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Concentration en accès à la justice

Le Théâtre des Trois Oranges, une passerelle entre Paris, Pékin (Beijing) et la Saskatchewan?

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Interdit d’entrée par les douanes canadiennes, le conférencier Xavier Froment était quand même bien présent au Festival découvertes grâce à Skype.

Interdit d’entrée par les douanes canadiennes, le conférencier Xavier Froment était quand même bien présent au Festival découvertes grâce à Skype.

Photo : La Troupe du Jour
Samedi dernier, le 22 mars 2014, la Troupe du Jour (LTDJ) offrait une classe de maître interculturelle en français, anglais et mandarin, en compagnie de l’artiste international invité Xavier Froment. Cette initiative étonnante s’insérait parfaitement dans la programmation variée de son Festival Découvertes, malgré les difficultés rencontrées aux douanes canadiennes. En effet, monsieur Froment, un auteur, traducteur et metteur en scène maintes fois primé, dont la visite était rendue possible grâce au soutien du Programme de visites d’artistes étrangers du Conseil des arts du Canada, s’est vu forcé de rentrer à Paris dès son arrivée en sol canadien; son passeport, émis en Chine, ne pouvant être authentifié par les autorités. Heureusement, l’Internet et sa présence virtuelle sur grand écran, via Skype, nous ont permis de le rencontrer dans la bonne humeur et de découvrir la réalité de la création théâtrale contemporaine de sa compagnie.

Fondé à Pékin en 2003, à l’initiative de jeunes artistes français et chinois, le Théâtre des Trois Oranges offre des spectacles en chinois d’une grande variété, allant du théâtre traditionnel en salle, aux sketchs et saynètes humoristiques de genre café-théâtre (une nouveauté en Chine), présentés dans les lieux publics, parcs, usines, universités, galeries d’art, etc.

Tous les thèmes sont abordés, malgré la censure omniprésente. On apprenait, par exemple, qu’il leur est possible de déjouer les autorités en soumettant à l’avance leurs textes et une vidéo de leurs créations qui diffèrent de ce qui est présenté devant public.

Un pont culturel s’est également établi depuis 2009 entre la France et la Chine en présentant en français à Paris, et plus récemment au prestigieux Festival d’Avignon, de nouvelles productions originales. Certaines sont même offertes en parallèle dans les deux pays depuis l’an dernier. On se prend à rêver d’y ajouter Saskatoon.

L’intérêt était palpable au Centre de Production de LTDJ pendant la durée de cet échange. Plusieurs représentants de la communauté chinoise de Saskatoon y prenaient part. Cette dernière, qui s’élève à plus de dix milles personnes, sur trois générations, pourrait s’ouvrir un jour à notre théâtre grâce à la magie des surtitres. La Fondation canadienne pour le dialogue des cultures, qui a collaboré à la mise sur pied de cet échange, s’en réjouirait tout autant que nous. Saluons les efforts de LTDJ à rapprocher nos communautés. Cette ouverture sur le monde ne peut que nous être bénéfique.

La rencontre s'est déroulée au Studio 914, à trois pas d'un des plus anciens quartiers chinois de l'Ouest canadien.

En 1912, et ce pour de nombreuses années, la Saskatchewan avait interdit aux personnes caucasiennes de travailler dans des blanchisseries ou restaurants appartenant à des Chinois, installés en grand nombre dans la province afin de fournir de la main d’œuvre nécessaire à la construction du chemin de fer pancanadien.

Cent ans plus tard, la Saskatchewan vit actuellement un boom économique provoquant une importante croissance démographique. Plusieurs artistes professionnels, toutes disciplines confondues, de la diaspora chinoise habitent maintenant en Saskatchewan. L'artiste visuelle Jinzhe Cui a exposé ses oeuvres sur la scène principale lors du Festival découvertes, dont ses magnifiques bannières à l'encre de Chine.