues officielles en enseignement (PLOE) du gouvernement fédéral depuis 2003.

Le gouvernement albertain a annoncé ses compressions en éducation à l’automne 2019. La pandémie de la COVID-19 et les bouleversements qui ont suivi sont venus jeter une ombre sur le dossier dans l’espace public. Le contexte de la crise sanitaire n’était pas favorable à une mobilisation d’envergure.

Dans les coulisses, les pourparlers se sont toutefois poursuivis. Le 14 avril dernier, la présidente et la directrice générale de l’ACFA, Sheila Risbud et Isabelle Laurin, accompagnées du doyen du Campus Saint-Jean Pierre-Yves Moquais, ont rencontré le ministre de l’Enseignement supérieur albertain Demetrios Nicolaides, la ministre de la Culture Leela Aheer, de même que la secrétaire parlementaire de la francophonie de l’Alberta Laila Goodridge.

Les demandes formulées par les intervenants francophones sont alors restées sans suite. Une seconde rencontre politique a eu lieu le 26 mai dernier. Lors de cette rencontre, le ministre Nicolaides a mentionné que son équipe travaillait toujours sur le dossier du Campus Saint-Jean, mais a rappelé les défis financiers auxquels fait face l'Alberta. Le ministre a indiqué qu'il offrirait une mise à jour à l'organisme franco-albertain dans les prochaines semaines.

Un vent de solidarité

Valérie Lapointe-Gagnon

Valérie Lapointe-Gagnon

Professeure d’histoire au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, Valérie Lapointe-Gagnon est coautrice de la lettre ouverte en appui à la campagne « Sauvons Saint-Jean ».
Photo : Far West Productions
Professeure d’histoire au Campus Saint-Jean, Valérie Lapointe-Gagnon estime que c’est vraiment le lancement de la campagne « Sauvons Saint-Jean », le 13 mai dernier par l’ACFA, qui a permis d’attirer l’attention du public sur la situation de l’établissement.

Depuis, des centaines de lettres ont été envoyées au gouvernement de l’Alberta, des rencontres citoyennes virtuelles ont été organisées et les mots-clics de la campagne ont été abondamment utilisés dans les médias sociaux d’un bout à l’autre du pays.

Même si la campagne a favorisé une importante mobilisation, elle ne semble pas encore avoir débouché sur des solutions concrètes. « Il y a une solidarité, il y a une prise de conscience sur le terrain. Tout cela est très positif, mais on ne nous a pas parlé d’une solution pérenne pour l’avenir du campus pour le moment. Ce que l’on voit, c’est plutôt une stagnation », souligne Mme Lapointe-Gagnon.

En appui à cette campagne, l’historienne et sa collègue Anne-José Villeneuve, professeure de linguistique, ont rédigé une lettre ouverte sur la nécessité de mieux financer le Campus Saint-Jean qui a obtenu 937 signatures d’intervenants universitaires. Ni l’Université de l’Alberta ni le gouvernement n’ont encore réagi à cette lettre. L’une et l’autre semblent pour le moment se renvoyer la balle dans le dossier.

Incertitudes et restructuration majeure

L’Université de l’Alberta est en période de transition. Le nouveau recteur, Bill Flanagan, entrera en fonction le 1er juillet. Il devra gérer une restructuration majeure de l’ensemble de l’établissement pour réduire les coûts de fonctionnement. Des facultés sont appelées à être fusionnées.

« Il y a énormément d’incertitudes. On n’est pas les seuls à être inquiets. Il y a plusieurs autres facultés dont l’avenir est menacé. Il y en a aussi beaucoup qui s’inquiètent pour l’autonomie de l’Université de l’Alberta dans un contexte de diminution du financement public », explique la professeure Lapointe-Gagnon.

Le cas spécifique du Campus Saint-Jean n’a pas été abordé lors de la rencontre virtuelle organisée le 2 juin par l’administration de l’Université pour discuter des restructurations à venir. Un flou persiste ainsi quant au futur du Campus Saint-Jean dans ce contexte de renouveau marqué par les compressions provinciales.

Le doyen et vice-recteur académique de l’Université de l’Alberta, Steven Dew, a soumis une déclaration écrite, reconnaissant l’ampleur du soutien de la communauté francophone au Campus, mais rappelant du même souffle la situation financière précaire de l’Université dans son ensemble. « À la lumière des compressions budgétaires sans précédent de 110 millions de dollars auxquelles nous faisons face en tant qu’institution, les départements et les facultés de l’Université de l’Alberta prennent en ce moment des décisions très difficiles. »

Un soutien politique qui se fait attendre

Les élus conservateurs albertains contactés n’ont pas donné suite aux demandes d’entretien de Francopresse. Le ministre Nicolaides a décliné notre invitation, tandis que ses collègues Leela Aheer et Laila Goodridge, de même que le premier ministre Kenney, n’ont pas répondu à nos demandes.

Par écrit, l’attachée de presse du ministère de l’Enseignement supérieur, Laurie Chandler, soutient que son ministre est bien au fait du dossier du Campus Saint-Jean et qu’il est en contact à la fois avec l’ACFA et avec le Conseil des gouverneurs de l’Université de l’Alberta.

Cette position ne convainc pas Valérie Lapointe-Gagnon : « Est-ce qu’ils comprennent la réalité particulière du Campus Saint-Jean ? Est-ce qu’ils y sont sensibles ? Le fait de renvoyer constamment la balle à l’Université montre qu’ils ne souhaitent pas faire partie de la solution pour le moment. » 

Du côté du fédéral, on met de l’avant le fait que l’éducation est une compétence exclusivement provinciale. Martine Courage, porte-parole du Service de relations avec les médias du ministère du Patrimoine canadien, précise que l’Alberta pourrait utiliser une partie des fonds de la bonification du financement fédéral pour accroître le soutien à l’éducation dans la langue de la minorité qui a été annoncée à l’automne 2019.

Le 27 mai dernier à l’Assemblée législative de l’Alberta, fait rarissime en politique albertaine, la critique de l’opposition officielle en matière de francophonie du Nouveau Parti démocratique Marie Renaud a échangé en français avec le premier ministre Kenney pour le questionner sur la situation du Campus Saint-Jean.

Quoi qu’il en soit, selon son attachée de presse, le ministre Nicolaides s’attend à ce que les universités fassent des économies dans des secteurs qui n’auront pas d’impact sur l’expérience étudiante. Dans le cas du Campus Saint-Jean, les compressions dépassent toutefois largement le secteur administratif. Selon l’ACFA, si rien n’est fait d’ici septembre, le Campus devra couper 44 % des cours prévus en 2020-2021.

Previous Article Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!
Next Article La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités
Print
23634

Guillaume Deschênes-Thériault – Francopresse Francopresse

Other posts by Guillaume Deschênes-Thériault – Francopresse
Contact author

Contact author

x

Rencontre avec Miles Muri, directeur des écoles Sans-Frontière et Père Mercure

M. Miles Muri travaille pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Il a été directeur de l’École secondaire Collège Mathieu à Gravelbourg puis directeur du Centre d’éducation virtuelle et d’innovation (CÉVI) pendant un an avant de devenir directeur des écoles Père Mercure et Sans-Frontières.

Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (25249)/Comments (0)/
Pour une solution à long terme

Pour une solution à long terme

Le CSF et le jugement de la Cour du banc de la reine

Le 19 août dernier, le juge Brian A. Barrington-Foote de la Cour du Banc de la Reine a ordonné au gouvernement de la Saskatchewan de payer la somme de 500 000 $ au Conseil scolaire fransaskois (CSF) qui réclamait 5,2 M $.

Thursday, September 18, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (26656)/Comments (0)/
Le CÉF bénéficie du programme Ordinateurs pour les écoles

Le CÉF bénéficie du programme Ordinateurs pour les écoles

Depuis cinq ans, le Conseil des écoles fransaskoises profite du programme national Ordinateurs pour les écoles (OPE). Créé en 1993 par Industrie Canada et les TelecomPioneers, ce programme a permis, à date, de donner plus de 1 100 000 ordinateurs et imprimantes provenant des administrations publiques et du secteur privé. 
Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (30445)/Comments (0)/
Immersion dans l’immersion

Immersion dans l’immersion

Entrevue avec Paul Bazin, conseiller pédagogique pour toutes les écoles d’immersion publiques de Saskatoon

C’est le temps de la rentrée et on a beaucoup parlé des écoles du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), mais il y a aussi les autres : les écoles d’immersion. Pour faire un point sur ce secteur, nous avons rencontré M. Paul Bazin, conseiller pédagogique pour toutes les écoles d’immersion publiques de Saskatoon.

Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (30008)/Comments (0)/

Notre école

Depuis une semaine, les écoles ont repris leurs activités. Pour les jeunes Fransaskoises et Fransaskois, c’est maintenant une chose normale que d’aller dans une école fransaskoise. Mais il n’y a pas si longtemps, ce n’était pas la réalité.

Thursday, September 11, 2014/Author: Michel Vézina/Number of views (29130)/Comments (0)/
Un enseignement de qualité malgré l’austérité

Un enseignement de qualité malgré l’austérité

Entrevue avec Donald Michaud,  le directeur de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (30028)/Comments (0)/
L’optimisation des compétences et des ressources au service des élèves

L’optimisation des compétences et des ressources au service des élèves

Rencontre avec Dolorèse Nolette

Rencontre avec Dolorèse Nolette, directrice générale de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (28590)/Comments (0)/

Une nouvelle année pour le CÉF : Attendre de voir

Un consensus semble atteint par tous les interlocuteurs du CÉF qui prennent maintenant un certain recul après avoir exprimé leurs critiques et veulent laisser les personnes en charge le soin de travailler à l’amélioration de son fonctionnement.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (29000)/Comments (0)/
Quelle année scolaire pour les écoles du CÉF?

Quelle année scolaire pour les écoles du CÉF?

On se souvient d’un commentaire de Francis Potié, directeur général de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), à propos des coupures de Patrimoine canadien lors d’une table ronde à l’Institut français. « Tout ne va pas si mal. » Il me semble qu’il pourrait aussi bien s’appliquer à la « crise » qu’est en train de traverser le CÉF.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (31984)/Comments (0)/

Une rentrée comme les autres

C’était l’effervescence au Pavillon secondaire des quatre vents (PSQV) de l’école Laval à Regina en cette matinée de rentrée, mardi 2 septembre.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (26849)/Comments (0)/

Pourquoi choisir l’école de la minorité?

La rentrée scolaire 2014 ne fera sans doute pas exception. Encore une fois, trop d’enfants de parents ayants droit ne seront pas inscrits à une école francophone. Une tendance qui met en péril l’avenir des communautés francophones en situation minoritaire.

Thursday, September 11, 2014/Author: Lucien Chaput (Francopresse)/Number of views (24191)/Comments (0)/
Nomination à la direction des écoles Beau Soleil et ÉSCM à Gravelbourg

Nomination à la direction des écoles Beau Soleil et ÉSCM à Gravelbourg

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) annonce la nomination de Rosalie Lizée à titre de directrice de l'école Beau Soleil et de l'école secondaire Collège Mathieu (ÉSCM) à Gravelbourg.
Thursday, September 4, 2014/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (28013)/Comments (0)/
Le CÉF restructure ses services face à ses défis budgétaires

Le CÉF restructure ses services face à ses défis budgétaires

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a dévoilé, le 18 août dernier, les détails de la restructuration de ses services éducatifs. Ces changements ont été apportés afin, selon le CÉF, de «mieux répondre aux nouveaux défis qui découlent des compressions budgétaires annoncées en juin 2014. [L]a réorganisation des services voués aux élèves permettra de favoriser la réussite des élèves et l’accompagnement des intervenants dans les écoles. »

Thursday, August 28, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (26925)/Comments (0)/
Jugement dans la crise scolaire fransaskoise

Jugement dans la crise scolaire fransaskoise

La Cour octroie dix fois moins que réclamé

Le juge Barrington Foote de la Cour du Banc de la Reine a ordonné au gouvernement de la Saskatchewan, le 19 août, de payer la somme de 500 000 $ pour renflouer les coffres du Conseil scolaire fransaskois (CSF) pour l’année 2014-2015.

Thursday, August 28, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (29240)/Comments (0)/
La Résidence à l’ESCM de Gravelbourg est finalement fermée.

La Résidence à l’ESCM de Gravelbourg est finalement fermée.

Le début de la fin.

À entendre que le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a finalement fermé la résidence à l’École secondaire Collège Mathieu (ESCM) de Gravelbourg n’était pas une grande surprise pour moi. J’ai été le premier directeur académique de l’ESCM sous les auspices du CÉF. 

Thursday, August 28, 2014/Author: Anonym/Number of views (22072)/Comments (0)/
RSS
First2425262729313233Last

 - Sunday 17 November 2024