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Un Fransaskois filme la dure réalité de sa ville natale au Niger

Zinder, à l’aune des oubliés

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Balises

Le Fransaskois d’adoption et réalisateur Ousmane Ilbo a dévoilé le 6 août un documentaire poignant intitulé Zinder, à l’aune des oubliés qui dépeint une dure réalité peu connue sur sa ville natale au Niger qu’il a quittée il y a dix ans.

De Zinder à Gravelbourg s’étend plus qu’un océan. Les voyages forment la jeunesse, dit-on, mais ils forment avant tout l’esprit comme en témoigne avec ce documentaire Ousmane Ilbo, réalisateur et directeur de CFRG, la radio communautaire de Gravelbourg.

Après avoir quitté ses terres natales au Niger il y a une dizaine d’années, Ousmane Ilbo se dirige vers Toulouse en France où il entreprend des études supérieures en communication et en cinématographie, puis vers Montréal pour poursuivre son parcours universitaire. Il pousse un peu plus loin le voyage et réside, depuis cinq ans, au cœur des paysages vallonnés de Gravelbourg.

Entre radio et cinéma

Même à des centaines de milliers de kilomètres du Niger, Ousmane Ilbo n’a jamais réellement quitté son pays, encore moins sa passion pour la communication et le cinéma.

Tour à tour journaliste indépendant, auteur, chercheur, réalisateur et animateur à la radio, il s’intéresse de près aux questions d’ordre culturel et sociétal. Le cinéma, et plus particulièrement le documentaire, est le véhicule par lequel il a choisi d’exprimer et de dénoncer les injustices flagrantes auxquelles fait face ce pays de l’Afrique de l’Ouest.

Le choc du retour

« Lorsque je suis revenu au Niger après dix années d’absence, j’ai vraiment été frappé par la dégradation qu’avait subie mon pays, que ce soit au niveau des institutions, de l’éducation, du système politique, de la santé. Toutes les sphères de la société sont touchées », témoigne-t-il.

Rongé par la pauvreté et les inégalités, le Niger, qui possède le taux de fécondité le plus élevé au monde (7 naissances par femme en 2017), est pris dans un marasme qui semble laisser dans l’indifférence le régime politique en place, la population ainsi que les organisations non gouvernementales.

« Le peuple nigérien est lui-même très fataliste. Il compte sur l’appui de Dieu pour lui venir en aide, analyse le documentariste. Je tenais donc à dénoncer cette situation, mais aussi à m’adresser à ce peuple pour l’inciter à se prendre en main et changer les choses. Je veux aussi donner de l’espoir aux cinéastes nigériens et leur faire voir que tout est possible. »

Peu de moyens, de grands résultats

C’est d’ailleurs avec un budget limité, voire inexistant, que ce documentaire a vu le jour. Le réalisateur a dû délier les cordons de sa propre bourse pour parvenir à ses fins. Téléphone cellulaire en poche et assisté d’un ami, il s’est donc promené ici et là, au hasard des rencontres, pour capturer des scènes de la vie quotidienne à Zinder.

« J’étais parti en vacances, je n’avais pas l’intention de faire un documentaire, précise M. Ilbo. D’ailleurs, si j’avais débarqué avec une grosse caméra et une équipe de tournage, les gens ne se seraient probablement pas autant confiés à moi. C’est ce qui fait la force et l’authenticité de ce documentaire », ajoute-t-il.

Entre sensibilisation et dénonciation

Le documentaire dresse un portrait cru mais réaliste du Niger d’aujourd’hui qui est resté prisonnier des traditions et des croyances. En raison, surtout, de son explosion démographique, le pays a sombré dans la dépendance, la prostitution et la délinquance.

Les scènes se succèdent et malheureusement se ressemblent. On y voit tantôt des débordements de rue provoqués par une maigre distribution de riz tandis qu’une poignée d’individus se restaurent dans l’opulence à quelques pas de là.

On y voit également la force des femmes qui se mobilisent pour faire bouger les choses. Et les richesses d’un pays choyé en ressources naturelles. Si riche et pauvre à la fois, le Niger apparaît comme un pays tout en contradictions.

Le documentaire Zinder, à l’aune des oubliés sera diffusé en exclusivité en écoute libre sur Facebook à partir du 6 août, et ce, pour une dizaine de jours.