Skip Navigation
Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere

AGE du CSF: trois heures d'échanges difficiles

Jean de Dieu Ndayahundwa, un des parents ayant provoqué l’AGE.

Jean de Dieu Ndayahundwa, un des parents ayant provoqué l’AGE.


Photo: Sébastien Németh (2015)
Très attendue, l’Assemblée générale extraordinaire du Conseil scolaire fransaskois (CSF) n’a pas répondu aux attentes. La réunion provoquée par un groupe de parents d’élèves, devait évoquer les questions sensibles des finances et de l’abandon des recours en justice. 

« C’est la première fois en 38 ans de carrière que je vis une réunion de ce genre. » Donald Michaud, le directeur de l’éducation par intérim du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) n’est pas le seul à être resté sur sa faim au terme de l’Assemblée générale extraordinaire (AGE) des électeurs du CSF, qui s’est tenue le mercredi 26 août à Regina. Réunion rediffusée en vidéoconférence dans les écoles de la province.

Convoquée par des parents inquiets, la rencontre visait à faire le point sur des enjeux sensibles : le déficit, les coupures de services et l’abandon des recours juridiques pour l’obtention de subventions fédérales.

Dès le départ, des problèmes techniques ont donné le ton de cette soirée au déroulement confus. En attendant l’établissement du lien audio, la vingtaine de participants réunis à Saskatoon se sont lancés dans une discussion sur les coupures  dans le transport scolaire et notamment l’abandon du ramassage en porte à porte. Nadia Ben Boubaker a déclaré : « c’est inacceptable de recevoir cette information quelques jours avant la rentrée scolaire ». Cette propriétaire de garderie en milieu familial située à 500 m de l’école élémentaire fransaskoise de Saskatoon a expliqué qu’avec plus de temps, elle aurait pu faire des ajustements pour offrir un soutien logistique aux parents.

Les responsables du CÉF sachant dès juin qu’il y aurait des coupures à faire, André Denis, le président du CSF, a concédé que « l’information aurait dû être transmise plus tôt ».

Recours juridiques

La présentation de la situation financière du CÉF a également entraîné un certain flottement. Les participants n’avaient pas reçu de document explicatif et la présentation des chiffres a entraîné plus de questions que de réponses. Même si le bilan financier affiche un surplus anticipé de 1,3 millions, qui sera consacré à éponger une partie de la dette estimée à 7 millions, les écoles fransaskoises souffrent d’un sous-financement selon André Denis. Les établissements reçoivent près de 20 000 $ par élève (14 000 $ côté anglophone). Pourtant le CÉF  aurait besoin d’une enveloppe supplémentaire de 9 millions pour répondre à ses besoins. Le président du CSF a réitéré l’engagement de l’organisme au triple mandat (éducatif, communautaire et culturel). « Malheureusement, le ministère ne finance pas les aspects communautaire et culturel », a-t-il déploré.

Certains parents ont alors demandé pourquoi le CSF ne retournait pas, comme les années passées, devant les tribunaux pour obtenir les subventions désirées. André Denis a expliqué que « les sommes reçues suite à des recours en justice vont en diminuant » et que le CSF voulait miser sur la négociation. « Nous avons une culture d’aller en cours car par le passé, c’était la seule façon pour obtenir nos écoles. Mais les choses évoluent. Nous verrons les résultats de cette approche. » S’ajoute à cela, la crainte de dégrader un peu plus les relations avec le gouvernement.

Situation ubuesque

Des parents ont tenté de faire adopter une résolution afin qu’une étude indépendante soit réalisée sur les impacts des programmes du CÉF et les coupures. Les pour brandissaient l’inquiétude d’une baisse des résultats scolaire. Les contre martelaient le coût d’une telle recherche.

Cette proposition a entrainé des situations ubuesques, des débats sans fin sur le libellé de la résolution, chaque fois différent. Haussant le ton, Donald Michaud a fait une sortie éloquente lorsqu’il a déclaré : « Ce que vous nous dites c’est que vous ne nous faites pas confiance. En tant que Fransaskois qui a travaillé avec beaucoup d’ardeur pour ce que vous avez aujourd’hui, je trouve ça un peu insultant! » La proposition a finalement été rejetée...

Une rencontre inutile?

Pour Gabrielle Lepage-Lavoie, de Saskatoon, « cette réunion était inutile et représente un gaspillage d’argent ». Le CÉF estime en effet que l’AGE aura coûté environ 25 000 $.

En février 2014, lors de son entrée en fonction au CÉF, Donald Michaud soulignait l’importance d’améliorer le dialogue avec la communauté, car « le manque de communication entraîne la méfiance », avait-il dit. Or l’AGE a mis en lumière le long chemin qu’il reste à parcourir…

Réactions mitigées

Willy Barraud, deux enfants à l’école primaire fransaskoise

Willy Barraud, deux enfants à l’école primaire fransaskoise

Willy Barraud, deux enfants à l’école primaire fransaskoise 

Je sors sans vraiment avoir eu de réponse. Je me sens encore plus confus. On sait qu’il y a un déficit, mais également un profit. Je ne sais pas vraiment où le CEF se situe. Nous ne savons pas quelles décisions sont prises. Je ressens une véritable inquiétude avec le manque de financement, auquel s’ajoute la gestion du CEF. Le résultat de tout cela, c’est le risque d’une diminution des inscriptions, qui entraînera mécaniquement une baisse des subventions gouvernementales. C’est un cercle vicieux.

J’ai trouvé que le CSF avait mal préparé cette assemblée. Nous n’avions pas reçu le document présenté, nous avons commencé tard, des membres du Conseil ne pouvaient pas répondre aux questions, d’autres étaient absents. J’ai l’impression d’avoir perdu 3 heures de mon temps. 

Jean-Marie Allard, membre du groupe ayant demandé l’AGE

Jean-Marie Allard, membre du groupe ayant demandé l’AGE

Jean-Marie Allard, membre du groupe ayant demandé l’AGE

La réunion a été sans surprises. J’espère en tout cas qu’ils ont compris notre message. Nous sommes sous financés. Nous perdons nos élèves et une fois qu’ils sont partis, nous ne les récupérerons pas. Le CSF n’a pas l’air de se rendre compte.

Nous avons un déficit et je suis inquiet à l’idée de prochaines coupures dans les services. Le CSF ne veut pas aller devant la justice car il a peur que cela ne plaise pas au gouvernement. Mais si nous n’allons pas en cour, nous ne savons pas quels financements nous serons accordés. Nous perdons nos acquis et je ne suis pas rassuré. Mais notre groupe n’hésitera pas à passer à la prochaine étape. Nous allons parler à notre avocat et peut-être intenter une action judiciaire contre le gouvernement.

Lana Siman, anglophone avec deux enfants en école fransaskoise

Lana Siman, anglophone avec deux enfants en école fransaskoise

Lana Siman, anglophone avec deux enfants en école fransaskoise

Je suis contente que l’Assemblée générale extraordinaire ait rassemblé beaucoup de monde. Certains points divisaient la communauté, nous n’étions pas tous d’accord, mais je pense qu’à la fin nous avons pris une bonne direction, pour le bien des élèves.

Néanmoins je m’interroge sur la situation financière. J’aimerais vraiment savoir comment le CEF va gérer le redressement. L’organisation doit être pro active et mieux nous expliquer sa méthode et ses décisions.

La rentrée se fait sans inquiétude. Nous avons du bon personnel. Le porte à porte des bus, c’était un luxe. Nous étions gâtés depuis longtemps. Si ce n’est pas rentable je comprends qu’ils l’aient supprimé plus tôt. Mais ils auraient dû nous prévenir plus tôt.

André Denis, président du Conseil scolaire fransaskois (CSF)

André Denis, président du Conseil scolaire fransaskois (CSF)

André Denis, président du Conseil scolaire fransaskois (CSF)

Nous francophones faisons tout avec notre cœur. C’était une réunion pleine d’émotions. Le CSF fait de son mieux même s’il n’est pas parfait. Moi-même j’ai peut-être parfois des difficultés à expliquer la situation au public. Nous avons une dette de 7 millions de dollars qu’il faut redresser. C’est un défi. La vérificatrice nous a montré que nous avions des faiblesses. Nous tentons de les corriger. Nous avons dû chercher de nouvelles manières d’assurer les services, d’être plus efficaces.

Si nous n’avions pas coupé le transport en porte-à-porte, nous aurions dû couper ailleurs. Notre but c’est toujours que les restrictions aient le moins d’impact possible. Dans les ministères, il y a toujours des gens qui voient les francophones comme un fardeau. Nous devons les faire changer d’avis. C’est le but de la négociation entamée avec le gouvernement.

 

Article précédent Une Fransaskoise à la tête de l'école Père Mercure
Prochain article Les demandes de services sont en hausse, mais pas les budgets
Imprimer
38217

Jean-Pierre Picard (EV)Jean-Pierre Picard

Autres messages par Jean-Pierre Picard (EV)
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Éducation: 25 ans de l’arrêt Mahé

Éducation: 25 ans de l’arrêt Mahé

Le droit scolaire continue son chemin au Canada français

L’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés de 1982 comprenait-il la gouvernance des établissements d’enseignement? Des parents francophones d’Edmonton ont pris les devants et gagné en Cour suprême en 1990. Une jurisprudence était fondée. Celle de l’arrêt Mahé.

22 octobre 2015/Auteur: Anonym/Nombre de vues (28531)/Commentaires (0)/
L'Omnium de volleyball réunit près de 500 jeunes du CÉF

L'Omnium de volleyball réunit près de 500 jeunes du CÉF

SASKATOON - Les 8 et 9 octobre derniers, environ 480 jeunes des écoles secondaires fransaskoises ont participé à l’Omnium de volleyball organisé au Centre de soccer Henk Ruys de Saskatoon par le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). L’une des rares occasions pour les jeunes de toute la province de se retrouver chaque année.

14 octobre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (36348)/Commentaires (0)/

La bataille de l’éducation

Un des sujets quasiment tabous de la présente campagne électorale est l’enjeu des langues officielles. Probablement qu’il s’agit d’un terrain au moins aussi miné que celui du niqab.
14 octobre 2015/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (32359)/Commentaires (0)/
Moins d'élèves dans les écoles fransaskoises

Moins d'élèves dans les écoles fransaskoises

Entrevue avec André Denis, président du Conseil scolaire fransaskois

REGINA - Depuis la rentrée, les écoles fransaskoises ont enregistré plusieurs dizaines d’inscrits en moins par rapport à l’an dernier. Le président du Conseil scolaire fransaskois (CSF), André Denis, se dit inquiet mais veut attendre d’en savoir plus.

14 octobre 2015/Auteur: Propos recueillis par Sébastien Németh/Nombre de vues (35876)/Commentaires (0)/
Le Collège Mathieu commence l’année en bonne santé

Le Collège Mathieu commence l’année en bonne santé

Des nouveautés dévoilées à l'Assemblée générale annuelle

GRAVELBOURG - Le Collège Mathieu a tenu, le 2 octobre dernier, son Assemblée générale à Gravelbourg. Les sujets d’ordre financier, la création de nouveaux partenariats et aussi de nouvelles techniques étaient à l’ordre du jour.

8 octobre 2015/Auteur: Gary Ouellette (EV)/Nombre de vues (27626)/Commentaires (0)/
Des parents chargent à nouveau le Conseil scolaire

Des parents chargent à nouveau le Conseil scolaire

REGINA - Moins de six semaines après une Assemblée générale extraordinaire plutôt houleuse, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) est de nouveau attaqué.

8 octobre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (29562)/Commentaires (0)/
Formation pour les animatrices de groupes de jeux

Formation pour les animatrices de groupes de jeux

SASKATOON - L’Association des parents fransaskois (APF) et le Collège Mathieu ont offert aux animatrices de groupes de jeux de toute la province une formation gratuite le samedi 26 septembre dans

1 octobre 2015/Auteur: Sandra Hassan Farah (EV)/Nombre de vues (25367)/Commentaires (0)/
Nouvelle classe portative livrée à l’école Boréale

Nouvelle classe portative livrée à l’école Boréale

Mardi 15 septembre, une classe portative a été livrée à l’école Boréale de Ponteix. Un équipement qui devrait apporter davantage de confort pour les élèves et les enseignants. 

24 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (39017)/Commentaires (0)/

Enseignement portatif

À l’école Boréale de Ponteix, on n’aura plus besoin d’étudier ou de travailler dans la cuisine. Une nouvelle classe portative vient d’arriver. 

24 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh/Nombre de vues (31196)/Commentaires (0)/
Les demandes de services sont en hausse, mais pas les budgets

Les demandes de services sont en hausse, mais pas les budgets

Rencontre avec Frédérique Baudemont, directrice de l'Association des parents fransaskois

SASKATOON - Arrivée à la direction de l’Association des parents fransaskois (APF) au début du mois, Frédérique Baudemont nous donne les orientations de l’organisme en cette nouvelle année scolaire qui commence pour les élèves et les parents.

17 septembre 2015/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (28237)/Commentaires (0)/
AGE du CSF: trois heures d'échanges difficiles

AGE du CSF: trois heures d'échanges difficiles

Très attendue, l’Assemblée générale extraordinaire du Conseil scolaire fransaskois (CSF) n’a pas répondu aux attentes. La réunion provoquée par un groupe de parents d’élèves, devait évoquer les questions sensibles des finances et de l’abandon des recours en justice.

3 septembre 2015/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (38232)/Commentaires (0)/
Une Fransaskoise à la tête de l'école Père Mercure

Une Fransaskoise à la tête de l'école Père Mercure

NORTH BATTLEFORD - Julie Lemire, ancienne enseignante, prend les rênes de l’école Père Mercure, à North Battleford.

3 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (39795)/Commentaires (0)/
Luc Handfield, nouveau directeur adjoint de l’éducation au CÉF

Luc Handfield, nouveau directeur adjoint de l’éducation au CÉF

Un expert de l’éducation minoritaire rejoint le CEF

D’origine québécoise, Luc Handfield est le nouveau directeur adjoint de l’éducation au Conseil des écoles fransaskoises.
3 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (36765)/Commentaires (0)/
Système anglo, franco ou immersion?

Système anglo, franco ou immersion?

Alors que des centaines de familles sont en pleine rentrée des classes depuis mardi dernier, des parents francophones et anglophones ont choisi d’inscrire leurs enfants dans l’autre système linguistique. Témoignages.

3 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (36703)/Commentaires (0)/
Thérapie de couple

Thérapie de couple

Réflexion autour de l'AGE du Conseil scolaire fransaskois

 Difficile d’entamer une rentrée scolaire après une Assemblée générale extraordinaire demandée par des parents en colère et inquiets.
3 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh/Nombre de vues (32806)/Commentaires (0)/
RSS
Première1516171820222324Dernière

 - lundi 23 décembre 2024