Skip Navigation
Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere
Ericka Muzzo – Francopresse 
/ Catégories: Éducation

École en pandémie : manque de ressources pour aider les élèves

enfants
Crédit: Kelly Sikkema - Unsplash

FRANCOPRESSE – Au cours de la dernière année, les enseignants ont constaté que tous les élèves n’étaient pas égaux devant les défis imposés par la pandémie. Le système de support à domicile variant énormément d’un enfant à l’autre, les conseils scolaires ont été forcés de repenser leur manière de soutenir les élèves. Une situation qui a mis en lumière les défis socioémotionnels des élèves, mais aussi des adultes.  

Sylvie Tremblay

Sylvie Tremblay est directrice de l’éducation et secrétaire-trésorière au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO). 

Photo: Capture d'écran francopresse

«L’une des analogies qu’on a beaucoup utilisées dans notre équipe depuis le mois de mars, c’est de dire qu’on est en train de construire l’avion et il est déjà dans les airs en train de voler», relate Sylvie Tremblay, directrice de l’éducation et secrétaire-trésorière au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO).

Cette dernière s’exprimait à l’occasion d’une table ronde organisée récemment par la Chaire de recherche en éducation du Collège des chaires sur le monde francophone et le Laboratoire de recherche interdisciplinaire sur les droits de l’enfant (LRIDE). 

«Il a fallu accepter que ce qu’on faisait ne serait pas parfait, mais que ce serait en plus très incomplet. Et ça a été difficile parce que […] on ne veut jamais échapper un enfant ou un ado, on veut toujours être derrière eux. C’est ce qui donne le plus grand sens à notre travail comme pédagogue», enchaine Sylvie Tremblay. 

Un point de vue partagé par Mélanie Landry, enseignante au secondaire et chargée d’un poste additionnel de responsabilité au District scolaire francophone Sud (DSFS) du Nouveau-Brunswick : «On se sent encore comme [en avion] et ça fait déjà un semestre qui vient de s’écouler!» 

Manque de ressources en santé mentale

Mélanie Landry

Mélanie Landry, enseignante au secondaire et chargée d’un poste additionnel de responsabilité au District scolaire francophone Sud (DSFS) du Nouveau-Brunswick.

Photo: Capture écran francopresse

L’école à laquelle travaille Mélanie Landry est située en milieu rural, où «beaucoup de jeunes sont à risque» au niveau de la santé mentale, remarque-t-elle. «On avait beaucoup d’élèves qui étaient anxieux, puis on en a de plus en plus, donc c’est un peu plus difficile d’aller les chercher et de leur parler régulièrement», déplore l’enseignante. 

D’autant plus que dans une petite communauté comme la sienne, l’école peut être «une porte de sortie» pour les jeunes puisque les enseignants doivent parfois porter le chapeau de «psychologue sans formation, juste pour jaser et les écouter». Un rôle plus difficile à remplir lorsque les élèves sont à domicile un jour sur deux.  

Au CEPEO, les services en santé mentale ont été réimaginés au début de la pandémie afin qu’ils soient accessibles tout l’été aux élèves et aux parents qui pouvaient en avoir besoin. 

Mais «s’il y a une chose qu’on apprend de notre expérience, c’est qu’il manque des ressources en santé mentale, des ressources humaines, des personnes pour accompagner les enfants et les ados dans une démarche pour développer leurs compétences socioémotionnnelles», note Sylvie Tremblay. 

Au Conseil scolaire catholique de district des Grandes Rivières (CSCDGR), en Ontario, la directrice de l’éducation, Sylvie Petroski, abonde dans le même sens : «[C’est] une raison supplémentaire de vouloir prendre soin de notre personnel, car nos élèves ressentent tout ce qui se passe et si le personnel n’est pas bien, ça aura un impact sur les élèves».

Repenser le cheminement socioémotionnel à l’école

Sylvie Tremblay note que son passage de trois ans à l’Université d’Ottawa à titre de directrice du Service d’appui au succès scolaire (SASS) l’a «amenée à voir à quel point, de la petite enfance à la 12e année, on avait besoin de repenser comment on travaillait pour développer les compétences socioémotionnelles de nos élèves».

Cela permettrait de s’assurer qu’une fois rendus adultes, ils soient en mesure de faire face aux difficultés tout en demeurant «dans un état de bienêtre minimal». 

«Je demeure convaincue plus que jamais qu’on a besoin de faire ce travail-là parce que nos enfants et nos ados sont résilients, ils ont une capacité à faire face à l’adversité. Mais quelque chose se passe au courant de leur jeune vie qui fait en sorte qu’on perd en résilience et ça m’interpelle énormément», constate Sylvie Tremblay. 

Au Nouveau-Brunswick, l’enseignante Mélanie Landry indique avoir «pris le temps de jaser» avec les élèves lors de la rentrée scolaire. «On ne s’est pas mis la tête dans la matière dès le début, on s’est donné le temps de bien prendre le pouls de nos élèves, de s’assurer qu’ils étaient bien, que la rentrée se déroulait bien, et de voir s’ils avaient besoin de parler de ce qu’ils avaient vécu», explique-t-elle. 

Elle ajoute le faire encore aujourd’hui, même si le rythme est rapide pour couvrir toute la matière. «On prend quand même le temps de s’arrêter et de les écouter, de jaser avec eux. Je pense qu’il y en a qui en ont besoin.»

Constater et accompagner 

Sylvie Petroski

Sylvie Petroski, directrice de l’éducation au Conseil scolaire catholique de district des Grandes Rivières (CSCDGR), en Ontario.

Photo: Capture d'écran francopresse

 Bien que la pandémie ne semble pas s’essouffler, Sylvie Petroski du CSCDGR se veut optimiste pour les mois à venir : «Si on regarde où on était au mois de mars et où on est maintenant, on a réussi à réinventer le système d’éducation! C’est incroyable, tout ce qui a été accompli en peu de temps.»

Les impacts de la crise risquent toutefois de se faire sentir au cours des prochaines années, note Sylvie Tremblay du CEPEO : «L’an prochain, ça va être une grosse année dans les écoles partout sur la planète pour prendre la pleine mesure de l’impact de cette pandémie sur l’apprentissage des élèves.»

Ce sera notamment le cas pour les élèves ayant des troubles d’apprentissage ou des besoins particuliers.  «Les retards accumulés pourraient se faire sentir pour la suite de leur cheminement scolaire», observe la directrice de l’éducation.  

Dans un sondage réalisé en juin par la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE), plus de 70 % des répondants ont d’ailleurs indiqué avoir «des inquiétudes ou des questions au sujet de l’incidence que le monde après la COVID-19 aura sur [leur] milieu d’enseignement et d’apprentissage». 

« Il va falloir que toutes les équipes consacrent des efforts [à identifier] ce qui devra être ajusté dans les programmes et services et dans la pédagogie, pour être capables d’aller chercher ces enfants et ces ados et les accompagner vers la prochaine étape. » 

Article précédent Louis Prince, jeune champion du français et du bilinguisme
Prochain article La notation humanitaire, un « soulagement » pour la population étudiante
Imprimer
19123

Ericka Muzzo – Francopresse Francopresse

Autres messages par Ericka Muzzo – Francopresse 
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
La nouvelle école de Regina ouvrira en janvier

La nouvelle école de Regina ouvrira en janvier

La construction de la nouvelle école élémentaire francophone de Regina avance à grands pas. Les travaux ont commencé en juin 2023 mais l’établissement n’ouvrira ses portes qu’en janvier 2025.

28 août 2024/Auteur: Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (4403)/Commentaires (0)/
Le Collège Mathieu abaisse ses frais de scolarité pour les élèves internationaux

Le Collège Mathieu abaisse ses frais de scolarité pour les élèves internationaux

Le 27 mai, le Collège Mathieu de Gravelbourg a annoncé une forte baisse des frais de scolarité à l’intention des étudiants internationaux.

29 juin 2024/Auteur: Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (5166)/Commentaires (0)/
Le Collège Mathieu adoube une centaine de finissants

Le Collège Mathieu adoube une centaine de finissants

Le 18 mai à Regina, le Collège Mathieu de Gravelbourg a organisé la plus grande cérémonie de remise des diplômes de son histoire.

28 mai 2024/Auteur: Verno Katshite Nyembo- IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (5321)/Commentaires (0)/
Un prix d’excellence décerné à une éducatrice fransaskoise

Un prix d’excellence décerné à une éducatrice fransaskoise

Le 4 mai 2024 Charlène Isabelle, éducatrice à la garderie Pomme d'API de Mosse Jaw, a reçu un prix d’excellence lors du gala annuel de l’Association de la petite enfance de la Saskatchewan.

26 mai 2024/Auteur: Leanne Tremblay/Nombre de vues (5111)/Commentaires (0)/
Les enseignants soudés dans l’adversité

Les enseignants soudés dans l’adversité

Les enseignants du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) se sont réunis à Regina les 25 et 26 avril pour le congrès annuel.

17 mai 2024/Auteur: Leanne Tremblay/Nombre de vues (4458)/Commentaires (0)/
Gala Méritas : la Cité francophone fête ses étudiants

Gala Méritas : la Cité francophone fête ses étudiants

Le 8 avril, la Cité universitaire francophone a célébré la quatrième édition du Gala annuel Méritas.

19 avril 2024/Auteur: Ghita Hanane/Nombre de vues (3327)/Commentaires (0)/
Le budget provincial 2024-2025 déçoit les Fransaskois

Le budget provincial 2024-2025 déçoit les Fransaskois

L’annonce du budget provincial 2024-2025 en Saskatchewan déplaît à plus d’un Fransaskois

12 avril 2024/Auteur: Ghita Hanane – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (5973)/Commentaires (0)/
Les élèves fransaskois excellent malgré les défis d’infrastructures

Les élèves fransaskois excellent malgré les défis d’infrastructures

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a publié son rapport annuel 2022-2023. L’occasion pour L’Eau vive de revenir sur les points saillants de cette période.

5 mars 2024/Auteur: Mehdi Jaouhari/Nombre de vues (5747)/Commentaires (0)/
Projet de loi C-35 : une demi-victoire pour les garderies francophones

Projet de loi C-35 : une demi-victoire pour les garderies francophones

Organismes et citoyens francophones se sont mobilisés pour appuyer un amendement important du Sénat au projet de loi C-35 sur les services de garde.

25 février 2024/Auteur: Mehdi Jaouhari/Nombre de vues (4867)/Commentaires (0)/
L’heure des contes désormais multilingue à la bibliothèque publique de Saskatoon

L’heure des contes désormais multilingue à la bibliothèque publique de Saskatoon

Une nouveauté débarque à la Bibliothèque publique de Saskatoon cette année : l’heure des contes est désormais bilingue.

4 février 2024/Auteur: Leanne Tremblay/Nombre de vues (6411)/Commentaires (0)/
De nouvelles places de garderie à Moose Jaw

De nouvelles places de garderie à Moose Jaw

Le Centre éducatif Pomme d’Api à Moose Jaw vient de recevoir du financement gouvernemental afin d’ouvrir de nouvelles places en français. Une bonne nouvelle pour les parents, mais qui est loin de répondre à la demande. Car sur les 2 349 places en cours de création dans la province, 28 seulement sont dédiées aux Fransaskois.

12 janvier 2024/Auteur: Mehdi Jaouhari/Nombre de vues (4892)/Commentaires (0)/
Vente de l’école du Parc à Regina : un manque à gagner pour les Fransaskois

Vente de l’école du Parc à Regina : un manque à gagner pour les Fransaskois

Fin septembre, les parents fransaskois ont eu la mauvaise surprise d’apprendre que l’école du Parc, solution temporaire en attendant l’ouverture d’un nouvel établissement pour leurs enfants, sera finalement vendue plutôt que conservée. Une déception pour nombre d’entre eux.

31 octobre 2023/Auteur: Ghita Hanane – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (5810)/Commentaires (0)/
Message du directeur général du CÉF

Message du directeur général du CÉF

Message du directeur général du CÉF .

11 septembre 2023/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (7908)/Commentaires (0)/
ALLOFrench : la gratuité au service des Canadiens de l'Ouest

ALLOFrench : la gratuité au service des Canadiens de l'Ouest

Projet pilote d'un an, ALLOFrench offre des cours gratuits de français en Saskatchewan et en Alberta du 1er avril 2023 au 31 mars 2024. Réservé aux citoyens canadiens, le programme vise à étendre l'influence du français dans les Prairies.

1 septembre 2023/Auteur: Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (6050)/Commentaires (0)/
Une première pierre pour la nouvelle école francophone de Regina

Une première pierre pour la nouvelle école francophone de Regina

Une cérémonie haute en émotion a eu lieu au 5382, 2e Avenue Nord à Regina, le lieu retenu pour la nouvelle école francophone où les travaux ont officiellement débuté le 29 juin. Une centaine de personnes se sont réunies pour assister à la pose symbolique de la première pierre.

18 juillet 2023/Auteur: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (6571)/Commentaires (0)/
RSS
245678910Dernière

 - dimanche 22 décembre 2024