Skip Navigation
Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse
/ Categories: Société

L’appropriation culturelle démystifiée

Abdoulaye Yoh

Abdoulaye Yoh

Le dr. Abdoulaye Yoh
Crédit : Capture d’écran
Le 4e module de la formation sur le mieux-vivre communautaire du Partenariat provincial interculturel (PPI) lancé en octobre 2020 a abordé le concept de l’appropriation culturelle. Un thème controversé qui mérite discussion.

Shawn Jobin peut-il arborer des tresses africaines ? Qu’en est-il d’Annette Campagne si elle souhaite utiliser des tam-tams burundais lors d’un concert ?

C’est avec ces questions intrigantes que le docteur Abdoulaye Yoh a introduit le 4e module de la formation intitulée L’appropriation culturelle : et si on en parlait ?

Ce dernier a interpellé la dizaine de participants présents lors de la session virtuelle qui a duré deux heures le 24 mai. Au total, quatre sessions ont été organisées au cours du mois.

Définir pour comprendre

Prudents, certains participants ont estimé que le rappeur fransaskois Shawn Jobin pouvait arborer des tresses africaines si ce style n’est pas uniquement utilisé pour une prestation quelconque. « Tout est question de contexte », a rétorqué un autre participant.

Concernant l’usage des tam-tams burundais par l’artiste Annette Campagne, une participante a jugé que ceci serait inapproprié si, à la base, la danse est effectuée exclusivement par des hommes.

Confus, d’autres participants se sont demandé quelle était la définition de l’appropriation culturelle avant de se prononcer.

L’Office québécois de la langue française la décrit ainsi : « L'utilisation, par une personne ou un groupe de personnes, d'éléments culturels appartenant à une autre culture, généralement minoritaire, d'une manière qui est jugée offensante, abusive ou inappropriée. »

De vifs débats

Pour sa part, Dr Yoh souligne que le concept est sujet à controverses. En témoignent de nombreuses polémiques à la fois anciennes et récentes, à l’instar de l’usage de costumes autochtones.

Si certains cas flagrants font l’unanimité quant à leur connotation péjorative comme l’utilisation de plumes autochtones ou d’un « blackface » durant les festivités comme l’Halloween, d’autres cas plus subtils et complexes divisent la société, y compris dans le camp progressiste.

À titre d’illustration, l’intervenant a présenté le cas du tissu wax, longtemps utilisé par les Africains de l’Ouest et d’autres régions d’Afrique.

Prisée pour ses produits durables respectant le bien-être animal, la modéliste anglaise de renom international Stella McCartney avait pourtant suscité la controverse en 2017 auprès de certains internautes après avoir utilisé ce tissu.

Or, si le tissu wax est perçu comme africain, ses origines sont asiatiques, en Indonésie plus exactement, héritées d’une technique locale reproduite par les Néerlandais.

Autre cas à étudier : la polémique ayant entouré le film documentaire Lepage au Soleil : À l’origine de Kanata, une œuvre sortie en 2019 et réalisée par la Québécoise Hélène Choquette qui imagine la rencontre d'Européens avec des membres des Premières Nations du Canada.

D’un côté, il y a ceux qui parlent d’une démarche artistique se voulant humaniste. De l’autre, ceux qui dénoncent l’invisibilité et le manque de reconnaissance des peuples autochtones.

Une polarisation des échanges

De manière générale, Abdoulaye Yoh explique qu’il y a souvent deux camps opposés dans le débat sur l’appropriation culturelle.

Le premier camp estime que la liberté d’expression et la liberté de création sont sacrées. Pour ses membres, il n’y a pas lieu d’essentialiser les cultures et les identités.

Quant au deuxième camp, il estime que l’oppression et la spoliation doivent cesser. Selon ses partisans, l’équité doit primer dans le débat.

Pour sa part, le Conseil des arts du Canada explique qu’il y a appropriation culturelle lorsque « les adaptations ou emprunts à une culture minorisée reflètent, renforcent ou amplifient des inégalités, des stéréotypes et des relations d’exploitation historiques qui ont des conséquences négatives directes sur les communautés visées par l’équité au Canada ».

L’appropriation culturelle peut concerner les objets, le contenu, les styles et les motifs, ainsi que la voix. L’usurpation d’identité est aussi une forme d’appropriation culturelle.

Récemment, en Saskatchewan, une affaire a concerné une professeure à l’Université de la Saskatchewan qui se présente depuis des années comme métisse, anichinabée et tlingit. Une enquête de CBC avait révélé en octobre 2021 qu’il n’y avait aucune preuve que cette enseignante était autochtone.

Le docteur Yoh n’a pas trouvé mieux qu’une citation de Krysta Alexon, membre de la Première Nation crie de Kahkewistahaw en Saskatchewan, pour illustrer les méfaits de cette forme d’appropriation culturelle.

« Être autochtone, ce n’est pas un jeu. À la fin de la journée, un imposteur peut enlever son costume. Mais un autochtone ne peut pas enlever les méfaits du colonialisme », souligne-t-elle.

Autre forme d’appropriation culturelle, et non des moindres : l’usurpation culturelle. Celle-ci décrit la situation où un groupe culturel dominant, souvent un colonisateur, s’approprie des éléments culturels ou historiques d’un groupe opprimé, souvent colonisé, à des fins publicitaires, artistiques ou commerciales.

C’est le cas notamment de certaines entreprises commercialisant des produits présentés comme faisant partie du patrimoine autochtone.

Pour le Dr Yoh, les vrais problèmes derrière l’appropriation culturelle sont la concentration économique, culturelle, politique et sociale ainsi que la sous-représentation des personnes racisées dans les productions culturelles.

Pour ce dernier, il faut sortir du « eux » et du « nous » et souligner le rôle de la solidarité et des alliés, plutôt que de polémiquer autour de vagues concepts.

Print
2153

Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.PresseMehdi Jaouhari

Other posts by Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse
Contact author

Contact author

x
Les élèves de Debden découvrent la Ville de Québec

Les élèves de Debden découvrent la Ville de Québec

DEBDEN - En septembre 2014, nous avons commencé à planifier notre voyage éducatif à Québec. Avec l'aide de nos parents, notre communauté, notre division scolaire et nos enseignantes, nous avons commencé les levées de fonds. 
Wednesday, April 27, 2016/Author: Anonym/Number of views (31903)/Comments (0)/
Ma culture, où est-elle sur le campus?

Ma culture, où est-elle sur le campus?

Conférence à la Cité universitaire francophone

REGINA - Conférence portant  sur l'identité, l'intégration et le bien-être de la jeunesse fransaskoise et métisse dans un environnement universitaire.
Thursday, April 21, 2016/Author: Anonym/Number of views (29862)/Comments (0)/
Un ancien président du CSF se prononce

Un ancien président du CSF se prononce

Rencontre avec Yvan Lebel

« Est-ce qu’on pense à nos jeunes dans tout ça ? » C’est le cri du cœur d’Yvan Lebel qui a déjà occupé la présidence du Conseil scolaire fransaskois pendant 4 ans.
Thursday, April 21, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (25416)/Comments (0)/
Rencontre avec Kenneth Bos: histoire d'une chronique

Rencontre avec Kenneth Bos: histoire d'une chronique

Rencontre avec Kenneth Bos, à l'origine de "S'exprimer autrement", chronique qui paraît dans l'Eau vive depuis le 24 mars.
Thursday, April 21, 2016/Author: Mychèle Fortin/Number of views (36604)/Comments (0)/
Le centre éducatif Les Petits Pois de Bellevue

Le centre éducatif Les Petits Pois de Bellevue

Défis et projets d'une garderie en milieu rural

BELLEVUE - Après une occupation temporaire au sein du restaurant le Rendez-Vous, l’équipe et les enfants du centre éducatif Les Petits Pois ont intégré leurs locaux flambant neufs au sein de l’école.
Thursday, April 21, 2016/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (24649)/Comments (0)/
Communications scolaires

Communications scolaires

Ça a bardé ces dernières semaines dans les couloirs d’écoles. L’annonce du retour de l’ancien directeur de l’Éducation du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a fortement polarisé les parents.
Thursday, April 7, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (27530)/Comments (0)/
Les 5 choses essentielles à apprendre avant l’âge de 20 ans

Les 5 choses essentielles à apprendre avant l’âge de 20 ans

Dans notre vie moderne, développée et diverse, il y a des choses que tous les jeunes devraient apprendre en grandissant pour potentiellement sauver des vies ou éviter des événements tragiques.
Thursday, April 7, 2016/Author: Pat Connolley/Number of views (32845)/Comments (0)/
Projet intergénérationnel à Gravelbourg

Projet intergénérationnel à Gravelbourg

Des aînés et des jeunes élèves de Gravelbourg ont discuté carrières.
Thursday, April 7, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (30895)/Comments (0)/
Concours Flash ton école: prix Coup de coeur des RVF à l'École Valois

Concours Flash ton école: prix Coup de coeur des RVF à l'École Valois

Rencontre avec la monitrice de langue Éliane Garcia

PRINCE ALBERT - L'école Valois a remporté la deuxième place du concours Flash ton école en se méritant le prix Coup de coeur du jury.
Tuesday, April 5, 2016/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (34247)/Comments (0)/
L’article 23 inclut-il le préscolaire ?

L’article 23 inclut-il le préscolaire ?

Un vide juridique relentit les gouvernements provinciaux

Le ministère de l’Éducation du Nouveau-Brunswick attend un examen du régime de garderies avant de décider s’il demandera l’avis de la Cour d’appel. En Ontario, où la petite enfance est également intégrée au ministère de l’Éducation, on attend une loi habilitante pour la prise en charge de services éducatifs préscolaires.

Friday, March 25, 2016/Author: Anonym/Number of views (32828)/Comments (0)/
Débats houleux entre CSF et parents

Débats houleux entre CSF et parents

La réembauche de Bernard Roy au cœur de l’Assemblée des électeurs du CSF

REGINA - L’assemblée générale des électeurs du Conseil scolaire fransaskois qui s'est tenue  vendredi le 11 mars était hautement attendue.  Et les plumes ont volé.

Thursday, March 24, 2016/Author: Jean-Pierre Picard et Frédéric Dupré/Number of views (26915)/Comments (0)/

L'École Beau Soleil et l'École Mathieu de Gravelbourg soulignent le Mois de l’histoire des Noirs

GRAVELBOURG - Le tissu social de la Saskatchewan est constitué de plus d’une soixantaine de nationalités différentes.
Thursday, March 24, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (25727)/Comments (0)/
L’Université d’Ottawa tend la main aux Fransaskois

L’Université d’Ottawa tend la main aux Fransaskois

Un programme de common law offert en français en Saskatchewan

L’Université d’Ottawa et l'Université de la Saskatchewan sont partenaires pour offrir des études de common law en français
Thursday, March 24, 2016/Author: Mila Roy (Gazette de l'Université d'Ottawa)/Number of views (29726)/Comments (0)/
Foire du Patrimoine à Mgr de Laval

Foire du Patrimoine à Mgr de Laval

Les élèves de la 4ème à la 7ème année de l'École Monseigneur de Laval ont tenu leur Foire du patrimoine.
Thursday, March 24, 2016/Author: Alexandre Chartier (SHS)/Number of views (30372)/Comments (0)/

L'École Beau Soleil et l'École Mathieu de Gravelbourg soulignent le Mois de l’histoire des Noirs

On retrouve plus d’une soixantaine de nationalités différentes en Saskatchewan.

Thursday, March 24, 2016/Author: Michel Vézina (Collaboration avec ÉBS et ÉMG)/Number of views (26693)/Comments (0)/
RSS
First1213141517192021Last

 - Saturday 8 June 2024