Skip Navigation
Festival Cinergie 2024
Dominique Liboiron

L’Aventure : pour se protéger d’une idéologie toxique

Un continent exploré par les rivières

Un continent exploré par les rivières

Le fait que leurs ancêtres ont pu traverser ce vaste pays en canot inocule les Canadiens-Français contre l’idée qu’ils sont opprimés. Sans doute, l’histoire nous démontrent que les Canadiens-Français ont été opprimés à certains moments, mais il faut voir l’autre côté de la médaille. L’histoire démontre également que les Canadiens-Français ont développé une force de caractère pour affronter les défis du pays.

Photo Dale Sanders

Dans ma dernière chronique, nous avons rencontré quatre aventuriers fransaskois. Ils ont expliqué comment l’aventure a enrichi leur vie. Je veux revenir sur le sujet de l’aventure, mais cette fois-ci pour parler de son importance politique. D’après moi, l’aventure protège les gens d’une idéologie politique trop simpliste et même toxique.

D’abord, commençons avec la définition du mot « idéologie ». Selon le dictionnaire Larousse, une idéologie est un « système spéculatif vague et nébuleux. » En d’autres mots, une idéologie est une vision incomplète d’un sujet. De nos jours, l’idéologie postmoderne domine le monde universitaire et, grâce aux gouvernements néo-démocrates et libéraux, perce dans la sphère politique. Née du communisme, l’idée à la base de la pensée postmoderne est que les rapports entre les êtres humains sont des rapports de force. Autrement dit, les gens sont soit opprimés ou oppresseurs.

Si vous n’avez jamais entendu parler de l’idéologie postmoderne, ne vous en faites pas. Vous avez sûrement entendu les propos qui en sortent. Par exemple, nous entendons que ce sont toujours les hommes qui oppriment les femmes et qu’au Canada, ce sont toujours les anglophones qui oppriment les francophones. Le monde se divise donc en deux camps : les opprimées ou les oppresseurs. Voilà la pensée postmoderne. Cette vision « noir et blanc » ne résiste pas à la raison. Les relations entre les humains sont beaucoup plus complexes et nuancées. Vous n’avez qu’à penser aux exemples tirés de votre propre vie.

Est-ce que l’oppression existe ? Oui, sans aucun doute. Et nous devons en être constamment conscients. De plus, nous devons reconnaitre qu’il existe de l’oppression dans les deux sens et à l’intérieur des mêmes catégories. Mais nous ne devons pas nous fixer sur l’oppression pour ne plus voir les exemples du contraire. Voilà le danger de l’idéologie – elle n’offre qu’un point de vue, et ce point de vue est incomplet. Une idéologie ne permet pas de voir toute la réalité.     

Dans le contexte canadien-français, il n’est pas difficile de penser à des exemples d’oppression, surtout sur le plan linguistique, religieux, éducatif ou économique. Cependant, il faut voir l’autre côté de la médaille. Ne cherchons pas seulement le Canadien français aliéné. Cherchons également le Canadien français qui est à l’épreuve du défi : le voyageur.

Hardis, forts et trapus, les voyageurs devaient traverser notre vaste pays en une courte période de temps. Face au vent, au froid, aux intempéries et aux portages ardus, ils étaient constamment en péril. Mais, année après année, les voyageurs surmontaient les obstacles et les difficultés. De plus, ils faisaient preuve d’un grand optimisme et ils chantaient pendant les étapes difficiles de leurs voyages. Certains diront que les voyageurs étaient opprimés par leurs patrons anglophones qui payaient de pauvres gages. Cette idée contient une part de vérité. Malgré leur travail dangereux et exigeant, les voyageurs ne sont pas devenus riches, mais ils ont participé à des aventures qui ont développé des traits de caractère qui, selon moi, auraient résisté à l’idéologie postmoderne.

L’esprit d’aventure que les voyageurs incarnaient existe toujours. Évidemment, je n’ai jamais parlé avec un véritable voyageur de l’époque de la traite des fourrures. Cependant, j’ai passé en entrevue plusieurs aventuriers modernes : des gens qui ont suivi le même trajet que les voyageurs d’antan et d’autres qui détiennent des records Guinness grâce à leurs aventures. Je connais également beaucoup de personnes dont les aventures se limitent à du canot, du camping ou du ski de fond en fin de semaine. Peu importe l’ampleur de leur aventure, les aventuriers doivent tous combattre des obstacles tels que la distance, la faim, le climat ou la limite de l’endurance humaine. L’aventurier est quelqu’un qui surmonte des défis. L’aventure devient ainsi un moyen de développer des traits de caractère tels que la débrouillardise, la confiance en soi et la compétence. Bref, par définition, un aventurier n’est pas quelqu’un qui se pense opprimé.

Une personne qui se voit en tant que victime n’a pas l’habitude de voir ses forces. Si nous appliquons cette logique à un groupe, nous pouvons dire qu’une culture qui se perçoit comme opprimée ne voit pas sa vigueur ni son endurance et elle résiste mal aux obstacles. Si une culture veut survive, ses membres doivent se savoir forts et voir dans leur passé des preuves de force. Nous avons hérité des voyageurs la capacité de dire, « Si mes ancêtres pouvaient surmonter de grands défis, j’en suis capable moi aussi. » Quel bel héritage.

En somme, je ne nie pas l’existence de l’oppression, mais il faut éviter les réponses faciles qui proviennent d’une idéologie. Elles sont incomplètes et biaisées. Malgré la tentation de voir l’oppression partout, il est souhaitable de chercher des exemples de gens qui surmontent des difficultés et nous en trouvons parmi les voyageurs. Ils ont développé une culture d’endurance et leurs exploits étonnent encore de nos jours. Les voyageurs et leurs caractéristiques servent de contrepoids à l’idée que les Canadiens français soient un peuple opprimé. Les gens qui poursuivent des aventures, grandes ou petites, développent des capacités et des traits qui les immunisent contre la mentalité de victime. L’aventure est la forge dans laquelle ils deviennent débrouillards, capables et autonomes.

Print
17753

Dominique LiboironDominique Liboiron

Other posts by Dominique Liboiron
Contact author

Contact author

x
Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Ronald Ajavon du Conseil des écoles fransaskoises est reconnu parmi les 10 personnalités influentes de la francophonie canadienne de 2021.

Monday, January 3, 2022/Author: Francopresse/Number of views (6730)/Comments (0)/
Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

La Fédération des communautés francophones et acadiennes craint désengagement du fédéral de sa responsabilité de protéger l'éducation de la petite enfance en français. 

 

Friday, December 17, 2021/Author: Inès Lombardo – Francopresse /Number of views (7770)/Comments (0)/
Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

L’intégration des élèves allophones, de plus en plus nombreux, représente un défi pour les écoles francophones en milieu minoritaire. 

Thursday, December 16, 2021/Author: Marine Ernoult – Francopresse/Number of views (6397)/Comments (0)/
Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

La Cité universitaire francophone de Regina organisait une table ronde sur la communauté fransaskqueer, du nom d’un projet d’études sur l’identité et les expériences queer et trans des Fransaskois.

Sunday, November 28, 2021/Author: Estelle Bonetto – IJL-Réseau.Presse /Number of views (9631)/Comments (0)/
Éducation francophone : Me  Roger Lepage décortique l’article 23

Éducation francophone : Me Roger Lepage décortique l’article 23

Me Roger Lepage nous explique que la francophonie canadienne en situation minoritaire revient de loin en matière d’éducation en français.

Sunday, November 21, 2021/Author: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Number of views (9890)/Comments (0)/
Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Le Rendez-vous fransaskois qui avait lieu du 1er au 7 novembre touchait un sujet sensible et urgent : l’éducation. Dans cet article, vous trouverez un résumé des discussions qui ont eu lieu à ce sujet.

Saturday, November 13, 2021/Author: Marie-Lou Bernatchez/Number of views (9063)/Comments (0)/
Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Le Conseil culturel fransaskois a publié un troisième guide pédagogique consacre à Joseph-Marc Lebel, alias Jean Féron, l’un des joyaux les plus méconnus de la littérature francophone de l’Ouest.

 

Monday, November 1, 2021/Author: Estelle Bonetto/Number of views (8637)/Comments (0)/
Des balados en français pour les écoles

Des balados en français pour les écoles

Le Conseil culturel fransaskois a dévoilé son projet déCLIC, une série de balados éducatifs qui explore la construction langagière, identitaire et culturelle en Saskatchewan.

Monday, October 25, 2021/Author: Leslie Diaz/Number of views (7293)/Comments (0)/
Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

La création d’un système public pancanadien de garderies à 10 $ améliorera le sort des parents canadiens, mais les francophones en situation minoritaire s’inquiètent du manque de places de garderie pour eux malgré tout.

Friday, October 8, 2021/Author: Marine Ernoult – Francopresse/Number of views (7882)/Comments (0)/
Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Apprenez-en plus sur les deux nouveaux établissements de la petite enfance francophones qui ont ouvert leurs portes récemment à Saskatoon.

Thursday, October 7, 2021/Author: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Number of views (8609)/Comments (0)/
Une Journée d’orientation scolaire réussie

Une Journée d’orientation scolaire réussie

La Journée d’orientation scolaire du SAIF-SK pour les nouveaux arrivants a attiré plus d’une quinzaine de familles francophones et non francophones.

Monday, September 6, 2021/Author: Mehdi Jaouhari/Number of views (9622)/Comments (0)/
Projet de loi 96 : quel impact pour les étudiants fransaskois ?

Projet de loi 96 : quel impact pour les étudiants fransaskois ?

Le gouvernement québécois veut rapprocher la francophonie canadienne et québécoise, notamment en réduisant les frais de scolarité des programmes universitaires et collégiaux offerts en français. 

Monday, June 14, 2021/Author: Emmanuel Masson/Number of views (13614)/Comments (0)/
Une troisième école élémentaire déjà en pourparlers à Regina

Une troisième école élémentaire déjà en pourparlers à Regina

Depuis l’automne 2018, l’école du Parc de Regina accueille quelque 200 enfants francophones dans l’attente de l’ouverture d’un établissement flambant neuf d’ici septembre 2023.

Friday, June 11, 2021/Author: Lucas Pilleri – IJL-Réseau.Presse/Number of views (13038)/Comments (0)/
Assemblée des députés communautaires: du PDG à l’Académie Rivier

Assemblée des députés communautaires: du PDG à l’Académie Rivier

Pour la deuxième fois cette année, les députés de l’Assemblée communautaire fransaskoise se sont réunis en ligne pour discuter des enjeux touchant la fransaskoisie.

Friday, June 11, 2021/Author: Emmanuel Masson – IJL-Réseau.Presse/Number of views (15482)/Comments (0)/
Les Fransaskois de Saskatoon se préparent à recevoir une nouvelle école élémentaire

Les Fransaskois de Saskatoon se préparent à recevoir une nouvelle école élémentaire

D’ici 2025, les francophones de la ville des ponts sont consultés pour identifier leurs besoins en infrastructure en vue de la construction d'une nouvelle école élémentaire.

Thursday, May 27, 2021/Author: Emmanuel Masson – IJL – Réseau.Presse/Number of views (14342)/Comments (0)/
RSS
124678910Last

 - Wednesday 8 May 2024