Skip Navigation
Festival Cinergie 2024
70 ans de CFRG : l’épopée de la radio francophone en Saskatchewan

70 ans de CFRG : l’épopée de la radio francophone en Saskatchewan

Si les premières stations de radio sont apparues en Saskatchewan il y a près de 100 ans, les francophones de la province ont dû faire preuve de détermination et de patience pour faire entendre leurs voix sur les ondes. C'est le 1er juin 1952, il y a 70 ans, que la première station francophone en Saskatchewan voit le jour : CFRG.

Au début du 20e siècle, les premières stations de radio saskatchewanaises sont privées et surtout anglophones. Il faudra attendre 1933 pour qu'une programmation bilingue soit diffusée en Saskatchewan grâce à la Commission canadienne de radiodiffusion (CCR).

Or, le partage des ondes entre l’anglais et le français ne se fait pas sans heurts.

Selon les historiens Richard Lapointe et André Lalonde, deux des auteurs du livre 50 ans de radio : Tant de choses à se dire, des groupes tels que les orangistes, les Sons of England et le Ku Klux Klan se mettent à protester contre les émissions françaises ou bilingues du CCR.

Image
L'inauguration de CFRG fait la une du journal La Liberté et le Patriote. (Archives) Crédits : RADIO-CANADA / MATT HOWARD

Malgré l'arrivée de CBC/Radio-Canada dans la province en 1939, la vaste majorité de la programmation qui y est diffusée demeure en langue anglaise.

La lutte pour la radiodiffusion en français est alors menée par des fers de lance de la société canadienne-française de la Saskatchewan. Parmi ces derniers, on retrouve le chef du secrétariat de l’Association catholique franco-canadienne Antonio de Margerie et l’abbé Baudoux de Prud'homme. Résolus à entendre leurs voix sur les ondes, les francophones prennent eux-mêmes les choses en main.

D’Assiniboia à Wauchope en passant par Bellegarde et Ponteix, des campagnes de financement vont se succéder en 1945 et en 1951. L’objectif : recueillir assez de fonds pour permettre l'ouverture de deux stations pour couvrir la Saskatchewan.

Un moteur culturel

C'est finalement le 1er juin 1952 que CFRG, la première station de radio francophone de la Saskatchewan, voit le jour. Quelques mois plus tard, en novembre, ce sera au tour de CFNS, à Saskatoon, d'ouvrir ses portes.

CFRG s’installe à Gravelbourg. Au premier étage de l'édifice, on retrouve les studios, une vaste discothèque et les bureaux, tandis que des appartements sont à l’étage supérieur. L’émetteur et l'antenne sont installés à quelques kilomètres à l’est du village sur un terrain offert gratuitement par l'agriculteur Roland Pinsonneault.

Image
Dumont Lepage était le gérant de CFRG de 1951 à 1972. Crédits :COLLECTION DU MUSÉE DE GRAVELBOURG

L’émetteur de CFRG est d’abord limité à 250 watts avant de voir sa puissance augmentée à 5 000 watts en 1956. La portée réelle de CFRG à l'époque demeure toutefois incertaine.

Les auditeurs de CFRG pouvaient écouter des émissions d'actualités locales, mais aussi du contenu culturel et éducatif. Jeanne Beauregard animait une émission destinée aux enfants, Maryvonne Kendergi proposait des émissions culturelles et Marie-Antoinette Papen était au micro d’une émission sur la vie des femmes dans le monde moderne.

« C'était la voix de la communauté », se rappelle André Moquin, un résident de Gravelbourg et ancien employé de CFRG. « C’était un très haut niveau de langue, même si c’était l'accent canadien-français de l'Ouest qu’on entendait. »

Le Fransaskois Michel Vézina explique que certaines des émissions diffusées sur les ondes de CFRG étaient tirées du réseau de Radio-Canada. « L'émission possiblement la plus écoutée à l'époque devait être le hockey, raconte-t-il. Le côté religieux était très présent aussi : CFRG diffusait le chapelet en famille. »

Des soucis financiers chroniques

Pour survivre, la station de Gravelbourg devait vendre des publicités. Un représentant parcourait la province pour vendre du temps d’antenne aux entreprises qui désiraient annoncer leurs produits et services.

Le sociologue Wilfrid Denis note toutefois que « les commandites n’arriveront jamais à combler les déficits ». Même si des levées de fonds sont organisées, les problèmes financiers de CFRG « menacent perpétuellement la survie du poste », explique-t-il.

Image
Maryvonne Kendergi a été animatrice à la station de radio CFRG et professeure d'initiation artistique à Gravelbourg avant de partir pour Montréal, en 1956. Crédits :COLLECTION DU MUSÉE DE GRAVELBOURG

C'est finalement Radio-Canada qui lui viendra en aide à la fin des années 1960. Plus de la moitié des revenus de CFRG à cette époque proviendront de la société d'État, indique Wilfrid Denis.

La loi fédérale sur la radiodiffusion de 1968 donne un nouveau mandat à Radio-Canada, celui de « contribuer au développement de l'unité nationale et d'exprimer constamment la réalité canadienne ». Un changement qui ouvre la porte à l’établissement de bureaux de productions dans toutes les provinces.

En 1972, Radio-Canada achète la radio de Gravelbourg. CFNS, à Saskatoon, sera également vendue au diffuseur public. Les profits de cette vente seront investis dans un nouvel organisme, la Fondation de la radio française, qui promet d'offrir des bourses aux étudiants et aux organismes culturels francophones de la Saskatchewan. En 1997, cet organisme deviendra la Fondation fransaskoise.

La radio, un média de proximité

« Depuis que les francophones sont établis en Saskatchewan, il y a toujours eu cette question de survie de la langue et de la culture, raconte Michel Vézina. Il faut développer tous les moyens possibles, de la radio à la télévision et à l'internet parce qu'on n'a pas un environnement qui favorise le français. »

« On vit dans une mer d'anglophones, ponctue André Moquin. La radio permet aux gens de se rejoindre, de s'entendre, de combler cette distance. C'est important et de plus en plus important à cause des médias sociaux. »

Imprimer
1590

Raphaële Frigon – ICI Saskatchewan en partenariat avec la Société historique de la Saskatchewan(SHS)Radio-Canada Saskatchewan

Autres messages par Raphaële Frigon – ICI Saskatchewan en partenariat avec la Société historique de la Saskatchewan(SHS)
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Addison Shyluk, jeune Fransaskoise passionnée, lauréate d’un concours international

Addison Shyluk, jeune Fransaskoise passionnée, lauréate d’un concours international

Addison Shyluk, élève en 11e année à l’École canadienne-française de Saskatoon, Pavillon Gustave-Dubois, vient de remporter le concours international Ma minute francophone.

18 décembre 2020/Auteur: Emmanuel Masson/Nombre de vues (14350)/Commentaires (0)/
Infrastructures scolaires à Saskatoon : un sondage confirme les besoins

Infrastructures scolaires à Saskatoon : un sondage confirme les besoins

Alors que Regina a obtenu l’aval du gouvernement pour le financement de nouveaux espaces scolaires, Saskatoon et Prince Albert attendent toujours. Le Comité vision des espaces scolaires francophones à Saskatoon, créé en juin 2020, a consulté la communauté pour identifier les besoins dans la ville des ponts.

11 décembre 2020/Auteur: Arthur Béague/Nombre de vues (16606)/Commentaires (0)/
Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

L’Association francophone pour le savoir propose à des étudiants, via son concours Ma thèse en 180 secondes, de présenter leur sujet de recherche en termes simples à un auditoire. Le défi : exposer de façon claire, concise et convaincante un projet d’envergure en trois minutes.

14 novembre 2020/Auteur: Leslie Diaz/Nombre de vues (13718)/Commentaires (0)/
Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Entretien avec Alpha Barry, été réélu au poste de conseiller scolaire pour la région scolaire n°3 incluant Regina et Moose Jaw. Celui qui est aussi président du Conseil scolaire fransaskois l’a emporté avec 70 % des voix face à son adversaire Siriki Diabagaté.

11 novembre 2020/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (13651)/Commentaires (0)/
Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Les établissements universitaires de l’Ouest du pays ont des outils en place pour assurer la liberté académique de leurs professeurs tout en assurant un traitement rigoureux des plaintes des étudiants.

7 novembre 2020/Auteur: Marie-Paule Berthiaume (Initiative de journalisme local – APF - Ouest)/Nombre de vues (14636)/Commentaires (0)/
Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Selon un nouveau sondage Léger, près de la moitié des Canadiens sont au courant de la récente controverse à l’Université d’Ottawa, et plus de la moitié ont tendance à soutenir la professeure ayant prononcé le «mot en n» dans le cadre de son cours Art and Gender plutôt que les étudiants.

7 novembre 2020/Auteur: Marie-Paule Berthiaume (Francopresse)/Nombre de vues (12885)/Commentaires (0)/
Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

La ministre Mélanie Joly invite le gouvernement de l’Alberta à annuler sa décision de couper le financement du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, dans une lettre adressée au premier ministre de la province, Jason Kenney.

1 novembre 2020/Auteur: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Nombre de vues (15438)/Commentaires (0)/
Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

C'est un premier débat radiophonique parfois houleux qui a eu lieu le 20 octobre entre Alpha Barry et Siriki Diabagaté, les deux prétendants au poste de conseiller scolaire de Regina.

23 octobre 2020/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (11915)/Commentaires (0)/
Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

LE DROIT (Ontario) – Le débat autour de la suspension d’une professeure de l’Université d’Ottawa pour avoir utilisé le mot «n**ger» continue de faire rage.

21 octobre 2020/Auteur: Daniel LeBlanc e)t Julien Paquette (Le Droit)/Nombre de vues (14071)/Commentaires (0)/
Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Les parents fransaskois de Regina et Saskatoon seront appelés aux urnes le 28 octobre pour choisir leur conseiller scolaire dans le cadre des élections générales du Conseil scolaire fransaskois.

15 octobre 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14742)/Commentaires (0)/
Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Rentrée scolaire

La rentrée scolaire fransaskoise a eu lieu du 8 au 11 septembre partout dans la province. L’eau vive s’est entretenue avec quelques parents pour faire le bilan d’une semaine riche en émotions.

17 septembre 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14609)/Commentaires (0)/
Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

La récente victoire du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSFCB) en Cour suprême laisse présager une possible expansion de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

28 août 2020/Auteur: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Nombre de vues (14688)/Commentaires (0)/
Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Le Franco (Alberta) – L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) promet une phase II de la campagne «Sauvons Saint-Jean» dès la rentrée. L’appel à des manifestations et une action en justice sont sur la table. 

24 août 2020/Auteur: Geoffrey Gaye (Le Franco)/Nombre de vues (17179)/Commentaires (0)/
Rentrée scolaire : des parents se confient

Rentrée scolaire : des parents se confient

Une rentrée sous le signe de la fébrilité et de la solidarité

À quelques semaines du jour J, beaucoup d’interrogations subsistent. Tantôt confiants, tantôt inquiets, plusieurs parents fransaskois se sont confiés à l’Eau vive.

20 août 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14538)/Commentaires (0)/
Dans ce temps-là !

Dans ce temps-là !

À l’époque où j’étais élève à la fin de l’élémentaire, quand arrivait le mois de juin, nous étions assez intenables dans les classes... La fête de la Saint-Jean-Baptiste marquait le début des vacances estivales. Les classes s’étaient terminées la veille et on avait vidé nos pupitres. Plus de devoirs. Plus de leçons. 

16 juillet 2020/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (20591)/Commentaires (0)/
RSS
123468910Dernière

 - samedi 4 mai 2024