Skip Navigation
Festival fransaskois 2024
Estelle Bonetto - (Initiative de journalisme local - APF)
/ Categories: Société

Bien dans sa langue, bien dans sa peau

REGINA - Plus qu’un moyen de communication, la langue affecte toutes les sphères de la vie, de l’intimité à la collectivité. Les deux chercheuses de l’Université de Regina Anna-Leah King et Andrea Sterzuk ont dévoilé le 22 janvier à la Cité francophone les résultats de leur étude sur la réappropriation de la langue autochtone anishinaabemowin. Elles se penchent ainsi sur les multiples facettes d’un héritage linguistique qui va bien au-delà des mots.

Depuis deux ans, Andrea Sterzuk et sa collègue Anna-Leah King, toutes deux professeures adjointes au baccalauréat en éducation, mènent un projet de recherche en matière de revitalisation linguistique et culturelle au sein de la Première Nation de Keeseekoose. Se fondant sur un modèle de transmission mentors-apprentis, l’expérience, profondément humaine, est avant tout centrée sur les besoins de la communauté.

« Ce sont les membres de Keeseekoose qui nous ont approchées, ainsi que l’université, notamment Cheryl Quewezance dont vient l’idée d’implanter ce modèle d’apprentissage oral. C’est un réel privilège de participer à ce projet, d’assister à cette expérience et d’étudier sur le terrain ses bienfaits », indique Mme Sterzuk avec grand enthousiasme.

La langue au service du mieux-être

Les deux chercheuses le constatent : les bienfaits sont nombreux, autant pour les mentors que pour les apprentis. Parmi eux, un sentiment de fierté, d’espoir et de rapprochement. L’un des apprentis aurait déclaré que, grâce à cet apprentissage, il avait retrouvé son identité. Les mentors, eux aussi, disent se sentir bien et compris lorsqu’ils peuvent s’exprimer dans leur langue maternelle avec d’autres locuteurs, ce qui contribue à briser l’isolement et le sentiment de solitude.

Le bien-être, individuel et collectif, est d’ailleurs au cœur de l’étude menée par les deux chercheuses. « Les liens positifs entre la langue, la culture, le sentiment de mieux-être et l’état de santé ont déjà été établis par la recherche. Dans le prochain volet de l’étude, nous allons nous pencher plus précisément sur ces questions. »

Sauver le patrimoine linguistique

Les langues sont aussi vivantes qu’en péril. Une langue disparaît toutes les deux semaines d’après le Commissariat aux langues officielles. D’autant plus que la transmission linguistique repose parfois sur l’oralité comme seul flambeau d’une génération à l’autre.

C’est ce qui interpelle le plus Jean Dufresne, spécialiste de l’apprentissage des langues et directeur du baccalauréat en éducation à l’Université de Regina, présent à la conférence. « L’écrit occupe une place tellement importante dans nos vies, c’est un outil de connaissance indispensable, cela représente un énorme défi pour une langue de devoir compter uniquement sur la transmission orale. L’enfant apprend de cette manière, par l’écoute, mais l’adulte, lui, tend à s’appuyer sur l’écrit. »

Difficile, certes, mais pas impossible. Surtout lorsque cette langue n’est pas uniquement une façon de s’exprimer, mais aussi une façon d’être qui fait partie intégrante d’une culture qui, elle, n’a pas dit son dernier mot. « Même s’il n’y a pas de ressources, pas de livres ni d’écoles, la langue est encore bien ancrée dans les traditions entourant les cérémonies et les rituels de la communauté », précise la chercheuse Andrea Sterzuk.

Un pas vers la réconciliation

L’universitaire explique que les piliers du savoir sont les gardiens de la langue et de la culture, des aînés qui ont réussi à préserver, malgré l’isolement et les interdits, une langue, un mode de vie qui leur ressemblent. « Nous avons aussi, en tant que chercheuses, une responsabilité : celle de nous engager dans la revitalisation des langues autochtones, qui, autrement, risquent de disparaître », souligne Andrea Sterzuk.

Pour Jean Dufresne, cette expérience est un pas vers la réconciliation. « Cette approche est une façon de laisser aux Premières Nations le soin de décider comment elles veulent transmettre leur langue et leur culture. Du point de vue des chercheurs, cela prend courage et humilité, car il faut s’ouvrir à l’autre, se laisser porter par l’expérience et abandonner son besoin de tout savoir, faire confiance et accepter de perdre le contrôle. »

Une vidéo a même été réalisée par Pete Kytwayhat, un étudiant en cinéma à l’Université de Regina et membre de la Première Nation de Makwa Sahgaiehcan, mettant en scène l’expérience des mentors et des apprentis dans le cadre du projet de recherche.

Anoogeemin: Stories of Anishinaabemowin Reclamation

Created on Treaty 4 by filmmaker Pete Kytwayhat, this video contains cultural knowledge and language reclamation stories from members of Keeseekoose First Nation, a 2200 member Saulteaux band in Saskatchewan, Canada. Since January 2018, four language mentors and four language apprentices have been working together to reclaim their language - Anishinaabemowin. The project has also grown to include community language camps.

Print
9799

Estelle Bonetto - (Initiative de journalisme local - APF)Estelle Bonetto

Other posts by Estelle Bonetto - (Initiative de journalisme local - APF)
Contact author

Contact author

x
Le CÉF et l’Eau Vive font équipe pour soutenir les initiatives des conseils écoles

Le CÉF et l’Eau Vive font équipe pour soutenir les initiatives des conseils écoles

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) et la Coopérative des publications fransaskoises (CPF) lancent une campagne d’aide au financement de projets scolaires par vente d’abonnements au journal l’Eau Vive

Thursday, October 2, 2014/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (26275)/Comments (0)/
L’université francophone ontarienne pour 2025?

L’université francophone ontarienne pour 2025?

Gouverne ontarienne, mission canadienne

Le Sommet provincial des États généraux sur le postsecondaire en Ontario français, du 3 au 5 octobre à Toronto, promet de franchir une étape clé dans la création d’une université franco-ontarienne. Un projet qui dépasserait les frontières provinciales.

Sunday, September 28, 2014/Author: Louis-Marie Achille (Francopresse)/Number of views (23116)/Comments (0)/

Rencontre avec Miles Muri, directeur des écoles Sans-Frontière et Père Mercure

M. Miles Muri travaille pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Il a été directeur de l’École secondaire Collège Mathieu à Gravelbourg puis directeur du Centre d’éducation virtuelle et d’innovation (CÉVI) pendant un an avant de devenir directeur des écoles Père Mercure et Sans-Frontières.

Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (24547)/Comments (0)/
Pour une solution à long terme

Pour une solution à long terme

Le CSF et le jugement de la Cour du banc de la reine

Le 19 août dernier, le juge Brian A. Barrington-Foote de la Cour du Banc de la Reine a ordonné au gouvernement de la Saskatchewan de payer la somme de 500 000 $ au Conseil scolaire fransaskois (CSF) qui réclamait 5,2 M $.

Thursday, September 18, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (25586)/Comments (0)/
Le CÉF bénéficie du programme Ordinateurs pour les écoles

Le CÉF bénéficie du programme Ordinateurs pour les écoles

Depuis cinq ans, le Conseil des écoles fransaskoises profite du programme national Ordinateurs pour les écoles (OPE). Créé en 1993 par Industrie Canada et les TelecomPioneers, ce programme a permis, à date, de donner plus de 1 100 000 ordinateurs et imprimantes provenant des administrations publiques et du secteur privé. 
Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (29665)/Comments (0)/
Immersion dans l’immersion

Immersion dans l’immersion

Entrevue avec Paul Bazin, conseiller pédagogique pour toutes les écoles d’immersion publiques de Saskatoon

C’est le temps de la rentrée et on a beaucoup parlé des écoles du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), mais il y a aussi les autres : les écoles d’immersion. Pour faire un point sur ce secteur, nous avons rencontré M. Paul Bazin, conseiller pédagogique pour toutes les écoles d’immersion publiques de Saskatoon.

Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (29286)/Comments (0)/

Notre école

Depuis une semaine, les écoles ont repris leurs activités. Pour les jeunes Fransaskoises et Fransaskois, c’est maintenant une chose normale que d’aller dans une école fransaskoise. Mais il n’y a pas si longtemps, ce n’était pas la réalité.

Thursday, September 11, 2014/Author: Michel Vézina/Number of views (28129)/Comments (0)/
Un enseignement de qualité malgré l’austérité

Un enseignement de qualité malgré l’austérité

Entrevue avec Donald Michaud,  le directeur de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (28869)/Comments (0)/
L’optimisation des compétences et des ressources au service des élèves

L’optimisation des compétences et des ressources au service des élèves

Rencontre avec Dolorèse Nolette

Rencontre avec Dolorèse Nolette, directrice générale de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27489)/Comments (0)/

Une nouvelle année pour le CÉF : Attendre de voir

Un consensus semble atteint par tous les interlocuteurs du CÉF qui prennent maintenant un certain recul après avoir exprimé leurs critiques et veulent laisser les personnes en charge le soin de travailler à l’amélioration de son fonctionnement.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27955)/Comments (0)/
Quelle année scolaire pour les écoles du CÉF?

Quelle année scolaire pour les écoles du CÉF?

On se souvient d’un commentaire de Francis Potié, directeur général de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), à propos des coupures de Patrimoine canadien lors d’une table ronde à l’Institut français. « Tout ne va pas si mal. » Il me semble qu’il pourrait aussi bien s’appliquer à la « crise » qu’est en train de traverser le CÉF.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (30996)/Comments (0)/

Une rentrée comme les autres

C’était l’effervescence au Pavillon secondaire des quatre vents (PSQV) de l’école Laval à Regina en cette matinée de rentrée, mardi 2 septembre.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (25802)/Comments (0)/

Pourquoi choisir l’école de la minorité?

La rentrée scolaire 2014 ne fera sans doute pas exception. Encore une fois, trop d’enfants de parents ayants droit ne seront pas inscrits à une école francophone. Une tendance qui met en péril l’avenir des communautés francophones en situation minoritaire.

Thursday, September 11, 2014/Author: Lucien Chaput (Francopresse)/Number of views (23148)/Comments (0)/
Nomination à la direction des écoles Beau Soleil et ÉSCM à Gravelbourg

Nomination à la direction des écoles Beau Soleil et ÉSCM à Gravelbourg

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) annonce la nomination de Rosalie Lizée à titre de directrice de l'école Beau Soleil et de l'école secondaire Collège Mathieu (ÉSCM) à Gravelbourg.
Thursday, September 4, 2014/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (27270)/Comments (0)/
Le CÉF restructure ses services face à ses défis budgétaires

Le CÉF restructure ses services face à ses défis budgétaires

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a dévoilé, le 18 août dernier, les détails de la restructuration de ses services éducatifs. Ces changements ont été apportés afin, selon le CÉF, de «mieux répondre aux nouveaux défis qui découlent des compressions budgétaires annoncées en juin 2014. [L]a réorganisation des services voués aux élèves permettra de favoriser la réussite des élèves et l’accompagnement des intervenants dans les écoles. »

Thursday, August 28, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (26084)/Comments (0)/
RSS
First2324252628303132Last

 - Friday 5 July 2024