FRANCOPRESSE – La reine Elizabeth II s’est éteinte, jeudi, à son château de Balmoral en Écosse, à l’âge de 96 ans. Pendant son règne, le plus long d’un monarque britannique, elle a vu se succéder 12 premiers ministres et 13 gouverneurs généraux au Canada.
Le décès de la souveraine n’a pas enclenché l’opération de contingence «London Bridge», mais plutôt la «Unicorn». Cette opération, baptisée d’après le symbole de l’Écosse, avait été planifiée dans l’éventualité où Elizabeth II s’éteindrait à son château de Balmoral.
Cette procédure prévoit que la dépouille de la reine reposera au palais de Holyrood, résidence officielle de la monarque en Écosse, avant d’être amenée à la cathédrale Saint-Gilles d’Édimbourg pour ensuite être transportée par train royal jusqu’à Londres, où se tiendront les funérailles officielles.
Le prince Charles, prince de Galles, a succédé automatiquement à la reine pour devenir le roi Charles III. «Selon le droit en vigueur au Canada, la succession est instantanée et automatique, et ne requiert aucune action spéciale de la part du gouvernement canadien», selon un document d’information de l’Institut d’études sur la Couronne au Canada.
«Je déclare devant vous tous que toute ma vie, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service et au service de notre grande famille impériale à laquelle nous appartenons tous.» Elizabeth II, 21 avril 1952
Protocole canadien
Contrairement à ce qui se passera aux parlements britanniques et écossais, le protocole mis en place au Canada ne force pas la suspension des travaux parlementaires et les députés n’auront pas à renouveler leur allégeance au nouveau roi.
Le protocole de transition précise l’ordre des actions qui doivent être menées par le gouvernement canadien, ce qui comprend les déclarations de la gouverneure générale, du premier ministre et d’autres membres du gouvernement, la mise en berne des drapeaux, la mise à disposition d’un livre de condoléances et l’organisation d’un service commémoratif national à Ottawa.
«Pour les royaumes du Commonwealth, dont le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et une douzaine d’autres pays, c’est le décès de leur cheffe d’État qui régnait depuis 70 ans. C’est donc un changement énorme dans la vie publique de ces pays», indique D. Michael Jackson, président de l’Institut d’études sur la Couronne au Canada.
«Les drapeaux seront mis en berne à travers le pays et le ministère du Patrimoine canadien va déclarer une période de deuil», ajoute-t-il. C’est aussi le ministère du Patrimoine canadien qui déterminera pour quelle durée les drapeaux resteront à mi-drisse.
Vague de reconnaissance à Ottawa
«Sa Majesté m’a dit : "Soyez indulgente envers vous-même." Ses mots m’ont fait comprendre que, tout en nous investissant à fond dans les questions importantes, nous devons aussi prendre le temps de nous arrêter. De faire preuve de patience. D’exercer notre leadeurship avec compréhension et respect», a confié la gouverneure générale, Mary Simon dans les heures qui ont suivi l’annonce du décès d’Elizabeth II.
«Aujourd’hui, ce n’est pas seulement une page qui se tourne, mais tout un chapitre de notre histoire commune qui prend fin. Je sais que le service de Sa Majesté envers le Canada et les Canadiens sera pour toujours une partie importante de l’histoire de notre pays», a déclaré émotivement le premier ministre Justin.
«En tant que reine du Canada, elle n’a pas seulement été témoin de notre évolution historique en tant que nation moderne, confiante et sure d’elle – elle y a participé activement. Elle était avec nous pour ouvrir la voie maritime du Saint-Laurent. Elle a présidé les célébrations de notre centenaire. Plus tard, elle a même inauguré les Jeux olympiques de Montréal», a rappelé la cheffe intérimaire du Parti conservateur, Candice Bergen.
Au cours de son règne, Elizabeth II a visité le Canada à 22 reprises notamment pour souligner le centenaire de plusieurs provinces dans la Confédération canadienne. Elle a été la première souveraine du Canada à prononcer le discours du Trône, soit celui marquant l’ouverture de la 23e législature, en 1957.
En 1959, elle a nommé le premier gouverneur général canadien-français de l’histoire, Georges Vanier. En 1965, elle a proclamé le drapeau national du Canada et, le 17 avril 1982, elle a signé la proclamation de la Constitution canadienne.
Les funérailles officielles d’Elizabeth II devraient se tenir dans les 10 jours suivant son décès.