Skip Navigation
Bon 36366

Bien dans sa langue, bien dans sa peau

REGINA - Plus qu’un moyen de communication, la langue affecte toutes les sphères de la vie, de l’intimité à la collectivité. Les deux chercheuses de l’Université de Regina Anna-Leah King et Andrea Sterzuk ont dévoilé le 22 janvier à la Cité francophone les résultats de leur étude sur la réappropriation de la langue autochtone anishinaabemowin. Elles se penchent ainsi sur les multiples facettes d’un héritage linguistique qui va bien au-delà des mots.

Depuis deux ans, Andrea Sterzuk et sa collègue Anna-Leah King, toutes deux professeures adjointes au baccalauréat en éducation, mènent un projet de recherche en matière de revitalisation linguistique et culturelle au sein de la Première Nation de Keeseekoose. Se fondant sur un modèle de transmission mentors-apprentis, l’expérience, profondément humaine, est avant tout centrée sur les besoins de la communauté.

« Ce sont les membres de Keeseekoose qui nous ont approchées, ainsi que l’université, notamment Cheryl Quewezance dont vient l’idée d’implanter ce modèle d’apprentissage oral. C’est un réel privilège de participer à ce projet, d’assister à cette expérience et d’étudier sur le terrain ses bienfaits », indique Mme Sterzuk avec grand enthousiasme.

La langue au service du mieux-être

Les deux chercheuses le constatent : les bienfaits sont nombreux, autant pour les mentors que pour les apprentis. Parmi eux, un sentiment de fierté, d’espoir et de rapprochement. L’un des apprentis aurait déclaré que, grâce à cet apprentissage, il avait retrouvé son identité. Les mentors, eux aussi, disent se sentir bien et compris lorsqu’ils peuvent s’exprimer dans leur langue maternelle avec d’autres locuteurs, ce qui contribue à briser l’isolement et le sentiment de solitude.

Le bien-être, individuel et collectif, est d’ailleurs au cœur de l’étude menée par les deux chercheuses. « Les liens positifs entre la langue, la culture, le sentiment de mieux-être et l’état de santé ont déjà été établis par la recherche. Dans le prochain volet de l’étude, nous allons nous pencher plus précisément sur ces questions. »

Sauver le patrimoine linguistique

Les langues sont aussi vivantes qu’en péril. Une langue disparaît toutes les deux semaines d’après le Commissariat aux langues officielles. D’autant plus que la transmission linguistique repose parfois sur l’oralité comme seul flambeau d’une génération à l’autre.

C’est ce qui interpelle le plus Jean Dufresne, spécialiste de l’apprentissage des langues et directeur du baccalauréat en éducation à l’Université de Regina, présent à la conférence. « L’écrit occupe une place tellement importante dans nos vies, c’est un outil de connaissance indispensable, cela représente un énorme défi pour une langue de devoir compter uniquement sur la transmission orale. L’enfant apprend de cette manière, par l’écoute, mais l’adulte, lui, tend à s’appuyer sur l’écrit. »

Difficile, certes, mais pas impossible. Surtout lorsque cette langue n’est pas uniquement une façon de s’exprimer, mais aussi une façon d’être qui fait partie intégrante d’une culture qui, elle, n’a pas dit son dernier mot. « Même s’il n’y a pas de ressources, pas de livres ni d’écoles, la langue est encore bien ancrée dans les traditions entourant les cérémonies et les rituels de la communauté », précise la chercheuse Andrea Sterzuk.

Un pas vers la réconciliation

L’universitaire explique que les piliers du savoir sont les gardiens de la langue et de la culture, des aînés qui ont réussi à préserver, malgré l’isolement et les interdits, une langue, un mode de vie qui leur ressemblent. « Nous avons aussi, en tant que chercheuses, une responsabilité : celle de nous engager dans la revitalisation des langues autochtones, qui, autrement, risquent de disparaître », souligne Andrea Sterzuk.

Pour Jean Dufresne, cette expérience est un pas vers la réconciliation. « Cette approche est une façon de laisser aux Premières Nations le soin de décider comment elles veulent transmettre leur langue et leur culture. Du point de vue des chercheurs, cela prend courage et humilité, car il faut s’ouvrir à l’autre, se laisser porter par l’expérience et abandonner son besoin de tout savoir, faire confiance et accepter de perdre le contrôle. »

Une vidéo a même été réalisée par Pete Kytwayhat, un étudiant en cinéma à l’Université de Regina et membre de la Première Nation de Makwa Sahgaiehcan, mettant en scène l’expérience des mentors et des apprentis dans le cadre du projet de recherche.

Anoogeemin: Stories of Anishinaabemowin Reclamation

Created on Treaty 4 by filmmaker Pete Kytwayhat, this video contains cultural knowledge and language reclamation stories from members of Keeseekoose First Nation, a 2200 member Saulteaux band in Saskatchewan, Canada. Since January 2018, four language mentors and four language apprentices have been working together to reclaim their language - Anishinaabemowin. The project has also grown to include community language camps.

Imprimer
9585

Estelle Bonetto - (Initiative de journalisme local - APF)Estelle Bonetto

Autres messages par Estelle Bonetto - (Initiative de journalisme local - APF)
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Une miniécole de médecine pour y voir clair

Une miniécole de médecine pour y voir clair

Le premier volet de la 24e édition de la Miniécole de médecine de l’Université d’Ottawa s’est consacré entièrement au sens de la vue, présentant l’anatomie de l’œil et jetant les bases de la prévention des troubles de la vision.

19 mai 2020/Auteur: Sébastien Durand/Nombre de vues (29411)/Commentaires (0)/
Des élèves fransaskois se livrent face à la pandémie

Des élèves fransaskois se livrent face à la pandémie

Déjà un peu plus d’un mois que les jeunes Fransaskois sont passés de la salle de classe à la table du salon et ont échangé leurs stylos pour un clavier. Comment vivent-ils cette transition et quel regard portent-ils sur la situation?

16 mai 2020/Auteur: Leslie Diaz/Nombre de vues (32583)/Commentaires (0)/
La francophonie de l’Ouest menacée : «Sauvons Saint-Jean!»

La francophonie de l’Ouest menacée : «Sauvons Saint-Jean!»

L’Association canadienne-française de l’Alberta, soutenue par plusieurs associations, est partie en croisade pour défendre le Campus Saint-Jean dont l'avenir est menacé par d’importantes coupes budgétaires.

16 mai 2020/Auteur: Geoffrey Gaye – (Le Franco)/Nombre de vues (20163)/Commentaires (0)/
Le téléenseignement, une forme de théâtre expérientiel pour Colette George

Le téléenseignement, une forme de théâtre expérientiel pour Colette George

Je me sens un peu plus animée durant mes leçons virtuelles. C'est comme si j'étais une comédienne dans une pièce de théâtre.

14 mai 2020/Auteur: Webmestre/Nombre de vues (20576)/Commentaires (0)/
Le téléenseignement, une expérience formatrice

Le téléenseignement, une expérience formatrice

J'ai eu le bonheur de vivre l'expérience de l'enseignement à distance il y a une douzaine d'années dans un autre contexte et cette expérience continue d'influencer l'utilisation que je fais de la technologie dans l'enseignement des mathématiques en salle de classe depuis ce temps.

1 mai 2020/Auteur: Webmestre/Nombre de vues (21462)/Commentaires (0)/
Les jeunes de l’école Père Mercure au fait de l’actualité sanitaire

Les jeunes de l’école Père Mercure au fait de l’actualité sanitaire

J’ai proposé à mes élèves un défi, non obligatoire : faire une capsule vidéo pour la salle de classe au sujet de la COVID-19. J’ai reçu 10 vidéos sur 13 élèves !

30 avril 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (25396)/Commentaires (0)/
Pénurie de juristes bilingues : la solution du côté de l’immersion ?

Pénurie de juristes bilingues : la solution du côté de l’immersion ?

Le manque de juges, avocats, procureurs et greffiers bilingues en milieu minoritaire est une réalité de longue date. Mais l’immersion, de plus en plus populaire au pays, pourrait constituer une piste de solution.

14 avril 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (26881)/Commentaires (0)/
Les nouvelles écoles fransaskoises absentes du budget provincial

Les nouvelles écoles fransaskoises absentes du budget provincial

La construction de nouvelles écoles fransaskoises devra attendre

Dans son plan de dépenses de plus de 14 milliards de dollars, rien n’est prévu pour la construction des nouvelles écoles tant attendues par les Fransaskois.

9 avril 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (23056)/Commentaires (0)/
Le CÉF adopte le télétravail et le télé-enseignement

Le CÉF adopte le télétravail et le télé-enseignement

Depuis le 20 mars, les écoles fransaskoises sont fermées en raison de la pandémie de la COVID-19. Le personnel du CÉF opte désormais pour le télétravail et le télé-enseignement.

3 avril 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (24006)/Commentaires (0)/
École à distance : Les élèves du CÉF ont hâte de se brancher

École à distance : Les élèves du CÉF ont hâte de se brancher

Les élèves du Conseil des écoles fransaskoises pourront suivre leurs cours en ligne dès le 6 avril.

3 avril 2020/Auteur: Sébastien Durand – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (25792)/Commentaires (0)/
Le CÉF lance une application pour téléphone intelligent

Le CÉF lance une application pour téléphone intelligent

Le CÉF a dévoilé, le 12 mars 2020 une a,pplication pour téléphone intelligent qui permettra aux familles et aux élèves d'avoir accès en tout temps à l'information dont elles ont besoin.

19 mars 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (22950)/Commentaires (0)/
« Maman, je garde les enfants ! »

« Maman, je garde les enfants ! »

L’Association des parents fransaskois (APF) a offert un atelier sur la garde d’enfants en proposant aux jeunes âgés de 11 à 15 ans la formation Gardiens avertis à Saskatoon le 15 février, à Regina le 22 et à Prince Albert le 29.

12 mars 2020/Auteur: Leslie Garrido Diaz – Initiative de journalisme local – APF/Nombre de vues (20461)/Commentaires (0)/
Le Collège Mathieu formera la relève journalistique dès l’automne

Le Collège Mathieu formera la relève journalistique dès l’automne

Les inscriptions pour le programme de journalisme en français du Collège Mathieu sont finalement ouvertes. 

29 février 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local - APF/Nombre de vues (27817)/Commentaires (0)/
Un nouvel examen de certification pour les infirmières

Un nouvel examen de certification pour les infirmières

Plusieurs intervenants francophones espèrent qu’un nouvel examen devienne une alternative à l’examen d’agrément national pour les infirmières qui est, depuis 2015, le seul examen obligatoire pour être certifié infirmière au Canada, exception faite du Québec et du Yukon, mais dont la traduction fait l’objet de critiques.

28 janvier 2020/Auteur: Marc Poirier (Francopresse)/Nombre de vues (23636)/Commentaires (0)/
La bienveillance à l’honneur à l’école Ducharme

La bienveillance à l’honneur à l’école Ducharme

Les 80 élèves de l’école Ducharme de Moose Jaw ont fait preuve de bienveillance au cours des mois de novembre et décembre 2019.

27 janvier 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (20865)/Commentaires (0)/
RSS
Première34568101112Dernière

 - samedi 1 juin 2024