Skip Navigation
Festival fransaskois 2024
Estelle Bonetto
/ Categories: Arts et culture, Musique

Fred Pellerin vient faire rouler ses dés en Saskatchewan

Image
Marie Thérèse Hébert & Jean Robert Thibault / Flickr

Le 6 novembre prochain, le célèbre conteur et chanteur québécois Fred Pellerin fera un saut de géant à la salle The Artesian de Regina. Dans le cadre du Rendez-vous fransaskois, il présentera son spectacle Un village en trois dés, véritable voyage au centre de sa terre natale. Rencontre avec un artiste pluriprojets qui n’en est pas à son premier mot et qui est loin d’avoir dit son dernier.

Le décor narratif de vos contes est planté dans votre village natal de Saint-Élie-de-Caxton, en Mauricie, une région du Québec. Pourquoi le public s’identifie-t-il à vos personnages selon vous ?

Je ne pensais jamais un jour vivre de ça, je ne pensais jamais que les gens s’intéresseraient à mes histoires, parce que je racontais l’histoire de mon village. Mais finalement, il y a quelque chose d’universel là-dedans. 

« Il y a quelque chose d’universel dans mes histoires. »

Je me suis retrouvé à conter mes histoires à Kingston, en Jamaïque, en Suisse, en Belgique, au Yukon, bientôt en Tunisie, et à chaque fois je me demande si ça va se rendre ! 

Je parle de Méo le coiffeur, de la postière, de Toussaint Brodeur qui vendait de la bière illégale, et tout le monde se tape sur les cuisses, ils se reconnaissent dans les personnages.

Fred Pellerin
Le conteur Fred Pellerin est de passage en Saskatchewan à l’occasion du Rendez-vous fransaskois avec son spectacle Un village en trois dés.
Crédit : Marie-Reine Mattera

Il y a les histoires qui touchent la corde sensible des gens, mais aussi la langue, le parler métaphorique et poétique qui est votre marque de fabrique.

J’aime faire parler la langue de tous les jours. Je pense que j’arrive à créer une poésie à partir de cette langue-là et qu’elle trouve écho, peut-être encore plus en milieu minoritaire. Les gens se reconnaissent dedans.

J’aime faire parler la langue de tous les jours.

Vous faites beaucoup voyager vos spectacles, notamment en France. Comment votre langue est-elle perçue sur le Vieux Continent ?

J’ai fait plus de 100 voyages en France et je ne modifie pas un mot dans mes spectacles. Avec le temps, j’ai fini par savoir instinctivement ce que les Français ne comprennent pas. Je travaille sans texte, alors quand je raconte et que j’arrive à ce mot-là, je sais qu’ils ne vont pas le comprendre, et je leur donne un équivalent dans mes mots à moi. 

La compréhension est entière, personne ne sort sans avoir tout compris. Puis, ça les étonne cette liberté-là que je me donne de monter sur scène sans texte, car en France, il y a une très forte culture du texte et de l’auteur.

Revenons sur le spectacle Un village en trois dés que vous allez présenter à Regina dans le cadre du Rendez-vous fransaskois. Quels sont les thèmes que vous aborderez ?

Je raconte des contes, mais j’aime bien poser des questions, faire réfléchir. Ce spectacle, je l’ai bâti sur l’affaire de l’existence collective. On est beaucoup dans le « connais-toi toi-même », « travaille sur ton bonheur personnel pour ensuite aider les autres ». Moi je vis au « nous », je parle au « on ». Ma psy m’a dit un jour : ‘Ton devoir cette semaine, ça va être d’essayer de parler au « je »’ !

Mais j’aime ça travailler à la collectivité, au groupe. Je trouve que les gestes portent quand ils trouvent résonance dans le groupe, la collectivité et la communauté. À partir de quand un groupe existe-t-il collectivement ? À partir de quand est-on un village ? Celui de Saint-Élie-de-Caxton a commencé à exister le 12 avril 1865. Ça veut dire que la veille, tout le monde était là, mais que c’était pas encore un village ! À partir de quand la somme des « je » devient-elle un « nous » ?

les gestes portent quand ils trouvent résonance dans le groupe

D’un spectacle à l’autre, comment renouvelez-vous votre inspiration ?

À chaque fois, j’arrive avec une réflexion à approfondir, puis je jette ça dans l’univers de Saint-Élie-de-Caxton. J’habite toujours ce village-là ! Ça fait ressortir des personnages, des anecdotes. Pour moi, ce n’est pas une limite. Au contraire, c’est un tremplin. 

Les personnages, je les connais, je peux même aller questionner leurs descendants. Pis là, un peu à la mode Star Wars, c’est le dernier épisode, le spectacle 6, qui raconte la genèse du village.

J’ai aussi plein de projets qui peuvent sembler épars, mais qui me font tous retrouver de la poésie. J’ai planté de l’orge, j’ai un projet de truffière, des documentaires, un livre jeunesse, des capsules pour Radio-Canada. C’est toujours le même procédé, comme un alambic qui me permet de tirer un alcool fin du grand jus des conversations quotidiennes.

C’est toujours le même procédé, comme un alambic qui me permet de tirer un alcool fin du grand jus des conversations quotidiennes.

Le concept de « village » tient une place centrale dans votre œuvre. Pourquoi ?

Un quartier est un village, une place est un village. Le village existe en nous, chacun des personnages est un bout de nous-mêmes. J’ai appris à chercher de la poésie dans la bouche des gens de mon village et dans tous mes projets.

Avez-vous des affinités avec les « villages » francophones éparpillés aux quatre coins du Canada ?

Chez vous, en milieu minoritaire, la résistance est quotidienne, et il y a une vigueur chez les francos qui est très, très inspirante. 

Je voyage à travers le Canada depuis 2000. La première fois que j’ai débarqué dans l’Ouest, c’était à Edmonton pour travailler avec Roger Dallaire [conteur et musicien] avec qui j’avais monté un duo de contes. Il y a une parenté naturelle entre nous deux. C’est un conteur, mais il y a aussi tout son projet de vie, l’histoire de sa maison, ses aventures en canot, tout ça me rejoint énormément.

Le spectacle de Fred Pellerin a lieu le 6 novembre et est organisé en collaboration entre le Conseil culturel fransaskois et la salle The Artesian.

Print
5256

Estelle BonettoEstelle Bonetto

Other posts by Estelle Bonetto
Contact author

Contact author

x
L’université francophone ontarienne pour 2025?

L’université francophone ontarienne pour 2025?

Gouverne ontarienne, mission canadienne

Le Sommet provincial des États généraux sur le postsecondaire en Ontario français, du 3 au 5 octobre à Toronto, promet de franchir une étape clé dans la création d’une université franco-ontarienne. Un projet qui dépasserait les frontières provinciales.

Sunday, September 28, 2014/Author: Louis-Marie Achille (Francopresse)/Number of views (22979)/Comments (0)/

Rencontre avec Miles Muri, directeur des écoles Sans-Frontière et Père Mercure

M. Miles Muri travaille pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Il a été directeur de l’École secondaire Collège Mathieu à Gravelbourg puis directeur du Centre d’éducation virtuelle et d’innovation (CÉVI) pendant un an avant de devenir directeur des écoles Père Mercure et Sans-Frontières.

Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (24341)/Comments (0)/
Pour une solution à long terme

Pour une solution à long terme

Le CSF et le jugement de la Cour du banc de la reine

Le 19 août dernier, le juge Brian A. Barrington-Foote de la Cour du Banc de la Reine a ordonné au gouvernement de la Saskatchewan de payer la somme de 500 000 $ au Conseil scolaire fransaskois (CSF) qui réclamait 5,2 M $.

Thursday, September 18, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (25364)/Comments (0)/
Le CÉF bénéficie du programme Ordinateurs pour les écoles

Le CÉF bénéficie du programme Ordinateurs pour les écoles

Depuis cinq ans, le Conseil des écoles fransaskoises profite du programme national Ordinateurs pour les écoles (OPE). Créé en 1993 par Industrie Canada et les TelecomPioneers, ce programme a permis, à date, de donner plus de 1 100 000 ordinateurs et imprimantes provenant des administrations publiques et du secteur privé. 
Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (29535)/Comments (0)/
Immersion dans l’immersion

Immersion dans l’immersion

Entrevue avec Paul Bazin, conseiller pédagogique pour toutes les écoles d’immersion publiques de Saskatoon

C’est le temps de la rentrée et on a beaucoup parlé des écoles du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), mais il y a aussi les autres : les écoles d’immersion. Pour faire un point sur ce secteur, nous avons rencontré M. Paul Bazin, conseiller pédagogique pour toutes les écoles d’immersion publiques de Saskatoon.

Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (29115)/Comments (0)/

Notre école

Depuis une semaine, les écoles ont repris leurs activités. Pour les jeunes Fransaskoises et Fransaskois, c’est maintenant une chose normale que d’aller dans une école fransaskoise. Mais il n’y a pas si longtemps, ce n’était pas la réalité.

Thursday, September 11, 2014/Author: Michel Vézina/Number of views (27918)/Comments (0)/
Un enseignement de qualité malgré l’austérité

Un enseignement de qualité malgré l’austérité

Entrevue avec Donald Michaud,  le directeur de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (28660)/Comments (0)/
L’optimisation des compétences et des ressources au service des élèves

L’optimisation des compétences et des ressources au service des élèves

Rencontre avec Dolorèse Nolette

Rencontre avec Dolorèse Nolette, directrice générale de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27219)/Comments (0)/

Une nouvelle année pour le CÉF : Attendre de voir

Un consensus semble atteint par tous les interlocuteurs du CÉF qui prennent maintenant un certain recul après avoir exprimé leurs critiques et veulent laisser les personnes en charge le soin de travailler à l’amélioration de son fonctionnement.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27804)/Comments (0)/
Quelle année scolaire pour les écoles du CÉF?

Quelle année scolaire pour les écoles du CÉF?

On se souvient d’un commentaire de Francis Potié, directeur général de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), à propos des coupures de Patrimoine canadien lors d’une table ronde à l’Institut français. « Tout ne va pas si mal. » Il me semble qu’il pourrait aussi bien s’appliquer à la « crise » qu’est en train de traverser le CÉF.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (30775)/Comments (0)/

Une rentrée comme les autres

C’était l’effervescence au Pavillon secondaire des quatre vents (PSQV) de l’école Laval à Regina en cette matinée de rentrée, mardi 2 septembre.

Thursday, September 11, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (25639)/Comments (0)/

Pourquoi choisir l’école de la minorité?

La rentrée scolaire 2014 ne fera sans doute pas exception. Encore une fois, trop d’enfants de parents ayants droit ne seront pas inscrits à une école francophone. Une tendance qui met en péril l’avenir des communautés francophones en situation minoritaire.

Thursday, September 11, 2014/Author: Lucien Chaput (Francopresse)/Number of views (23010)/Comments (0)/
Nomination à la direction des écoles Beau Soleil et ÉSCM à Gravelbourg

Nomination à la direction des écoles Beau Soleil et ÉSCM à Gravelbourg

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) annonce la nomination de Rosalie Lizée à titre de directrice de l'école Beau Soleil et de l'école secondaire Collège Mathieu (ÉSCM) à Gravelbourg.
Thursday, September 4, 2014/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (27006)/Comments (0)/
Le CÉF restructure ses services face à ses défis budgétaires

Le CÉF restructure ses services face à ses défis budgétaires

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a dévoilé, le 18 août dernier, les détails de la restructuration de ses services éducatifs. Ces changements ont été apportés afin, selon le CÉF, de «mieux répondre aux nouveaux défis qui découlent des compressions budgétaires annoncées en juin 2014. [L]a réorganisation des services voués aux élèves permettra de favoriser la réussite des élèves et l’accompagnement des intervenants dans les écoles. »

Thursday, August 28, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (25951)/Comments (0)/
Jugement dans la crise scolaire fransaskoise

Jugement dans la crise scolaire fransaskoise

La Cour octroie dix fois moins que réclamé

Le juge Barrington Foote de la Cour du Banc de la Reine a ordonné au gouvernement de la Saskatchewan, le 19 août, de payer la somme de 500 000 $ pour renflouer les coffres du Conseil scolaire fransaskois (CSF) pour l’année 2014-2015.

Thursday, August 28, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (28136)/Comments (0)/
RSS
First2324252628303132Last

 - Wednesday 26 June 2024