À ciel ouvert 12 — Printemps / Été 2024

La Factory

J.R. Léveillé (Manitoba)

Au début de 1973, dans la Factory d’Andy Warhol. Le critique d’art Bernard Mulaire, le dramaturge Guy Gauthier et moi étions passés voir Andy… Guy pour lui montrer sa récente pièce conceptuelle. Andy connaissait déjà Mulaire1 qui avait étudié en beaux-arts à Philadelphie en 1971-1972, et Gauthier, indirectement, pour avoir vu certaines de ses pièces Off-Off Broadway. Quant à moi, je résidais à Ottawa, je rédigeais mon roman La disparate, et me rendais souvent dans la Big Apple pour goûter au fruit défendu de l’art (croyez-moi, c’est souvent interdit !)

La Factory venait de déménager du Decker Building pour se reloger au 860 Broadway, côté nord d’Union Square. Warhol avait réalisé son plus grand succès cinématique en 1964 avec Empire, un plan fixe de l’Empire State Building qui dure 8 h 5 min. Gauthier venait de créer son Panorama de l’Empire State Building. « It’s an incredible spectacle » de dire Mulaire. « Is that right, BernHard (c’est ainsi qu’il prononçait le nom), dit Andy, but I believe you. » Guy montra alors à Andy sa nouvelle pièce conceptuelle dont les annonces devaient être publiées dans les quotidiens.

Ne manquez pas Broadway de Guy Gauthier

Andy, qui faisait faire une série de sérigraphies par des adjoints, qu’il était sur le point de signer, dit : « Oh, I love it… but Guy [prononcé à l’anglaise], remember… Go big or go home. » Andy aimait les clichés. Il pointa son appareil, prit une photo de groupe et nous sommes partis.

Le lendemain, nous nous présentions à nouveau, Guy avec une nouvelle pièce en main. Andy lui dit : « Hi Guy! » Et Guy lui montra sa nouvelle création.

À voir en reprise - Heure de pointe de Guy Gauthier

Andy se tourna vers Bernard et lui dit : « Oh, I love it… What do you think BernHard… BIGGER? » Puis il demanda à Edie Sedgwick de prendre une photo de groupe.

Deux jours plus tard, nous sommes revenus à la charge à la Factory qui pullulait d’adjoints et de vedettes de tout ordre : Divine, Mick Jagger qui avait commandé un autoportrait et à qui Andy tentait d’expliquer que : « Micky, it can only be an auto-portrait if it’s me. », Lou Reed, William Burroughs, Paul Morrissey, Edie comme toujours, Candy Darling qui allait bientôt mourir, Joe Dallesandro, Gerard Malanga, Ingrid Superstar, et d’autres…

Andy ajusta ses lunettes.

Casting pour Vie de Guy Gauthier


Andy dit : « Oh, I love it. » Il ajouta : « Why don’t you write more in French? ». Puis il appela tout le monde : « Everyone, come and see. » Tout le monde s’empressa. « This will go universal. ». Tout le monde lisait. « I wish I could take a picture of the whole thing… Wouldn’t that be great! Can someone take a picture of the play? »

Puis, comme nous quittions l’attroupement, Andy : « You’re my guy, Guy, bye… »

Notes
1.     Voir MULAIRE, Bernard (2018), Flâneries et Souvenances, Saint-Boniface,  Éditions du Blé, p. 129-131.
2.     Les pièces de Guy Gauthier ici citées sont de véritables créations en langue américaine faisant partie de ses poésies, pièces et performances ready-made. [Ma traduction.]

Plein les yeux

Plein les yeux

Virginie Hamel (2024)

J. R. Léveillé

J. R. Léveillé

Originaire de Winnipeg, J. Roger Léveillé est l’auteur d’une trentaine d’œuvres, en tous genres, récompensées par divers prix littéraires dont le Prix de distinction en arts de la province du Manitoba. Il a été directeur littéraire aux Éditions du Blé et secrétaire du Winnipeg International Writers Festival pendant de nombreuses années. Un colloque international sur son œuvre a eu lieu en 2005 et il a été écrivain et professeur en résidence à l’Université de Rennes II en 2009.

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Créations

La Factory La Factory

Autofiction. Trois Franco-Manitobains visitent la Factory d'Andy Warhol à New York en 1973.

Chouette Chouette

Une jeune femme tente de se situer dans son environnement. La géographie de son histoire la pousse à explorer les confins de son humanité. Sur la carte de son existence, elle découvrira une bestialité insoupçonnée et libératrice. 

La géographie des chances La géographie des chances

Un poème sur l'opposition ancestrale du nomade et du sédentaire. Nomadisme et sédentarité du corps et de l'esprit. Passion et symbolique de la carte, ses diverses sémantiques, puis son anagramme, liée au mouvement. Recherche des racines de l'auteur, regard sur ses nombreux voyages, dont celui de l'écriture. 
 

Le sanctuaire Le sanctuaire

A la pointe extrême du continent, au bord du Pacifique, dans un écrin de verdure, se cache un petit village dénommé Klahamin (le sanctuaire). Malgré son nom rassurant, et son décor ensorcelant, c'est le lieu de plusieurs catastrophes. Depuis l'époque de la ruée vers l'or, jusqu'à nos jours, en passant par le règne du Flower Power, ses habitants successifs n'ont pas eu de chance. La narratrice et son amoureux non plus. 

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Ce texte rend hommage à mon pays d’accueil pour tout ce qu’il m’a donné depuis mon arrivée. Les cartes aériennes sont devenues ma passion, puis les cartes de toute nature. 
 

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Récit d’un voyage en train à travers le Canada où les rencontres avec les passagers, le défilement des paysages et les arrêts en gare se fondent en un voyage intemporel.
 

D’une toundra à une autre D’une toundra à une autre

Ce texte évoque les défis qui nous habitent lorsque l'on vit dans les zones reculées et souvent inhospitalières du Nord. Sans la connexion à la nature, l'importance de la communauté et la confrontation avec soi-même, il serait difficile d'y vivre et d'y prospérer.  J'ai tenté de capturer la dualité de ces lieux extrêmes, où la beauté et la fragilité se mêlent dans un équilibre délicat.

L’endroit idéal pour grandir L’endroit idéal pour grandir

Un beau souvenir de la tendre enfance que j’ai vécue au Viêt Nam entourée de mes quatre grands-parents paternels et maternels. 

Lettres du chemin (extrait) Lettres du chemin (extrait)

Lettres du chemin s’alimente de deux éléments : la réalisation d’un pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, via le Camino Francés, et un abécédaire de termes scientifiques et leurs définitions préparé par Evan Taylor-Fontaine. Les poèmes de Marie Carrière, parcourent des soucis écologiques aux confluents de l’expérience du tourisme, de la consommation, de la laïcité, du temps et du langage scientifique en poésie. 

Micronouvelles Micronouvelles

Pour rendre hommage à notre ami et collègue Ian, décédé le 1er février 2024, nous vous offrons ces micronouvelles provenant de son livre Contes bleus à encre économe publié aux Éditions de la nouvelle plume

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À ciel ouvert numéro 12

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Bonne lecture!


 

Les artisans de ce numéro

Coordination de la publication :
Jeffrey Klassen

Comité de rédaction :

  • Marie-Diane Clarke
  • Tania Duclos
  • Mychèle Fortin
  • Lyne Gareau
  • Jeffrey Klassen
  • Jean-Pierre Picard

Auteur·e·s :

  • Serge Ben Nathan (C.-B.)
  • Joëlle Boily (C.-B.)
  • Marie Carrière (AB)
  • Louise Dandeneau (MB)
  • Mélanie Fossourier (C.-B.)
  • ioleda (YK)
  • Amélie Kenny Robichaud (YK)
  • J. R. Léveillé (MB)
  • Gaël Marchand (YK)
  • Zoong Nguyên (AB)
  • Seream (MB)
  • Michèle Smolkin (C.-B.)

 

Artiste invitée :
Virginie Hamel
virginiehamel.com

Mise en page et mise en ligne :
Jean-Pierre Picard

Merci à l’Association des auteur·e·s du Manitoba français qui a piloté l’organisation du Concours de création littéraire de l’Ouest et du Nord canadiens (CCLONC).

La revue À ciel ouvert est publiée et diffusée par :

Coopérative des publications fransaskoises

en partenariat avec

Collectif d'études partenariats de la FransaskoisieRegroupement des écrivains·e·s du Nord et de l'Ouest canadiens


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