Skip Navigation
Quand le télétravail devient la norme dans les organismes francophones
Camille Langlade – Francopresse
/ Catégories: Société

Quand le télétravail devient la norme dans les organismes francophones

FRANCOPRESSE – Depuis la pandémie, le télétravail s’est largement développé, notamment au sein des organismes francophones. Certaines équipes travaillent même entièrement à distance, depuis une autre province. Une situation qui comporte ses avantages, mais aussi ses défis.

​Sur le site Internet du Comité FrancoQueer de l’Ouest, section «Contact», la transparence est de mise : «L’équipe du Comité FrancoQueer de l’Ouest œuvre en télétravail.»

Si le siège de l’organisme se situe à Edmonton, un seul membre de son personnel y demeure. «On loue un espace dans les bureaux de la Cité francophone à prix modique», explique Martin Bouchard, qui travaille à la direction générale depuis chez lui, à Victoria, en Colombie-Britannique.

«La pandémie a mis tout le monde au même niveau sur les technologies comme Zoom, Teams, etc. Dix minutes Zoom ça fait autant l’affaire qu’une rencontre en personne d’une heure. On sauve du temps, tout est plus rapide. Ce n’est vraiment pas un problème», estime-t-il.

Selon lui, «les partenaires sont habitués. Même les bailleurs de fonds font leur rencontre sur Zoom. Tout le monde y trouve son compte».

Gain de temps et d’argent

Pour Martin Bouchard, l’avantage du travail à distance reste avant tout financier : «On peut mettre des sous ailleurs que dans un loyer.» À noter que lorsqu’il a postulé pour travailler au sein du Comité FrancoQueer de l’Ouest, en 2021, l’offre permettait déjà le télétravail.

«C’est vraiment un outil de recrutement de dire “OK, on ne peut pas te proposer un salaire aussi élevé, mais par contre, on te propose de travailler chez toi et d’être flexible sur les horaires”, remarque Thomas Kriner, directeur général de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM). C’est devenu un argument de négociation dans les contrats.»

Les bureaux physiques de l’APCM se trouvent toujours à Ottawa, mais son équipe travaille également à distance. Une situation plus subie que voulue ; l’association a récemment dû revoir son mode de fonctionnement.

«Les choses ont changé de façon plutôt rapide, avoue Thomas Kriner. Jusqu’à octobre dernier, sur cinq employés, trois allaient encore au bureau. C’est vraiment nouveau où on est dans une dynamique où la majorité des employés sont au Québec et plus en Ontario.»

Pénurie de main-d’œuvre

«Ce n’est pas une situation que je préconise forcément», nuance le directeur, qui confie avoir notamment des difficultés à recruter des employés francophones en milieu minoritaire qualifiés et intéressés par l’industrie musicale. «On les trouve plus facilement au Québec ou en France qu’en Ontario ou dans d’autres territoires.»

Le recrutement dépend aussi du bassin d’emplois et des besoins de l’organisme. «Si je cherche un profil administratif, j’ai plus de chance de le trouver à Ottawa. Mais pour quelqu’un d’hyper connecté à la musique, il y a plus de chance à Québec, qui est le berceau de l’industrie musicale en français», constate Thomas Kriner.

Le directeur rappelle toutefois que le télétravail a toujours été accepté au sein de l’organisme. «Ça fait presque dix ans que je suis à l’APCM et j’ai toujours personnellement gardé mon domicile à Montréal.»

Au début, il travaillait quatre jours par semaine à Ottawa et une journée depuis chez lui. Puis, pour des raisons personnelles, il s’est davantage relocalisé à Montréal.

Pour le reste de son équipe, il a dû faire du cas par cas et s’adapter au marché de l’emploi actuel. «C’est vraiment un problème soit de rétention de personnel, qui fait des choix de vie […] ou d’embauche. Quand on met une offre d’emploi, c’est majoritairement des CV du Québec qui nous arrivent.»

Cohésion d’équipe

Si le travail à distance convient tout à fait à Martin Bouchard, il comporte quand même certains défis, notamment sur le plan de «l’esprit d’équipe».

«Le travail en présentiel crée des situations où les employés deviennent peut-être plus amis, où les situations amicales peuvent se développer. Donc, nous, on trouve important de faire des retraites d’équipe.»

«Intégrer une équipe, ça veut dire aussi connaitre les gens avec qui on travaille et là, on se rend compte des limites du télétravail, qui a tendance à axer le travail sur la tâche», décrit Lucie Enel, doctorante en communication à l’Université du Québec à Montréal.

Selon elle, le format même des réunions à distance et autres visioconférences avec ordre du jour se prête moins aux conversations spontanées.

De l’importance de l’informel

«Le télétravail coupe l’individu de la présence des autres au travail et de tous ces petits moments informels de l’avant et après la réunion où la parole circule, [des moments] qui permettent de favoriser le sentiment d’appartenance à l’entreprise», poursuit Lucie Enel.

Elle précise que «pour que cet informel réussisse à survivre, il faut qu’il se soit déjà construit en présentiel».

Les rencontres hebdomadaires permettent de garder ce lien social, témoigne Martin Bouchard. «On prend le temps quand même de parler d’autres choses que de travail. On fait des check-in, on parle un peu de nos vies personnelles.»

«Des employés qui ne se voient pas souvent, qui se connaissent peu, forcément ça ne crée pas une énorme cohésion d’équipe. On compense, on organise beaucoup d’évènements, on se voit une fois par mois minimum à travers des évènements. Mais la cohésion d’équipe est plus forte quand on est tous au bureau», admet de son côté Thomas Kriner, lucide.

Qu’en est-il des liens avec la communauté?

Néanmoins, le télétravail transporte aussi avec lui encore quelques idées reçues. «Ça a été souvent tabou. Je ne le disais pas trop au départ que je vivais à Montréal», confie Thomas Kriner.

Il croit que «ça peut, pour certains membres, porter à confusion et de se dire “ah ben lui il habite au Québec, il est Français d’origine, qu’est-ce qu’il y connait de notre réalité de francophones en situation minoritaire?”. Sauf que ça fait 15 ans que je travaille dans la francophonie minoritaire, et les enjeux, je les connais.»

Martin Bouchard tient à garder des liens physiques avec la communauté franco-albertaine. «C’est important d’assurer une présence sur place pour rencontrer les partenaires. Je me rends à Edmonton quand même assez souvent à la Cité francophone.

«À Victoria, je travaille aussi dans la communauté francophone, explique-t-il. J’ai un petit bureau, un espace dans lequel je peux aller pour rencontrer les autres membres de la communauté.»

Le réseautage reste en outre essentiel. «Je manque un peu d’Ottawa pour tout ce qui est politique […] être présent sur des évènements un peu mondains, où les politiques et les bailleurs de fonds sont là», concède Thomas Kriner.

Mais le directeur de l’APCM se veut pragmatique : «J’ai plus une stratégie d’industrie musicale que communautaire ; essayer d’être plus connecté à l’industrie musicale, un peu moins à la communauté malheureusement. […] Je trouve plus mon compte en étant à Montréal qu’en étant à Ottawa ou à Sudbury.»

Imprimer
1805

Camille Langlade – FrancopresseMarie-Lou Bernatchez

Autres messages par Camille Langlade – Francopresse
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Après plusieurs années d’attente et une entente de principe avec le gouvernement de la Saskatchewan qui tardait à se concrétiser, une nouvelle école primaire francophone verra finalement le jour dans la capitale provinciale.

13 juillet 2020/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (25878)/Commentaires (0)/
Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Le tout premier programme d’immersion en Saskatchewan est apparu à Saskatoon en 1968. Cinquante ans plus tard, ils sont plus de 16 500 à travers la province à se retrouver sur les bancs du programme qui fait de plus en plus d’adeptes.

8 juillet 2020/Auteur: Lucas Pilleri, avec les informations de Diane Lacasse/Nombre de vues (23497)/Commentaires (0)/
Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina

Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina

Produire local, le nouveau défi des francophones de Regina

REGINA - LAssociation canadienne-française de Regina a inauguré son tout premier jardin communautaire le 15 juin dernier sur le terrain de l'École Mgr de Laval.

1 juillet 2020/Auteur: Leslie Diaz – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (28580)/Commentaires (0)/
Les Fransaskois applaudissent la victoire des parents franco-colombiens en Cour suprême

Les Fransaskois applaudissent la victoire des parents franco-colombiens en Cour suprême

Après 10 ans de lutte judiciaire, la Cour suprême du Canada a tranché en faveur des parents franco-colombiens. Cette décision historique a été chaudement saluée par la communauté fransaskoise.

29 juin 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF/Nombre de vues (24754)/Commentaires (0)/
L’histoire de la fransaskoisie narrée aux jeunes

L’histoire de la fransaskoisie narrée aux jeunes

Ateliers scolaires Gardiens de lys'toire par la Société historique de la Saskatchewan

À travers sa série d’ateliers pédagogiques, la Société historique de la Saskatchewan (SHS) donne vie à l’histoire dans la salle de classe des écoles de la province. 

28 juin 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF/Nombre de vues (25337)/Commentaires (0)/
La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités

La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités

Les universités francophones du pays misent sur l’inscription d’étudiants internationaux. Les mesures sanitaires en place affecteront directement les inscriptions.

14 juin 2020/Auteur: André Magny (Francopresse)/Nombre de vues (20657)/Commentaires (0)/
Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Trois semaines après que l’Association canadienne-française de l’Alberta a lancé une campagne de mobilisation pour sauver le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, l’incertitude règne toujours quant à l’avenir de l’établissement.

13 juin 2020/Auteur: Guillaume Deschênes-Thériault – Francopresse /Nombre de vues (22130)/Commentaires (0)/
Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!

Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!

Si tout va bien à la rentrée de septembre, le Conseil des écoles fransaskoises (CEF) ira de l’avant avec un concept nouveau en Saskatchewan, mais qui a fait ses preuves dans d’autres provinces: l’école communautaire citoyenne.

13 juin 2020/Auteur: André Magny (Initiative de journalisme local – APF – Ouest)/Nombre de vues (23265)/Commentaires (0)/
La Cour suprême donne gain de cause aux parents franco-colombiens

La Cour suprême donne gain de cause aux parents franco-colombiens

La Cour suprême du Canada a donné raison aux francophone de la Colombie-Britannique, qui réclame depuis dix ans devant les tribunaux que le système scolaire de langue française soit mis à égalité avec le système anglophone.

12 juin 2020/Auteur: Marc Poirier – Francopresse /Nombre de vues (27150)/Commentaires (0)/
André Moquin, récit vivant de la fransaskoisie

André Moquin, récit vivant de la fransaskoisie

Fils et petit-fils de colons de l’Ouest, André Moquin a œuvré toute sa vie pour l’avancement de l’éducation en français dans sa province.

2 juin 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (29183)/Commentaires (0)/
L'École Mgr de Laval slame ses accents à Regina

L'École Mgr de Laval slame ses accents à Regina

L'école fransaskoise remporte un prix international

Six élèves de la 8e année du Pavillon secondaire des Quatre Vents de l'école de Monseigneur on remporté un des deux Prix du public offerts dans le cadre du concours « Slame tes accents » du Centre de la Francophonie des Amériques.

23 mai 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (26805)/Commentaires (0)/
Un vent de solidarité au Canada pour sauver le Campus Saint-Jean

Un vent de solidarité au Canada pour sauver le Campus Saint-Jean

L’appel à l’action de l’ACFA dans le cadre de la campagne «Sauvons Saint-Jean» a été entendu d’un bout à l’autre du pays, et même au-delà de nos frontières. 

19 mai 2020/Auteur: Guillaume Deschênes-Thériault (Francopresse)/Nombre de vues (22779)/Commentaires (0)/
Une miniécole de médecine pour y voir clair

Une miniécole de médecine pour y voir clair

Le premier volet de la 24e édition de la Miniécole de médecine de l’Université d’Ottawa s’est consacré entièrement au sens de la vue, présentant l’anatomie de l’œil et jetant les bases de la prévention des troubles de la vision.

19 mai 2020/Auteur: Sébastien Durand/Nombre de vues (29235)/Commentaires (0)/
Des élèves fransaskois se livrent face à la pandémie

Des élèves fransaskois se livrent face à la pandémie

Déjà un peu plus d’un mois que les jeunes Fransaskois sont passés de la salle de classe à la table du salon et ont échangé leurs stylos pour un clavier. Comment vivent-ils cette transition et quel regard portent-ils sur la situation?

16 mai 2020/Auteur: Leslie Diaz/Nombre de vues (32254)/Commentaires (0)/
La francophonie de l’Ouest menacée : «Sauvons Saint-Jean!»

La francophonie de l’Ouest menacée : «Sauvons Saint-Jean!»

L’Association canadienne-française de l’Alberta, soutenue par plusieurs associations, est partie en croisade pour défendre le Campus Saint-Jean dont l'avenir est menacé par d’importantes coupes budgétaires.

16 mai 2020/Auteur: Geoffrey Gaye – (Le Franco)/Nombre de vues (20053)/Commentaires (0)/
RSS
Première2345791011Dernière

 - mercredi 15 mai 2024