Skip Navigation
Festival Cinergie 2024

Pour que chaque femme compte

Le 5 mai, le Partenariat provincial interculturel (PPI) a invité la communauté fransaskoise à une activité d'échange et de réflexion sur les aspirations et les besoins des femmes francophones de la province. Les discussions, appuyées par les résultats d’un sondage, ont mis en exergue la contribution des Fransaskoises à la vie communautaire, tout en dressant la liste des défis à relever.

C’est à la Rotonde de la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina qu’une quarantaine de membres de la communauté se sont retrouvés pour participer à la table ronde.

La rencontre s’inscrivait dans la stratégie établie par le Plan de développement global (PDG) 2021-2030 de la communauté fransaskoise, visant notamment au développement harmonieux et inclusif.

L’événement, qui s’est étendu sur près de quatre heures, était animé par Fayza Abdallaoui, cheffe de file engagée auprès des communautés francophones du Canada et fondatrice de Next Level Impact Consulting.

L’animatrice était accompagnée d’un panel composé d’Émilie Lebel et de Maria Lepage. Sylvie Simo, qui devait être la troisième panéliste, n’a pas pu être présente pour des raisons personnelles.

« Comment vont les Fransaskoises ? »

C’est la question qu’a d’emblée posé l’animatrice aux deux panélistes. « Ça va bien, mais c’est très occupé, les femmes fransaskoises en font plus que leur part dans la communauté », a déclaré Maria Lepage, une résidente de Gravelbourg engagée dans de nombreuses associations fransaskoises depuis une cinquantaine d’années.

Afin de préparer l’activité et orienter les discussions, les membres de la communauté avaient été invités à répondre à un sondage en ligne au préalable qui était accessible jusqu’au 28 avril. C’est Fayza Abdallaoui qui a collecté et analysé les réponses anonymes données par 48 personnes.

Selon les chiffres recueillis, les conseils d’administration fransaskois régionaux sont majoritairement composés de femmes : « 100 % à Zenon Park, 100 % à Bellevue, 83 % à Moose Jaw, 75 % à Regina, 67 % à Bellegarde, 67 % à Saskatoon », a ainsi exposé l’animatrice.

« Parfois, peut-être qu’on se prive de nos partenaires masculins et il faut se rappeler qu’on n’est pas seules dans nos démarches », a commenté Maria Lepage.

La charge émotionnelle

« Je crois que pendant plusieurs décennies on a donné la charge émotionnelle à la femme », a poursuivi la panéliste et artiste Émilie Lebel, alias éemi.

Selon cette dernière, cette situation pourrait expliquer le grand dévouement des femmes et personnes non binaires dans la communauté, ainsi que leur implication au niveau des conseils d’administration et dans le bénévolat.

Incomberait au sexe féminin l’accomplissement de certaines tâches : « Quand un enfant est malade à l’école, c’est maman qu’on appelle, observe Émilie Lebel. Et c’est aussi celle qui pense à donner un manteau à l’enfant parce qu’il va faire froid. Je ne dis pas que le papa ne pense jamais à ça, mais ce sont des choses qui tombent souvent sur la femme à la maison et dans la communauté. »

Des défis d’emploi

Les résultats du sondage ont également mis en lumière les défis des femmes et personnes non binaires sur le marché du travail dans la communauté fransaskoise.

« Le premier défi rencontré, c’est l’équité salariale, a rapporté Fayza Abdallaoui, suivie de la barrière à la promotion, l’accès au marché du travail, la discrimination ou l’intimidation sur le lieu de travail. Et 80 % des répondants identifient deux défis ou plus. »

L’intégration des immigrantes

La moitié des répondantes au sondage sont nées à l’étranger, ce qui a soulevé la question de l’intégration économique des nouvelles arrivantes.

« C’est certain que mon expérience en tant que femme fransaskoise n’est pas la même que celle d’une femme immigrante, ni même qu’une personne aînée, donc il y a beaucoup de choses à prendre en compte dans ces résultats-là », a noté Émilie Lebel.

Et Maria Lepage d’ajouter : « Je crois que les immigrantes ressentent encore plus ces défis, elles doivent commencer tout au bas de l’échelle et nous, nous avons grandi et évolué tranquillement dans nos communautés. »

Emartiane, qui est arrivée à Regina il y a quelques semaines depuis la République démocratique du Congo, s’est dite surprise de l’implication des femmes dans la communauté fransaskoise.

Cette dernière a également fait part de ses attentes en tant que jeune immigrante : « J’ai été très étonnée de savoir qu’il y avait beaucoup de femmes à la tête des associations et des CA. Je m’attends à de l’équité salariale et aussi à un milieu sans discrimination. »

Des pistes de solutions

Selon Vénérand Harimenshi, l’un des participants et conseiller en établissement au Service d’accueil et d’inclusion francophone de la Saskatchewan (SAIF-SK), le premier aspect à prendre en compte pour faciliter l’intégration des femmes est d’ordre culturel.

« Il faut prendre en considération la provenance de chaque femme, parce qu’avant d’être confrontées aux défis et problèmes du milieu ici, certaines ont déjà des frustrations ou des problèmes personnels avant leur arrivée », a-t-il tenu à souligner.

Maria Lepage a affirmé quant à elle qu’il fallait retrouver un « sens de communauté » : « Il faut apprendre à se connaître, faire un effort pour connaître ses voisins, il n’y a rien de mal à être en désaccord, c’est comme dans une famille. Il s’agit de continuer à se parler avec respect. »

La soirée s’est conclue sur une définition de la vision de la femme fransaskoise en 2030 par l’organisme Entr’Elles Regroupement Femmes Fransaskoises : « La Fransaskoise est une femme dont l’autonomie est renforcée par sa communauté. Elle est reconnue pleinement dans son milieu pour sa contribution personnelle et collective. »

Même si les panélistes étaient d’accord pour dire que les femmes occupent tout de même une bonne place dans la fransaskoisie de 2023, elles ont aussi appelé à tendre vers une amélioration. « Tout n’est pas acquis et rien n’est garanti », a rappelé Maria Lepage.

La table ronde faisait partie du projet Mieux-vivre ensemble, une initiative issue du Partenariat provincial interculturel, composé de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), de la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS), du Conseil culturel fransaskois (CCF) et du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Des exemples de situations de discrimination ou d’intimidation vécues par les Fransaskoises :
« Toutes les fois qu’on me demande d’où je viens avec mon accent. »
« Me faire dire que je ne suis pas assez francophone ou anglophone puisque je parle les deux langues. »
« Étant d’un autre pays, les gens pensent que vous êtes là pour voler leur emploi ou parlent comme ils veulent et quand vous donnez votre opinion, c’est mal pris et c’est frustrant. »
« Intimidation d’un homme plus âgé que moi. »
« Nos maris (surtout d’origine africaine et des musulmans) nous mettent de la pression et nous empêchent de nous engager dans les activités communautaires (conseil d’administration des organismes, aller travailler là où travaillent les hommes, aller faire du bénévolat pour nous ouvrir aux autres et connaître les autres. »
« Dans ma jeunesse, je ne m’inquiétais jamais de la couleur de ma peau ou de celle des autres. On était tous amis. Aujourd’hui, je me sens comme si je suis une mauvaise personne parce que je suis née avec la peau blanche. »
« J’ai été maintes fois refusée d’entrer dans une boîte de nuit avec d’autres amis noirs sous prétexte que c’était rempli. Mais les Blancs qui sont venus après moi sont entrés sans aucun problème. »

 

Imprimer
3492

Marie-Lou BernatchezMarie-Lou Bernatchez

Autres messages par Marie-Lou Bernatchez
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Addison Shyluk, jeune Fransaskoise passionnée, lauréate d’un concours international

Addison Shyluk, jeune Fransaskoise passionnée, lauréate d’un concours international

Addison Shyluk, élève en 11e année à l’École canadienne-française de Saskatoon, Pavillon Gustave-Dubois, vient de remporter le concours international Ma minute francophone.

18 décembre 2020/Auteur: Emmanuel Masson/Nombre de vues (14448)/Commentaires (0)/
Infrastructures scolaires à Saskatoon : un sondage confirme les besoins

Infrastructures scolaires à Saskatoon : un sondage confirme les besoins

Alors que Regina a obtenu l’aval du gouvernement pour le financement de nouveaux espaces scolaires, Saskatoon et Prince Albert attendent toujours. Le Comité vision des espaces scolaires francophones à Saskatoon, créé en juin 2020, a consulté la communauté pour identifier les besoins dans la ville des ponts.

11 décembre 2020/Auteur: Arthur Béague/Nombre de vues (16691)/Commentaires (0)/
Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

L’Association francophone pour le savoir propose à des étudiants, via son concours Ma thèse en 180 secondes, de présenter leur sujet de recherche en termes simples à un auditoire. Le défi : exposer de façon claire, concise et convaincante un projet d’envergure en trois minutes.

14 novembre 2020/Auteur: Leslie Diaz/Nombre de vues (13755)/Commentaires (0)/
Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Entretien avec Alpha Barry, été réélu au poste de conseiller scolaire pour la région scolaire n°3 incluant Regina et Moose Jaw. Celui qui est aussi président du Conseil scolaire fransaskois l’a emporté avec 70 % des voix face à son adversaire Siriki Diabagaté.

11 novembre 2020/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (13694)/Commentaires (0)/
Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Les établissements universitaires de l’Ouest du pays ont des outils en place pour assurer la liberté académique de leurs professeurs tout en assurant un traitement rigoureux des plaintes des étudiants.

7 novembre 2020/Auteur: Marie-Paule Berthiaume (Initiative de journalisme local – APF - Ouest)/Nombre de vues (14723)/Commentaires (0)/
Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Selon un nouveau sondage Léger, près de la moitié des Canadiens sont au courant de la récente controverse à l’Université d’Ottawa, et plus de la moitié ont tendance à soutenir la professeure ayant prononcé le «mot en n» dans le cadre de son cours Art and Gender plutôt que les étudiants.

7 novembre 2020/Auteur: Marie-Paule Berthiaume (Francopresse)/Nombre de vues (12929)/Commentaires (0)/
Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

La ministre Mélanie Joly invite le gouvernement de l’Alberta à annuler sa décision de couper le financement du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, dans une lettre adressée au premier ministre de la province, Jason Kenney.

1 novembre 2020/Auteur: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Nombre de vues (15465)/Commentaires (0)/
Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

C'est un premier débat radiophonique parfois houleux qui a eu lieu le 20 octobre entre Alpha Barry et Siriki Diabagaté, les deux prétendants au poste de conseiller scolaire de Regina.

23 octobre 2020/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (11952)/Commentaires (0)/
Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

LE DROIT (Ontario) – Le débat autour de la suspension d’une professeure de l’Université d’Ottawa pour avoir utilisé le mot «n**ger» continue de faire rage.

21 octobre 2020/Auteur: Daniel LeBlanc e)t Julien Paquette (Le Droit)/Nombre de vues (14117)/Commentaires (0)/
Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Les parents fransaskois de Regina et Saskatoon seront appelés aux urnes le 28 octobre pour choisir leur conseiller scolaire dans le cadre des élections générales du Conseil scolaire fransaskois.

15 octobre 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14788)/Commentaires (0)/
Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Rentrée scolaire

La rentrée scolaire fransaskoise a eu lieu du 8 au 11 septembre partout dans la province. L’eau vive s’est entretenue avec quelques parents pour faire le bilan d’une semaine riche en émotions.

17 septembre 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14660)/Commentaires (0)/
Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

La récente victoire du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSFCB) en Cour suprême laisse présager une possible expansion de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

28 août 2020/Auteur: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Nombre de vues (14718)/Commentaires (0)/
Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Le Franco (Alberta) – L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) promet une phase II de la campagne «Sauvons Saint-Jean» dès la rentrée. L’appel à des manifestations et une action en justice sont sur la table. 

24 août 2020/Auteur: Geoffrey Gaye (Le Franco)/Nombre de vues (17251)/Commentaires (0)/
Rentrée scolaire : des parents se confient

Rentrée scolaire : des parents se confient

Une rentrée sous le signe de la fébrilité et de la solidarité

À quelques semaines du jour J, beaucoup d’interrogations subsistent. Tantôt confiants, tantôt inquiets, plusieurs parents fransaskois se sont confiés à l’Eau vive.

20 août 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14584)/Commentaires (0)/
Dans ce temps-là !

Dans ce temps-là !

À l’époque où j’étais élève à la fin de l’élémentaire, quand arrivait le mois de juin, nous étions assez intenables dans les classes... La fête de la Saint-Jean-Baptiste marquait le début des vacances estivales. Les classes s’étaient terminées la veille et on avait vidé nos pupitres. Plus de devoirs. Plus de leçons. 

16 juillet 2020/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (20624)/Commentaires (0)/
RSS
123468910Dernière

 - jeudi 9 mai 2024