Dernier tour de table
Photo : Conseil culturel fransaskois (2017)
Muenster - De petits sentiers qui inspirent, des moines presque effacés, un huis-clos de partage et d’ouverture avec des amis inconnus, ce ne sont que quelques éléments fondamentaux de cette retraite à l'abbaye St Peters, du 24 au 26 août. La retraite des écrivains fransaskois, rendue possible par le Conseil culturel fransaskois, fut un petit bijou de créativité et de générosité, dirigée de main de maître par Jacques Lessard, grand homme de théâtre de Québec qui a, entre autres, exercé une influence déterminante sur un autre grand homme de théâtre, Robert Lepage.
Chacun des participant.e.s, écrivain néophyte ou d’expérience, est arrivé avec un projet ou un fragment d’idée, un problème non-résolu ou une source d’inspiration manquante dans une œuvre à retravailler. Maître Lessard a exploité avec brio la problématique de chacun en mettant à profit la créativité et la contribution des autres. Puisque onze têtes valent peut-être mieux qu’une, le désir d’écrire de chacun a été utilisé pour inspirer les autres. Une belle idée avec la réalisation que, malgré le travail et les heures devant une page blanche à venir, tout un chacun porte sa voix (même brute ou en chantier), qu’il est légitime d’écrire dans la perspective de posséder une vision du monde originale et singulière, que chacun possède sa signature, sa petite touche d’humanité qui lui est propre.
Des questions sont toutefois restées en suspend. L’appui à notre littérature suffit-il pour soutenir nos auteurs dans l’éventail des arts fransaskois? Et la mise en valeur de la littérature est-elle suffisante à l’intérieur de cet éventail de créateurs francophones en Saskatchewan?
Plus d’efforts et d’argent devraient être investis dans le développement de l’écriture, c’est du moins ce qui a été soulevé en fin de parcours de l’exercice. En d’autres mots, la part du gâteau allouée au développement de nos écrivain.e.s en herbe, émergent.e.s ou autres, se taille encore à la petite cuillère plutôt qu’au couteau. Comme l’a bien exprimé Jean-Marie Michaud, « il faut se donner les moyens nécessaires pour assurer la répartition équitable de ressources essentielles à la croissance de l’écriture fransaskoise. Son envol nous permettra de nourrir et faire rayonner notre culture à ciel ouvert. »
Heureusement, le nouveau modèle du Conseil des arts du Canada (le CAC) s’annonce prometteur pour amener de nouvelles sources au moulin.
Un merci sincère à tous ces compagnes et compagnons de plume, Madeleine Blais-Dahlem, Sébastien Rock, Jean-Marie Michaud, Ian Nelson, Daniel Paquet, Gabrielle Dufresne, Mychèle Fortin, David Baudemont, Michel Clément, Martine Noël-Maw et Jacques Lessard, formateur émérite de cette cuvée 2017.
«
La retraite annuelle des auteurs fransaskois est peut-être terminée, mais notre animateur, Jacques Lessard, homme de théâtre extraordinaire, aura laissé une trace dans la pratique et le cœur des participants. Merci à Maître Jacques et au Conseil culturel fransaskois pour cette rencontre mémorable. »
Martine Noël-Maw