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Faire la pluie et le beau temps

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Vieille de 1 732 ans, cette expression signifie « décider de tout, se croire tout permis ». L’Homme, dans sa soif perpétuelle de contrôle absolu, endosse depuis plusieurs décennies le costume de Dieu de la météo. Mais à quel prix ?

L’eau est devenue en l’espace de quelques décennies un or bleu aux enjeux considérables. Son entrée à la bourse de Chicago fin 2020 ne présage rien de bon. Sécheresse, famine, transmission de maladies, guerres… Le manque d’eau est responsable de tous ces maux. L’équation est simple mais bonne à rappeler : sans eau, pas de vie.

À la recherche de l’Eldorad’eau !

Le réchauffement climatique a sérieusement accéléré la donne et aujourd’hui de nombreux scientifiques se retroussent les manches pour trouver la précieuse substance. Une quête qui vire à l’obsession à Dubaï où, dans les champs de gratte-ciel perdus en plein désert, il n’y a plus que l’argent qui coule à flots. La trouvaille des têtes pensantes : l’ensemencement des nuages ! 

Si la technique a été expérimentée pour la première fois à New York en 1946 pour faire face à la sécheresse, elle est là-bas particulièrement développée. Des avions scrutent le ciel à la recherche des nuages qui passent au-dessus du territoire et, une fois le cumulus repéré, les pilotes tirent des fusées qui contiennent des cristaux de sel.

Le sel a la capacité d’agréger les minuscules gouttelettes d’eau afin qu’elles forment une grosse goutte qui tombe sous l’effet de la gravité. Même s’il est très difficile de mesure l’effet d’une telle mesure, cette technique aurait permis d’augmenter la pluviométrie de 15 à 20 % selon certaines sources.

Vers une guerre des nuages ?

En Alberta, cette pratique est utilisée pour lutter contre la grêle. L’ensemencement des nuages accroît le nombre de granules de glace qui forment les nuages de grêle tout en réduisant la taille de chaque granule, limitant ainsi les dégâts causés par les chutes de grêle.

Terrence Krauss, météorologue à la Société de gestion des phénomènes météorologiques violents de l’Alberta (Alberta Severe Weather Management Society), affirmait à CBC en 2014 que, sans l'ensemencement des nuages, les Albertains subiraient jusqu'à 40 % de dommages supplémentaires lors des tempêtes de grêle estivales.

Il n’existe pas à ce jour de loi internationale qui protège les nuages. Le cumulus, coton au vent, avait peut-être prévu de grossir tout doucement avant de libérer son trop-plein d’eau dans le pays voisin. Le voilà fauché en plein vol à l’aube de sa jeunesse. En dessous, on chante sous la pluie, et à côté on pleure.

Loin d’être anecdotique, la guerre des nuages fait naître des conflits un peu partout dans le monde. Des tensions sont apparues entre la Chine et l’Inde, cette dernière accusant son voisin d’influer sur ses précipitations.

En plus de modifier la pluviométrie à l’échelle mondiale, ces techniques creusent les inégalités entre les pays riches, capables de mettre des millions sur la table, et les pays pauvres qui n’ont plus que les yeux pour pleurer.

Comme si les tensions géopolitiques n’étaient pas assez fortes, nous vivons dans un monde où tout a un prix et un propriétaire. Les plus heureux sont peut-être ceux qui ont la tête dans les nuages.