Skip Navigation
Bon 36366
La pandémie accroit-elle les inégalités économiques au Canada?

La pandémie accroit-elle les inégalités économiques au Canada?

FRANCOPRESSE – On pourrait penser que la crise provoquée par la pandémie contribue à la croissance des inégalités économiques. Les classes moyennes et populaires ont vu leurs revenus chuter avec la fermeture de plusieurs secteurs de l’économie, tandis que les plus riches, dont la fortune dépend en grande partie de titres financiers, semblent plutôt bien tirer leur épingle du jeu. L’équation n’est toutefois pas aussi simple qu’elle ne le parait de prime abord.

Après une chute abrupte au début de la crise, les marchés financiers ont retrouvé leur erre d’aller. Certains médias ont même rapporté que la fortune des plus grands milliardaires américains aurait crû de 15 % entre mars et mai 2020. De son côté, Rad rapportait que la fortune des cinq Canadiens les plus riches était passée de 59 milliards à 64,5 milliards de dollars pendant le confinement.

Yves Giroux, directeur parlementaire du budget (DPB), nuance toutefois : «Il est encore trop tôt pour déterminer si la COVID va avoir un impact sur les inégalités de revenus et de richesse […] Pour l’instant, il semble que les gens qui ont des actifs s’en tirent relativement bien, tandis que les gens qui ont des revenus sont plus affectés… Mais ça va certainement continuer d’évoluer, et la direction de cette évolution est loin d’être garantie.»

La crise de la COVID-19 et le 1 %

La part de la richesse détenue par les plus fortunés dépend en grande partie de la situation des marchés financiers.

 Pour Nicolas Zorn, directeur général de l’Observatoire québécois des inégalités, il y a «deux courants de pensée face aux marchés financiers : soit on croit qu’il n’y aura pas vraiment de baisse, qu’il y a des opportunités et que ça va continuer [en dépit de la crise] ; soit on croit ce n’est qu’une question de temps avant qu’il y ait une correction», que les marchés financiers ne s’effondrent.

À terme, les marchés dépendent d’indicateurs fondamentaux tels que l’emploi et l’endettement, donc Nicolas Zorn doute de la résilience des marchés dans l’éventualité d’une deuxième vague.

Dans ce scénario, les cours des marchés devraient chuter de façon prolongée en réponse à la situation des autres secteurs de l’économie, entrainant du même coup une chute du patrimoine des ménages les plus fortunés.

Cependant, ajoute Mathieu Lizotte, professeur adjoint à l’école d’études sociologiques et anthropologiques de l’Université d’Ottawa, si «le secteur financier dérive de l’économie “réelle”, la masse monétaire dans le monde est supérieure aux besoins de l’économie fondamentale. Alors, le cours du marché financier n’est pas nécessairement fondé sur ce qui se passe dans l’économie fondamentale.»  

En résumé, cela signifie que le cours des marchés financiers s’avère relativement autonome par rapport aux tendances dans d’autres secteurs économiques.

Peu importe les développements dans les cours du marché, dit Nicolas Zorn, il faut se rappeler que lors des crises économiques passées, le secteur financier a repris beaucoup plus rapidement que l’emploi.

Par exemple, même si cela a pris plusieurs années aux marchés pour récupérer les pertes de la crise économique de 2008-2009, dès 2012 «le 1 % [des plus fortunés] captait 95 % de la croissance économique».

Donc, même dans l’éventualité de pertes importantes sur les marchés financiers, les plus fortunés récupèreraient plus rapidement de la crise que le reste de la population canadienne.

Une question de solvabilité pour le 99%

Pour la majorité des gens, la COVID-19 a surtout eu un impact sur l’emploi et le revenu. Pour la plupart des ménages, la constitution de patrimoine dépend en grande partie de l’accès au marché du travail.

Mathieu Lizotte rappelle que la crise a eu des «effets désastreux sur le taux de chômage et sur la réduction des heures de travail. Certaines catégories de travailleurs ont été plus désavantagées que d’autres, notamment les femmes, les jeunes, les célibataires et les personnes moins scolarisées.»

Nicolas Zorn ajoute que «ceux qui n’avaient pas beaucoup de richesses ont vu leur dette augmenter, ont dû reporter leur hypothèque, ce qui a un impact sur leur cote de crédit, mais aussi sur leurs intérêts à venir, donc ça ne se fait pas à cout nul.»

En conséquence, ajoute le sociologue Mathieu Lizotte «l’enjeu principal demeure la solvabilité des ménages quant aux paiements hypothécaires. Le gouvernement et les banques doivent être prêts à continuer à se montrer très flexibles pour que les Canadiens ne perdent pas leurs logements. Une augmentation massive des saisies et des pertes de logement entrainerait une hausse inacceptable des inégalités de patrimoine.»

D’autant plus qu’une part importante de la richesse des ménages de classe moyenne est investie dans leur résidence principale. Une augmentation des saisies de domiciles entrainerait une diminution correspondante dans la part du patrimoine détenue par la classe moyenne.

De plus, selon Mathieu Lizotte et Nicolas Zorn, la fin des mesures gouvernementales de soutien, comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU), créerait de l’incertitude par rapport à la situation financière de plusieurs ménages.

S’il s’avère difficile de prédire les conséquences à long terme de la crise actuelle sur la distribution de la richesse, il semble que les ménages qui tirent la majorité de leurs revenus du travail soient les plus vulnérables — d’autant plus que le taux d’endettement des ménages canadiens est parmi les plus élevés au monde.

Les inégalités économiques déjà plus profondes qu’on ne le pensait

Dans un rapport publié en juin 2020, le directeur parlementaire du budget (DPB) révise à la hausse la proportion de la richesse nationale détenue par les plus nantis : 1 % des familles canadiennes détiendraient 25,6 % de la richesse, plutôt que 13,7 % comme le laissaient croire les évaluations antérieures.

La question de la distribution de la richesse au Canada a surgi lors de la campagne électorale de 2019. Le DPB devait alors évaluer l’impact d’une proposition électorale du NPD, soit de taxer la richesse des ménages qui disposaient d’un patrimoine de plus de 20 millions de dollars.

Au Canada, 1 % des familles les plus fortunées détiendraient 25,6 % du patrimoine total. Au niveau international, cela place le Canada entre les pays scandinaves, plus égalitaires, et les pays anglo-saxons, moins égalitaires.

Imprimer
18207

Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)Francopresse

Autres messages par Bruno Cournoyer Paquin (Francopresse)
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Émile Fortier: Comme une grande famille!

Émile Fortier: Comme une grande famille!

Un fransaskois au Campus St-Jean d'Edmonton

EDMONTON - Avec ses 750 étudiants, le Campus Saint-Jean est considéré comme un petit établissement au sein de l’Université de l’Alberta qui accueille chaque année près de 30 000 étudiants.

22 octobre 2014/Auteur: Étienne Alary/Nombre de vues (29683)/Commentaires (0)/
Capacité d’apprentissage: Six lieux, 3 groupes et un couffin

Capacité d’apprentissage: Six lieux, 3 groupes et un couffin

Des chercheurs ont suivi pendant quatre ans des jeunes enfants en milieu minoritaire pour mesurer l’impact d’un programme enrichi créé en Saskatchewan. Le résultat est « significatif » et pertinent.

22 octobre 2014/Auteur: Anonym/Nombre de vues (25439)/Commentaires (0)/

Des facteurs socioéconomiques et culturels influent sur la performance au chapitre de l'éducation et des compétences

Il faut mieux comprendre les défis particuliers auxquels sont confrontés les autochtones.

Selon un nouveau rapport du Conference Board du Canada sur l'éducation et les compétences dans les territoires produit dans le cadre de l'analyse Les performances du Canada, les résultats des territoires au chapitre de l'éducation et des compétences sont inférieurs à ceux des provinces en raison d'écarts notables entre les niveaux de scolarité des populations autochtones et non autochtones.

16 octobre 2014/Auteur: Conference Board of Canada/Nombre de vues (21401)/Commentaires (0)/
Omnium de volleyball

Omnium de volleyball

Un projet de l'AJF et du CÉF

C’est sous le signe de la fraternité que s’est déroulé l’Omnium fransaskois de volleyball au centre Henk Ruys à Saskatoon les 8 et 9 octobre derniers.  Quelque 483 élèves des écoles du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) des quatre coins de la province se sont amusés en y participant.  

16 octobre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (34634)/Commentaires (0)/
Le Lien: Un centre de ressources francophones provincial

Le Lien: Un centre de ressources francophones provincial

Une mine de ressources à une distance de clic

Créé en 1986, le Lien est un centre de ressources culturelles et pédagogiques en français. Il dessert les francophones et francophiles de la Saskatchewan et de l’Ouest canadien. Seul centre francophone de prestation de services, le Lien met gratuitement à la disposition de ses usagers 42 000 titres soit 70 000 ressources sous forme de livres, de films (DVD, VHS), de CDs et propose l’accès à du matériel audiovisuel.

15 octobre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (26387)/Commentaires (0)/
Nicole Lemire:  De Nipawin à Edmonton, en passant par Prince Albert

Nicole Lemire: De Nipawin à Edmonton, en passant par Prince Albert

Chaque année, des milliers d’étudiants en 12e année sont confrontés à la même question : qu’est-ce qu’ils feront après l’obtention de leur diplôme : amorcer des études collégiales ou universitaires, aller directement sur le marché du travail ou prendre une pause d’études?

 

9 octobre 2014/Auteur: Étienne Alary/Nombre de vues (27471)/Commentaires (0)/

Nicole Dupuis, enseignante en école d’immersion à Estevan

Ceux qui choisissent le métier d’enseignant doivent être prêts à aimer leurs élèves, être capables de collaborer avec leurs collègues et prêts à appuyer les parents.

9 octobre 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (31259)/Commentaires (0)/
Yves St-Maurice réélu à la présidence de l’ACELF

Yves St-Maurice réélu à la présidence de l’ACELF

Lors de l’assemblée annuelle tenue à Halifax, le 27 septembre dernier, les membres de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF) ont réélu M. Yves St-Maurice à la présidence de l’association pour un quatrième mandat consécutif. 

9 octobre 2014/Auteur: L'Eau vive/Nombre de vues (30209)/Commentaires (0)/
Français pour l’avenir:  Plus de 200 000 $ de bourses à gagner!

Français pour l’avenir: Plus de 200 000 $ de bourses à gagner!

10e édition du Concours national de rédaction

Le français pour l’avenir lance la 10e édition du Concours national de rédaction pour les élèves de la 10e à la 12e année.

2014-12-19 23:00 - 23:30/Auteur: L'Eau vive/Nombre de vues (12989)/Commentaires (0)/
Institut français: Des initiatives pour favoriser la réussite des étudiants

Institut français: Des initiatives pour favoriser la réussite des étudiants

Services de mentorats et tutorats

Depuis le début de l’année universitaire, l’Institut français, sous la supervision de Ariadna Sachdeva, Conseillère et coordonnatrice des programmes crédités et des services aux étudiants, a mis en place un programme de mentorat.

9 octobre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (25910)/Commentaires (0)/
Hausse des inscriptions dans les écoles francophones de l'Ontario et de l'Ouest

Hausse des inscriptions dans les écoles francophones de l'Ontario et de l'Ouest

Les écoles fransaskoises connaissent la deuxième plus forte hausse au pays

La tendance nationale des inscriptions dans les écoles francophones est positive. Mais pas dans toutes les provinces, où se profilent d’importants défis pour l’avenir. Le 24e Congrès de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) fera le point. 

3 octobre 2014/Auteur: Lucien Chaput (Francopresse)/Nombre de vues (23329)/Commentaires (0)/
Programmation du Collège Mathieu 2014-15

Programmation du Collège Mathieu 2014-15

L'institution fransaskoise s’affirme comme l’un des acteurs majeurs du post-secondaire francophone en Saskatchewan.

Petit à petit, à force de travail et au fil du temps, le Collège Mathieu, sous la direction générale de Francis Kasongo, s’affirme de plus en plus comme l’un des acteurs majeurs, avec l’Institut français, du dossier du post-secondaire francophone en Saskatchewan.

2 octobre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (26453)/Commentaires (0)/
Les choses bougent à l’Institut français

Les choses bougent à l’Institut français

 Deux mois et demi après sa prise de fonction à la direction de l’Institut français, Sophie Bouffard peut déjà se prévaloir d’un bilan honorable.

2 octobre 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (27480)/Commentaires (0)/
Êtes-vous business?

Êtes-vous business?

Le sujet de cette première formation d'une série de quatre, animée par le conseiller en développement économique Ildephonse Bigirimana, était l’acquisition d’une franchise. 

2 octobre 2014/Auteur: Marie-Pier Boilard/Nombre de vues (38944)/Commentaires (0)/
Le CÉF et l’Eau Vive font équipe pour soutenir les initiatives des conseils écoles

Le CÉF et l’Eau Vive font équipe pour soutenir les initiatives des conseils écoles

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) et la Coopérative des publications fransaskoises (CPF) lancent une campagne d’aide au financement de projets scolaires par vente d’abonnements au journal l’Eau Vive

2 octobre 2014/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (26084)/Commentaires (0)/
RSS
Première2223242527293031Dernière

 - dimanche 2 juin 2024