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Dominique Liboiron

L’Aventure : pour se protéger d’une idéologie toxique

Un continent exploré par les rivières

Un continent exploré par les rivières

Le fait que leurs ancêtres ont pu traverser ce vaste pays en canot inocule les Canadiens-Français contre l’idée qu’ils sont opprimés. Sans doute, l’histoire nous démontrent que les Canadiens-Français ont été opprimés à certains moments, mais il faut voir l’autre côté de la médaille. L’histoire démontre également que les Canadiens-Français ont développé une force de caractère pour affronter les défis du pays.

Photo Dale Sanders

Dans ma dernière chronique, nous avons rencontré quatre aventuriers fransaskois. Ils ont expliqué comment l’aventure a enrichi leur vie. Je veux revenir sur le sujet de l’aventure, mais cette fois-ci pour parler de son importance politique. D’après moi, l’aventure protège les gens d’une idéologie politique trop simpliste et même toxique.

D’abord, commençons avec la définition du mot « idéologie ». Selon le dictionnaire Larousse, une idéologie est un « système spéculatif vague et nébuleux. » En d’autres mots, une idéologie est une vision incomplète d’un sujet. De nos jours, l’idéologie postmoderne domine le monde universitaire et, grâce aux gouvernements néo-démocrates et libéraux, perce dans la sphère politique. Née du communisme, l’idée à la base de la pensée postmoderne est que les rapports entre les êtres humains sont des rapports de force. Autrement dit, les gens sont soit opprimés ou oppresseurs.

Si vous n’avez jamais entendu parler de l’idéologie postmoderne, ne vous en faites pas. Vous avez sûrement entendu les propos qui en sortent. Par exemple, nous entendons que ce sont toujours les hommes qui oppriment les femmes et qu’au Canada, ce sont toujours les anglophones qui oppriment les francophones. Le monde se divise donc en deux camps : les opprimées ou les oppresseurs. Voilà la pensée postmoderne. Cette vision « noir et blanc » ne résiste pas à la raison. Les relations entre les humains sont beaucoup plus complexes et nuancées. Vous n’avez qu’à penser aux exemples tirés de votre propre vie.

Est-ce que l’oppression existe ? Oui, sans aucun doute. Et nous devons en être constamment conscients. De plus, nous devons reconnaitre qu’il existe de l’oppression dans les deux sens et à l’intérieur des mêmes catégories. Mais nous ne devons pas nous fixer sur l’oppression pour ne plus voir les exemples du contraire. Voilà le danger de l’idéologie – elle n’offre qu’un point de vue, et ce point de vue est incomplet. Une idéologie ne permet pas de voir toute la réalité.     

Dans le contexte canadien-français, il n’est pas difficile de penser à des exemples d’oppression, surtout sur le plan linguistique, religieux, éducatif ou économique. Cependant, il faut voir l’autre côté de la médaille. Ne cherchons pas seulement le Canadien français aliéné. Cherchons également le Canadien français qui est à l’épreuve du défi : le voyageur.

Hardis, forts et trapus, les voyageurs devaient traverser notre vaste pays en une courte période de temps. Face au vent, au froid, aux intempéries et aux portages ardus, ils étaient constamment en péril. Mais, année après année, les voyageurs surmontaient les obstacles et les difficultés. De plus, ils faisaient preuve d’un grand optimisme et ils chantaient pendant les étapes difficiles de leurs voyages. Certains diront que les voyageurs étaient opprimés par leurs patrons anglophones qui payaient de pauvres gages. Cette idée contient une part de vérité. Malgré leur travail dangereux et exigeant, les voyageurs ne sont pas devenus riches, mais ils ont participé à des aventures qui ont développé des traits de caractère qui, selon moi, auraient résisté à l’idéologie postmoderne.

L’esprit d’aventure que les voyageurs incarnaient existe toujours. Évidemment, je n’ai jamais parlé avec un véritable voyageur de l’époque de la traite des fourrures. Cependant, j’ai passé en entrevue plusieurs aventuriers modernes : des gens qui ont suivi le même trajet que les voyageurs d’antan et d’autres qui détiennent des records Guinness grâce à leurs aventures. Je connais également beaucoup de personnes dont les aventures se limitent à du canot, du camping ou du ski de fond en fin de semaine. Peu importe l’ampleur de leur aventure, les aventuriers doivent tous combattre des obstacles tels que la distance, la faim, le climat ou la limite de l’endurance humaine. L’aventurier est quelqu’un qui surmonte des défis. L’aventure devient ainsi un moyen de développer des traits de caractère tels que la débrouillardise, la confiance en soi et la compétence. Bref, par définition, un aventurier n’est pas quelqu’un qui se pense opprimé.

Une personne qui se voit en tant que victime n’a pas l’habitude de voir ses forces. Si nous appliquons cette logique à un groupe, nous pouvons dire qu’une culture qui se perçoit comme opprimée ne voit pas sa vigueur ni son endurance et elle résiste mal aux obstacles. Si une culture veut survive, ses membres doivent se savoir forts et voir dans leur passé des preuves de force. Nous avons hérité des voyageurs la capacité de dire, « Si mes ancêtres pouvaient surmonter de grands défis, j’en suis capable moi aussi. » Quel bel héritage.

En somme, je ne nie pas l’existence de l’oppression, mais il faut éviter les réponses faciles qui proviennent d’une idéologie. Elles sont incomplètes et biaisées. Malgré la tentation de voir l’oppression partout, il est souhaitable de chercher des exemples de gens qui surmontent des difficultés et nous en trouvons parmi les voyageurs. Ils ont développé une culture d’endurance et leurs exploits étonnent encore de nos jours. Les voyageurs et leurs caractéristiques servent de contrepoids à l’idée que les Canadiens français soient un peuple opprimé. Les gens qui poursuivent des aventures, grandes ou petites, développent des capacités et des traits qui les immunisent contre la mentalité de victime. L’aventure est la forge dans laquelle ils deviennent débrouillards, capables et autonomes.

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