Skip Navigation
Bon 36366
Sébastien Durand
/ Catégories: 2020, Société, Voyages

Le périple d’une Fransaskoise en pleine pandémie

C’était une décision très difficile à prendre pour Leslie Garrido-Diaz. Meurtrie par le décès de son père en France, la jeune femme a dû composer avec le besoin de revoir une dernière fois cet être cher et les risques d’une contamination. Le 31 mars, alors que la France se classait au 5ème rang des pays les plus touchés par la COVID-19, la Fransaskoise d’adoption embarquait pour un périple de huit semaines, conclu par une quarantaine à Regina.

Perdre un parent est une étape douloureuse de la vie. Et quand ce parent se trouve à plus de 7000 kilomètres sur un continent fortement touché par une pandémie, l’épreuve revêt une dimension particulière.

Pourtant, rien n’aurait pu arrêter Leslie, cette Française de 28 ans connue de la communauté fransaskoise depuis 2015. Malgré toutes les mises en garde, elle n’a suivi que son cœur au moment de réserver les trois vols et le train qui allaient la conduire de Regina à Bordeaux, via Toronto, Francfort et Paris.

Des aventures, elle en a vécu tout au long de son voyage. Armée de son masque, de ses gants et de son gel hydro-alcoolique, elle a plongé dans un monde aux allures apocalyptiques : avions quasi vides, grands aéroports sans âme, contrôles réguliers, restrictions de sortie, etc.

Pendant cinq semaines, son quotidien en France sera ensuite rythmé par des démarches administratives, du télétravail et quelques rares sorties. Leslie a quitté son pays natal avant le début du déconfinement pour échapper aux foules, mais son retour au Canada s’est malgré tout soldé par une mise en quarantaine sous haute surveillance.

Des Français plus laxistes

Dans l’avion que Leslie a pris, tout le monde portait un masque. Et gare à ceux qui dérogeaient à la règle : « Les passagers […] étaient rappelés à l’ordre par le personnel de bord dans le cas où ils ne respecteraient pas les conditions sanitaires pendant le vol », relate Leslie.

Si les passagers apprécient d’ordinaire les vols transatlantiques pour leurs services à bord et leurs repas, la formule a bien changé. Désormais, c’est « repas froid, type ration de l’armée, dans une boîte scellée et avec un temps limité pour le manger », indique la voyageuse.

À son arrivée en France, Leslie est surprise de passer la douane sans « aucun contrôle de COVID à Roissy ». Au moment de récupérer son bagage, elle reste en retrait quand d’autres voyageurs s’agglutinent autour du carrousel, faisant fi des règles de distanciation.

La jeune femme subira cependant un contrôle de température à la gare Montparnasse pour prendre son train pour Bordeaux. Arrivée sur place, il lui reste un ultime trajet en bus mais les gestes barrière sont largement bafoués. « J’avais parcouru 7000 kilomètres en prenant toutes les précautions nécessaires, je n’avais aucune envie de tomber malade en 40 minutes, le temps de me rendre jusqu’à la maison. »

Confinée en France

La France est alors confinée. Les habitants doivent remplir un formulaire lors de chaque déplacement. Leslie confie : « Je ne pouvais sortir qu’une heure par jour et pour une raison particulière comme faire l’épicerie, assister une personne de la famille, se rendre chez le médecin. »

Les funérailles de son père se tiennent à huis clos, la limite étant alors fixée à cinq personnes. Étant donné que la famille est nombreuse, sa maman doit même rester à la maison pour respecter la limite. Leslie ne prendra que quelques jours de congés pour s’occuper des démarches administratives avant de reprendre à distance son travail de coordination pour la Société historique de la Saskatchewan.

Avec un décalage de huit heures entre la France et la Saskatchewan, les réunions demandaient une certaine organisation : « Le plus compliqué était pour l’une des classes que je prenais. Mon cours était à 18 h 45, heure de Regina, donc je devais me réveiller à 2 h 30 du matin pour le suivre jusqu’à presque 5 h. »

Leslie reconnaît cependant avoir été chanceuse : « J’ai la chance d’avoir une bonne équipe de travail, une direction très compréhensive et une mère qui s’adaptait à ma routine même si je devais moi aussi me réadapter à la vie française. »

Un retour sous haute surveillance

Son retour au Canada tranche singulièrement avec son arrivée en France. Cette fois, Leslie se voit poser une série de questions à son premier point d’entrée à Montréal. Il est question de son état de santé, mais aussi et surtout de son plan de quarantaine. Elle finira « séparée des autres passagers pour attendre [son] vol vers Toronto ».

À partir de Toronto, Leslie n’est plus isolée des autres passagers, mais un agent vient l’interroger avant chaque vol pour lui demander comment elle se sent. De plus, elle doit signer un document déclarant qu’elle accepte d’être contactée, par téléphone ou par visite, par un agent de l’Autorité de la santé.

Choyée en quarantaine

À l’aéroport de Regina, elle récupère sa voiture que sa colocataire avait déposée une heure plus tôt. Elle sera hébergée par son amie Patricia qui a aménagé l’étage de sa maison pour qu’elle puisse y vivre de façon quasi autonome pendant ses deux semaines de quarantaine. Outre cette hôte attentionnée, Leslie peut compter sur le soutien de la communauté. « Cela fait chaud au cœur d’avoir des amis qui déposent des gâteaux, des courses ou qui viennent causer depuis le trottoir », confie-t-elle.

Tous les trois jours, la jeune femme reçoit un appel de l’Autorité de la santé pour s’enquérir de sa santé et lui rappeler qu’elle peut se « faire contrôler à tout moment ». En effet, trois jours avant la fin officielle de sa quarantaine, la confinée recevra une visite de la police. Leslie n’aura jamais montré de symptômes de la COVID-19. Elle est désormais de retour dans sa communauté.

Imprimer
23126

Sébastien DurandSébastien Durand

Autres messages par Sébastien Durand
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Une miniécole de médecine pour y voir clair

Une miniécole de médecine pour y voir clair

Le premier volet de la 24e édition de la Miniécole de médecine de l’Université d’Ottawa s’est consacré entièrement au sens de la vue, présentant l’anatomie de l’œil et jetant les bases de la prévention des troubles de la vision.

19 mai 2020/Auteur: Sébastien Durand/Nombre de vues (29390)/Commentaires (0)/
Des élèves fransaskois se livrent face à la pandémie

Des élèves fransaskois se livrent face à la pandémie

Déjà un peu plus d’un mois que les jeunes Fransaskois sont passés de la salle de classe à la table du salon et ont échangé leurs stylos pour un clavier. Comment vivent-ils cette transition et quel regard portent-ils sur la situation?

16 mai 2020/Auteur: Leslie Diaz/Nombre de vues (32529)/Commentaires (0)/
La francophonie de l’Ouest menacée : «Sauvons Saint-Jean!»

La francophonie de l’Ouest menacée : «Sauvons Saint-Jean!»

L’Association canadienne-française de l’Alberta, soutenue par plusieurs associations, est partie en croisade pour défendre le Campus Saint-Jean dont l'avenir est menacé par d’importantes coupes budgétaires.

16 mai 2020/Auteur: Geoffrey Gaye – (Le Franco)/Nombre de vues (20148)/Commentaires (0)/
Le téléenseignement, une forme de théâtre expérientiel pour Colette George

Le téléenseignement, une forme de théâtre expérientiel pour Colette George

Je me sens un peu plus animée durant mes leçons virtuelles. C'est comme si j'étais une comédienne dans une pièce de théâtre.

14 mai 2020/Auteur: Webmestre/Nombre de vues (20557)/Commentaires (0)/
Le téléenseignement, une expérience formatrice

Le téléenseignement, une expérience formatrice

J'ai eu le bonheur de vivre l'expérience de l'enseignement à distance il y a une douzaine d'années dans un autre contexte et cette expérience continue d'influencer l'utilisation que je fais de la technologie dans l'enseignement des mathématiques en salle de classe depuis ce temps.

1 mai 2020/Auteur: Webmestre/Nombre de vues (21444)/Commentaires (0)/
Les jeunes de l’école Père Mercure au fait de l’actualité sanitaire

Les jeunes de l’école Père Mercure au fait de l’actualité sanitaire

J’ai proposé à mes élèves un défi, non obligatoire : faire une capsule vidéo pour la salle de classe au sujet de la COVID-19. J’ai reçu 10 vidéos sur 13 élèves !

30 avril 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (25386)/Commentaires (0)/
Pénurie de juristes bilingues : la solution du côté de l’immersion ?

Pénurie de juristes bilingues : la solution du côté de l’immersion ?

Le manque de juges, avocats, procureurs et greffiers bilingues en milieu minoritaire est une réalité de longue date. Mais l’immersion, de plus en plus populaire au pays, pourrait constituer une piste de solution.

14 avril 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (26806)/Commentaires (0)/
Les nouvelles écoles fransaskoises absentes du budget provincial

Les nouvelles écoles fransaskoises absentes du budget provincial

La construction de nouvelles écoles fransaskoises devra attendre

Dans son plan de dépenses de plus de 14 milliards de dollars, rien n’est prévu pour la construction des nouvelles écoles tant attendues par les Fransaskois.

9 avril 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (23024)/Commentaires (0)/
Le CÉF adopte le télétravail et le télé-enseignement

Le CÉF adopte le télétravail et le télé-enseignement

Depuis le 20 mars, les écoles fransaskoises sont fermées en raison de la pandémie de la COVID-19. Le personnel du CÉF opte désormais pour le télétravail et le télé-enseignement.

3 avril 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (23975)/Commentaires (0)/
École à distance : Les élèves du CÉF ont hâte de se brancher

École à distance : Les élèves du CÉF ont hâte de se brancher

Les élèves du Conseil des écoles fransaskoises pourront suivre leurs cours en ligne dès le 6 avril.

3 avril 2020/Auteur: Sébastien Durand – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (25768)/Commentaires (0)/
Le CÉF lance une application pour téléphone intelligent

Le CÉF lance une application pour téléphone intelligent

Le CÉF a dévoilé, le 12 mars 2020 une a,pplication pour téléphone intelligent qui permettra aux familles et aux élèves d'avoir accès en tout temps à l'information dont elles ont besoin.

19 mars 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (22938)/Commentaires (0)/
« Maman, je garde les enfants ! »

« Maman, je garde les enfants ! »

L’Association des parents fransaskois (APF) a offert un atelier sur la garde d’enfants en proposant aux jeunes âgés de 11 à 15 ans la formation Gardiens avertis à Saskatoon le 15 février, à Regina le 22 et à Prince Albert le 29.

12 mars 2020/Auteur: Leslie Garrido Diaz – Initiative de journalisme local – APF/Nombre de vues (20439)/Commentaires (0)/
Le Collège Mathieu formera la relève journalistique dès l’automne

Le Collège Mathieu formera la relève journalistique dès l’automne

Les inscriptions pour le programme de journalisme en français du Collège Mathieu sont finalement ouvertes. 

29 février 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local - APF/Nombre de vues (27791)/Commentaires (0)/
Un nouvel examen de certification pour les infirmières

Un nouvel examen de certification pour les infirmières

Plusieurs intervenants francophones espèrent qu’un nouvel examen devienne une alternative à l’examen d’agrément national pour les infirmières qui est, depuis 2015, le seul examen obligatoire pour être certifié infirmière au Canada, exception faite du Québec et du Yukon, mais dont la traduction fait l’objet de critiques.

28 janvier 2020/Auteur: Marc Poirier (Francopresse)/Nombre de vues (23588)/Commentaires (0)/
La bienveillance à l’honneur à l’école Ducharme

La bienveillance à l’honneur à l’école Ducharme

Les 80 élèves de l’école Ducharme de Moose Jaw ont fait preuve de bienveillance au cours des mois de novembre et décembre 2019.

27 janvier 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (20852)/Commentaires (0)/
RSS
Première34568101112Dernière

 - mercredi 29 mai 2024