Skip Navigation
Festival Cinergie 2024

Éducation francophone : Me Roger Lepage décortique l’article 23

Loi
Crédit : Tingey Injury Law Firm / Unsplash

Organisé autour de la thématique du continuum en éducation du 1er au 7 novembre, le Rendez-vous fransaskois a été marqué le 3 novembre par la tenue d’un atelier sur le droit aux services de l’éducation animé par l’avocat Roger Lepage.

La francophonie canadienne en situation minoritaire revient de loin en matière d’éducation en français. Les jeunes générations ne s’en souviennent pas, mais les pionniers comme maître Roger Lepage se rappellent bien l’époque sombre où s’instruire en français n’était pas un droit constitutionnel, encore mois une pratique légale.

« En 1918, la loi scolaire en Saskatchewan limitait l’enseignement en français. Quelques années plus tard, en 1929, la loi scolaire interdisait tout simplement l’enseignement en français », explique l’avocat constitutionnaliste.

Une assise solide 

Roger Lepage
L’avocat Roger Lepage
Crédit : Avec l'autorisation de Miller Thomson LLP

« Avant ces deux lois, il y avait 80 villages fransaskois où l’on enseignait le français du fait de l’activisme de l’Église catholique qui constituait le leadership de la communauté à cette époque. Après cet épisode, il n’en est resté qu’une douzaine qui ont préservé l’instruction en français », poursuit le Fransaskois, qui rappelle que ces lois anti-francophones ont été adoptées dans plusieurs provinces canadiennes.

Le juriste qui a engagé à maintes reprises des batailles juridiques contre le gouvernement provincial a non seulement décortiqué l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, mais est aussi revenu sur de nombreuses décisions de la Cour suprême dans plusieurs provinces canadiennes.

Adoptée en 1982 dans le sillage des velléités indépendantistes au Québec, la Charte canadienne et son article 23 sont venus garantir les droits linguistiques, éducatifs et culturels aussi bien des minorités francophones à l’extérieur du Québec que des minorités anglophones du Québec.

« Il y a trois catégories de citoyens canadiens qui ont le droit d’accéder aux services de l’école francophone, car celle-ci n’est pas accessible à tout le monde, précise l’avocat. La première est celle d’individus pour qui le français est la langue apprise ou comprise chez au moins l’un des deux parents. La deuxième est celle de personnes dont au moins un parent a reçu une éducation en français au Canada, alors que la troisième est celle dont un enfant a reçu une éducation en français », détaille Roger Lepage.

Quant aux nouveaux arrivants francophones, une permission d’admission à l’école est nécessaire, mais ceux-ci deviennent automatiquement des ayants droit une fois qu’ils acquièrent la citoyenneté canadienne.

Une lutte constante

N’étant pas absolu comme tout droit constitutionnel, le droit à l’éducation francophone est conditionné par plusieurs facteurs, comme celui du nombre suffisant d’élèves dans une communauté francophone minoritaire pour mettre en place un programme ou une école.

À l’instar de tous les textes constitutionnels, la Charte canadienne et son article 23 ont souvent été les sujets de batailles juridiques et de divergences d’interprétations entre les citoyens et leur gouvernement.

Il aura donc fallu plusieurs années et plusieurs jugements de la Cour suprême du Canada pour établir une certaine jurisprudence éclairant l’application de cet article constitutionnel par les provinces sur le terrain.

Par exemple, la question du nombre suffisant a dès 1990 fait l’objet d’une décision de la Cour suprême en Alberta. Celle-ci explique que le nombre pertinent d’élèves pour qu’une classe ou une école francophone soit créée est déterminé par deux facteurs : les services appropriés en termes pédagogiques et le coût. 

Considérée comme la plus importante interprétation de l’article 23, la décision Mahé a clairement statué que l’objet général de cet article est de maintenir les deux langues officielles et leur culture, ainsi que de favoriser l’épanouissement des communautés et de remédier à l’érosion progressive des minorités.

Mieux encore, cette décision édicte la notion de « partenaires égaux » des deux groupes linguistiques en éducation. D’autres principes ont vu le jour avec la décision Mahé, comme le respect du droit de la gouvernance, à savoir la gestion scolaire, la construction d’écoles de proximité et l’obligation d’éviter les atermoiements des provinces qui imposent de longs délais aux projets d’écoles de langue minoritaire.

Autre décision pertinente de la Cour suprême, celle d’Arsenault-Cameron sur l’Île-du-Prince-Édouard en 2000. Cette dernière explique que l’article 23 est à caractère réparateur et n’a pas pour objet de renforcer le statu quo. Autrement dit, l’objectif visé par la Charte canadienne est l’égalité entre la majorité et la minorité en matière d’éducation. 

La Fransaskoisie concernée

À la question de savoir comment la communauté fransaskoise peut tirer profit de l’article 23 et des jugements de la Cour suprême du Canada depuis trois décennies, maître Roger Lepage donne plusieurs pistes.

« Il faut tout d’abord utiliser les résultats du recensement de 2021 pour identifier le nombre d’ayants droit et leurs emplacements. Ensuite, il est nécessaire d’établir un plan provincial de petites écoles primaires de proximité », suggère l’expert constitutionnaliste.

D’après l’homme de loi fransaskois, il est important d’établir un plan urbain pour la communauté de Prince Albert. À Regina et Saskatoon, Roger Lepage explique que quatre écoles primaires et deux écoles secondaires sont aujourd’hui justifiées. Par ailleurs, un plan pour les communautés rurales est tout aussi nécessaire pour des écoles dans les centres régionaux comme Melfort, Estevan ou Swift Current.

« Il est également utile de travailler avec les jeunes parents pour identifier leurs besoins et emplacements », soutient Roger Lepage, pour qui le respect de l’article 23 est une responsabilité commune du conseil scolaire, des parents et des organismes communautaires.

Article précédent Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?
Prochain article Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?
Imprimer
9826

Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.PresseMehdi Jaouhari

Autres messages par Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Robert Craig, lauréat du prix Prix Alpha Sask

Robert Craig, lauréat du prix Prix Alpha Sask

Grâce à la communauté fransaskoise j’ai pu garder mon français

Cette année, le prix Alpha Sask récompensait un texte répondant à la thématique Pourquoi avez-vous décidé d’apprendre le français? C’est totalement par hasard que Robert Craig est tombé sur l’affiche du concours, pendant sa pause café. C’était le dernier jour pour envoyer les textes. Il a décidé de tenter sa chance. En effet, il avait bien des choses à dire sur son histoire d’amour avec le français.

20 novembre 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (26074)/Commentaires (0)/
Parents et petits à Prince Albert

Parents et petits à Prince Albert

Des activités ludiques... en français!

Si vous vous promenez du côté de la bibliothèque John M. Cuelenaere à Prince Albert, le samedi matin vers 10 h, vous assisterez à  la venue d’une joyeuse troupe mêlant parents et enfants et ayant pour but la découverte du français de façon amusante.

20 novembre 2014/Auteur: Ahmed Hassan (EV)/Nombre de vues (30442)/Commentaires (0)/
École St-Isidore : de bonnes raisons pour se réjouir

École St-Isidore : de bonnes raisons pour se réjouir

Terry Gaudet nommé l’entraîneur de performance masculine de l’année par l’Association de Volleyball de la Saskatchewan.

À l’École St-Isidore, il y a cette année bien des raisons de se réjouir. On vient de mettre la dernière touche au plancher tout neuf du gymnase, un sol de sport Pulastic. Cette nouvelle acquisition arrive à point nommé. En effet, l’école et la communauté de Bellevue, en collaboration avec la communauté de Wakaw, seront les hôtes du tournoi de volleyball de la ligue provinciale masculine 3A de la Saskatchewan High School Athletics Association (SHSAA) 

20 novembre 2014/Auteur: Jennie Baudais (CÉF)/Nombre de vues (32450)/Commentaires (0)/
Les jeunes s’emparent du Parlement

Les jeunes s’emparent du Parlement

REGINA - Le Parlement franco-canadien du Nord et de l'Ouest (PFCNO) se déroule chaque année et rassemble les jeunes francophones des provinces du Nord et de l'Ouest du Canada. Cet évènement national donne la chance aux jeunes qui ont entre 16 et 25 ans de donner leur propre avis à propos des politiques adoptées par le Parlement officiel et, bien sûr, de se faire plein d’amis.

13 novembre 2014/Auteur: Anonym/Nombre de vues (31567)/Commentaires (0)/
Pour une éducation fransaskoise de la pré-maternelle à l’université

Pour une éducation fransaskoise de la pré-maternelle à l’université

L'éducation au coeur des discussions au Rendez-vous fransaskois 2014

SASKATOON - Cette année, l’édition 2014 du Rendez-vous fransaskois se déroulait à Saskatoon sous le thème de l’éducation. En ouverture, samedi le 8 novembre, la présidente nouvellement réélue de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), Françoise Sigur-Cloutier, a rappelé l’importance de cette thématique. Ainsi, selon elle, ‘’toute la valeur de notre communauté dépend de cette cause’’

12 novembre 2014/Auteur: Arnaud Decroix/Nombre de vues (31007)/Commentaires (0)/

Postsecondaire : petit voyage dans le temps

Au Rendez-vous fransaskois, le kiosque de l’Eau vive permettait de faire un petit voyage dans le temps en se promenant dans les albums de l’hebdomadaire des 30 dernières années. Les gens s’amusaient à regarder les photos des membres de la communauté à une époque où les cheveux étaient plus foncés ou plus fournis.

12 novembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (25384)/Commentaires (0)/
Mais que font les professeurs quand ils ne sont pas en classe?

Mais que font les professeurs quand ils ne sont pas en classe?

Congrès annuel de l’Association des professeurs de français de la Saskatchewan (APFS)

Quand vous regardez le calendrier scolaire de votre enfant, vous voyez toutes ces journées mystérieuses : perfectionnement professionnel, session de planification, conventions... Et je suis sûre que vous vous demandez ce que ce font les enseignants au lieu d’être en classe avec votre enfant. 

6 novembre 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (27154)/Commentaires (0)/
L’École Valois à l’heure de l’Halloween

L’École Valois à l’heure de l’Halloween

PRINCE ALBERT - Sous les yeux du Père Valois, le fondateur de la seule école francophone de Prince Albert, et avec l’accord de M. RIVARD, directeur des lieux, les chaises, les tables et les enfants studieux ont laissé place à des locataires d’un soir à savoir des fantômes, des animaux de la nuit, des toiles d’araignée et beaucoup d’autres personnages.

6 novembre 2014/Auteur: Ahmed Hassan Farah (EV)/Nombre de vues (27744)/Commentaires (0)/
« Ne pas perdre ma langue! »

« Ne pas perdre ma langue! »

Jamie Gignac de Vonda au Campus St-Jean

Il y a deux ans, la Fransaskoise Jamie Gignac, alors élève de 12e année à l’école Providence de Vonda, s’est retrouvée devant un dilemme : quoi faire au terme de ses études secondaires? « J’ai changé d’idée au moins cinq fois en cours d’année », avoue candidement la jeune femme. 
29 octobre 2014/Auteur: Étienne Alary/Nombre de vues (30382)/Commentaires (0)/
Mgr de Laval lutte contre la faim, avec enthousiasme

Mgr de Laval lutte contre la faim, avec enthousiasme

Certains auront du mal à y croire. « La faim existe au Canada »1, qui fait partie des 10 pays les plus riches de la planète. Les élèves de l'école Mgr de Laval de Regina ont décidé de faire quelque chose.

22 octobre 2014/Auteur: Luc Bengono/Nombre de vues (28111)/Commentaires (0)/
Congrès annuel du Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada (RCCFC)

Congrès annuel du Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada (RCCFC)

François Kasongo élu représentant de l'Ouest au conseil d'administration

Plus de 85 personnes, présidences des collèges, directions générales, directions des études et de la formation continue, ainsi que de nombreux partenaires, ont participé encore une fois au congrès annuel du Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada (RCCFC) qui s’est tenu les 2 et 3 octobre derniers à Ottawa sous l’égide de La Cité. 

22 octobre 2014/Auteur: Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada (RCCFC)/Nombre de vues (28369)/Commentaires (0)/
Congrès de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones

Congrès de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones

La Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) représentant environ 150 000 élèves de langue française répartis dans plus de 640 écoles partout au pays tenait son congrès annuel sur le thème du démarchage, à Niagara Falls, du 16 au 18 octobre.

22 octobre 2014/Auteur: L'Eau vive/Nombre de vues (28968)/Commentaires (0)/
Émile Fortier: Comme une grande famille!

Émile Fortier: Comme une grande famille!

Un fransaskois au Campus St-Jean d'Edmonton

EDMONTON - Avec ses 750 étudiants, le Campus Saint-Jean est considéré comme un petit établissement au sein de l’Université de l’Alberta qui accueille chaque année près de 30 000 étudiants.

22 octobre 2014/Auteur: Étienne Alary/Nombre de vues (29468)/Commentaires (0)/
Capacité d’apprentissage: Six lieux, 3 groupes et un couffin

Capacité d’apprentissage: Six lieux, 3 groupes et un couffin

Des chercheurs ont suivi pendant quatre ans des jeunes enfants en milieu minoritaire pour mesurer l’impact d’un programme enrichi créé en Saskatchewan. Le résultat est « significatif » et pertinent.

22 octobre 2014/Auteur: Anonym/Nombre de vues (25269)/Commentaires (0)/

Des facteurs socioéconomiques et culturels influent sur la performance au chapitre de l'éducation et des compétences

Il faut mieux comprendre les défis particuliers auxquels sont confrontés les autochtones.

Selon un nouveau rapport du Conference Board du Canada sur l'éducation et les compétences dans les territoires produit dans le cadre de l'analyse Les performances du Canada, les résultats des territoires au chapitre de l'éducation et des compétences sont inférieurs à ceux des provinces en raison d'écarts notables entre les niveaux de scolarité des populations autochtones et non autochtones.

16 octobre 2014/Auteur: Conference Board of Canada/Nombre de vues (21219)/Commentaires (0)/
RSS
Première2122232426282930Dernière

 - mardi 30 avril 2024