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Vous servez la soupe ?
Bayla Pollick

Vous servez la soupe ?

Vous vous montrez complaisant ? Mais ayant mangé la soupe à la grimace, vous avez reçu un accueil peu chaleureux ? Quel dommage. Entrons, comme un couteau dans du beurre, dans un restaurant linguistique stupéfiant pour y déguster les plats idiomatiques les plus alléchants.

Nous ne savons pas à quelle sauce nous serons mangés. Et étant bonne pâte, on est aimable et accommodant. Étant bon comme le pain blanc, on est généreux. Se trouvant sur une mer d’huile, on flotte sur une surface très calme, sans vagues.

Mais le jour précédent, on faisait du boudin en faisant la tête. Faisant face à un long jour sans pain, on s’ennuyait. Nageant dans le potage, on restait perplexe. Se mettant la rate au court-bouillon, on s’inquiétait inutilement.

La moutarde lui montant au nez, on a perdu bel et bien patience, se mettant facilement en colère. Faisant monter la mayonnaise, on échauffait beaucoup les esprits.

Quoi qu’il en soit, c’est inutile d’en faire tout un plat en donnant de l’importance disproportionnée à la situation. Étant gratinés, les problèmes sont sans doute épineux. Étant gratiné, bien apte, toutefois, on peut remonter la pente. Faisant le café, on se débrouille à merveille.

Parlant de projets, il faut avoir, avant tout, de la bouteille, de l’expérience considérable en la matière. Comme une poule aux œufs d’or, c’est une activité enrichissante et valable. L’important est de ne pas tout tuer dans l’œuf, de ne pas abandonner le boulot avant d’atteindre le but.

Et mettant les bouchées doubles, on œuvre hâtivement. Mais on doit se garder de manger à tous les râteliers, de profiter sans scrupules de l’affaire. Mieux vaudrait travailler aux petits oignons, tout faire avec beaucoup de soin. 

Néanmoins, ayant mangé son pain blanc, on a commencé par la partie la plus facile. Mais malgré le bon début, il y a loin de la coupe aux lèvres. On doit souvent patienter pour obtenir ce qu’on désire.

Enfin, le vin est tiré et il faut le boire. Maintenant que le projet est en cours, on doit aller jusqu’au bout. Tournant en eau de boudin, il pourrait mal se finir. Mais à la longue, tout passe crème, sans anicroche.

Passant aux communications, étant dur à cuire, on est réfractaire aux conseils d’autrui. Mangeant son chapeau, on change d’opinion sous pression.

Cassant du sucre sur le dos de quelqu’un, on le critique en son absence. Inventant le fil à couper le beurre, on fait une proposition ridicule à laquelle tout le monde a déjà pensé.

Et on n’attire certainement pas les mouches avec du vinaigre, on n’obtient absolument rien en disant des méchancetés. Mettant de l’eau dans son vin, on modère son impétuosité. Mettant les pieds dans le plat, on aborde avec maladresse une question à éviter sans s’en rendre compte.

À la fin, il faut se racler la soupière, réfléchir intensément et se concentrer fortement avant de s’épancher. En ayant ras la soupière, on en a manifestement par-dessus la tête en déballant ce qu’on a sur le cœur. Pourtant, ce n’est pas si grave. Tout ça est du flan, pas trop sérieux, dans le fond.

Or, ayant donné du biscuit à ses interlocuteurs, on leur a donné les sujets les plus fascinants sur lesquels cogiter.

Rassasiés de ces expressions pétillantes, on a mis une cerise juteuse sur le gâteau de notre repas idiomatique. La douceur, comme on le voit, porte toujours ses fruits.

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