Skip Navigation
Festival Cinergie 2024

Camionneurs, vaccins et tablettes vides

Image
Photo : Isaiah Villar – Unsplash

LETTRE OUVERTE – Dans de nombreuses régions du pays, les consommateurs signalent un nombre croissant d’étagères vides dans les épiceries. Cela se passe ici, aux États-Unis et dans de nombreuses autres régions industrialisées du monde; ce phénomène outrepasse le territoire canadien.

Au Canada, des étagères vides s’observaient déjà à l’automne, mais elles passaient quelque peu inaperçues et se créaient de manière sporadique, alors que les problèmes de la chaine d’approvisionnement se poursuivaient et que notre industrie alimentaire peinait à suivre la cadence. 

Les protocoles sanitaires imprévisibles, la pénurie de main-d’œuvre et des couts d’intrants plus élevés depuis plusieurs mois tendent à créer une tension accrue sur la chaine d’approvisionnement, vouée à céder un jour ou l’autre.

La propagation virulente d’Omicron n’a fait qu’empirer la situation. La plupart des entreprises alimentaires, de la ferme au magasin, fonctionnent au ralenti avec 15 à 30 % de leur personnel en moins pour gérer la charge de travail. 

Et puisque l’on manipule souvent des ingrédients périssables, pour de nombreux agriculteurs, transformateurs et détaillants, attendre ne constitue tout simplement pas une option.

Des produits plus chers et moins frais

Camion
On compte près de 140 000 camionneurs qui ne peuvent plus traverser la frontière, d’un côté ou de l’autre, depuis le 22 janvier.
Photo : Rhys Moult – Unsplash

Toutefois, le scénario de janvier 2022 à l’épicerie ne ressemble nullement à celui de mars 2020. 

Cette fois-ci, les problèmes de chaine d’approvisionnement et la hausse des couts de distribution représentent des facteurs déterminants ; tandis qu’en mars 2020, les pénuries de papier hygiénique et de nourriture résultaient de la panique des consommateurs et de l’effondrement de l’industrie de la restauration. 

Cette fois-ci, le variant Omicron, la météo hivernale et, bien sûr, les mandats de vaccination à la frontière constituent les grands défis de la chaine d’approvisionnement.

Alors qu’Omicron a donné un véritable «coup de poing» à l’industrie alimentaire, les mandats de vaccination pour les camionneurs privent l’industrie de l’oxygène dont elle a désespérément besoin en ce moment. Mais puisque la décision semble irrévocable, l’industrie l’affrontera et trouvera assurément un moyen de remplir les tablettes, advienne que pourra! 

On compte près de 140 000 camionneurs qui ne peuvent plus traverser la frontière, d’un côté ou de l’autre, depuis le 22 janvier.

Il faudra donc s’attendre à ce que la nourriture coute plus cher et à ce que sa qualité soit amoindrie. On constate déjà moins de fraicheur pour plusieurs produits frais puisqu’ils arrivent en magasin beaucoup plus murs qu’à l’habitude.

Des couts logistiques plus élevés rattraperont les consommateurs éventuellement. Les couts de transport entre les États-Unis et le Canada pour certaines routes ont pratiquement doublé depuis une dizaine de jours. 

Les épiciers devront réajuster leurs prix, mais ils le feront de façon graduelle pour ne pas répéter le tollé créé lors de la fameuse « crise du chou-fleur » en 2016. Le dollar canadien avait alors chuté en quelques jours, en plein hiver, forçant les importateurs à payer plus cher pour les légumes. La tête du chou-fleur atteignait 9 $ à certains endroits, forçant plusieurs consommateurs à bouder le produit. 

Gaspillage, mauvaise image ; disons que les détaillants ne veulent pas répéter les mêmes erreurs. Mais avec les couts logistiques qui gonflent, certains importateurs décideront peut-être de délaisser certains produits pour l’instant au lieu de les importer.

On continuera de trouver le nécessaire

Sylvain Charlebois
Sylvain Charlebois, professeur titulaire et directeur principal du laboratoire de recherche en sciences analytiques agroalimentaires de l’Université Dalhousie.
Photo : Courtoisie

Il ne faut pas oublier que l’industrie alimentaire a su faire face à de nombreuses crises au cours des dernières décennies et que malgré la pandémie, elle a continué de traiter et de livrer la marchandise. 

Les mandats de vaccination aux frontières posent un problème, bien sûr, mais l’environnement règlementaire a toujours représenté un facteur parmi tant d’autres. Nous ne devons pas sous-estimer la résilience de notre industrie alimentaire. 

Les consommateurs ne trouvent pas toujours ce qu’ils veulent ces temps-ci, mais ils trouveront toujours ce dont ils ont besoin. Cela est rendu possible grâce au travail et aux efforts des entreprises et des personnes prêtes à surmonter toutes les embuches qui se trouvent sur leur chemin.

Mais pour les camionneurs, la situation n’est pas rose. Des milliers de camionneurs indépendants ont perdu leur emploi à cause des mandats de vaccination. En guise de protestation contre ces mandats, un convoi s’est organisé en amassant près de 4 millions $

En partance de la Colombie-Britannique, il se dirige vers Ottawa en amalgamant d’autres chauffeurs tout au long de sa route. Les camionneurs ont parfaitement le droit de manifester, mais ce convoi en lui-même est futile et ne fera probablement pas une grande différence, sauf causer des perturbations dont personne n’a besoin en ce moment. 

Il y a moins de deux ans, au début de la pandémie, on considérait les camionneurs comme des héros, mais ce mouvement de protestation pourrait miner considérablement leur image.

Les activités tout au long de la chaine d’approvisionnement se trouvent incroyablement agitées en ce moment, mais les consommateurs continueront de trouver le nécessaire parmi un choix de produits plus restreint. Avec tout ce qui se passe au sein de l’industrie du camionnage, s’attendre à la perfection à l’épicerie serait déraisonnable pour un certain temps. 

Imprimer
4358

Sylvain Charlebois, professeur titulaire et directeur principal – Laboratoire de recherche en sciencEmmanuel Masson

Autres messages par Sylvain Charlebois, professeur titulaire et directeur principal – Laboratoire de recherche en scienc
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Addison Shyluk, jeune Fransaskoise passionnée, lauréate d’un concours international

Addison Shyluk, jeune Fransaskoise passionnée, lauréate d’un concours international

Addison Shyluk, élève en 11e année à l’École canadienne-française de Saskatoon, Pavillon Gustave-Dubois, vient de remporter le concours international Ma minute francophone.

18 décembre 2020/Auteur: Emmanuel Masson/Nombre de vues (14395)/Commentaires (0)/
Infrastructures scolaires à Saskatoon : un sondage confirme les besoins

Infrastructures scolaires à Saskatoon : un sondage confirme les besoins

Alors que Regina a obtenu l’aval du gouvernement pour le financement de nouveaux espaces scolaires, Saskatoon et Prince Albert attendent toujours. Le Comité vision des espaces scolaires francophones à Saskatoon, créé en juin 2020, a consulté la communauté pour identifier les besoins dans la ville des ponts.

11 décembre 2020/Auteur: Arthur Béague/Nombre de vues (16687)/Commentaires (0)/
Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

Ma thèse en 180 secondes : trois Fransaskois dans la course

L’Association francophone pour le savoir propose à des étudiants, via son concours Ma thèse en 180 secondes, de présenter leur sujet de recherche en termes simples à un auditoire. Le défi : exposer de façon claire, concise et convaincante un projet d’envergure en trois minutes.

14 novembre 2020/Auteur: Leslie Diaz/Nombre de vues (13749)/Commentaires (0)/
Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Alpha Barry réélu pour un deuxième mandat

Entretien avec Alpha Barry, été réélu au poste de conseiller scolaire pour la région scolaire n°3 incluant Regina et Moose Jaw. Celui qui est aussi président du Conseil scolaire fransaskois l’a emporté avec 70 % des voix face à son adversaire Siriki Diabagaté.

11 novembre 2020/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (13689)/Commentaires (0)/
Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Liberté académique : la parole aux universités de l’Ouest

Les établissements universitaires de l’Ouest du pays ont des outils en place pour assurer la liberté académique de leurs professeurs tout en assurant un traitement rigoureux des plaintes des étudiants.

7 novembre 2020/Auteur: Marie-Paule Berthiaume (Initiative de journalisme local – APF - Ouest)/Nombre de vues (14712)/Commentaires (0)/
Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Les professeurs de moins en moins protégés dans leur liberté universitaire

Selon un nouveau sondage Léger, près de la moitié des Canadiens sont au courant de la récente controverse à l’Université d’Ottawa, et plus de la moitié ont tendance à soutenir la professeure ayant prononcé le «mot en n» dans le cadre de son cours Art and Gender plutôt que les étudiants.

7 novembre 2020/Auteur: Marie-Paule Berthiaume (Francopresse)/Nombre de vues (12911)/Commentaires (0)/
Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

Campus Saint-Jean : vers une intervention fédérale?

La ministre Mélanie Joly invite le gouvernement de l’Alberta à annuler sa décision de couper le financement du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, dans une lettre adressée au premier ministre de la province, Jason Kenney.

1 novembre 2020/Auteur: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Nombre de vues (15459)/Commentaires (0)/
Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

Débats corsés entre les candidats au poste de conseiller scolaire

C'est un premier débat radiophonique parfois houleux qui a eu lieu le 20 octobre entre Alpha Barry et Siriki Diabagaté, les deux prétendants au poste de conseiller scolaire de Regina.

23 octobre 2020/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (11949)/Commentaires (0)/
Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

Professeure suspendue à l’Ud'O : «deux principes à réconcilier», selon le recteur

LE DROIT (Ontario) – Le débat autour de la suspension d’une professeure de l’Université d’Ottawa pour avoir utilisé le mot «n**ger» continue de faire rage.

21 octobre 2020/Auteur: Daniel LeBlanc e)t Julien Paquette (Le Droit)/Nombre de vues (14101)/Commentaires (0)/
Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Course électorale au CSF: continuité ou changement ?

Les parents fransaskois de Regina et Saskatoon seront appelés aux urnes le 28 octobre pour choisir leur conseiller scolaire dans le cadre des élections générales du Conseil scolaire fransaskois.

15 octobre 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14771)/Commentaires (0)/
Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Les écoles fransaskoises réussissent leur rentrée malgré la pandémie

Rentrée scolaire

La rentrée scolaire fransaskoise a eu lieu du 8 au 11 septembre partout dans la province. L’eau vive s’est entretenue avec quelques parents pour faire le bilan d’une semaine riche en émotions.

17 septembre 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14651)/Commentaires (0)/
Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

Des pistes de réflexion pour financer l’éducation postsecondaire francophone

La récente victoire du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSFCB) en Cour suprême laisse présager une possible expansion de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

28 août 2020/Auteur: Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)/Nombre de vues (14715)/Commentaires (0)/
Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Le Franco (Alberta) – L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) promet une phase II de la campagne «Sauvons Saint-Jean» dès la rentrée. L’appel à des manifestations et une action en justice sont sur la table. 

24 août 2020/Auteur: Geoffrey Gaye (Le Franco)/Nombre de vues (17211)/Commentaires (0)/
Rentrée scolaire : des parents se confient

Rentrée scolaire : des parents se confient

Une rentrée sous le signe de la fébrilité et de la solidarité

À quelques semaines du jour J, beaucoup d’interrogations subsistent. Tantôt confiants, tantôt inquiets, plusieurs parents fransaskois se sont confiés à l’Eau vive.

20 août 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14575)/Commentaires (0)/
Dans ce temps-là !

Dans ce temps-là !

À l’époque où j’étais élève à la fin de l’élémentaire, quand arrivait le mois de juin, nous étions assez intenables dans les classes... La fête de la Saint-Jean-Baptiste marquait le début des vacances estivales. Les classes s’étaient terminées la veille et on avait vidé nos pupitres. Plus de devoirs. Plus de leçons. 

16 juillet 2020/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (20621)/Commentaires (0)/
RSS
123468910Dernière

 - mardi 7 mai 2024