Skip Navigation
Festival fransaskois 2024
Dominique Liboiron
/ Catégories: 2017, Francophonie, Sport

Il était plus qu'un joueur de hockey

Notre héros compta 50 buts en 50 matchs

Le chandail du numéro 9, Maurice Richard

Le chandail du numéro 9, Maurice Richard

Photo: Dominique Liboiron
Le mois de mars marque de grands moments dans l’histoire du Canada français. Tirant leurs origines du hockey, ses événements importants sont en réalité une fusion de hockey, de politique et de culture dont l’ampleur a touché toute une nation. En honneur du 150e anniversaire du Canada et du centenaire de la Ligue nationale de hockey, voici un récit qui touche tous les citoyens du pays.

Après avoir remporté la Coupe Stanley en 1930 et 1931, les Canadiens de Montréal ont connu de bonnes années, mais n’ont pas gagné un autre championnat au cours de la Grande dépression. De plus, ils ont perdu leurs deux meilleurs joueurs, le combatif Aurèle Joliat et Howie Morenz avec sa rapidité de panthère.

Le début des années 40 est un abysse. Les seuls jets de lumière sont Toe Blake, un des marqueurs les plus redoutables de la ligue, et Dick Irvin, l’entraîneur-chef qui planifie de ressusciter l’équipe et remplir les sièges vides du Forum.

Pour la saison de 1943-44, Irvin crée la Punch Line, un trio offensif foudroyant composé de Blake, Elmer Lach et d’un ailier-droit canadien-français qui explose pendant les séries éliminatoires. Il compte les 5 (!) buts de son équipe dans le deuxième jeu des demi-finales contre leurs rivaux détestés, les Maple Leafs de Toronto. Le tricolore fini par hisser la Coupe pour la première fois depuis 1931. 

Et là c’est le 18 mars, 1945. Il est à Boston lors du dernier match de la saison et le Canadien-français incandescent garde le monde du hockey en otage. L’ailier-droit a 49 buts. Un autre…        

Les Bruins sont fiers et ils ne veulent pas que son accomplissement soit à leurs dépens. Les défenseurs l’agrippent. Ils savent quelles injures racistes le feront exploser.

L’atmosphère est tendue. Le fera-t-il, oui ou non? Il l’a presque accompli lors du dernier match, mais l’arbitre King Clancy a refusé son but. Le temps presse. C’est le dernier jeu de la saison.

Après deux périodes, il réussit quelques tirs au but, mais rien de plus. Comme d’autres légendes du sport, il performe quand la pression augmente, mais ce Canadien légendaire le fait avec panache. Il ne reste plus que 2m15 avant la fin de la saison quand il déjoue le gardien Harvey Bennett. Personne n’avait compté 50 buts en 50 matchs avant.

Dix ans plus tard, le 16 mars 1955 devient une date clef dans son histoire. Le président de la LNH, Clarence Campbell, impose une des suspensions les plus sévères de l’histoire de la ligue. Le héros du bleu, blanc et rouge est suspendu pour le reste de la saison et de la totalité des séries éliminatoires après avoir frappé un juge de ligne. 

Les milliers de partisans, outrés par la décision de Campbell, lui envoient des lettres de protestation, il reçoit même des menaces à sa vie. Les fidèles de l’équipe n’arrivent pas à accepter que leur idole ne jouera pas en éliminatoires parce que c’est alors qu’il joue de son mieux. Il est les séries éliminatoires. Sûrement une amende suffirait mais non, Campbell insiste. Le président dira plus tard, « Les amendes ne l’ont jamais dérangé. Pour chaque 250$ que je lui imposais, les hommes d’affaires du Québec lui en envoyaient 1000$. »

Le 17 mars, jour de la Saint-Patrick, Campbell assiste à un match au Forum. Sa présence provoque les partisans, certains lui lancent des arachides, de la monnaie et des légumes. À chaque but des Red Wings, la foule gronde. Les Canadiens perdent 4-1 quand une bombe lacrymogène explose près de Campbell. Une foule déclenche une émeute sur la rue Sainte-Catherine qui entraîne une destruction coûtant une centaine de milliers de dollars.

De nos jours, la plupart de ses records ont été éclipsés, mais il demeure le seul athlète dont une émeute porte le nom. Plus qu'un événement historique, l’émeute est plutôt un témoignage de l’ampleur de l'impact qu'il a eu, plus qu'aucun autre athlète. Pourquoi?

Une bribe de réponse est qu’il était un hockeyeur doué qui dominait l’élément le plus excitant et le plus valorisé du sport : compter des buts. Mais pour bien saisir sa magie, nous devons regarder au-delà du hockey. Il a joué à une époque où les gens cherchaient un héros.

Pour les Canadiens-français, son importance dépasse le hockey, surtout au Québec où les francophones majoritaires étaient dominés sur le plan social, politique et économique par les anglophones minoritaires. Le changement de conscience que son style de jeu charismatique, mais surtout insoumis, a provoqué chez les Québécois est considéré comme un des facteurs ayant motivé la population du Québec à ne plus accepter la dominance d’Ottawa ou de Toronto, un sentiment auquel les Fransaskois peuvent s’identifier.

Il est le premier Canadien-français à briller dans un monde anglais. Les Canadiens-français ne l’ont pas aimé, ils l’ont vénéré; il n’était pas leur héros, il était leur sauveur.

Son vrai succès était hors de la glace. Il a enrichi l’âme et mis le feu à l’imagination.

Il s'appelait Maurice Richard.

Il était le Rocket. 

Imprimer
25260

Dominique LiboironDominique Liboiron

Autres messages par Dominique Liboiron
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Le Franco (Alberta) – L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) promet une phase II de la campagne «Sauvons Saint-Jean» dès la rentrée. L’appel à des manifestations et une action en justice sont sur la table. 

24 août 2020/Auteur: Geoffrey Gaye (Le Franco)/Nombre de vues (17654)/Commentaires (0)/
Rentrée scolaire : des parents se confient

Rentrée scolaire : des parents se confient

Une rentrée sous le signe de la fébrilité et de la solidarité

À quelques semaines du jour J, beaucoup d’interrogations subsistent. Tantôt confiants, tantôt inquiets, plusieurs parents fransaskois se sont confiés à l’Eau vive.

20 août 2020/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (14865)/Commentaires (0)/
Dans ce temps-là !

Dans ce temps-là !

À l’époque où j’étais élève à la fin de l’élémentaire, quand arrivait le mois de juin, nous étions assez intenables dans les classes... La fête de la Saint-Jean-Baptiste marquait le début des vacances estivales. Les classes s’étaient terminées la veille et on avait vidé nos pupitres. Plus de devoirs. Plus de leçons. 

16 juillet 2020/Auteur: Michel Vézina/Nombre de vues (21015)/Commentaires (0)/
Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Après plusieurs années d’attente et une entente de principe avec le gouvernement de la Saskatchewan qui tardait à se concrétiser, une nouvelle école primaire francophone verra finalement le jour dans la capitale provinciale.

13 juillet 2020/Auteur: Lucas Pilleri/Nombre de vues (26482)/Commentaires (0)/
Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Le tout premier programme d’immersion en Saskatchewan est apparu à Saskatoon en 1968. Cinquante ans plus tard, ils sont plus de 16 500 à travers la province à se retrouver sur les bancs du programme qui fait de plus en plus d’adeptes.

8 juillet 2020/Auteur: Lucas Pilleri, avec les informations de Diane Lacasse/Nombre de vues (24028)/Commentaires (0)/
Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina

Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina

Produire local, le nouveau défi des francophones de Regina

REGINA - LAssociation canadienne-française de Regina a inauguré son tout premier jardin communautaire le 15 juin dernier sur le terrain de l'École Mgr de Laval.

1 juillet 2020/Auteur: Leslie Diaz – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (28958)/Commentaires (0)/
Les Fransaskois applaudissent la victoire des parents franco-colombiens en Cour suprême

Les Fransaskois applaudissent la victoire des parents franco-colombiens en Cour suprême

Après 10 ans de lutte judiciaire, la Cour suprême du Canada a tranché en faveur des parents franco-colombiens. Cette décision historique a été chaudement saluée par la communauté fransaskoise.

29 juin 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF/Nombre de vues (25323)/Commentaires (0)/
L’histoire de la fransaskoisie narrée aux jeunes

L’histoire de la fransaskoisie narrée aux jeunes

Ateliers scolaires Gardiens de lys'toire par la Société historique de la Saskatchewan

À travers sa série d’ateliers pédagogiques, la Société historique de la Saskatchewan (SHS) donne vie à l’histoire dans la salle de classe des écoles de la province. 

28 juin 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF/Nombre de vues (25810)/Commentaires (0)/
La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités

La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités

Les universités francophones du pays misent sur l’inscription d’étudiants internationaux. Les mesures sanitaires en place affecteront directement les inscriptions.

14 juin 2020/Auteur: André Magny (Francopresse)/Nombre de vues (20893)/Commentaires (0)/
Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Trois semaines après que l’Association canadienne-française de l’Alberta a lancé une campagne de mobilisation pour sauver le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, l’incertitude règne toujours quant à l’avenir de l’établissement.

13 juin 2020/Auteur: Guillaume Deschênes-Thériault – Francopresse /Nombre de vues (22475)/Commentaires (0)/
Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!

Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!

Si tout va bien à la rentrée de septembre, le Conseil des écoles fransaskoises (CEF) ira de l’avant avec un concept nouveau en Saskatchewan, mais qui a fait ses preuves dans d’autres provinces: l’école communautaire citoyenne.

13 juin 2020/Auteur: André Magny (Initiative de journalisme local – APF – Ouest)/Nombre de vues (23703)/Commentaires (0)/
La Cour suprême donne gain de cause aux parents franco-colombiens

La Cour suprême donne gain de cause aux parents franco-colombiens

La Cour suprême du Canada a donné raison aux francophone de la Colombie-Britannique, qui réclame depuis dix ans devant les tribunaux que le système scolaire de langue française soit mis à égalité avec le système anglophone.

12 juin 2020/Auteur: Marc Poirier – Francopresse /Nombre de vues (27644)/Commentaires (0)/
André Moquin, récit vivant de la fransaskoisie

André Moquin, récit vivant de la fransaskoisie

Fils et petit-fils de colons de l’Ouest, André Moquin a œuvré toute sa vie pour l’avancement de l’éducation en français dans sa province.

2 juin 2020/Auteur: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF /Nombre de vues (29521)/Commentaires (0)/
L'École Mgr de Laval slame ses accents à Regina

L'École Mgr de Laval slame ses accents à Regina

L'école fransaskoise remporte un prix international

Six élèves de la 8e année du Pavillon secondaire des Quatre Vents de l'école de Monseigneur on remporté un des deux Prix du public offerts dans le cadre du concours « Slame tes accents » du Centre de la Francophonie des Amériques.

23 mai 2020/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (27075)/Commentaires (0)/
Un vent de solidarité au Canada pour sauver le Campus Saint-Jean

Un vent de solidarité au Canada pour sauver le Campus Saint-Jean

L’appel à l’action de l’ACFA dans le cadre de la campagne «Sauvons Saint-Jean» a été entendu d’un bout à l’autre du pays, et même au-delà de nos frontières. 

19 mai 2020/Auteur: Guillaume Deschênes-Thériault (Francopresse)/Nombre de vues (23051)/Commentaires (0)/
RSS
Première2345791011Dernière

 - mardi 25 juin 2024