« Bonsoir Regina! Quel plaisir d’être ici. C’est la deuxième fois que je viens à Regina. La première fois c’était l’Halloween, vous étiez tous déguisés. Alors, aujourd’hui, je suis un peu déçu ». Tout le public du Carrefour des Plaines éclate de rires.
Un sourire espiègle, un humour décapant, un talent évident, mercredi 29 octobre, les Fransaskois de Regina tombent tout de suite sous le charme de l’artiste Damien Robitaille. Comment pouvait-il en être autrement? Le sens artistique, il l’a dans la peau.
Invité par l’Association canadienne française de Regina (ACFR), de concert avec le Conseil culturel Fransaskois (CCF), dans le cadre du festival Coup de cœur, il est 21 h 20, quand le jeune prodige fait son entrée sur le podium, devant un auditoire alléché.
« Donc, je vous connais, poursuit Damien, mais vous ne me connaissez pas. J’ai 33 ans, je viens d’un petit village de l’Ontario qui s’appelle Lafontaine. Pour que vous puissiez mieux me connaître, j’ai composé une chanson ». Celui qui a été nominé au Juno awards, enclenche le tempo pour chanter Mambo métissé, tiré de son album Omniprésent.
« Mon père est Canadien, Amérindien, Francophone... ma mère est Russe, Allemande, américaine anglophone...Et moi je suis... ». Toute la foule répond en cœur « le résultat ». « Ton père est Égyptien, japonais et Danois, ta mère est colombienne, mais elle fait du bon pâté chinois… » Une fois de plus la foule reprend en cœur, « Et toi, tu es le résultat… ».
Après une demi-heure, le concert ressemble à une soirée entre amis, au chaud, autour de la cheminée. « Comment s’appelle celle qui m’a présentée? » demande Damien. Audrey, crie la foule. Alors, il se met à fredonner une chanson en l’honneur d’Audrey. Quelqu’un dans le public lance : « Elle est mariée! », tout le monde rit à souhait. « Moi aussi, je suis marié », rétorque l’auteur de Porc-épic, la chanson qui fait fureur auprès des jeunes de l’école Mgr de Laval. De blagues en boutades, une profonde amitié se tisse entre Damien et son public réginois.
Deux heures plus tard, avant de se dire au revoir, entre amis, on se fait des confidences. « Dans ma carrière, mon public a beaucoup changé, confie celui qui a étudié le piano classique dès l’âge de huit ans. Au début, il n’y avait personne [la salle se tort de rires]. Et ça duré sept ans. Ensuite, deuxième phase, j’ai laissé pousser la moustache. À ce moment, mon public c’étaient les mamans. Enfin, aujourd’hui, mon public est cool ». Un clin d’œil aux Fransaskois. Ils ont compris le message.
Sarah Harvey
En fait, la soirée a débuté à 20 h 30 avec Sarah Harvey, une autre jeune pousse franco-ontarienne « qui a trouvé sa voix d’artiste dans les plaines de la Saskatchewan », selon les termes de Jessica Chartier, directrice générale de l’ACFR. Elle gratte la guitare avec dextérité et humilité, obligeant le public à l’écouter dans un silence quasi religieux. On dirait un ange sur scène. C’est sans complexe qu’elle s’est produite en première partie de soirée, achevant sa belle prestation avec une chanson en parfaite accord avec son charisme : « Me voici en territoire inconnu, j’ai beau chercher mes clés, voilà la porte fermée pour de bon. Tu as perdu le temps de demander pardon. Tu as perdu mon amour... ». Elle a été longuement applaudie.