Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere

Voter au nom du français

23046 of views

Balises

Réjean Paulin

Réjean Paulin

De souche acadienne, Réjean Paulin a parcouru la Francophonie tout au long de sa carrière de journaliste.
Photo: Francopresse (2015)
C’est le temps ou jamais d’aborder la question du vote francophone. Est-il possible au Canada de se servir du scrutin pour promouvoir sa langue et sa culture? Difficile de répondre à cette question, tant il faut en nuancer la réponse selon la région où on vit. Cela dit, elle est fondamentale, parce que c’est en choisissant ses gouvernants que l’on bâtit son pays. 

Le citoyen heureux peut vivre et s’exprimer librement. La démocratie lui donne une voix pleine et entière autant pour lui que pour sa communauté. L’état assure la pérennité de sa culture et de sa langue, lesquelles trouvent une assise dans cet acte démocratique qui est de choisir son représentant derrière l’isoloir.

Or, il semble difficile d’affirmer que tous les francophones vivent cet idéal dans tout le Canada. Avec le temps, leur poids politique décline par rapport à celui de la majorité anglophone.

Québec compris, les Canadiens d’expression française représentaient 26 % de la population du pays en 1981. Le pourcentage est tombé à 23 % selon le recensement de 2011. Cela dit, il ne faut pas aller jusqu’à annoncer la fin prochaine des francophones en terre d’Amérique, leur nombre total étant passé de 6 338 870 à 7 691 705 pendant cette période. Ces chiffres, toutefois, n’effacent pas une triste réalité. Les francophones diminuent en nombre dans certaines provinces. Par exemple, les Franco-manitobains sont aujourd’hui environ 10 000 de moins qu’en 1951 selon Statistique Canada.

On peut bien sûr attribuer ce déclin à la domination souvent manifeste des anglophones. Des lois ont déjà interdit l’enseignement du français. Il faut encore recourir aux tribunaux pour faire respecter des droits reconnus dans la Constitution. Cela dit, la réalité ne se résume pas à des questions juridiques. Elle est beaucoup plus complexe que cela.

L’adaptation

Nul ne pourra nier que l’adaptation est un phénomène vieux comme le monde. C’est en s’adaptant que les vivants de toutes espèces ont traversé les millénaires pour pouvoir encore respirer aujourd’hui. Quand il se trouve perdu dans la masse, l’individu doit se conformer. C’est souvent à force de courage et de détermination que certains minoritaires isolées résistent en supportant le poids d’une pénible solitude.

Cela s’ajoute bien sûr au caractère incertain des forces politiques… Certaines jugent le bilinguisme trop coûteux en se disant qu’il vaudrait mieux laisser aller les choses.

Mais d’autres promettent que le Canada saura démontrer que cette logique n’a rien d’implacable. Cette immense mosaïque bilingue officiellement, le deviendrait de plus en plus dans les faits, permettant ainsi à tous ses citoyens d’expression française de se développer et de s’épanouir.

Mais en attendant que l’histoire se fasse, des citoyens vivent le quotidien sans faire de bruit. Contrairement à leurs leaders, on ne les voit jamais sur les tribunes ni devant les caméras. Ils ne font pas de politique, ne fréquentent pas les associations qui les représentent. Ils forment la partie immergée de l’iceberg, celle que l’on ne voit pas mais qui en constitue quand même l’essentiel.

Ce sont eux qui parlent une fois aux quatre ou cinq ans… Les électeurs…

C’est à eux, en tant que peuple, qu’incombe le devoir de faire vivre et vibrer le français. C’est aussi grâce à eux que le français est toujours vivant. 

Ils sont les héritiers du rêve de leurs ancêtres, celui de non seulement vivre en ce pays, mais de le bâtir à leur image.

Le Canada français existe-t-il? Pour éviter de se compliquer la vie, on dira un beau « oui » sans équivoque, les francophones étant encore trop nombreux pour affirmer le contraire. Mais ce Canada français n’est pas le même pour tout le monde.

Le vote francophone domine au Québec et dans certaines régions de l’Ontario et de l’Acadie. Ailleurs, il peut parfois avoir une certaine influence. Il lui arrive aussi, hélas, de se diluer dans la masse anglophone.

Dans tout cela, il faut se rappeler que le Canada est le résultat d’un effort, celui de la cohabitation de deux groupes linguistiques officiels. Cet effort louable vaut certes mieux que l’intolérance. S’il fallait un jour que de guerre lasse, les politiques y renoncent, ce pays prendrait, aux yeux des minorités francophones, le visage hideux du pire des prédateurs. Il est vrai qu’il y a eu des tentatives de les anéantir. En revanche, l’histoire récente a été témoin de belles ouvertures, résultat d’une vision que certains ont épousée.

Comment voter dans l’intérêt de sa culture, de sa langue, de sa communauté quand celle-ci ne fait pas le poids électoral? Il faut espérer que le respect des minorités soit une valeur profondément canadienne que le vainqueur voudra partager.

Articles connexes

Patrimoine et Langues officielles : Mélanie Joly succède à Shelly Glover

OTTAWA – Le hasard fait parfois bien les choses. Le premier ministre canadien nouvellement...

Lire la suite

Justin Trudeau présente son nouveau cabinet

Le conseil de ministres de Justin Trudeau comptera 30 ministres, 15 femmes et autant d'hommes....

Lire la suite

Les elections et le deficit democratique

Le 19 octobre, les électeurs ont élus 184 députés libéraux,...

Lire la suite

Élections : une victoire libérale bien vue par les Fransaskois ?

L’élection du Parti libéral et de Justin Trudeau le 19 octobre devrait...

Lire la suite

Après l’élection, les étudiants donnent leur vision et prévisions

REGINA - En 3e année au Département d'études francophones et...

Lire la suite

Les élections et L'Eau vive: pas de quoi sauter de joie

Justin Trudeau représente peut-être de meilleurs lendemains pour les francophones....

Lire la suite

Les Canadiens se tournent vers Trudeau et les libéraux

Les électeurs canadiens ont exprimé leur désir de voir un changement de...

Lire la suite

Pour l'ACF, Trudeau c’est un vent d’espoir

REGINA - Françoise Sigur-Cloutier, présidente de l’Assemblée...

Lire la suite

La démocratie reste à venir même en Occident...

Au moment de lire ceci, vous avez probablement exercé votre droit de vote. Vous avez...

Lire la suite

Résultats du vote en Saskatchewan

Détails des résultats dans les circonscriptions saskatchewannaises suite aux...

Lire la suite

Quelques infos « non officielles » sur les trois chefs

Alors que les électeurs sont sur le point de faire leur choix, il est toujours pratique...

Lire la suite

Radio-Canada en campagne

Radio-Canada est  facteur d’égalité linguistique au pays. Cela ne fait...

Lire la suite

Les Fransaskois à l’heure du vote

Après une campagne d’une durée record, les électeurs...

Lire la suite

Élections: sprint final

Les Canadiens sont dans la dernière ligne droite de cette interminable course...

Lire la suite

Les candidats face aux électeurs de Saskatoon

SASKATOON - Une rencontre entre candidats et la communauté francophone a...

Lire la suite