La francisation dans les écoles fransaskoises, d'accord mais...
Pour faire suite aux deux textes La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises et Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise : Comment se porte le français dans nos écoles?
Mon fils fréquente l’environnement scolaire fransaskois depuis ses 18 mois. Nous l’avons toutefois retiré de l’école fransaskoise en 3e et 4e année afin qu’il apprenne l’anglais, étant donné qu’aucun cours d’anglais n’était offert à son école avant la 4e année et qu’il ne parlait toujours pas cette langue. Vous comprendrez que celui qui écrit ces lignes est membre d’une famille francophone de langue maternelle.
Dès sa première année scolaire, et encore lorsqu’il est retourné sur les bancs de son école fransaskoise en 5e année, nous avons remarqué la faiblesse du niveau de français de la majorité de ses camarades de classe. La disparité de niveaux de langue (maîtrise du français) des élèves a toujours été signalée par les enseignants de mon fils comme étant un défi quotidien majeur pour eux (je ne voudrais pas être dans leurs souliers) en salle de classe.
Cette situation pourrait être acceptable en maternelle, première ou deuxième année, mais en 6e année, lorsqu’un nouvel élève est admis en classe et qu’il parle à peine français, ceci est très difficile à comprendre et à concilier avec le mandat pédagogique d’une école francophone digne de ce nom. Ce qui est encore plus grave, ce sont ces élèves qui fréquentent l’école depuis la 1re année et qui, parvenus en 7e année, ont toujours un niveau de français plutôt rudimentaire et font le choix de continuer de parler en anglais. Il parait évident que la qualité a ici été étouffée au profit de la quantité.
Il semble urgent, pour le bien et le droit à l’éducation française de nos enfants, que l’école et le conseil scolaire assument la responsabilité d’établir des standards stricts d’évaluation en matière de langue au fil du cycle scolaire, afin de soutenir et pousser vers l’excellence en français tous les élèves. De plus, l’admission de non-ayants droit devrait être conditionnelle à l’engagement des parents d’apprendre le français ou encore d’offrir un soutien sérieux pour que leurs enfants puissent atteindre les standards de français requis pour être admis en 6e, 7e, 8e et au secondaire des écoles fransaskoises. Il est difficile de concevoir comment soutenir son enfant si on ne comprend pas clairement la langue utilisée à l’école.
Il est évident que le contexte fransaskois est marqué par les forces de l’assimilation et que les écoles rurales ou urbaines ont des contextes différents. Toutefois, l’évaluation et le suivi de la qualité du niveau de langue (oral et écrit) devraient être faits systématiquement afin de motiver l’accroissement de la qualité du français de tous les élèves du réseau scolaire. De plus, l’admission d’élèves ne maîtrisant pas la langue ne peut être faite au détriment du niveau de langue général de l’école. La francisation d’accord, mais tôt dans le parcours des élèves. Les enfants en voie de francisation ne devraient pas abaisser le niveau d’excellence général de tout le système scolaire francophone de la Saskatchewan.
Ceux et celles qui veulent maîtriser les subtilités et les finesses de la langue française et de la culture francophone devraient voir dans le réseau scolaire fransaskois un phare rayonnant et inspirant sous lequel notre francophonie s’épanouit pleinement.
Frédéric Dupré, Regina
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