Skip Navigation
Festival Cinergie 2024

La hausse du cout de l’essence inquiète les agriculteurs de l’Ouest

Image
Crédit : Sharon Rosseels – Unsplash

FRANCOPRESSE – Le cout de l’essence a augmenté de 32,8 % entre septembre 2020 et 2021, selon une publication de Statistique Canada. La situation affecte le secteur de la production agricole partout au pays, déjà durement touché par la pandémie. Des agriculteurs de l’Ouest tentent tant bien que mal de joindre les deux bouts.

« On a besoin d’énergie pour la production d’à peu près tous les biens » explique Sébastien Pouliot, économiste supérieur chez Financement agricole Canada (FAC). 

Sébastien Pouliot
Sébastien Pouliot, économiste supérieur chez Financement agricole Canada.
Crédit : Courtoisie Financement agricole Canada

L’essence et les énergies fossiles sont entre autres utilisées dans le fonctionnement des machineries, mais aussi dans le système de chauffage de certains bâtiments. 

«On voit à présent que ça commence à se répercuter dans les couts de production au Canada en ce qui concerne l’agriculture, ajoute Sébastien Pouliot. Il va y avoir un effet si on calcule les marges de profit en agriculture. Donc, c’est une des catégories de cout direct […], mais c’est aussi indirectement, car ça affecte d’autres produits.» 

Selon Statistique Canada, à Regina, en Saskatchewan, le cout de l’essence est passé de 109,8 cents par litre en janvier 2020 à 131,8 cents par litre en août 2021. Pour Edmonton, en Alberta, le cout est passé de 98,8 cents par litre en janvier 2020 à 132,3 cents par litre en aout 2021.

Cette hausse non négligeable affecte les budgets d’exploitations des agriculteurs de la région.

Pour Paul Hounjet, producteur céréalier à Saint-Denis, en Saskatchewan, «c’est peut-être 10 % de mon budget, l’essence. L’augmentation de l’essence va faire mal. Ça va affecter tout le monde […] ça va affecter la nourriture, ça va affecter le chauffage, ça va affecter ta voiture. C’est un prix qui est pas très réaliste».

L’impact de la hausse du cout de l’énergie dans les Prairies

Paul Hounjet
Paul Hounjet est producteur céréalier à Saint-Denis, en Saskatchewan.
Crédit : Site Web Assemblée communautaire fransaskoise

Pour l’année en cours, les agriculteurs de l’Ouest ont pu échapper aux dernières hausses majeures juste avant les récoltes, selon Sébastien Pouliot. «Étant donné que les cultures sont terminées, les plus récentes hausses de prix ont des effets moins importants. Mais dans d’autres secteurs, d’autres provinces — comme en Ontario, au Québec — on a toujours la récolte pour le soya [qui s’est terminée en octobre, NDLR]. Les effets sont plus faciles à constater», explique-t-il.

Près de Lethbridge, en Alberta, Kevin Serfas est producteur bovin et céréalier. Il remarque déjà l’incidence de la hausse du prix de l’essence sur son budget : «Nous travaillons avec de petites marges [financières] au départ. Et maintenant, elles sont beaucoup plus petites.» 

«Il s’agit d’un marché mondial ; nous ne vendons pas à l’utilisateur final, nous vendons aux usines de concassage. Nous devons supporter le prix de ce cout et réduire la marge pour l’éliminer», précise-t-il.

Paul Hounjet craint pour sa part que la hausse du prix de l’essence ne vienne s’ajouter aux difficultés imposées par la sècheresse au cours des derniers mois dans l’Ouest. «Nos récoltes ont été jusque 400 % moins que normal […] C’est dû à la sècheresse. Les récoltes de lin et de canola ont été très pauvres. Je n’ai jamais vu ça de ma vie». 

Il espère que le gouvernement viendra en aide aux agriculteurs afin de combler le manque à gagner : «Il y a les assurances du gouvernement qui, on espère, vont nous aider. On paie depuis des années ces assurances récolte qu’on n’a pas utilisées. On espère qu’ils vont nous aider cette année, parce qu’on n’est pas à profit.»

Kevin Serfas précise que l’utilisation de l’essence s’applique à de nombreuses sphères de la production agricole : «Nous avons besoin de l’essence pour planter et nourrir les bœufs, alors nous avons des machines que nous utilisons tous les jours. Le pourcentage de l’utilisation de l’essence par rapport à mon budget global est significatif.»

L’impact sur les consommateurs

Kevin Serfas
Kevin Serfas est producteur bovin et céréalier près de Lethbridge, en Alberta.
Crédit : Twitter Kevin Serfas

Ultimement, explique Sébastien Pouliot, c’est le consommateur qui paiera la facture de l’impact de l’augmentation du prix de l’essence sur la production agricole. 

«Ce qu’on mange à l’épicerie, ce ne sont pas des produits agricoles bruts. Il y a beaucoup de transformation qui se fait, donc beaucoup de valeur à ajouter par la suite. La hausse des prix que l’on voit à la ferme se répercute et est diluée encore par la transformation et à d’autres étapes de la chaine. Ces étapes de la chaine ont aussi des couts en énergie, donc c’est certain que quand les prix de l’énergie augmentent, ça affecte les prix de la nourriture aussi», élucide l’économiste. 

Il est plutôt pessimiste quant à un retour à la normale des prix à court terme : «On peut s’attendre à ce que les prix de l’énergie, selon l’information du marché que l’on a présentement, diminuent. Mais ça ne sera pas de grosses diminutions dans les futures années. […] À cause de la COVID-19, ça va prendre du temps avant qu’on retrouve les capacités de production», évalue-t-il.

Des solutions envisageables?

L’utilisation de l’essence dépasse le fonctionnement de la machinerie, ajoute Sébastien Pouliot. «Il y a toujours besoin d’un peu de chauffage dans certains bâtiments, surtout dans les journées plus froides. Je crois que dans le secteur du bétail et même du lait, le besoin de chauffage n’est pas énorme, car les animaux génèrent suffisamment de chaleur pour réchauffer les bâtiments. Pour les animaux plus petits, quand on parle du poulet par exemple, il faut réchauffer le bâtiment, donc ça va affecter les couts de production à l’hiver. […]. En agriculture en général, il faut penser aussi aux serres, donc à la production de végétaux en serres.» 

L’économiste note que certains producteurs utilisent des sources d’énergie alternatives comme la vapeur, la récupération du méthane ou la récupération de la chaleur produite par d’autres industries environnantes pour chauffer les bâtiments. Pour le secteur du transport et de la machinerie dans l’industrie agricole, les technologies vertes ne sont toutefois pas chose courante. 

Kevin Serfas rappelle que, contrairement à la vie urbaine, l’intégration des énergies vertes n’est pas très répandue dans le milieu agricole. «Dans le Canada urbain, comme Montréal, Toronto, Calgary ou Vancouver, il y a des options pour les personnes qui ne veulent pas conduire leurs voitures. Il y a le transport en commun, le covoiturage, il y a différentes options. Dans le Canada rural, cela ne fonctionne pas. Nous devons conduire 50 km pour acheter de la nourriture. Nous comptons sur cela et nous avons le sentiment d’être injustement perçus pour notre utilisation».

Imprimer
5859

Clémence Grevey – FrancopresseFrancopresse

Autres messages par Clémence Grevey – Francopresse
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Au CÉF, l’école se veut communautaire et citoyenne !

Au CÉF, l’école se veut communautaire et citoyenne !

Entretien avec Ronald Ajavon, directeur général du Conseil des écoles fransaskoises

Le CÉF travaille à établir un modèle unique d’école communautaire citoyenne en Saskatchewan. Il vise à favoriser à la fois la réussite des élèves et l’épanouissement des communautés.

19 novembre 2019/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (23103)/Commentaires (0)/
École et descendance française : Les francophones doivent-ils se satisfaire du minimum?

École et descendance française : Les francophones doivent-ils se satisfaire du minimum?

Une semaine après que les Franco-Colombiens aient demandé de meilleures écoles devant la Cour Suprême…

2 novembre 2019/Auteur: Réjean Paulin/Nombre de vues (22594)/Commentaires (0)/
Sciences infirmières : un examen national décrié par les francophones

Sciences infirmières : un examen national décrié par les francophones

Le NCLEX (National Council Licensing Examination) fait trembler bien des candidats francophones au programme de sciences infirmières. Si dans sa version anglaise plus de 80 % d’entre eux réussissent au niveau national, le taux de réussite tombe à 30 % pour les candidats en français.

31 octobre 2019/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (27459)/Commentaires (0)/
Une communauté dévouée pour son école

Une communauté dévouée pour son école

Un nouveau terrain de jeu pour l'École Providence de Vonda

Grâce à la mobilisation des parents, du personnel et de la ville, l’École Providence de Vonda s’est paré d’un terrain de jeu flambant neuf pour le plus grand plaisir des enfants.

23 septembre 2019/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (29994)/Commentaires (0)/
Coup d'oeil sur l'École Mgr de Laval de Regina

Coup d'oeil sur l'École Mgr de Laval de Regina

L’école Monseigneur de Laval, Pavillon secondaire des Quatre Vents à Regina, n’a rien à envier aux établissements de la majorité.

23 septembre 2019/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (23718)/Commentaires (0)/
La langue michif au programme d'une école de Saskatoon

La langue michif au programme d'une école de Saskatoon

Un programme offert de la maternelle à la 3e année

SASKATOON - Les étudiants de la maternelle à la 3e année de l’école St. Michael Community School à Saskatoon auront l’occasion de suivre le premier programme d’apprentissage de la langue michif offert dans la ville et l’un des deux seuls programmes à l’échelle de la province.

15 septembre 2019/Auteur: Jean-Philippe Deneault/Nombre de vues (26012)/Commentaires (0)/
Retrouvailles au Collège Mathieu

Retrouvailles au Collège Mathieu

45 ans après avoir terminé leurs études au Collège Mathieu d'anciens élèves se sont rencontrés à Gravelbourg.

 

29 août 2019/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (26581)/Commentaires (0)/
Portraits de professeurs francophones de l’Université de la Saskatchewan

Portraits de professeurs francophones de l’Université de la Saskatchewan

SASKATOON - Sur près de 1 200 professeurs à l’Université de la Saskatchewan, on compte une vingtaine de francophones. L'Eau vive en a rencontré six.

21 juillet 2019/Auteur: Jean-Philippe Deneault/Nombre de vues (27673)/Commentaires (0)/
Amélie Boutin, diplômée de l'École canadienne-française de Saskatoon

Amélie Boutin, diplômée de l'École canadienne-française de Saskatoon

Née à Saskatoon, Amélie a effectué tout son parcours scolaire à l’École canadienne-française, depuis la garderie jusqu’à la 12e année. Elle part maintenant étudier les sciences en français à l’Université d’Ottawa.

19 juillet 2019/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (24672)/Commentaires (0)/
Quand les jeunes s’investissent pour la science !

Quand les jeunes s’investissent pour la science !

Remise des prix Expo-science 2019

REGINA - Le 20 juin dernier, à l’école Monseigneur de Laval de Regina, on a pu assister à un spectacle de chansons, de danses concocté par les classes de 3e année,ainsi qu'à la remise des prix aux gagnants de l’Expo-sciences qui s‘était déroulée au début du mois.

16 juillet 2019/Auteur: Linda Morales/Nombre de vues (25335)/Commentaires (0)/
Deux enseignants reconnus pour leur engagement sportif

Deux enseignants reconnus pour leur engagement sportif

Terry Gaudet et Michel Forest honorés par la Saskatchewan High Schools Athletic Association

Terry Gaudet et Michel Forest, enseignants respectivement à l’École St-Isidore à Bellevue et à l’École Mathieu de Gravelbourg, ont chacun reçu le Prix du service de la Saskatchewan High Schools Athletic Association (SHSAA). Ces récompenses viennent souligner l’implication remarquable des deux instituteurs pour le sport à l’école.

13 juillet 2019/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (27557)/Commentaires (0)/
Une foire des sciences totalement en français

Une foire des sciences totalement en français

Expo-sciences à Mgr de Laval

REGINA - Le jeudi 6 juin 2019 avait lieu la foire des sciences de l’école Monseigneur de Laval. Les élèves de la 3e et de la 5e année étaient présents pour exposer leurs projets de recherche. 

22 juin 2019/Auteur: Linda A. Morales/Nombre de vues (26143)/Commentaires (0)/
Une première cohorte de juristes obtient des certifications en français

Une première cohorte de juristes obtient des certifications en français

SASKATOON - Pour la première fois, cinq étudiantes de l’Université de la Saskatchewan ont reçu ce 5 juin à Saskatoon une certification de common law en français de l’Université d’Ottawa. 

21 juin 2019/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (30191)/Commentaires (0)/
62,6 millions de dollars pour lutter contre la pénurie d’enseignants

62,6 millions de dollars pour lutter contre la pénurie d’enseignants

VANCOUVER - Le lundi 13 mai 2019, la ministre des Langues officielles Mélanie Joly a annoncé une stratégie nationale de recrutement et de rétention des enseignants francophones.

4 juin 2019/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (32808)/Commentaires (0)/
Lettre du président de la SCFPA: Déménagement à l’Académie Rivier

Lettre du président de la SCFPA: Déménagement à l’Académie Rivier

Malgré le fait que l’édifice des Sœurs de la Présentation de Marie ait été construit dans les années 1960, sauf la piscine (années 1980), il s’agit d’une occasion de créer, au-delà du concept de centre scolaire communautaire, un pôle d’attraction et de développement unique en Saskatchewan et dans l’Ouest canadien.

25 avril 2019/Auteur: Michel Dubé/Nombre de vues (27438)/Commentaires (0)/
RSS
Première45679111213Dernière

 - lundi 6 mai 2024