Skip Navigation
Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere
Regina : un projet de refuge pour sans-abri fait débat

Regina : un projet de refuge pour sans-abri fait débat

Le 19 août, un groupe d’une douzaine de personnes a déposé une pétition auprès de la Ville de Regina afin de dénoncer certains propos jugés discriminatoires tenus lors d’un conseil municipal. En cause : le projet de construction d’un refuge pour sans-abri dont le voisinage ne veut pas.

La pétition compte 121 signatures. Il y est notamment reproché des commentaires entendus lors d’un conseil municipal du mois de juin, tombant dans la catégorie du « Pas dans ma cour » (Not in My Backyard).

Cette attitude, qualifiée de NIMBYisme, consiste à dénoncer l’installation d’une infrastructure dans son voisinage bien que celle-ci réponde à un besoin public.

En l’occurrence, les commentaires, qui visaient à s’opposer à l’achat d’un terrain par la Ville de Regina pour la construction d’un refuge permanent pour sans-abri, relevaient d’habitants et de commerçants inquiets d’une telle implantation dans leur quartier.

« Il s’agit d’une menace à la sécurité et au bien-être tant de mes clients que de mes employés », soutenait un employeur. « On aura un accroissement du nombre de piétons », redoutait un autre intervenant.

« On peut s’attendre à une augmentation du nombre des crimes, du vandalisme et de l’usage de drogues », a renchéri une autre personne lors du conseil municipal. « Les boutiques fermeront et les propriétés perdront de leur valeur », pronostiquait un autre individu inquiet.

Une discrimination ?

Les signataires de la pétition voient dans ces remarques une forme de discrimination et demandent l’interdiction de tout commentaire NYMB lors des futures rencontres municipales consacrées au logement social.

Les instigateurs de cette pétition déposée en août à l’hôtel de ville de Regina dénoncent une pratique discriminatoire. Pour Florence Stratton, qui a coordonné le dépôt de la pétition, « le NIMBYisme est une discrimination à l’encontre des personnes sans-abri ou à faible revenu ».

La militante des droits humains précise que « la nature discriminatoire de ces commentaires est encore plus évidente lorsqu’on regarde qui est concerné par ce mal-logement à Regina ». Dans la capitale, près de 80 % des sans-abri sont d’origine autochtone.

Image
La militante Catherine Robertson, à l’avant-plan, lors du dépôt de la pétition à l’hôtel de ville de Regina le 19 août 2024 Crédit : Courtoisie de Florence Stratton

En septembre 2021, un grand recensement effectué par des bénévoles avait dénombré 488 itinérants dans la capitale. Moins de la moitié d’entre eux bénéficiaient alors d’une place en refuge.

De son côté, la Ville de Regina indique que, conformément à sa réglementation, les copies de la pétition seront transmises à l’ensemble des membres du conseil municipal. Il leur appartiendra alors de se prononcer, s’ils le souhaitent, sur cette question.

Un refuge, mais où ?

Le 12 juin, le conseil municipal de Regina a finalement rejeté, à une courte majorité, l’acquisition par la Ville du terrain qui devait servir à créer un refuge permanent pour les sans-abri.

Le lieu, situé aux 1420 et 1440 sur la rue Albert, au croisement de l’avenue Dewdney, semblait pourtant idéalement situé entre le centre-ville et le quartier North Central, qui concentre les difficultés.

C’est à la demande de la conseillère municipale Lori Bresciani que ce projet d’achat a finalement été rejeté par 6 des 11 conseillers municipaux.

Bien que consciente de la nécessité d’un tel centre d’hébergement pour sans-abri, c’est précisément l’emplacement choisi qui inquiète la conseillère.

« Il s’agit d’une rue principale et l’une des plus achalandées. Je suis préoccupée à l’idée que l’on y retrouve les plus vulnérables », a-t-elle commenté.

Lori Bresciani répondait ainsi aux préoccupations de nombreux résidents du quartier qui craignent une baisse de la fréquentation des commerces, un risque accru d’usage de drogue et une augmentation de la criminalité.

L’un des opposants au projet d’achat du terrain résume : « Nous ne sommes pas contre la création d’un refuge permanent pour les personnes sans-abri, nous pensons même que c’est une nécessité, mais pas à cet emplacement. »

Christiane Guérette, directrice générale de l’Association des agents immobiliers de la Saskatchewan, note souvent une peur de perte de valeur foncière par le voisinage. Toutefois, « il est difficile de savoir comment un projet, quel qu’il soit, change la valeur d’une propriété », tempère-t-elle.

Un débat ouvert

Face à la frilosité de certains résidents, les projets publics font de plus en plus l’objet de consultations publiques afin d’en accroître l’acceptabilité sociale.

La pétition déposée à l’hôtel de ville de Regina s’appuie notamment sur un avis de la Commission ontarienne des droits de la personne, intitulé Surmonter l’opposition au logement abordable.

Selon la commission, « l’opposition discriminatoire au logement abordable est un excellent exemple du syndrome ‘pas dans ma cour’. Elle est due aux attitudes négatives ou aux stéréotypes envers les personnes qui habitent des logements abordables ou utilisent des refuges ».

La commission redoute même la tenue de certaines réunions publiques. « Ces réunions renforcent la fausse impression que les résidents du quartier ont le droit de choisir leurs voisins et elles enflamment souvent l’opposition du quartier au lieu de la calmer. »

Quelle solution ?

Actuellement, c’est le Nest Health Centre, à proximité du Palais de justice de Regina, qui fait office de centre d’hébergement d’urgence.

Bien qu’en activité depuis maintenant dix-huit mois, son fonctionnement est temporaire. Alors qu’il peut accueillir chaque nuit 55 personnes, le bail actuel prévoit la fermeture définitive des lieux à l’été 2025.

Par ailleurs, depuis la crise sanitaire, les campements de sans-abri se sont multipliés dans la capitale. L’été 2023, un camp de 85 tentes s’était installé pendant une quarantaine de jours dans le parc faisant face à l’hôtel de ville avant d’être démantelé pour des raisons d’hygiène et de sécurité à la fin du mois de juillet.

La création d’un accueil permanent pour les itinérants reste donc toujours à l’étude. La Ville continue de chercher un lieu propice depuis déjà trois ans et le conseil municipal de Regina pourrait, de nouveau, avoir à se positionner sur ce dossier lors de sa prochaine rencontre prévue le 9 octobre.

Imprimer
4502

Arnaud Decroix – IJL-Réseau.PresseGhita Hanane

Autres messages par Arnaud Decroix – IJL-Réseau.Presse
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
L’enseignement en français au cœur des débats

L’enseignement en français au cœur des débats

Les collèges et universités francophones en milieu minoritaire font face à d’importants défis partout au Canada.

1 mars 2022/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (9687)/Commentaires (0)/
Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les programmes d’immersion ont augmenté dans les vingt dernières années, mais moins de la moitié des élèves restent jusqu’à l’obtention de leur diplôme.

10 février 2022/Auteur: Ericka Muzzo – Francopresse /Nombre de vues (8688)/Commentaires (0)/
Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Dans l’Ouest canadien, la demande pour des programmes en français est plus élevée que l’offre des établissements postsecondaires. C'est ce qui ressort des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

8 février 2022/Auteur: Marianne Dépelteau – Francopresse/Nombre de vues (9376)/Commentaires (0)/
La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

L’égalité est loin d’être atteinte entre les établissements postsecondaires francophones et ceux de la majorité anglophone. 

25 janvier 2022/Auteur: Francopresse/Nombre de vues (8191)/Commentaires (0)/
Revue de l'année 2021 - Éducation

Revue de l'année 2021 - Éducation

Survol de l'actualité fransaskoise durant l'année 2021 dans le domaine de l'éducation.

14 janvier 2022/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (9878)/Commentaires (0)/
Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Ronald Ajavon du Conseil des écoles fransaskoises est reconnu parmi les 10 personnalités influentes de la francophonie canadienne de 2021.

3 janvier 2022/Auteur: Francopresse/Nombre de vues (8982)/Commentaires (0)/
Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

La Fédération des communautés francophones et acadiennes craint désengagement du fédéral de sa responsabilité de protéger l'éducation de la petite enfance en français. 

 

17 décembre 2021/Auteur: Inès Lombardo – Francopresse /Nombre de vues (11571)/Commentaires (0)/
Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

L’intégration des élèves allophones, de plus en plus nombreux, représente un défi pour les écoles francophones en milieu minoritaire. 

16 décembre 2021/Auteur: Marine Ernoult – Francopresse/Nombre de vues (8198)/Commentaires (0)/
Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

La Cité universitaire francophone de Regina organisait une table ronde sur la communauté fransaskqueer, du nom d’un projet d’études sur l’identité et les expériences queer et trans des Fransaskois.

28 novembre 2021/Auteur: Estelle Bonetto – IJL-Réseau.Presse /Nombre de vues (14550)/Commentaires (0)/
Éducation francophone : Me  Roger Lepage décortique l’article 23

Éducation francophone : Me Roger Lepage décortique l’article 23

Me Roger Lepage nous explique que la francophonie canadienne en situation minoritaire revient de loin en matière d’éducation en français.

21 novembre 2021/Auteur: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (14757)/Commentaires (0)/
Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Le Rendez-vous fransaskois qui avait lieu du 1er au 7 novembre touchait un sujet sensible et urgent : l’éducation. Dans cet article, vous trouverez un résumé des discussions qui ont eu lieu à ce sujet.

13 novembre 2021/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (15070)/Commentaires (0)/
Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Le Conseil culturel fransaskois a publié un troisième guide pédagogique consacre à Joseph-Marc Lebel, alias Jean Féron, l’un des joyaux les plus méconnus de la littérature francophone de l’Ouest.

 

1 novembre 2021/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (15007)/Commentaires (0)/
Des balados en français pour les écoles

Des balados en français pour les écoles

Le Conseil culturel fransaskois a dévoilé son projet déCLIC, une série de balados éducatifs qui explore la construction langagière, identitaire et culturelle en Saskatchewan.

25 octobre 2021/Auteur: Leslie Garrido-Diaz/Nombre de vues (9087)/Commentaires (0)/
Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

La création d’un système public pancanadien de garderies à 10 $ améliorera le sort des parents canadiens, mais les francophones en situation minoritaire s’inquiètent du manque de places de garderie pour eux malgré tout.

8 octobre 2021/Auteur: Marine Ernoult – Francopresse/Nombre de vues (10246)/Commentaires (0)/
Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Apprenez-en plus sur les deux nouveaux établissements de la petite enfance francophones qui ont ouvert leurs portes récemment à Saskatoon.

7 octobre 2021/Auteur: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (10960)/Commentaires (0)/
RSS
123578910Dernière

 - jeudi 26 décembre 2024