Skip Navigation
Carol Léonard
/ Catégories: 2016, Les noms d'ici

La Loche, lieu jadis connu internationalement

La Loche, l’ignominieux crime qui y a été perpétré en janvier dernier a fait en sorte qu’un nom a ressurgi. La Loche, un nom, le sait-on, qui était internationalement connu dès la fin du XVIIIe siècle. Bourgeois et dirigeants des grandes entreprises et boutiques qui vêtaient et coiffaient de fines fourrures les titrés et la gentry de Londres, Paris, New York ou Montréal étaient bien au fait de l’existence de ce lieu.

La réputation de La Loche s’était répandue dès que les traiteurs de fourrures atteignirent le célèbre portage situé à l’extrémité occidentale du lac qui baigne les rives de La Loche et auquel le portage et ce village nordique ont emprunté leurs noms.

Le portage La Loche fut l’un des plus fameux sinon le plus célèbre des portages dans toute l’histoire canadienne de la traite des fourrures. Il acquit cette réputation d’abord en raison de sa longueur. Longueur appréciable à n’en pas douter ; une vingtaine de kilomètres, véritable épreuve d’endurance pour les Voyageurs, ces engagés des compagnies de traite qui ne pouvaient emprunter ce portage sans appréhender les pénibles efforts auxquels ils devaient consentir pour parvenir à son extrémité. Aussi, tout le long de la piste, on avait aménagé des pauses de portage.

Une fois la pause atteinte, on y déposait le lot de marchandises que l’on était parvenu à transporter. Puis chacun revenait sur ses pas pour aller chercher d’autres marchandises. On répétait ainsi le va-et-vient de la manœuvre de pause en pause de manière à assurer le transport du cargo et des canots d’une extrémité à l’autre du portage.

Ces pauses avaient pour noms : Queue de la Loche, Petit vieux, Fontaine de sable, la Vieille, Fontaine de Roche, pause Bonhomme, pause Cyprès.

Avant d’atteindre la pause nomme Crête de la descente, puis la pause La Prairie, on s’arrêtait au bien nommé petit lac Rendez-vous (aujourd’hui Rendezvous Lake). C’est là que les brigades de Voyageurs du bassin de la Churchill échangeaient avec celles du Mackenzie les marchandises de traite contre les riches fourrures qu’elles rapportaient du Mackenzie.

C’est bien là le second facteur à l’origine de la réputation de La Loche. Son portage était la principale porte d’entrée donnant sur le bassin du grand fleuve et à ses régions boréales et arctiques où l’on pouvait se procurer les fourrures les plus fournies, les plus chaudes, les plus soyeuses avec lesquelles tant de beaux messieurs et de belles dames de la grande société allaient pouvoir se parer pour se pavaner à l’envi.

Le lac, tout comme la rivière qui y mène, le village et le portage tirent tous leur nom de la présence dans les eaux du lac d’une variété de poisson (Gadus Lota maculosus) désigné chez les Cris sous le nom Methye ou Mihyëy alors que les Denésolinés le nomment Ot'esh-otchôré. Le toponyme La Loche s’imposa d’abord aux Voyageurs eux-mêmes puis aux Amérindiens et aux Métis qui s’y regroupèrent. Plusieurs s’y établirent pour gérer et assurer la logistique indispensable aux traversées du grand portage. Ils formèrent le noyau de la population dont de nombreux descendants sont encore établis au village.

La présence de patronymes familiaux d’origine française au sein de la population résidente (Janvier, Le Maigre, Jolibois, Sylvestre, Herman, Fontaine, Montgrand, Tout Le Jour) y trouve son explication.

Terminons ici avec une anecdote qui révèle le caractère symbolique du portage. À la suite des Peter Pond et Alexander Mackenzie, George Simpson grande figure de la Compagnie de la Baie d’Hudson emprunta à son tour le fameux sentier. En un lieu qui fut sans doute celui de la pause dite « du Vieux », il se soumit à un rituel auquel aucun patron, aucun bourgeois traversant le portage ne pouvait échapper au risque de voir sa barbe rasée sur-le-champ. Il servit une généreuse rasade de rhum à tous les engagés qui l’accompagnaient. Les libations terminées, les Voyageurs baptisèrent l’endroit Campement de Monsieur Simpson. Ce rituel faisait écho à ceux en usage à bord des navires au moment où ils franchissaient l’équateur.

Imprimer
15211

Carol LéonardCarol Léonard

Autres messages par Carol Léonard
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Ronald Ajavon du Conseil des écoles fransaskoises est reconnu parmi les 10 personnalités influentes de la francophonie canadienne de 2021.

3 janvier 2022/Auteur: Francopresse/Nombre de vues (6780)/Commentaires (0)/
Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

La Fédération des communautés francophones et acadiennes craint désengagement du fédéral de sa responsabilité de protéger l'éducation de la petite enfance en français. 

 

17 décembre 2021/Auteur: Inès Lombardo – Francopresse /Nombre de vues (7896)/Commentaires (0)/
Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

L’intégration des élèves allophones, de plus en plus nombreux, représente un défi pour les écoles francophones en milieu minoritaire. 

16 décembre 2021/Auteur: Marine Ernoult – Francopresse/Nombre de vues (6462)/Commentaires (0)/
Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

La Cité universitaire francophone de Regina organisait une table ronde sur la communauté fransaskqueer, du nom d’un projet d’études sur l’identité et les expériences queer et trans des Fransaskois.

28 novembre 2021/Auteur: Estelle Bonetto – IJL-Réseau.Presse /Nombre de vues (9772)/Commentaires (0)/
Éducation francophone : Me  Roger Lepage décortique l’article 23

Éducation francophone : Me Roger Lepage décortique l’article 23

Me Roger Lepage nous explique que la francophonie canadienne en situation minoritaire revient de loin en matière d’éducation en français.

21 novembre 2021/Auteur: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (10043)/Commentaires (0)/
Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Le Rendez-vous fransaskois qui avait lieu du 1er au 7 novembre touchait un sujet sensible et urgent : l’éducation. Dans cet article, vous trouverez un résumé des discussions qui ont eu lieu à ce sujet.

13 novembre 2021/Auteur: Marie-Lou Bernatchez/Nombre de vues (9268)/Commentaires (0)/
Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Le Conseil culturel fransaskois a publié un troisième guide pédagogique consacre à Joseph-Marc Lebel, alias Jean Féron, l’un des joyaux les plus méconnus de la littérature francophone de l’Ouest.

 

1 novembre 2021/Auteur: Estelle Bonetto/Nombre de vues (8830)/Commentaires (0)/
Des balados en français pour les écoles

Des balados en français pour les écoles

Le Conseil culturel fransaskois a dévoilé son projet déCLIC, une série de balados éducatifs qui explore la construction langagière, identitaire et culturelle en Saskatchewan.

25 octobre 2021/Auteur: Leslie Diaz/Nombre de vues (7473)/Commentaires (0)/
Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

La création d’un système public pancanadien de garderies à 10 $ améliorera le sort des parents canadiens, mais les francophones en situation minoritaire s’inquiètent du manque de places de garderie pour eux malgré tout.

8 octobre 2021/Auteur: Marine Ernoult – Francopresse/Nombre de vues (7999)/Commentaires (0)/
Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Apprenez-en plus sur les deux nouveaux établissements de la petite enfance francophones qui ont ouvert leurs portes récemment à Saskatoon.

7 octobre 2021/Auteur: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (8735)/Commentaires (0)/
Une Journée d’orientation scolaire réussie

Une Journée d’orientation scolaire réussie

La Journée d’orientation scolaire du SAIF-SK pour les nouveaux arrivants a attiré plus d’une quinzaine de familles francophones et non francophones.

6 septembre 2021/Auteur: Mehdi Jaouhari/Nombre de vues (9775)/Commentaires (0)/
Projet de loi 96 : quel impact pour les étudiants fransaskois ?

Projet de loi 96 : quel impact pour les étudiants fransaskois ?

Le gouvernement québécois veut rapprocher la francophonie canadienne et québécoise, notamment en réduisant les frais de scolarité des programmes universitaires et collégiaux offerts en français. 

14 juin 2021/Auteur: Emmanuel Masson/Nombre de vues (13783)/Commentaires (0)/
Une troisième école élémentaire déjà en pourparlers à Regina

Une troisième école élémentaire déjà en pourparlers à Regina

Depuis l’automne 2018, l’école du Parc de Regina accueille quelque 200 enfants francophones dans l’attente de l’ouverture d’un établissement flambant neuf d’ici septembre 2023.

11 juin 2021/Auteur: Lucas Pilleri – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (13131)/Commentaires (0)/
Assemblée des députés communautaires: du PDG à l’Académie Rivier

Assemblée des députés communautaires: du PDG à l’Académie Rivier

Pour la deuxième fois cette année, les députés de l’Assemblée communautaire fransaskoise se sont réunis en ligne pour discuter des enjeux touchant la fransaskoisie.

11 juin 2021/Auteur: Emmanuel Masson – IJL-Réseau.Presse/Nombre de vues (15683)/Commentaires (0)/
Les Fransaskois de Saskatoon se préparent à recevoir une nouvelle école élémentaire

Les Fransaskois de Saskatoon se préparent à recevoir une nouvelle école élémentaire

D’ici 2025, les francophones de la ville des ponts sont consultés pour identifier leurs besoins en infrastructure en vue de la construction d'une nouvelle école élémentaire.

27 mai 2021/Auteur: Emmanuel Masson – IJL – Réseau.Presse/Nombre de vues (14523)/Commentaires (0)/
RSS
124678910Dernière

 - jeudi 23 mai 2024