Skip Navigation
Bon 36366
Sébastien Durand
/ Categories: 2020, Société, Voyages

Ciel gris pour les aéroports de la Saskatchewan

Ironie de l’histoire, le secteur aérien subit de plein fouet une pandémie qu’il aura involontairement contribué à propager. En Saskatchewan, les deux principaux aéroports de Regina et Saskatoon tournent au ralenti avec une chute de plus de 95 % du nombre de passagers en avril par rapport à 2019. Derrière cette statistique se cachent des centaines d’employés qui ont vu leur emploi disparaître ou évoluer pour permettre aux entreprises du secteur de survivre.

Il est loin le temps où les deux aéroports provinciaux voyaient défiler plus de 3 000 passagers par jour. Ils sont désormais seulement une cinquantaine à arpenter chaque jour les terminaux dont le silence troublant traduit le mal-être de toute une industrie. Le coup porté est d’autant plus dur que les premiers mois de l’année sont les plus fastes avec les vols internationaux saisonniers vers les destinations du Sud, notamment le Mexique et les États-Unis.

Si les compagnies aériennes sont les premières touchées par cette chute brutale de la fréquentation, les acteurs sont nombreux à en subir les conséquences indirectes : aéroports, sûreté du transport aérien, services au sol, restauration, ravitaillement en carburant, services de transports et navettes, sociétés de maintenance, etc. Tous ont été contraints de mettre en place des stratégies de réduction des coûts. Et quand le travail s’amoindrit, la masse salariale devient la première variable d’ajustement.

Du chômage temporaire…

Adrienne Duke est une agente de piste saisonnière à l’aéroport de Regina. Elle travaillait pour Strategic Aviation, un sous-traitant pour Sunwing Airlines, dont les vols au départ de Regina sont tous internationaux. Lorsque les frontières ont été fermées, la compagnie aérienne a dû mettre « fin à la saison d’affrètement six semaines plus tôt que d’habitude », explique-t-elle. Pire, cette femme d’expérience était promise à une mission à l’aéroport de Vancouver pour l’été, mais là encore « un travail supplémentaire n'était plus une option ».

Avec la baisse du trafic aérien, les demandes de ravitaillement en carburant sont également devenues sporadiques. Chase Angus était un nouvel employé du ravitailleur Executive Flight Centre, implanté en Saskatchewan en novembre 2019 et reprenant les activités de Shell à l’aéroport de Regina. « Il y avait un ralentissement du nombre de passagers ainsi que des avions privés. (…) Finalement, moi et environ vingt collègues avons perdu notre emploi », déplore-t-il.

Et beaucoup de nostalgie

Si certains voient dans le chômage un temps pour réfléchir à de nouvelles opportunités de carrière, les employés de l’aviation sont souvent des passionnés et attendent avec impatience la relance économique pour reprendre leur travail. C’est le cas de Tristen Jean Duchak, ancienne responsable des opérations chez WestJet. Cette jeune femme dynamique et pleine d’empathie reconnaît que « ça [lui] manque vraiment d’être au travail et d’aider les voyageurs à l'aéroport ». Pour elle, il n’y a aucun doute : « Si tout était résolu demain et si mon employeur m’invite à revenir, ma réponse est facilement oui ! »

Adrienne lui emboîterait le pas volontiers si les portes du terminal rouvraient en grand : « Je suis prête à retourner à mon poste car c'était le travail le plus gratifiant que j'ai eu. Mes collègues, y compris ceux d'autres compagnies aériennes, faisaient de leur arrivée au travail un plaisir. »

Travailler différemment

Ceux qui ont la chance d’avoir conservé leur emploi doivent désormais se plier à de nouvelles règles sanitaires strictes. Ricardo Katz, un francophone travaillant pour l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA), décrit son nouveau quotidien : « On doit porter un masque qui couvre le nez et la bouche à chaque fois qu'on voit une personne et porter des gants. Une fois que les personnes sont parties, on doit se laver les mains et les bras avec de l’alcool. »

À l’aéroport de Saskatoon, surnommé Skyxe, les agents de nettoyage ont également vu leur fiche de poste évoluer. « Nous avons mis en place un plan de nettoyage qui fait appel à des produits de qualité supérieure et à des mesures améliorées, notamment une meilleure désinfection des points de contact […] tels que les mains courantes, les kiosques et les accoudoirs, indique le vice-président de l’aéroport CJ Dushinski. [Ce plan] quadruple nos protocoles de nettoyage standard. » [Traduction de l’anglais]

Une reprise incertaine

Nombre d’observateurs se perdent en conjectures lorsqu’il s’agit de donner une date pour la reprise du trafic aérien. Chase Angus, lui, reste prudent : « Ça va prendre beaucoup de temps, environ 2 ou 3 ans pour revenir à la normale. Il y a trop de dégâts économiques. Pour les gens, les voyages ne sont pas une priorité. »

Cette perspective est partagée par de nombreux professionnels du secteur, dont le vice-président de l’aéroport de Saskatoon : « La plupart des prévisions prévoient une fenêtre de récupération de 18 à 24 mois, au mieux. Skyxe ne prévoit pas de reprise significative avant au moins la fin 2021, mais probablement 2022. »

Print
20677

Sébastien DurandSébastien Durand

Other posts by Sébastien Durand
Contact author

Contact author

x
L’université francophone ontarienne pour 2025?

L’université francophone ontarienne pour 2025?

Gouverne ontarienne, mission canadienne

Le Sommet provincial des États généraux sur le postsecondaire en Ontario français, du 3 au 5 octobre à Toronto, promet de franchir une étape clé dans la création d’une université franco-ontarienne. Un projet qui dépasserait les frontières provinciales.

Sunday, September 28, 2014/Author: Louis-Marie Achille (Francopresse)/Number of views (22863)/Comments (0)/

Rencontre avec Miles Muri, directeur des écoles Sans-Frontière et Père Mercure

M. Miles Muri travaille pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Il a été directeur de l’École secondaire Collège Mathieu à Gravelbourg puis directeur du Centre d’éducation virtuelle et d’innovation (CÉVI) pendant un an avant de devenir directeur des écoles Père Mercure et Sans-Frontières.

Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (24187)/Comments (0)/
Pour une solution à long terme

Pour une solution à long terme

Le CSF et le jugement de la Cour du banc de la reine

Le 19 août dernier, le juge Brian A. Barrington-Foote de la Cour du Banc de la Reine a ordonné au gouvernement de la Saskatchewan de payer la somme de 500 000 $ au Conseil scolaire fransaskois (CSF) qui réclamait 5,2 M $.

Thursday, September 18, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (25216)/Comments (0)/
Le CÉF bénéficie du programme Ordinateurs pour les écoles

Le CÉF bénéficie du programme Ordinateurs pour les écoles

Depuis cinq ans, le Conseil des écoles fransaskoises profite du programme national Ordinateurs pour les écoles (OPE). Créé en 1993 par Industrie Canada et les TelecomPioneers, ce programme a permis, à date, de donner plus de 1 100 000 ordinateurs et imprimantes provenant des administrations publiques et du secteur privé. 
Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (29365)/Comments (0)/
Immersion dans l’immersion

Immersion dans l’immersion

Entrevue avec Paul Bazin, conseiller pédagogique pour toutes les écoles d’immersion publiques de Saskatoon

C’est le temps de la rentrée et on a beaucoup parlé des écoles du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), mais il y a aussi les autres : les écoles d’immersion. Pour faire un point sur ce secteur, nous avons rencontré M. Paul Bazin, conseiller pédagogique pour toutes les écoles d’immersion publiques de Saskatoon.

Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (28913)/Comments (0)/

Notre école

Depuis une semaine, les écoles ont repris leurs activités. Pour les jeunes Fransaskoises et Fransaskois, c’est maintenant une chose normale que d’aller dans une école fransaskoise. Mais il n’y a pas si longtemps, ce n’était pas la réalité.

Thursday, September 11, 2014/Author: Michel Vézina/Number of views (27758)/Comments (0)/
Un enseignement de qualité malgré l’austérité

Un enseignement de qualité malgré l’austérité

Entrevue avec Donald Michaud,  le directeur de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (28535)/Comments (0)/
L’optimisation des compétences et des ressources au service des élèves

L’optimisation des compétences et des ressources au service des élèves

Rencontre avec Dolorèse Nolette

Rencontre avec Dolorèse Nolette, directrice générale de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27053)/Comments (0)/

Une nouvelle année pour le CÉF : Attendre de voir

Un consensus semble atteint par tous les interlocuteurs du CÉF qui prennent maintenant un certain recul après avoir exprimé leurs critiques et veulent laisser les personnes en charge le soin de travailler à l’amélioration de son fonctionnement.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27638)/Comments (0)/
Quelle année scolaire pour les écoles du CÉF?

Quelle année scolaire pour les écoles du CÉF?

On se souvient d’un commentaire de Francis Potié, directeur général de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), à propos des coupures de Patrimoine canadien lors d’une table ronde à l’Institut français. « Tout ne va pas si mal. » Il me semble qu’il pourrait aussi bien s’appliquer à la « crise » qu’est en train de traverser le CÉF.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (30628)/Comments (0)/

Une rentrée comme les autres

C’était l’effervescence au Pavillon secondaire des quatre vents (PSQV) de l’école Laval à Regina en cette matinée de rentrée, mardi 2 septembre.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (25455)/Comments (0)/

Pourquoi choisir l’école de la minorité?

La rentrée scolaire 2014 ne fera sans doute pas exception. Encore une fois, trop d’enfants de parents ayants droit ne seront pas inscrits à une école francophone. Une tendance qui met en péril l’avenir des communautés francophones en situation minoritaire.

Thursday, September 11, 2014/Author: Lucien Chaput (Francopresse)/Number of views (22869)/Comments (0)/
Nomination à la direction des écoles Beau Soleil et ÉSCM à Gravelbourg

Nomination à la direction des écoles Beau Soleil et ÉSCM à Gravelbourg

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) annonce la nomination de Rosalie Lizée à titre de directrice de l'école Beau Soleil et de l'école secondaire Collège Mathieu (ÉSCM) à Gravelbourg.
Thursday, September 4, 2014/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (26758)/Comments (0)/
Le CÉF restructure ses services face à ses défis budgétaires

Le CÉF restructure ses services face à ses défis budgétaires

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a dévoilé, le 18 août dernier, les détails de la restructuration de ses services éducatifs. Ces changements ont été apportés afin, selon le CÉF, de «mieux répondre aux nouveaux défis qui découlent des compressions budgétaires annoncées en juin 2014. [L]a réorganisation des services voués aux élèves permettra de favoriser la réussite des élèves et l’accompagnement des intervenants dans les écoles. »

Thursday, August 28, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (25802)/Comments (0)/
Jugement dans la crise scolaire fransaskoise

Jugement dans la crise scolaire fransaskoise

La Cour octroie dix fois moins que réclamé

Le juge Barrington Foote de la Cour du Banc de la Reine a ordonné au gouvernement de la Saskatchewan, le 19 août, de payer la somme de 500 000 $ pour renflouer les coffres du Conseil scolaire fransaskois (CSF) pour l’année 2014-2015.

Thursday, August 28, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27976)/Comments (0)/
RSS
First2324252628303132Last

 - Wednesday 29 May 2024