Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere

Projet de loi 96 : quel impact pour les étudiants fransaskois ?

UQÀM
Université du Québec à Montréal, pavillon Judith-Jasmin.
Crédit: jeangagnon / Wikimedia

Avec son projet de loi 96, le gouvernement québécois veut rapprocher la francophonie canadienne et québécoise, notamment en réduisant les frais de scolarité des programmes universitaires et collégiaux offerts en français.

Présenté à l’Assemblée nationale du Québec le 15 mai 2021, le projet de loi 96, intitulé Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, est une série de mesures visant à renforcer la francophonie québécoise. Certaines de ses dispositions ont retenu l’attention des Fransaskois, puisqu’il est indiqué entre autres que le Québec doit « jouer un rôle de premier plan auprès des communautés francophones et acadiennes ».

En particulier, c’est l’article 29.6 qui a fait le plus parler. En effet, ce dernier stipule que des étudiants francophones non québécois peuvent payer les mêmes frais de scolarité que leurs pairs québécois si le programme suivi ne peut pas être offert dans leur province d’origine. 

Une offre alléchante

Gisèle Lalonde
Gisèle Lalonde, coordonnatrice des services aux élèves pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF)
Crédit: Courtoisie

Cette proposition constitue un changement majeur dans le monde de l’éducation francophone postsecondaire au Canada. En 2020-2021, les frais de scolarité au premier cycle universitaire s’élevaient en moyenne à 6 580 dollars par an au pays. En Saskatchewan, ce chiffre monte à 8 243 dollars. En revanche, dans la Belle Province, les résidents du Québec ne s’acquittent que de 2 623 dollars contre 8 186 pour les étudiants issus d’autres provinces. 

En définitive, cette loi réduirait du tiers les frais de scolarité des Fransaskois souhaitant étudier au Québec. Une proposition qui a reçu des réactions positives et négatives dans la fransaskoisie. « C’est formidable ! », s’exclame pour sa part Nico Marchildon, élève en 12e année à l’école Campbell de Regina qui envisage d’aller étudier au Québec en 2022. 

De son côté, Gisèle Lalonde, coordonnatrice des services aux élèves pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), croit que « le projet de loi est très positif », notamment parce qu’il offre plus de choix abordables aux élèves qui veulent étudier en français.

Malgré tout, certains voient ce changement d’un mauvais œil. Francis Kasongo, directeur général du Collège Mathieu, y trouve des effets pervers : la mesure pourrait « ralentir la croissance des institutions d’éducation supérieure en français dans les provinces anglophones », avise-t-il. 

En effet, les subventions gouvernementales pour de nouveaux programmes en français hors Québec seraient plus difficiles à justifier si le même programme est offert à la même clientèle pour beaucoup moins cher au Québec. Les institutions québécoises détiendraient ainsi un avantage concurrentiel important. 

Francis Kasongo, directeur général du Collège Mathieu
Francis Kasongo, directeur général du Collège Mathieu
Photo : courtoisie

Ces craintes sont partagées par tout le secteur de l’éducation postsecondaire en situation minoritaire. « On a des gens qui travaillent pour créer des programmes en français en Saskatchewan et on ne veut pas les laisser tomber », indique Gisèle Lalonde.

Impact mineur sur les jeunes Fransaskois

Nico Marchildon est un des Fransaskois qui pourrait profiter de ce changement s’il entre en vigueur. Le jeune rappeur souhaite suivre un programme de musique dans une ville du Québec en septembre 2022. « Je choisirai probablement Montréal parce que j’ai de la famille là-bas, et puis la ville : j’adore la ville ! »

Le jeune musicien semble toutefois être l’un des rares Fransaskois avoir pris cette décision. Gisèle Lalonde explique que la majorité des étudiants du CÉF continuent leurs études à l’université après avoir obtenu leur diplôme d’études postsecondaires et qu’un nombre considérable d’entre eux suivent des études collégiales. 

Nico Marchildon
Nico Marchildon, élève en 12e année à l’école Campbell de Regina qui envisage d’aller étudier au Québec en 2022
Crédit: courtoisie

Orienter les élèves est justement le travail d’Émilie Gagnon, conseillère en orientation du CÉF depuis janvier 2019. C’est elle qui aide tous les élèves du CÉF à naviguer dans l’univers compliqué des institutions postsecondaires canadiennes. Elle a, ainsi, fréquemment des rencontres face à face avec les élèves de 10e, 11e et 12e années pour planifier leur avenir.

Émilie Gagnon explique qu’environ un tiers des élèves du CÉF qui font des études postsecondaires continuent leur éducation en français. Parmi eux, la plupart choisissent de faire des études dans des institutions en milieu minoritaire, comme l’Université de Saint-Boniface au Manitoba, le Campus Saint-Jean en Alberta ou l’Université d’Ottawa en Ontario. 

À l’heure actuelle, seule une infime minorité des étudiants fransaskois étudient au Québec. Émilie Gagnon remarque que ces derniers choisissent plus souvent d’aller dans un CÉGEP pour suivre des formations techniques qui ne sont pas disponibles dans les autres provinces. Les frais d’inscription dans un tel établissement sont par ailleurs beaucoup moins élevés que dans les universités québécoises.

D’autres barrières

La conseillère d’orientation croit que les universités québécoises attirent si peu d’étudiants fransaskois en raison de la structure du système d’éducation québécois. En effet, au Québec, les étudiants doivent avoir terminé au moins 13 années d’études avant d’entrer à l’université, alors qu’ailleurs au Canada le diplôme d’études secondaires ne compte que 12 années. 

Émilie Gagnon
Émilie Gagnon, conseillère d’orientation au CÉF
Crédit: Courtoisie

Un étudiant fransaskois qui souhaiterait faire des études universitaires au Québec a donc trois choix. Il peut faire une année d’études préparatoires non créditée, il peut s’inscrire au CÉGEP et obtenir un diplôme d’études collégiales (DEC) en deux ans, retardant ainsi son parcours scolaire d’une année, ou bien entamer une première année dans une université canadienne, puis rejoindre les bancs d’une université québécoise lors de la deuxième année.

Émilie Gagnon conclut que ces trois choix sont peu attrayants pour de jeunes adultes impatients de commencer la vie universitaire. Il reste beaucoup plus facile de s’inscrire dans un programme universitaire dans le monde anglophone où les systèmes d’éducation sont presque identiques.

Nico Marchildon a choisi la dernière option. Il s’est inscrit à l’Université de Regina pour la rentrée de septembre 2021 dans un programme de psychologie et d’art graphique en anglais, avec l’intention de déménager au Québec l’année suivante. Toutefois, les frais de scolarité constituent seulement l’un des facteurs dans sa décision. « J’aimerais être quelque part où je peux vivre en français », affirme-t-il.

Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact du projet de loi 96 du Québec sur le parcours scolaire des élèves fransaskois. Alors que plusieurs d’entre eux vont sans doute profiter d’un diplôme universitaire québécois à coûts réduits, l’exode des jeunes vers le Québec n’est pas garanti.

Article précédent Une troisième école élémentaire déjà en pourparlers à Regina
Prochain article Une Journée d’orientation scolaire réussie
Imprimer
16517

Emmanuel MassonEmmanuel Masson

Autres messages par Emmanuel Masson
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x

Une table ronde sur la petite enfance

Un service essentiel mais comment le financer?

Les programmes de la prématernelle sont aussi essentiels à la réussite des élèves qu’à la vitalité des communautés francophones en contexte minoritaire. Le défi, c’est comment en assurer leur financement à court, à moyen et à long terme. Ce sont les constats et les questionnements qui sont ressortis lors d’une table ronde sur la petite enfance, organisée par le Conseil scolaire fransaskois (CSF).

8 mai 2014/Auteur: Conseil des écoles fransaskoises/Nombre de vues (30890)/Commentaires (0)/
Cercle communauté-université

Cercle communauté-université

Conjuguer action et réflexion

Jeudi 1er mai de 9 h à 16 h s’est tenu un cercle université-communauté sur le thème du développement communautaire fransaskois à l’Institut français (IF) de l’Université de Regina.

8 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (34069)/Commentaires (0)/
Nouvelle directrice à l’Institut français

Nouvelle directrice à l’Institut français

À l’heure du postsecondaire francophone

Sophie Bouffard sera la nouvelle directrice de l’Institut français (IF) à partir du 1er juillet prochain. L’Institut était dirigé depuis septembre 2012 par madame Sheila Petty, suite au non renouvellement du contrat de l’ancien directeur, Peter Dorrington.

1 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (26438)/Commentaires (0)/
Le RCCFC, un allié pour l’éducation en français

Le RCCFC, un allié pour l’éducation en français

L'Ouest et le Nord collaborent

Le Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada (RCCFC) a tenu l’une de ses quatre réunions annuelles mercredi 24 avril au Carrefour Horizons à Regina.

1 mai 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (26351)/Commentaires (0)/
Foire locale du patrimoine au Pavillon secondaire Monseigneur de Laval

Foire locale du patrimoine au Pavillon secondaire Monseigneur de Laval

La foire locale du Patrimoine, réunissant 66 projets d’équipes de 2e, 4e, 6e et 8e années, s’est tenue lundi 14 avril dernier au Pavillon secondaire des Quatre Vents (PSQV), à Regina. 

25 avril 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (31178)/Commentaires (0)/
Pédagogie à l’école de langue française

Pédagogie à l’école de langue française

Former sur l’identité en 168 capsules et 400 minutes

Les élèves parlent anglais. Que faire? Une vidéo propulse l’enseignant dans la réalité de l’école et propose en 120 secondes des approches éprouvées. La pédagogie en milieu minoritaire est enfin définie et la formation sera offerte sur le Web dès septembre.

23 avril 2014/Auteur: Anonym/Nombre de vues (29863)/Commentaires (0)/
Le Ministre Rob Norris visite Collège Mathieu

Le Ministre Rob Norris visite Collège Mathieu

Le ministre de l’Enseignement supérieur de la Saskatchewan, Rob Norris, a visité le Collège Mathieu à Gravelbourg le 10 avril 2014. 

21 avril 2014/Auteur: Collège Mathieu/Nombre de vues (31859)/Commentaires (0)/
Remise de bourses au 5 à 7 de l’Institut français

Remise de bourses au 5 à 7 de l’Institut français

C’est au cours du dernier 5 à 7 de l’année de l’Institut français qu’a eu lieu la remise de bourses d’études annuelle.

17 avril 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (25381)/Commentaires (0)/
Un nouveau groupe de parents, de nouvelles exigences auprès du CSF

Un nouveau groupe de parents, de nouvelles exigences auprès du CSF

Il y a maintenant un nouveau groupe de parents qui fait pressions sur le Conseil scolaire fransaskois.

17 avril 2014/Auteur: Alexandre Daubisse (EV)/Nombre de vues (23537)/Commentaires (0)/
Un poisson d’avril épicé

Un poisson d’avril épicé

Le 1er avril, certains élèves de 7e année de l’école Mgr Laval ont cuisiné un poisson d’avril des plus pimentés à leur directeur. 

10 avril 2014/Auteur: Luc Bengono/Nombre de vues (30201)/Commentaires (0)/

Célébration de la semaine des adultes apprenants

Depuis 2000, l’UNESCO a initié la célébration de la semaine des adultes apprenants qui vise la promotion de la culture de l’apprentissage tout au long de la vie; une occasion donnée aux adultes d’exprimer leurs points de vue, expliquer leurs défis et de faire part de leurs réussites. 

3 avril 2014/Auteur: Collège Mathieu/Nombre de vues (33243)/Commentaires (0)/
Zoé Kendel de Prince Albert se mérite un prix national en écriture

Zoé Kendel de Prince Albert se mérite un prix national en écriture

Zoé Kendel, élève de la 11e année à l’école Valois, s’est méritée la première place dans la catégorie sénior d’écriture du concours « J’écris et je crée! – guerre de 1812 » de Historica Canada.

2 avril 2014/Auteur: Jennie Baudais/Nombre de vues (35160)/Commentaires (0)/
Ouverture officielle du PSQV et du Carrefour Horizons

Ouverture officielle du PSQV et du Carrefour Horizons

C’est le jeudi 20 mars dernier qu’a eu lieu l’ouverture officielle de l’édifice qui abrite le pavillon secondaire de l'École Mgr de Laval.Même si le Pavillon secondaire des Quatre-Vents (PSQV) de l’école Mgr de Laval est en pleine action depuis le début de l’année scolaire et que le Carrefour Horizons abrite une dizaine d’organismes fransaskois depuis près d’un an, c’est le jeudi 20 mars dernier qu’a eu lieu l’ouverture officielle de l’édifice. 

27 mars 2014/Auteur: Jean-Pierre Picard/Nombre de vues (37694)/Commentaires (0)/
Journée de la francophonie

Journée de la francophonie

Je me souviens...

Portrait croisé de deux pionniers, à qui l’éducation en français tient à cœur depuis longtemp: Roger Gauthier et Wilfrid DenisTous les élèves du secondaire se sont retrouvés dans l’amphithéâtre du Pavillon Gustave Dubois pour écouter deux personnes qui connaissent le chemin parcouru depuis la petite École canadienne-française, qui comptait quelques élèves il y a une trentaine d’années, jusqu’aux pavillons élémentaire et secondaire, qui accueillent désormais plusieurs centaines d’élèves.

27 mars 2014/Auteur: Alexandra Drame (EV)/Nombre de vues (25708)/Commentaires (0)/
2014-04-01 18:30/Auteur: Anonym/Nombre de vues (16732)/Commentaires (0)/
RSS
Première2728293031323335

 - jeudi 21 novembre 2024