Skip Navigation
Festival Cinergie 2024

Projet de loi 96 : quel impact pour les étudiants fransaskois ?

UQÀM
Université du Québec à Montréal, pavillon Judith-Jasmin.
Crédit: jeangagnon / Wikimedia

Avec son projet de loi 96, le gouvernement québécois veut rapprocher la francophonie canadienne et québécoise, notamment en réduisant les frais de scolarité des programmes universitaires et collégiaux offerts en français.

Présenté à l’Assemblée nationale du Québec le 15 mai 2021, le projet de loi 96, intitulé Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, est une série de mesures visant à renforcer la francophonie québécoise. Certaines de ses dispositions ont retenu l’attention des Fransaskois, puisqu’il est indiqué entre autres que le Québec doit « jouer un rôle de premier plan auprès des communautés francophones et acadiennes ».

En particulier, c’est l’article 29.6 qui a fait le plus parler. En effet, ce dernier stipule que des étudiants francophones non québécois peuvent payer les mêmes frais de scolarité que leurs pairs québécois si le programme suivi ne peut pas être offert dans leur province d’origine. 

Une offre alléchante

Gisèle Lalonde
Gisèle Lalonde, coordonnatrice des services aux élèves pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF)
Crédit: Courtoisie

Cette proposition constitue un changement majeur dans le monde de l’éducation francophone postsecondaire au Canada. En 2020-2021, les frais de scolarité au premier cycle universitaire s’élevaient en moyenne à 6 580 dollars par an au pays. En Saskatchewan, ce chiffre monte à 8 243 dollars. En revanche, dans la Belle Province, les résidents du Québec ne s’acquittent que de 2 623 dollars contre 8 186 pour les étudiants issus d’autres provinces. 

En définitive, cette loi réduirait du tiers les frais de scolarité des Fransaskois souhaitant étudier au Québec. Une proposition qui a reçu des réactions positives et négatives dans la fransaskoisie. « C’est formidable ! », s’exclame pour sa part Nico Marchildon, élève en 12e année à l’école Campbell de Regina qui envisage d’aller étudier au Québec en 2022. 

De son côté, Gisèle Lalonde, coordonnatrice des services aux élèves pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), croit que « le projet de loi est très positif », notamment parce qu’il offre plus de choix abordables aux élèves qui veulent étudier en français.

Malgré tout, certains voient ce changement d’un mauvais œil. Francis Kasongo, directeur général du Collège Mathieu, y trouve des effets pervers : la mesure pourrait « ralentir la croissance des institutions d’éducation supérieure en français dans les provinces anglophones », avise-t-il. 

En effet, les subventions gouvernementales pour de nouveaux programmes en français hors Québec seraient plus difficiles à justifier si le même programme est offert à la même clientèle pour beaucoup moins cher au Québec. Les institutions québécoises détiendraient ainsi un avantage concurrentiel important. 

Francis Kasongo, directeur général du Collège Mathieu
Francis Kasongo, directeur général du Collège Mathieu
Photo : courtoisie

Ces craintes sont partagées par tout le secteur de l’éducation postsecondaire en situation minoritaire. « On a des gens qui travaillent pour créer des programmes en français en Saskatchewan et on ne veut pas les laisser tomber », indique Gisèle Lalonde.

Impact mineur sur les jeunes Fransaskois

Nico Marchildon est un des Fransaskois qui pourrait profiter de ce changement s’il entre en vigueur. Le jeune rappeur souhaite suivre un programme de musique dans une ville du Québec en septembre 2022. « Je choisirai probablement Montréal parce que j’ai de la famille là-bas, et puis la ville : j’adore la ville ! »

Le jeune musicien semble toutefois être l’un des rares Fransaskois avoir pris cette décision. Gisèle Lalonde explique que la majorité des étudiants du CÉF continuent leurs études à l’université après avoir obtenu leur diplôme d’études postsecondaires et qu’un nombre considérable d’entre eux suivent des études collégiales. 

Nico Marchildon
Nico Marchildon, élève en 12e année à l’école Campbell de Regina qui envisage d’aller étudier au Québec en 2022
Crédit: courtoisie

Orienter les élèves est justement le travail d’Émilie Gagnon, conseillère en orientation du CÉF depuis janvier 2019. C’est elle qui aide tous les élèves du CÉF à naviguer dans l’univers compliqué des institutions postsecondaires canadiennes. Elle a, ainsi, fréquemment des rencontres face à face avec les élèves de 10e, 11e et 12e années pour planifier leur avenir.

Émilie Gagnon explique qu’environ un tiers des élèves du CÉF qui font des études postsecondaires continuent leur éducation en français. Parmi eux, la plupart choisissent de faire des études dans des institutions en milieu minoritaire, comme l’Université de Saint-Boniface au Manitoba, le Campus Saint-Jean en Alberta ou l’Université d’Ottawa en Ontario. 

À l’heure actuelle, seule une infime minorité des étudiants fransaskois étudient au Québec. Émilie Gagnon remarque que ces derniers choisissent plus souvent d’aller dans un CÉGEP pour suivre des formations techniques qui ne sont pas disponibles dans les autres provinces. Les frais d’inscription dans un tel établissement sont par ailleurs beaucoup moins élevés que dans les universités québécoises.

D’autres barrières

La conseillère d’orientation croit que les universités québécoises attirent si peu d’étudiants fransaskois en raison de la structure du système d’éducation québécois. En effet, au Québec, les étudiants doivent avoir terminé au moins 13 années d’études avant d’entrer à l’université, alors qu’ailleurs au Canada le diplôme d’études secondaires ne compte que 12 années. 

Émilie Gagnon
Émilie Gagnon, conseillère d’orientation au CÉF
Crédit: Courtoisie

Un étudiant fransaskois qui souhaiterait faire des études universitaires au Québec a donc trois choix. Il peut faire une année d’études préparatoires non créditée, il peut s’inscrire au CÉGEP et obtenir un diplôme d’études collégiales (DEC) en deux ans, retardant ainsi son parcours scolaire d’une année, ou bien entamer une première année dans une université canadienne, puis rejoindre les bancs d’une université québécoise lors de la deuxième année.

Émilie Gagnon conclut que ces trois choix sont peu attrayants pour de jeunes adultes impatients de commencer la vie universitaire. Il reste beaucoup plus facile de s’inscrire dans un programme universitaire dans le monde anglophone où les systèmes d’éducation sont presque identiques.

Nico Marchildon a choisi la dernière option. Il s’est inscrit à l’Université de Regina pour la rentrée de septembre 2021 dans un programme de psychologie et d’art graphique en anglais, avec l’intention de déménager au Québec l’année suivante. Toutefois, les frais de scolarité constituent seulement l’un des facteurs dans sa décision. « J’aimerais être quelque part où je peux vivre en français », affirme-t-il.

Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact du projet de loi 96 du Québec sur le parcours scolaire des élèves fransaskois. Alors que plusieurs d’entre eux vont sans doute profiter d’un diplôme universitaire québécois à coûts réduits, l’exode des jeunes vers le Québec n’est pas garanti.

Article précédent Une troisième école élémentaire déjà en pourparlers à Regina
Prochain article Une Journée d’orientation scolaire réussie
Imprimer
13635

Emmanuel MassonEmmanuel Masson

Autres messages par Emmanuel Masson
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Des parents chargent à nouveau le Conseil scolaire

Des parents chargent à nouveau le Conseil scolaire

REGINA - Moins de six semaines après une Assemblée générale extraordinaire plutôt houleuse, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) est de nouveau attaqué.

8 octobre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (27292)/Commentaires (0)/
Formation pour les animatrices de groupes de jeux

Formation pour les animatrices de groupes de jeux

SASKATOON - L’Association des parents fransaskois (APF) et le Collège Mathieu ont offert aux animatrices de groupes de jeux de toute la province une formation gratuite le samedi 26 septembre dans

1 octobre 2015/Auteur: Sandra Hassan Farah (EV)/Nombre de vues (23137)/Commentaires (0)/
Nouvelle classe portative livrée à l’école Boréale

Nouvelle classe portative livrée à l’école Boréale

Mardi 15 septembre, une classe portative a été livrée à l’école Boréale de Ponteix. Un équipement qui devrait apporter davantage de confort pour les élèves et les enseignants. 

24 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (36850)/Commentaires (0)/

Enseignement portatif

À l’école Boréale de Ponteix, on n’aura plus besoin d’étudier ou de travailler dans la cuisine. Une nouvelle classe portative vient d’arriver. 

24 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh/Nombre de vues (29457)/Commentaires (0)/
Les demandes de services sont en hausse, mais pas les budgets

Les demandes de services sont en hausse, mais pas les budgets

Rencontre avec Frédérique Baudemont, directrice de l'Association des parents fransaskois

SASKATOON - Arrivée à la direction de l’Association des parents fransaskois (APF) au début du mois, Frédérique Baudemont nous donne les orientations de l’organisme en cette nouvelle année scolaire qui commence pour les élèves et les parents.

17 septembre 2015/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (25994)/Commentaires (0)/
AGE du CSF: trois heures d'échanges difficiles

AGE du CSF: trois heures d'échanges difficiles

Très attendue, l’Assemblée générale extraordinaire du Conseil scolaire fransaskois (CSF) n’a pas répondu aux attentes. La réunion provoquée par un groupe de parents d’élèves, devait évoquer les questions sensibles des finances et de l’abandon des recours en justice.

3 septembre 2015/Auteur: Jean-Pierre Picard (EV)/Nombre de vues (35454)/Commentaires (0)/
Une Fransaskoise à la tête de l'école Père Mercure

Une Fransaskoise à la tête de l'école Père Mercure

NORTH BATTLEFORD - Julie Lemire, ancienne enseignante, prend les rênes de l’école Père Mercure, à North Battleford.

3 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (36493)/Commentaires (0)/
Luc Handfield, nouveau directeur adjoint de l’éducation au CÉF

Luc Handfield, nouveau directeur adjoint de l’éducation au CÉF

Un expert de l’éducation minoritaire rejoint le CEF

D’origine québécoise, Luc Handfield est le nouveau directeur adjoint de l’éducation au Conseil des écoles fransaskoises.
3 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (34988)/Commentaires (0)/
Système anglo, franco ou immersion?

Système anglo, franco ou immersion?

Alors que des centaines de familles sont en pleine rentrée des classes depuis mardi dernier, des parents francophones et anglophones ont choisi d’inscrire leurs enfants dans l’autre système linguistique. Témoignages.

3 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (34149)/Commentaires (0)/
Thérapie de couple

Thérapie de couple

Réflexion autour de l'AGE du Conseil scolaire fransaskois

 Difficile d’entamer une rentrée scolaire après une Assemblée générale extraordinaire demandée par des parents en colère et inquiets.
3 septembre 2015/Auteur: Sébastien Németh/Nombre de vues (30631)/Commentaires (0)/
Fréquentation toujours en hausse à l’école Valois

Fréquentation toujours en hausse à l’école Valois

PRINCE ALBERT - Comme toutes les écoles de Prince Albert, la cloche de l’école Valois a retenti pour la première fois depuis 2 mois.

3 septembre 2015/Auteur: Sandra Hassan Farah (EV)/Nombre de vues (30946)/Commentaires (0)/
La Cité universitaire francophone officiellement lancée

La Cité universitaire francophone officiellement lancée

REGINA - La Cité universitaire francophone (CUF) a été inaugurée le 1er septembre 2015 devant un parterre de personnalités issues de la communauté, du monde académique et politique. La nouvelle entité a pour mission de promouvoir l’enseignement en français.


2 septembre 2015/Auteur: Émilie Dessureault-Paquette (EV)/Nombre de vues (28441)/Commentaires (0)/
La cloche va sonner

La cloche va sonner

C’est l’heure du retour en classe pour des centaines de jeunes Fransaskois. Et cette nouvelle rentrée scolaire apporte encore une fois son lot de débats sur l’éducation francophone dans la province.

27 août 2015/Auteur: Sébastien Németh/Nombre de vues (21744)/Commentaires (0)/
La rentrée au CÉF: « Malgré les défis, nos services se bonifient »

La rentrée au CÉF: « Malgré les défis, nos services se bonifient »

Rencontre avec Donald Michaud, directeur de l'éducation par intérim

REGINA - Ce 1er septembre, c’est jour de rentrée scolaire pour des centaines de jeunes Fransaskois. Le Conseil des écoles fransaskoises (CEF) va gérer 14 établissements à travers la province. Comme chaque année, les défis sont nombreux. A l’orée de cette journée cruciale, entretien avec Donald Michaud, directeur de l’éducation du CEF.
27 août 2015/Auteur: Sébastien Németh/Nombre de vues (22304)/Commentaires (0)/
Transport scolaire : l’inquiétude des parents

Transport scolaire : l’inquiétude des parents

REGINA - Depuis le 17 août, le Conseil des écoles fransaskoises a commencé la diffusion d’un communiqué  annonçant des réductions du transport des élèves de Regina et Saskatoon inscrits dans ses écoles. Une mesure qui inquiète certaines familles.

27 août 2015/Auteur: Émilie Dessureault-Paquette et Sébastien Németh (EV)/Nombre de vues (21937)/Commentaires (0)/
RSS
Première1415161719212223Dernière

 - samedi 11 mai 2024