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Pas tout cuit dans l’bec

Un nouveau CD de marijosée

marijosée Pas tout cuit dans le becTête d'affiche d'un renouveau de la scène franco-manitobaine, l'auteure-compositrice-interprète Marie-Josée Clément, alias marijosée, livre cet hiver Pas tout cuit dans l'bec, un premier album solo. Après Rebondir, un maxi bien accueilli par la scène franco-canadienne, ce disque de onze titres devrait lui permettre de poursuivre le bout de chemin savamment entamé par le spectacle du même nom, lauréat de deux prix lors de la dernière édition de Contact Ouest.

On savait marijosée douée en matière rythmique, mais la pièce d'ouverture, Promesses de la fontaine, lui permet de passer à un tout autre niveau, comme si ce titre était véritablement la réponse francophone à la légendaire Ani DiFranco. Marijosée est téméraire au niveau mélodique, mais pourtant précise dans son interprétation, quelque part entre les ambiances vaporeuses et l'urgence percussive. L'entrée en matière se fait en confiance, avant de se laisser entraîner par la pièce-titre. Le résultat est joyeusement champ-gauche, sans toutefois sortir entièrement des plates-bandes de la chanson francophone hors Québec.

Le choix de sonorités organiques permet à marijosée de définir son terrain de jeu, où la nature pop se frôle de manière déjantée aux structures. Dans cette optique, les onze titres sont tant issus de la liberté du jazz que de la tension du rock alternatif. Après tout, l'attaque mise de l'avant par la contrebasse est incisive dans ce contexte. Parfois cet éclat enlève à la netteté des musiques en plus de créer une certaine redondance. À défaut d'être étonné par l'inconnu, cet élément devient prévisible.

marijosée arrive à mettre en musique brillamment la réalité linguistique franco-manitobaine. Entre la grammaire impeccable, des bribes anglophones débarquent lors de refrains, question d'appuyer un état d'esprit ou une constatation. Cet ajout sert des fins poétiques avant des fins esthétiques, tout en apportant un brin d'authenticité aux textes trop hermétiques et rigides.

Au bout de l'écoute, les 35 minutes de Pas tout cuit dans l'bec ont réussi à décoiffer tout en livrant de belles promesses. Il n'y a pas de doute, en plus d'être un coup de coeur, ce premier album est une brillante introduction à l'univers de marijosée.