Apposer un « X » à côté du nom du candidat de son choix dans le cadre d'une élection fédérale constitue une tâche plutôt simple, en apparence. Or, pour plusieurs francophones hors Québec, exercer son droit de vote peut s’avérer un exercice plutôt frustrant.
À l'approche de la 42e élection fédérale canadienne, le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, dénonce l'absence de personnel bilingue dans plusieurs bureaux de scrutin au pays.
« L'institution possède un plan visant le recrutement des directeurs de scrutin, mais les descriptions et énoncés de travail de ceux-ci et des agents de liaison en région ne comprennent pas de compétences linguistiques obligatoires », observe le commissaire.
Son analyse découle d'une vérification menée à la fin juin 2014, lors d'élections partielles dans deux circonscriptions albertaines et deux autres dans la grande région de Toronto.
Quand Élections Canada tient tête
Toutefois, le cas d’Élections Canada est quelque peu différent de celui des autres institutions fédérales qui se font régulièrement réprimander par le chien de garde des droits linguistiques des minorités.
En effet, contrairement aux autres récidivistes, Élections Canada ne fait pas qu’accuser réception des neuf recommandations formulées par Graham Fraser et promettre de rectifier le tir. Élections Canada réplique plutôt au commissaire et lui exprime son désaccord avec certaines recommandations.
À titre d’exemple, en réponse à une recommandation exigeant que l’agence fédérale mette en place un plan de recrutement de directeurs de scrutin, d’agents de liaison, de fonctionnaires électoraux et d’autres travailleurs électoraux bilingues, Élections Canada avance qu’il s’agit là d’un objectif tout simplement irréaliste dans certaines régions.
« Nous nous engageons à prendre des mesures afin d’améliorer la qualité de nos services dans les deux langues officielles offerts au public. Cependant, nous ne pouvons garantir qu’un service en personne de qualité égale en français et en anglais sera offert au public en tout temps, dans tous les lieux de vote », soutient Élections Canada.
Sur le site web de l'agence fédérale, parmi les critères que l'on énumère afin de pouvoir décrocher un poste de fonctionnaire électoral, il n'est nullement question de maîtrise de l'une ou l'autre des deux langues officielles. Il y est plutôt question de citoyenneté, d'âge, de lieu de résidence et d'interdiction de participer à des activités politiques partisanes.
Mais en bout de ligne, quoi qu'en dise Élections Canada, Graham Fraser maintient sa position à l'effet que les Canadiens d'un bout à l'autre du pays doivent être en mesure de communiquer avec le personnel d'Élections Canada dans la langue de leur choix, le jour de l'élection.
« L'élection est un exercice ponctuel; les électeurs s'attendent à recevoir les renseignements et à voter rapidement, ce qui explique le besoin d'intégrer les langues officielles dès le premier contact avec eux en leur offrant activement un service bilingue », croit M. Fraser.
À en juger par les commentaires formulés de part et d’autre, le commissaire aux langues officielles et Élections Canada risquent de poursuivre ce débat dans les mois qui suivront l’élection du 19 octobre.