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Rétrospective : les 10 moments forts de l’année politique
Inès Lombardo – Francopresse
/ Catégories: Société, Politique

Rétrospective : les 10 moments forts de l’année politique

L’année politique 2024 aura été rocambolesque, tant pour le gouvernement Trudeau que pour la population canadienne, spectatrice d’une saga digne d’une série TV. Un scénario qui pourrait bien déboucher sur des élections anticipées, voire sur une démission du premier ministre.

LANGUES OFFICIELLES

  • Mai : Le député franco-ontarien Francis Drouin insulte des témoins

Lors d’une réunion du Comité permanent des langues officielles, Francis Drouin a traité deux témoins d’«extrémistes» et de «plein de marde» après une présentation où ils assuraient que les établissements d’enseignement postsecondaires anglophones du Québec contribuaient à l’anglicisation de la province.

Même si l’élu a retiré ses propos rapidement et s’est excusé le lendemain, les partis d’opposition ont demandé la démission du député franco-ontarien pendant des jours et ne l’ont pas obtenue. Mais il s’est retiré du Comité des langues officielles à la rentrée d’automne.

Lors de la tourmente, les députés libéraux ont toutefois défendu leur collègue bec et ongles.

  • Octobre : Le commissaire aux langues officielles s’impatiente

Dans un rapport publié le 9 octobre, Raymond Théberge met en lumière des défis persistants au niveau fédéral en matière de bilinguisme, notamment en éducation et en immigration francophone.

Le rapport du commissaire aux langues officielles dénonce des retards dans les versements de fonds et le manque de clauses linguistiques spécifiques dans les ententes intergouvernementales, indispensables selon lui pour garantir l’accès aux services en français.

Du côté de l’éducation, il rappelle à nouveau qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre qualifiée et un sous-financement chronique, menaçant la vitalité des communautés francophones.

Il critique aussi les cibles en immigration francophone d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), insuffisantes d’après lui. Il plaide pour une hausse progressive jusqu’à 20 % d’ici 2036.

Raymond Théberge réclame en outre des mécanismes clairs de suivi, de transparence et de consultation pour soutenir les communautés en situation minoritaire.

  • Octobre : Les mots du conservateur Larry Brock choquent les francophones

Lors d’un échange à la Chambre des communes fin octobre, le député conservateur Larry Brock a critiqué en anglais le fait que le ministre Jean-Yves Duclos avait répondu en français à sa question posée en anglais.

Ce dernier a dénoncé un manque de respect envers les députés francophones, rappelant leur droit de s’exprimer dans la langue de leur choix. Le président de la Chambre, Greg Fergus, a confirmé que els questions et les réponses peuvent se faire en anglais ou en français.

Quelques jours plus tard, une motion a été présentée au Comité des langues officielles par les libéraux sur les propos et le comportement de deux députés conservateurs, Larry Brock, de Brantford–Brant en Ontario, et Rachael Thomas, de Lethbridge, en Alberta.

  • Novembre : Départ contraint du ministre des Langues officielles

L’ex-ministre des Langues officielles, Randy Boissonnault, a démissionné de son poste fin novembre, après plusieurs controverses.

Il est accusé d’avoir utilisé de prétendues origines autochtones pour obtenir des contrats pour son entreprise, d’avoir poursuivi des activités commerciales en conflit avec ses fonctions ministérielles et d’être lié à une adresse partagée avec une femme impliquée dans des affaires de drogues.

Sous la pression du Nouveau Parti démocratique (NPD) et des conservateurs, Randy Boissonnault quitte ses responsabilités ministérielles. C’est Ginette Petitpas Taylor, ancienne ministre des Langues officielles, qui reprend temporairement ce portefeuille. Elle avait notamment fait adopter la loi modernisée en juin 2023.

  • Novembre : Des parlementaires acadiens de toutes allégeances s’associent

Le 27 novembre, des parlementaires acadiens ont lancé l’Association acadienne des parlementaires du Canada (AAPC), qui sera officiellement créée en février 2025. L’objectif est de renforcer la représentation politique du peuple acadien, notamment en le reconnaissant comme une minorité nationale.

L’AAPC vise à combler un manque de concertation sur les enjeux acadiens, à mobiliser la société civile et à établir des priorités communes, surtout dans les provinces de l’Atlantique.

Non partisan, le groupe veut rassembler tous les élus acadiens, faire connaitre l’Acadie et tisser des liens au Canada et à l’international.

  • Décembre : Une enquête attendue depuis 18 ans démontre un déclin du français nuancé

Le 16 décembre, Statistique Canada a dévoilé les premiers résultats de l’Enquête 2022 sur les minorités linguistiques officielles. Aucune n’avait été faite depuis 2006. Le rapport donne un portrait contrasté de la situation des francophones hors Québec.

En éducation, la fréquentation des écoles primaires francophones est passée de 54 % en 2006 à 64 % en 2022, mais celle des garderies francophones a baissé de 3 points de pourcentage. Par ailleurs, seulement 27 % des enfants admissibles envisagent de s’inscrire dans des programmes postsecondaires en français ou bilingues.

Quant à l’accès aux services en français, l’Enquête enregistre un net recul : l’utilisation du français auprès des administrations gouvernementales est passée de 60 % à 42 % au fédéral entre 2006 et 2022.

Les territoires et l’Ouest canadien ont le plus de mal à servir les personnes en français dans le domaine de la santé.

IMMIGRATION FRANCOPHONE

  • Janvier : une nouvelle cible en immigration francophone

L’objectif d’IRCC était, en janvier, de pouvoir atteindre la cible de 6 % d’immigration francophone en 2024.

Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a annoncé, à Caraquet au Nouveau-Brunswick, plusieurs mesures pour renforcer l’immigration francophone, notamment une nouvelle politique, un programme dédié et la nomination de dix nouvelles communautés francophones accueillantes.

Le Centre d’innovation en immigration francophone, basé à Dieppe, doit appuyer ces initiatives.

  • De la souplesse pour les étudiants étrangers

Marc Miller a également annoncé la création du Programme pilote pour les étudiants dans les communautés francophones en situation minoritaire, qui a débuté le 26 aout 2024.

Ce programme, établi en partenariat avec des établissements postsecondaires francophones et bilingues, assouplit les critères pour les étudiants étrangers, notamment en réduisant les exigences financières et en supprimant l’obligation de prouver leur départ après les études.

Les 2300 étudiants sélectionnés ont également eu accès à une voie directe vers la résidence permanente.

POLITIQUE FÉDÉRALE

  • Décembre : Un déficit explosif pour clore l’année

Un déficit de 62 milliards de dollars pour l’année 2023-2024 – bien supérieur aux 40 milliards initialement prévus – place le gouvernement libéral dans une position particulièrement délicate.

Cette situation économique tendue a néanmoins été éclipsée parune situation politique qui l’est encore plus : le 16 décembre, la ministre des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland, a remis sa démission.

Elle a pris de court le monde politique canadien, puisqu’elle est partie le matin du jour de la présentation de l’énoncé économique d’automne.

  • Décembre : Démissions de ministres importants et remaniement

En pleine tourmente politique, Justin Trudeau, qui a assermenté Dominique Leblanc aux Finances dans la foulée de la démission de Chrystia Freeland, le 16 décembre, a remanié son Cabinet.

Le gouvernement Trudeau accueille 12 nouveaux ministres, dont deux Québécoises francophones : Rachel Bendayan et Élisabeth Brière.

C’est Rachel Bendayan, députée d’Outremont, qui est chargée des Langues officielles en remplacement d’Anita Anand, nommée après le départ contraint de Randy Boissonnault. Elisabeth Brière est chargée du Revenu national, à la place de Marie-Claude Bibeau.

Ginette Petitpas Taylor devient la première Acadienne à diriger le Conseil du Trésor, avec un rôle clé dans l’application de la Loi sur les langues officielles.

Six autres ministres ont fait leur entrée au Cabinet, dont deux bilingues : Nate Erskine-Smith et David McGuinty.

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