Skip Navigation
La pandémie accroit-elle les inégalités économiques au Canada?

La pandémie accroit-elle les inégalités économiques au Canada?

FRANCOPRESSE – On pourrait penser que la crise provoquée par la pandémie contribue à la croissance des inégalités économiques. Les classes moyennes et populaires ont vu leurs revenus chuter avec la fermeture de plusieurs secteurs de l’économie, tandis que les plus riches, dont la fortune dépend en grande partie de titres financiers, semblent plutôt bien tirer leur épingle du jeu. L’équation n’est toutefois pas aussi simple qu’elle ne le parait de prime abord.

Après une chute abrupte au début de la crise, les marchés financiers ont retrouvé leur erre d’aller. Certains médias ont même rapporté que la fortune des plus grands milliardaires américains aurait crû de 15 % entre mars et mai 2020. De son côté, Rad rapportait que la fortune des cinq Canadiens les plus riches était passée de 59 milliards à 64,5 milliards de dollars pendant le confinement.

Yves Giroux, directeur parlementaire du budget (DPB), nuance toutefois : «Il est encore trop tôt pour déterminer si la COVID va avoir un impact sur les inégalités de revenus et de richesse […] Pour l’instant, il semble que les gens qui ont des actifs s’en tirent relativement bien, tandis que les gens qui ont des revenus sont plus affectés… Mais ça va certainement continuer d’évoluer, et la direction de cette évolution est loin d’être garantie.»

La crise de la COVID-19 et le 1 %

La part de la richesse détenue par les plus fortunés dépend en grande partie de la situation des marchés financiers.

 Pour Nicolas Zorn, directeur général de l’Observatoire québécois des inégalités, il y a «deux courants de pensée face aux marchés financiers : soit on croit qu’il n’y aura pas vraiment de baisse, qu’il y a des opportunités et que ça va continuer [en dépit de la crise] ; soit on croit ce n’est qu’une question de temps avant qu’il y ait une correction», que les marchés financiers ne s’effondrent.

À terme, les marchés dépendent d’indicateurs fondamentaux tels que l’emploi et l’endettement, donc Nicolas Zorn doute de la résilience des marchés dans l’éventualité d’une deuxième vague.

Dans ce scénario, les cours des marchés devraient chuter de façon prolongée en réponse à la situation des autres secteurs de l’économie, entrainant du même coup une chute du patrimoine des ménages les plus fortunés.

Cependant, ajoute Mathieu Lizotte, professeur adjoint à l’école d’études sociologiques et anthropologiques de l’Université d’Ottawa, si «le secteur financier dérive de l’économie “réelle”, la masse monétaire dans le monde est supérieure aux besoins de l’économie fondamentale. Alors, le cours du marché financier n’est pas nécessairement fondé sur ce qui se passe dans l’économie fondamentale.»  

En résumé, cela signifie que le cours des marchés financiers s’avère relativement autonome par rapport aux tendances dans d’autres secteurs économiques.

Peu importe les développements dans les cours du marché, dit Nicolas Zorn, il faut se rappeler que lors des crises économiques passées, le secteur financier a repris beaucoup plus rapidement que l’emploi.

Par exemple, même si cela a pris plusieurs années aux marchés pour récupérer les pertes de la crise économique de 2008-2009, dès 2012 «le 1 % [des plus fortunés] captait 95 % de la croissance économique».

Donc, même dans l’éventualité de pertes importantes sur les marchés financiers, les plus fortunés récupèreraient plus rapidement de la crise que le reste de la population canadienne.

Une question de solvabilité pour le 99%

Pour la majorité des gens, la COVID-19 a surtout eu un impact sur l’emploi et le revenu. Pour la plupart des ménages, la constitution de patrimoine dépend en grande partie de l’accès au marché du travail.

Mathieu Lizotte rappelle que la crise a eu des «effets désastreux sur le taux de chômage et sur la réduction des heures de travail. Certaines catégories de travailleurs ont été plus désavantagées que d’autres, notamment les femmes, les jeunes, les célibataires et les personnes moins scolarisées.»

Nicolas Zorn ajoute que «ceux qui n’avaient pas beaucoup de richesses ont vu leur dette augmenter, ont dû reporter leur hypothèque, ce qui a un impact sur leur cote de crédit, mais aussi sur leurs intérêts à venir, donc ça ne se fait pas à cout nul.»

En conséquence, ajoute le sociologue Mathieu Lizotte «l’enjeu principal demeure la solvabilité des ménages quant aux paiements hypothécaires. Le gouvernement et les banques doivent être prêts à continuer à se montrer très flexibles pour que les Canadiens ne perdent pas leurs logements. Une augmentation massive des saisies et des pertes de logement entrainerait une hausse inacceptable des inégalités de patrimoine.»

D’autant plus qu’une part importante de la richesse des ménages de classe moyenne est investie dans leur résidence principale. Une augmentation des saisies de domiciles entrainerait une diminution correspondante dans la part du patrimoine détenue par la classe moyenne.

De plus, selon Mathieu Lizotte et Nicolas Zorn, la fin des mesures gouvernementales de soutien, comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU), créerait de l’incertitude par rapport à la situation financière de plusieurs ménages.

S’il s’avère difficile de prédire les conséquences à long terme de la crise actuelle sur la distribution de la richesse, il semble que les ménages qui tirent la majorité de leurs revenus du travail soient les plus vulnérables — d’autant plus que le taux d’endettement des ménages canadiens est parmi les plus élevés au monde.

Les inégalités économiques déjà plus profondes qu’on ne le pensait

Dans un rapport publié en juin 2020, le directeur parlementaire du budget (DPB) révise à la hausse la proportion de la richesse nationale détenue par les plus nantis : 1 % des familles canadiennes détiendraient 25,6 % de la richesse, plutôt que 13,7 % comme le laissaient croire les évaluations antérieures.

La question de la distribution de la richesse au Canada a surgi lors de la campagne électorale de 2019. Le DPB devait alors évaluer l’impact d’une proposition électorale du NPD, soit de taxer la richesse des ménages qui disposaient d’un patrimoine de plus de 20 millions de dollars.

Au Canada, 1 % des familles les plus fortunées détiendraient 25,6 % du patrimoine total. Au niveau international, cela place le Canada entre les pays scandinaves, plus égalitaires, et les pays anglo-saxons, moins égalitaires.

Imprimer
18255

Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)Francopresse

Autres messages par Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
L’université francophone ontarienne pour 2025?

L’université francophone ontarienne pour 2025?

Gouverne ontarienne, mission canadienne

Le Sommet provincial des États généraux sur le postsecondaire en Ontario français, du 3 au 5 octobre à Toronto, promet de franchir une étape clé dans la création d’une université franco-ontarienne. Un projet qui dépasserait les frontières provinciales.

28 septembre 2014/Auteur: Louis-Marie Achille (Francopresse)/Nombre de vues (22916)/Commentaires (0)/

Rencontre avec Miles Muri, directeur des écoles Sans-Frontière et Père Mercure

M. Miles Muri travaille pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Il a été directeur de l’École secondaire Collège Mathieu à Gravelbourg puis directeur du Centre d’éducation virtuelle et d’innovation (CÉVI) pendant un an avant de devenir directeur des écoles Père Mercure et Sans-Frontières.

18 septembre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (24237)/Commentaires (0)/
Pour une solution à long terme

Pour une solution à long terme

Le CSF et le jugement de la Cour du banc de la reine

Le 19 août dernier, le juge Brian A. Barrington-Foote de la Cour du Banc de la Reine a ordonné au gouvernement de la Saskatchewan de payer la somme de 500 000 $ au Conseil scolaire fransaskois (CSF) qui réclamait 5,2 M $.

18 septembre 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (25276)/Commentaires (0)/
Le CÉF bénéficie du programme Ordinateurs pour les écoles

Le CÉF bénéficie du programme Ordinateurs pour les écoles

Depuis cinq ans, le Conseil des écoles fransaskoises profite du programme national Ordinateurs pour les écoles (OPE). Créé en 1993 par Industrie Canada et les TelecomPioneers, ce programme a permis, à date, de donner plus de 1 100 000 ordinateurs et imprimantes provenant des administrations publiques et du secteur privé. 
18 septembre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (29436)/Commentaires (0)/
Immersion dans l’immersion

Immersion dans l’immersion

Entrevue avec Paul Bazin, conseiller pédagogique pour toutes les écoles d’immersion publiques de Saskatoon

C’est le temps de la rentrée et on a beaucoup parlé des écoles du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), mais il y a aussi les autres : les écoles d’immersion. Pour faire un point sur ce secteur, nous avons rencontré M. Paul Bazin, conseiller pédagogique pour toutes les écoles d’immersion publiques de Saskatoon.

18 septembre 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (28982)/Commentaires (0)/

Notre école

Depuis une semaine, les écoles ont repris leurs activités. Pour les jeunes Fransaskoises et Fransaskois, c’est maintenant une chose normale que d’aller dans une école fransaskoise. Mais il n’y a pas si longtemps, ce n’était pas la réalité.

11 septembre 2014/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (27850)/Commentaires (0)/
Un enseignement de qualité malgré l’austérité

Un enseignement de qualité malgré l’austérité

Entrevue avec Donald Michaud,  le directeur de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

11 septembre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (28595)/Commentaires (0)/
L’optimisation des compétences et des ressources au service des élèves

L’optimisation des compétences et des ressources au service des élèves

Rencontre avec Dolorèse Nolette

Rencontre avec Dolorèse Nolette, directrice générale de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

11 septembre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (27125)/Commentaires (0)/

Une nouvelle année pour le CÉF : Attendre de voir

Un consensus semble atteint par tous les interlocuteurs du CÉF qui prennent maintenant un certain recul après avoir exprimé leurs critiques et veulent laisser les personnes en charge le soin de travailler à l’amélioration de son fonctionnement.

11 septembre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (27700)/Commentaires (0)/
Quelle année scolaire pour les écoles du CÉF?

Quelle année scolaire pour les écoles du CÉF?

On se souvient d’un commentaire de Francis Potié, directeur général de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), à propos des coupures de Patrimoine canadien lors d’une table ronde à l’Institut français. « Tout ne va pas si mal. » Il me semble qu’il pourrait aussi bien s’appliquer à la « crise » qu’est en train de traverser le CÉF.

11 septembre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (30697)/Commentaires (0)/

Une rentrée comme les autres

C’était l’effervescence au Pavillon secondaire des quatre vents (PSQV) de l’école Laval à Regina en cette matinée de rentrée, mardi 2 septembre.

11 septembre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (25544)/Commentaires (0)/

Pourquoi choisir l’école de la minorité?

La rentrée scolaire 2014 ne fera sans doute pas exception. Encore une fois, trop d’enfants de parents ayants droit ne seront pas inscrits à une école francophone. Une tendance qui met en péril l’avenir des communautés francophones en situation minoritaire.

11 septembre 2014/Auteur: Lucien Chaput (Francopresse)/Nombre de vues (22926)/Commentaires (0)/
Nomination à la direction des écoles Beau Soleil et ÉSCM à Gravelbourg

Nomination à la direction des écoles Beau Soleil et ÉSCM à Gravelbourg

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) annonce la nomination de Rosalie Lizée à titre de directrice de l'école Beau Soleil et de l'école secondaire Collège Mathieu (ÉSCM) à Gravelbourg.
4 septembre 2014/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (26832)/Commentaires (0)/
Le CÉF restructure ses services face à ses défis budgétaires

Le CÉF restructure ses services face à ses défis budgétaires

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a dévoilé, le 18 août dernier, les détails de la restructuration de ses services éducatifs. Ces changements ont été apportés afin, selon le CÉF, de «mieux répondre aux nouveaux défis qui découlent des compressions budgétaires annoncées en juin 2014. [L]a réorganisation des services voués aux élèves permettra de favoriser la réussite des élèves et l’accompagnement des intervenants dans les écoles. »

28 août 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (25880)/Commentaires (0)/
Jugement dans la crise scolaire fransaskoise

Jugement dans la crise scolaire fransaskoise

La Cour octroie dix fois moins que réclamé

Le juge Barrington Foote de la Cour du Banc de la Reine a ordonné au gouvernement de la Saskatchewan, le 19 août, de payer la somme de 500 000 $ pour renflouer les coffres du Conseil scolaire fransaskois (CSF) pour l’année 2014-2015.

28 août 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (28055)/Commentaires (0)/
RSS
Première2324252628303132Dernière

 - lundi 10 juin 2024