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Comment retenir le personnel enseignant issu de l’immigration?

Comment retenir le personnel enseignant issu de l’immigration?

L’insertion socioprofessionnelle de personnes immigrantes dans le secteur de l’enseignement comporte de nombreux défis : se familiariser avec un nouveau système scolaire, s’adapter à une nouvelle culture… Le Forum d’action de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne veut mutualiser les initiatives pour les accompagner.

«Pour les enseignants issus de l’immigration, l’environnement de vie et de travail canadien peut être un choc. Ils atterrissent dans un système scolaire dont ils ne maitrisent pas les codes», explique le directeur du continuum de l’éducation à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), Irving Lewis.

Le 22 janvier, l’ACUFC consacre son Forum d’action 2025 à la rétention du personnel enseignant immigrant formé à l’étranger.

Dans le cadre du projet Objectif 2036, lancé en 2020, l’organisme a mené de nombreuses recherches pour comprendre la pénurie d’enseignants et d’enseignantes tout en cernant les pistes d’action pour mieux retenir et intégrer les nouvelles recrues.

D’après plusieurs études, une personne sur cinq en enseignement au Canada quitte en effet la profession au cours des cinq premières années de pratique. Si les chiffres exacts ne sont pas connus pour celles et ceux qui viennent de l’étranger, de nombreux défis peuvent les conduire à abandonner le métier.

«Tout est à réapprendre»

Les nouveaux enseignants et nouvelles enseignantes peuvent être confrontés à des «difficultés d’adaptation culturelle et sociale», selon le directeur général de l’Association canadienne des professeurs de langue seconde (ACPLS), Francis Potié.

«Les trois premières années de pratique, c’est toujours une période de survie. Et c’est dupliqué à la puissance quatre pour les immigrants», confirme la professeure en éducation au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, Marianne Jacquet. Certains doivent «non seulement construire leur identité professionnelle, mais aussi s’adapter à de nouvelles valeurs».

Les relations avec les directions d’école, entre collègues, les liens avec les élèves et les parents, le rapport à la langue française, «tout est à réapprendre», souligne-t-elle.

«Ils peuvent être désemparés et se décourager, car ils n’ont pas l’expérience à laquelle ils s’attendaient», appuie la directrice générale de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF), Valérie Morand.

Francis Potié évoque également des différences sur le plan pédagogique : «Ça peut être une pente d’apprentissage importante, car dans certains pays les méthodes sont plus magistrales, centrées sur l’enseignant, alors qu’au Canada, on est plus centrés sur l’élève.»

La difficile reconnaissance des diplômes

Pour enseigner au Canada, une personne formée à l’étranger doit obtenir l’aval de l’ordre des enseignants de la province ou du territoire où elle réside.

Cette reconnaissance des acquis professionnels et des diplômes étrangers s’apparente à un véritable parcours du combattant, selon Valérie Morand de la FNCSF : «C’est un processus long, compliqué et couteux, avec aucune garantie d’obtenir une approbation à la fin.»

Résultat, des personnes comptant plus de 20 ans d’expérience en enseignement dans leur pays d’origine se retrouvent à nouveau sur les bancs des universités canadiennes.

Adapter les programmes de formation

Pour soutenir plus adéquatement les personnes immigrées et faciliter leur insertion professionnelle dans le milieu de l’enseignement, les organismes multiplient les initiatives partout au pays.

Depuis quatre ans, la FNCSF offre des formations sur le sujet aux directions d’école ainsi qu’aux conseillers et conseillères pédagogiques. La fédération leur communique les ressources existantes et les stratégies exemplaires connues d’intégration. Jusqu’à présent, 700 personnes en ont bénéficié.

L’ACPLS a de son côté lancé une initiative d’un an et demi afin d’élaborer des ressources écrites ainsi que de créer des formations et des boites à outils en ligne. Là aussi, l’idée est d’aider les directions d’école à mieux appuyer leur personnel issu de l’immigration.

L’association souhaite également encourager la création de communautés de pratique «avec des activités de réseautage à même de lutter contre l’isolement», détaille Francis Potié.

Le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques accompagne, lui, les personnes formées à l’étranger pendant le processus de reconnaissance des diplômes par l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario.

L’organisme les familiarise avec la profession au Canada et les prépare aux entretiens. Quelque 300 personnes ont ainsi obtenu le feu vert de l’ordre et trouvé du travail de façon durable.

En Alberta, le Campus Saint-Jean a mis en place un cours obligatoire pour les personnes venues de l’étranger qui suivent le baccalauréat en éducation. Dès le début de leur formation, ces étudiants et étudiantes sont envoyés dans les salles de classe en observation.

«On intègre cette dimension sur le terrain le plus tôt possible pour leur donner confiance et favoriser leur insertion socioprofessionnelle sur le long terme», explique Marianne Jacquet.

Éviter le travail en vase clos

Plus largement, le Campus collabore étroitement avec les conseils scolaires francophones albertains, dont les comités de sélection du personnel enseignant comprennent désormais des personnes d’origine étrangère.

Les personnes immigrantes qui enseignent en Alberta se sont, elles, regroupées au sein d’un collectif afin d’apporter un soutien à leurs pairs récemment recrutés, confrontés à des défis similaires.

L’un des objectifs du Forum d’action de l’ACUFC consiste à mettre en commun toutes ces démarches isolées grâce à la mise en place d’un mécanisme pancanadien de concertation et de collaboration. Les différentes personnes du milieu interrogées voient la création d’un tel mécanisme d’un bon œil.

«Bien que l’éducation soit de compétence provinciale, nous avons des enjeux partagés à travers le pays. Nous rencontrons des barrières semblables et avons des solutions plutôt similaires», considère Valérie Morand.

Elle rappelle néanmoins qu’une réflexion comparable existe déjà au sein de la table de concertation nationale tripartite, composée de représentants et de représentantes de divers ordres de gouvernement et d’une douzaine de partenaires en éducation.

«Ce nouvel outil pourrait ajouter une pierre à l’édifice. Mais pour que ça fonctionne, il doit être assorti de ressources et d’une réelle volonté politique», souligne-t-elle.

«De par l’organisation du Canada, avec différentes juridictions et l’autonomie des conseils scolaires et des universités, ça va être un défi pour le créer», renchérit François Potié.

Une rencontre de suivi aura lieu le lendemain du Forum afin de jeter les bases plus précises du mécanisme national.

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