Clara Hughes fait un clin d’œil à Mgr de Laval
Traversée du Canada pour sensibiliser à la santé mentale
Clara Hughes est accueillie dans la liesse.
Photo : Luc Bengono
Mardi 10 juin, 9 heures du matin. Le directeur de l’école, M. Sébastien Ouellet, fait le tour des salles de classe et distribue en vitesse des bâtons gonflables bleus, après avoir montré aux élèves comment les utiliser. Aujourd’hui, tous les enfants sont habillés en bleu. La consigne a été donnée la veille. « Il faut encourager Clara Hughes ».
Clara Hughes, 42 ans, originaire du Manitoba, une flopée de médailles en patinage, aux jeux olympiques de Salt Lake City, de Turin et de Vancouver et dans plusieurs championnats du monde. En cyclisme, du bronze, de l’argent et de l’or, à maintes reprises et à tous les niveaux de la compétition.
Le 14 mars 2014, au Maple Leaf Square de Toronto, celle qui a connu les douleurs de la dépression, a entrepris de traverser le Canada en vélo, un trajet de 12 000 km en 110 jours, pour « encourager les gens à parler de la maladie mentale, pour mieux la comprendre et en reconnaître certains symptômes ». L’école Mgr de Laval se trouve sur son itinéraire...
Vers 10 heures, la voix de l’assistante du directeur, Mme Salpy Durr, résonne à l’interphone. « On demande à tous les élèves de se rendre sur Hillsdale ». En quelques minutes, trois cent-cinquante élèves s’agitent sur les trottoirs de la rue parallèle à l’école.
Ils ne se font pas prier pour frapper leurs bâtons gonflables. Un bruit sourd traverse la foule. La couleur bleue domine. Les premiers cris déchirent ce quartier d’ordinaire paisible. « Allez Clara, allez ; allez Clara, allez! » Il est 10h15. C’est à cette heure précise que Clara est censée faire son apparition.
Un quart d’heure plus tard, aucune trace de Clara. « De quel côté va-t-elle venir? », demande une élève. « Où est-elle? ». Les questions fusent. Les ballons gonflables se cassent les uns après les autres. Va-t-elle encore venir? « Restez sur le trottoir », hèlent les enseignants à ceux qui se penchent sur la route, dans l’espoir de voir apparaître celle qui est attendue depuis maintenant 45 minutes.
Le vent souffle fort. De temps à autre, il emporte un bâton gonflable et quelques enseignants se lancent à sa poursuite sous les applaudissements et les encouragements des élèves. 10 h 50. Toujours rien. Soudain, deux voitures de police passent, l’une après l’autre. « Elle arrive », dit un élève.
Un cortège apparaît. Au loin, on entraperçoit une cycliste très souriante, casque noir, lunette de soleil, petite queue de cheval sur la tête, toute de bleu vêtue, encadrée de près par une dizaine d’agents de police à vélo. Les élèves crient de plus belle; à tue-tête.
Arrivé à hauteur du chaleureux comité d’accueil, le groupe ralenti. Clara Hughes tend la main droite, les enfants, euphoriques, la frôle, pour ne pas faire vaciller la cycliste. Son beau visage rond est radieux. « Merci, les étudiants », dit-elle, avec une voix un peu rauque et un bel accent anglophone. Elle a l’air très heureuse.
Ensuite, Clara disparaît, lentement, comme elle est apparue. La rencontre chargée d’émotion a duré quatre minutes. Pourtant, tout laisse à penser que ces enfants s’en souviendront toute leur vie.
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