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L’art pour répondre aux défis des écoles francophone

L’art pour répondre aux défis des écoles francophone

L’art doit être davantage présent dans les écoles de langue française en milieu minoritaire, soutient la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) dans un mémoire présenté en novembre. L’organisme s’appuie sur l’analyse des bienfaits recensés pour l’intégration des élèves, leur santé mentale, mais aussi celle du personnel enseignant.

En s’appuyant sur des données scientifiques et administratives, ainsi que sur celles recueillies dans le cadre d’enquêtes, d’entrevues et de séances de consultation, le rapport de la FCCF soutient que l’art présente des solutions aux divers défis que rencontrent les écoles de langue française en milieu minoritaire au Canada. À commencer par l’intégration des nouveaux arrivants.

L’évolution de la démographie de la francophonie canadienne figure parmi les enjeux soulevés par les auteurs du mémoire. Les enfants issus de l’immigration représentaient 38,5 % de l’ensemble de la population admissible à une éducation en français en contexte minoritaire en 2021, rapporte le mémoire, se référant aux données de Statistique Canada.

Selon la FCCF, les arts jouent un rôle important dans l’intégration des élèves immigrants : «L’éducation artistique crée des ponts entre les cultures, elle renforce les liens interculturels entre les membres du personnel ainsi qu’entre le personnel enseignant et les élèves», peut-on lire dans le rapport.

Pénurie de main-d’œuvre et santé mentale

La pénurie de personnel enseignant qualifié à laquelle font face les 34 conseils scolaires francophones en contexte minoritaire est aussi pointée du doigt.

Marie-Ève Desormeaux, directrice des contenus de La ruchée, le laboratoire d’éducation artistique qui relève de la FCCF, soutient que les bienfaits de l’éducation artistique se font ressentir chez les enseignants.

«Quand on sait que le décrochage est parmi les causes notables de la pénurie de main-d’œuvre en enseignement, outiller le personnel enseignant en éducation artistique et encourager l’enseignement interdisciplinaire par les arts sont des approches prometteuses qui ont des effets positifs sur le climat de la salle de classe et le perfectionnement professionnel des membres du personnel enseignant.»

La ruchée a accompagné près de 370 bénéficiaires, en majorité du personnel enseignant, durant la période 2022-2024, pour intégrer l’art dans leur curriculum.

Le rapport de la FCCF assure en outre que l’éducation artistique a un effet positif sur le bienêtre des élèves, à l’heure où environ 20 % des jeunes Canadiennes et Canadiens sont affectés par un trouble de santé mentale. Le Canada se classe au troisième rang pour le taux de suicide le plus élevé chez les jeunes parmi les pays industrialisés.

Grâce à l’expression artistique, les jeunes se sentent «vus, entendus et compris dans leur identité», affirme-t-elle.

La directrice se réfère à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a conclu, «à la suite d’une revue de plus de 3000 études, que l’art a des effets non négligeables sur la santé physique et mentale des personnes autant sur le plan de la prévention que du traitement».

Les bienfaits de l’éducation artistique

Le rapport Une place de choix pour l’art à l’école de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) identifie plusieurs bienfaits de l’éducation artistique en milieu scolaire :

  • L’engagement des élèves dans leur propre apprentissage, leur réussite scolaire et leur épanouissement;
  • La formation de personnes critiques, créatives et confiance;
  • La promotion de l’équité, de la diversité, de l’inclusion et de l’accessibilité;
  • L’impact positif sur la santé mentale et le bienêtre des élèves;
  • Le développement de l’identité francophone et la contribution à la vitalité des communautés francophones.

Ressources et appuis aux enseignants

Clément Moudiongui, animateur culturel dans une école francophone de Toronto en Ontario, fait partie des bénéficiaires de l’un des programmes déployés par La ruchée. «Bien que nos élèves aient tendance à consommer les arts dans la langue dominante, nous faisons plus que notre mieux pour donner des alternatives francophones», témoigne-t-il. Les outils de La ruchée permettent de simplifier la tâche du personnel enseignant pour y arriver.

Pour sa part, l’enseignante de maternelle et première année à Campbell River en Colombie-Britannique, Andréanne Nammour, estime que «les enseignants peuvent avoir une certaine crainte à intégrer l’art dans leur classe».

Participer au projet de Conception d’activités pédagogiques artistiques (CAPA) de La ruchée a été pour elle une expérience enrichissante. Grâce à ce programme de développement professionnel, elle a été jumelée à une artiste pour l’aider à intégrer les arts comme outil pédagogique.

 «C’était vraiment bon d’avoir une artiste qui préparait les sessions puis, moi, je m’occupais de trouver les objets de curriculum. C’était vraiment un travail d’équipe», se réjouit-elle.

Un pont entre l’école et les artistes

Justement, les 12 recommandations formulées par la FCCF dans son mémoire appellent à garantir une présence continue, valorisée et structurante des artistes et de leurs œuvres au sein des programmes éducatifs, «pour alimenter la mise en œuvre de l’éducation artistique dans les écoles».

Une telle présence serait, d’après l’organisme, d’une grande utilité pour une enseignante ou un enseignant généraliste n’ayant pas reçu de formation suffisante en didactique des arts. L’élaboration de curriculums d’éducation artistique s’ajoute à une charge de travail déjà considérable, en plus d’affecter la confiance professionnelle.

Cette réalité, l’auteur-compositeur-interprète acadien Joey Robin Haché, la connait très bien. Il travaille depuis 13 ans dans le milieu scolaire et a accompagné, en collaboration avec La ruchée, deux enseignantes au Nouveau-Brunswick l’année dernière.

«À l’ère des réseaux sociaux et face à des méthodes scolaires classiques et parfois rigides, on a essayé de créer un gabarit de cours en mariant art et pédagogie», rapporte l’artiste multidisciplinaire.

«Et ça fonctionne», estime-t-il. Bien qu’il s’agisse, selon lui, d’un processus en constante évolution, qui nécessite du temps pour convaincre et permettre d’innover dans la manière d’enseigner.

Mobiliser les décideurs

Marie-Ève Desormeaux le confirme : «On a des preuves que ça fonctionne. Nous avons beaucoup de demandes, mais malheureusement présentement la demande dépasse notre capacité de répondre».

La FCCF recommande que les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral augmentent les fonds et les investissements pour l’éducation artistique, afin de garantir sa qualité et sa durabilité dans les systèmes éducatifs francophones.

Elle propose aussi de créer une charte d’éducation artistique dans les communautés francophones en vue de «définir les principes directeurs et les valeurs guidant la place de l’éducation artistique dans l’école».

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